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Revoir l’éducation des garçons (2) ?

Dans la récente émission de Temps Présent « Guerre des sexes au chalet » on assiste à un moment qu’après-coup je trouve étrange. Le réalisateur a choisi de présenter quelques séquences d’anciens films où l’on voit des scènes de séduction.

 

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Il y a deux James Bond et un Star Wars. Les scènes montrent, selon le réalisateur, ce qu’étaient les relations femmes-hommes, avec bien sûr une critique implicite des manières viriles d’une époque visible dans des jeux dont les partenaires femmes acceptaient la finalité – en tous cas au cinéma!

Deux JB et un Rex Harrison, c’est court pour montrer la complexité des relations entre les sexes. Le réalisateur aurait pu prendre d’autres films, d’autres acteurs, Clint Eastwood dans Les routes de Madison ou dans Million dollars baby, et d’autres comme Le cercle des poètes disparus, ou tant d’autres encore où les rôles masculins ne sont pas construits que sur la force brute.

Le réalisateur voulait montrer sa propre idéologie, il a présenté un choix biaisé, fermé. Ç’aurait mieux trouvé sa place dans un un pensum d’adolescent. Néanmoins le message est intéressant. L’homme c’est la force et l’audace, surtout vis-à-vis de la femme.

Il est fort au physique et au mental, calme, déterminé, gagnant. Et si possible beau et séducteur. Dans l’émission le jeune participant transgenre, Léon, dit que c’était son modèle masculin. Oui, mais un homme ne se résume pas à cela. C’est complexe un homme, sous des apparences parfois rigides et simplistes.

Un homme c’est un rapport particulier au désir, un rapport sans responsabilité génitale naturelle puisque le masculin ne peut porter un foetus. La sexualité n’engendre pas pour lui les mêmes conséquences que pour une femme.

 

garcon,education,femmes,hommes,forceBulldozers

Sur l’image de force il y aurait beaucoup à dire. Elle n’est pas fausse, mais trop incomplète et simplificatrice pour désigner l’ensemble du comportement masculin et ses multiples déploiements, et l’ensemble des relations femmes-hommes. De plus il est regrettable de n’y voir que l’aspect négatif: la violence, la domination sur le faible.

Le guerrier n’est pas tout. La palette masculine est plus vaste. À part quelques saints il y a tous les autres, parfois géniaux, tendres, humbles, proches, et parfois arrogants, durs, immuables, impitoyables. La palette féminine est tout autant garnie de saintes, de génies, de tordues, de dominatrices, entre autres.

Mais la différence de force a profondément et durablement marqué la culture sociale et celle des relations intimes. La force assignait les hommes aux travaux pénibles, à la protection, à la guerre. Un homme fort physiquement et/ou mentalement était (est encore?) un parti enviable pour nombre de femmes.

Il est aussi un risque. De par sa plus grande force et son éducation à la confrontation il peut être dangereux ou perçu comme tel. Dans l’imagerie moderne, y compris féministe, les femmes sont les victimes naturelles, générales, appelant la compassion, et les hommes sont ces bulldozers mécaniques prêts à tout écraser. Cela ne changera pas rapidement.

 

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C’est schématique, voire caricatural, mais c’est je crois le biais de fond d’aujourd’hui. Dans le passé la force, l’audace, la détermination virile d’un homme, étaient plutôt appréciées. Cela régresse, du moins dans le discours public normatif et performatif.

Au quotidien la force n’est pas souvent utilisée. Il n’est pas nécessaire d’exhiber sa virilité à tous moments. La fonction de protection et de défense est largement concédée à des groupes institutionnels: police, armée, officines de sécurité. L’expansion humaine fait que les terres dangereuses se sont réduites, et les guerres locales diminuant la protection des population s’opère avec de moins en moins de bras.

Il reste les agressions personnelles, où la force masculine peut blesser comme elle peut protéger. Et les sports de force. Mais aussi les aventures risquées. Les hommes adoptent plus que les femmes des comportements à risque.

Bien qu’elle soit moins utile aujourd’hui la culture de la force reste inscrite en nous par des millions d’années et par la nature. La force physique ne doit pas être refoulée. Elle ne peut ni ne doit disparaître de la palette masculine (des femmes aussi peuvent disposer d’une grande force physique). Mais elle doit être pensée et dirigée à bon escient.

 

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Le rapport à la force me paraît être un point majeur dans l’éducation des garçons. Certains doivent apprendre à la réfréner, d’autres à la développer. Un garçon élevé essentiellement dans le « Je ressens », sans jamais aucune confrontation, n’a pas plus de chance de faire sa place dans la vie qu’une fille. La civilisation moderne n’a pas aboli l’importance de se battre pour quelque chose ou pour soi-même.

Le regard sur nous d’une personne en charge d’éducation (parent, professeur, ou autre) est important et formateur. Ces personnes interagissent dans notre rapport à la force, soit en nous freinant soit en nous stimulant. Les comportements sociaux contextualisent l’intention. Crier à un sportif Vas-y, tu es le plus fort est bien vu, alors que crier à un bagarreur Vas-y tu es le plus fort passera pour de l’apologie de la violence et sera éventuellement puni.

La différence est évidente vue de l’extérieur. Dans un cas la force est mise au service d’un idéal personnel ou collectif, dans l’autre elle sert à dominer, blesser, asservir. Et asservir est contraire à un idéal de liberté et d’intégrité individuelle.

Mais vu de l’intérieur la pulsion ou le réflexe de se battre (pour quelque raison que cela soit) peut être plus forte que la raison et pousser à la faute.

