Deux formes subtiles de sexisme : l’affaire du parking rouge et le concours d’éloquence. (Republication d'une note parue dans l'ancien portail de la TdG)
Dans la peau d’agneau d’une présumée bonne cause, légitime et tout et tout, se glisse parfois le diable discret du politiquement correct. Le résultat est la création d’un nouveau sexisme. Deux exemples.
Le premier est une affaire de parking. En France certaines zones de parking près de centre commerciaux ont une particularité: des places réservées aux femmes. On constate que ces places ne sont bien destinées qu’à des femmes et non par exemple à des pères avec enfants. On le sait, les pères ne vont jamais au supermarché avec leur marmaille, ils restent devant la télé avec des canettes…
Nombre d’initiatives de ce type ont été récompensées, « labellisées » par le ministère des Familles.
De son côté le GES ou Groupe d’étude sur les sexismes faisait en 2016 campagne pour la désexuation des places de parking, estimant que les places pour les mères excluent de fait les pères. Cela peut sembler anecdotique mais c’est pourtant symbolique du sexisme misandre qui fait son chemin.
On l’aurait admis il y a 50 ans. Les hommes ne se formalisaient pas de ça. Aujourd’hui l’égalité stricte et radicale ne le permet plus. Le stéréotype excluant les pères est devenu une offense faite aux hommes, et la maternité est encore présentée comme un état de faiblesse féminine exigeant des privilèges.
Un projet supposé anti-sexiste devient ainsi une nouvelle expression des sexismes misogyne et misandre simultanément.
Le GES a obtenu quelques résultats dans sa campagne.
À Bessan dans le Gard un parking Intermarché proposait une place « … équipée d’un panneau d’interdiction de stationner, accompagné de la mention « Sauf jeune maman », ce qui revient à la réserver aux mères accompagnées d’enfants en bas âge. »
Finale un nouveau panneau a été mis en place: « Place réservée pour parents avec enfant. »
À propos des labellisations par le ministère des Familles: « le 8 mars 2017, 577 « initiatives » sont labellisées, qui concernent exclusivement la lutte contre le sexisme anti-femmes. » De son côté le Défenseur des Droits, saisi par le GES, a soutenu sans motif la décision de ne pas labelliser sa campagne.
Deux poids deux mesures. Il faut que le terme sexisme ne soit utilisé que quand des femmes en sont victimes, pas des hommes. Trop d’enjeux moraux et financiers, et une posture de victime universelle à préserver. Chasse gardée, fond de commerce pour les assos.
L’éloquence des femmes
Au nom de l’égalité l’Académie de Montpellier organise tout prochainement « À voix égales, le premier concours d’éloquence dédié aux femmes de la fonction publique. » L’initiative est placée sous le haut-patronage du Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse et du Ministère chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances.
La présentation précise bien: « Tous les personnels féminins de la fonction publique, Titulaire ou non, exerçant en France ou au sein d’établissements francophones AEFE et labellisés. »
Les motifs sont abordés dans la page Genèse du concours:
« Si des progrès sont observés dans la sphère du travail, tant au niveau public que dans le privé, la crise sanitaire a révélé la persistance d’inégalités entre les femmes et les hommes, notamment dans leurs parcours professionnels. Les résultats restent insuffisants. Le concours d’éloquence tend à combattre ces inégalités. »
On apprend plus loin que les femmes sont largement majoritaires dans la fonction publique (62,5 % du personnel, pas de parité). L’attrait de la sécurité professionnelle?
Pourquoi ce concours n’est-il pas ouvert aux hommes? Les prix décernés aux 5 lauréates en dit plus:
« Les 5 lauréates deviendront «ambassadrices de l’éloquence au féminin» et bénéficieront de 10 séances de coaching pour :
- les aider à mener à bien leur projet professionnel
- apprendre à «pitcher» avec confiance et enthousiasme
- apprendre à parler en public avec impact
- gagner en leadership
- cultiver leur confiance en elles et oser prendre leur place. »
On doit comprendre en creux que les hommes dans leur ensemble savant très bien mener leur projet professionnel et pas les femmes, pitchent avec brio dès le plus jeune âge, parlent naturellement en public avec impact, et n’ont pas besoin de cultiver leur confiance en eux car ils osent toujours, tous, d’évidence ou par grâce divine, prendre leur place.
Le stéréotype sexiste est là: les hommes savent tout faire et n’ont besoin de rien, et les femmes sont des victimes pour lesquelles on consacre un atelier dont les hommes sont exclus. Avec l’aval de l’État, qui impose ainsi une misandrie systémique.
Cela n’a rien à voir avec l’égalité réelle. La concurrence des sexes sur le marché du travail est faussée par de tels privilèges.
Au fait, une femme trans (née homme) peut-elle y participer? Ce serait une piste pour les hommes désireux d’y participer pour, eux aussi, apprendre à cultiver leur confiance et oser prendre leur place: se présenter au concours en affirmant se sentir femme...
Groupe d'Etude sur les Sexismes.