Toutefois un homme n’est pas réductible à ses erreurs. Il peut les comprendre et les corriger. Je n’ai pas ici l’ambition de détenir la vérité ou la solution mais de soumettre des éléments de réflexion.

 

garcon,education,femmes,hommes,forceParler

Les parents ou éducateurs ne vont pas changer fondamentalement la nature et le caractère d’un enfant mais ils lui donnent des cadres et des moyens pour apprendre à se diriger.

Le premier pas est d’admettre que les garçons peuvent avoir besoin de cadres éducatifs et moraux spécifiques, différents en partie de ceux des filles, même si cela dérange les partisans d’un égalitarisme militant. 

Le deuxième pas est d’observer les garçons. Certains régulent d’eux-mêmes leur force en fonction du contexte. Ils savant s’arrêter, n’agressent pas pour un mot de travers. Ceux-ci peuvent bénéficier d’un cadre moins manifesté. D’autres, plus impulsifs dirai-je, doivent apprendre à se gérer. Car on ne peut accepter qu’une fois adultes des filles ou des garçons frappent leur conjoint.

Le troisième pas est de parler, écouter, questionner, le garçon. Identifier, mettre des mots, est une manière de canaliser. En cela l’adulte peut installer une forme de discussion positive sur un comportement spécifique.

Parler, car les cerveaux écoutent, ressentent, imitent. À nous adultes de trouver comment faire, dès la petite enfance, pour que les cerveaux et les êtres communiquent, afin d’installer un cadre relationnel positif.

Dans une étude un chercheur a par exemple mis en évidence que:

« … conter une histoire pouvait produire de l’ocytocine, qu’il nomme « hormone de la morale », et qui nous rend plus sensibles aux autres. Elle permet notamment de créer de la confiance, d’impulser de la générosité et de faire apparaître de l’empathie. Le cerveau des participants avait également libéré du cortisol, l’hormone du stress. »

 

 

 

À suivre.

 

 

P.S.:

Mon précédent billet, « Tous assignés à domicile », n’a pas paru dans la liste des nouvelles notes. Il est disponible ici.

 

 

 

Catégories : société 2 commentaires

Commentaires

  • Beaucoup de joue dans la toute petite enfance.
    Il faut des rituels, beaucoup de présence et de patience. C'est ainsi qu'on crée le cadre.
    Si on commence p.ex. à 2 ans, ce sera très difficile parce que généralement c'est à ce moment-là que l'enfant se met à dire NON !
    Et si on s'y met à 7 ou 12 ans, c'est vraiment trop tard.
    L'idée qu'il ne faudrait pas fixer de règles pour ne pas frustrer les enfants mène à la catastrophe.

    N'ayant pas été mère de garçons, je ne vois pas la spécificité en tant que parent. J'ai observé les amis de mes filles et j'avais l'impression que les plus turbulents étaient ceux dont les parents n'étaient pas très cadrants, se sentant assez tout-puissants eux-même ( upper class).
    Mais ce n'est pas très scientifique, le nombre de cas n'étant pas significatif ! Beaucoup de garçons n'avaient pas un comportement particulier.
    Certes, en groupe, ils devenaient plus crâneurs et ça a une importance dans la cour de récréation !

    En tant qu'enseignante auprès d'adolescents, je me suis bien sûr confrontée à des garçons et des familles très différentes et l'agressivité comportementale pouvait prendre beaucoup de formes et avoir beaucoup de causes différentes.
    A cet-âge-là, le groupe de copains a également une grande importance et il est compliqué de s'y confronter. Sans parler de tout l'univers des réseaux sociaux qui apporte de nouveaux défis ä l'Ecole.. L'Ecole devrait représenter un contrepoids crédible et c'est encore plus important pour les jeunes qui évoluent dans un milieu qui ne valorise pas ou qui ne comprend pas les enjeux d'une bonne instruction scolaire.

    J'ai toujours plaidé pour une plus grande présence d'enseignants hommes dans les écoles.
    On est favorables à l'enseignement mixte. Si les classes sont composés de garçons et filles à 50%-50%, il me semble qu'il serait logique que le corps enseignant le soit également !

    Ainsi, je ne plaide pas en faveur d'une éducation spécifique pour les garçons, mais en faveur d'une attitude qui exige les mêmes choses de tous en leur donnant le moyen d'y accéder.

    Pour le dire plus simplement : si les garçons ont des modèles masculins permanents et fréquents et qui affirment le cadre, ce cadre prend une autre signification et crédibilité.
    Pour le dire de façon encore plus simple : l'école et ses exigences n'est pas qu'un truc de bonnesfemmes ;-)))

    Les filles voient les enseignantes en train d'être leader et de gérer toutes les activités scolaires, à commencer par la transmission du savoir pour terminer avec l'organisation et la gestion de la course d'école ou du camp de ski..
    Ca donne une un image du type : nous en serions capables.

    En ce moment, l'Ecole manque de relève. On ne peut pas dire que les femmes monopolisent les places disponibles. Il n'y d'ailleurs pas de contingentement discriminant et il n'y en a jamais eu.
    J'encourage donc les hommes de se lancer dans cette voie, car ils y ont vraiment leur place !

  • Ce fut un grand plaisir de te voir dans cette émission. L'effort de dépasser des stéréotypes était évident. Une bonne méthodologie pour traiter le sujet ! Mais le problème reste que seul le désir sexuel prime dans ces débats sans fin comme si une personnalité n'avait pas aussi d'autres facettes (besoins, expression des émotions, etc.). Au-delà des jeux de séduction, l'être humain est complexe dans sa globalité. En tout cas, félicitations pour cette séquence dans ce beau chalet !

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