Le point sur la sécheresse.
Il y a quelques jours, sous une averse une fillette marchait derrière moi. Elle parlait à sa mère sur un ton fâché: « Nous on n’a pas la chance d’avoir un parapluie. Méchante pluie! C’est pas bien la pluie! Le soleil c’est bien! »
Je n’allais pas me retourner et expliquer à cette fillette combien la pluie est importante et bonne. C’est à sa mère de le faire quand elle le juge utile. Mais je me disais: « Petite, tu ne sais pas encore ce qui se passe quand la pluie disparaît. La pluie est une amie. »
Aujourd’hui il pleut. Une pluie généreuse. La RTS annonce que le risque de sécheresse est écarté en Suisse. Elle reprend le bulletin hydrologique de l’Office fédéral de l’environnement:
« La sécheresse de ce début d’année semble être de l’histoire ancienne. La raison: il a plu abondamment, à de courts intervalles, ces dernières semaines. Et de fortes pluies sont à nouveau attendues ce mardi. »
Le niveau des nappes souterraines est à niveau. Quant aux lacs:
« Le niveau de certains lacs se situe désormais même au-dessus de la moyenne de saison, comme le lac des Quatre-Cantons. »
La Suisse est dans une situation privilégiée. Les sols sont humides, plus qu’ailleurs. Les 4 images extraites du site MeteoBlue (clic sur les images pour les agrandir) montrent le taux d’humidité des sols à respectivement 0-10 cm de profondeur, 10-40 cm, 40-100 cm, 100-200 cm.
Les racines des herbes courantes puisent dans la première couche. Celles des arbres ne descendent pour la plupart que jusqu’à 50-60 cm.
« … les racines des arbres ont tendance à se répandre en largeur, mais pas en profondeur. Elles ont tendance à être peu profondes, restant près de la surface du sol où l’oxygène, les minéraux et l’humidité sont les plus facilement disponibles. En conséquence, la plupart des racines des arbres se trouvent à moins de 60 cm de la surface du sol, rarement à 2 m ou plus. Cela devient assez évident lorsque vous voyez un arbre qui a été renversé par le vent. »
Si des pluies sont revenues en mars, laissant entrevoir une accalmie dur le front de la sécheresse, toutes les régions d’Europe et de France n’ont pas cette chance.
L’Espagne est en situation très préoccupante. La sécheresse, longue, s’ajoute à un fond historique de nature dégradée. J’en ai parlé ailleurs. Le taux d’humidité des sols est dramatiquement bas. Il faut descendre à plus d’1m50 pour trouver un peu d’humidité.
Dans la couche de 40-100 cm de vastes territoires sont asséchés en France, en Allemagne du Nord, en Pologne.
J’ajoute en cinquième image l’état des nappes phréatiques de surface ce jour, du site info-sécheresse. Là aussi le bilan est mitigé, et les nappes au niveau bas ou très bas occupent le sud et sud-ouest, et se prolongent vers le centre. Les nappes ont à nouveau baissé en avril. Les pluies n’ont pas été suffisantes. Le sud-ouest cueille ses premières cerises toutes maigres sur des arbres aux feuilles déjà flétries.
La végétation est sortie et l’évapotranspiration renvoie dans l’air une bonne partie de l’eau qui tombe. Le mieux serait une ou deux semaines de pluies régulières dans une atmosphère plutôt un peu fraîche. Les prévisions pour la semaine semblent aller dans ce sens.
Mais depuis des mois les annonces de pluie sur les sites météos ne sont que peu suivies d’effet dans la réalité. Les averses soit passent on ne sait où, soit ne sont ni assez longues ou intenses pour combler le déficit avant l’été.
Il restera les pluies d’été. Elles mouillent la surface et rafraîchissent l’atmosphère. Parfois cela permet de passer le cap d’une situation hydrologique critique.
Pourquoi les pluies partent-elles ailleurs? J’espère un jour trouver une réponse adéquate. À ce stade le réchauffement ne m’apporte pas une réponse claire et complète.
Commentaires
Il n'y a pas qu'en Suisse que le sous-sol est humide. Comme le montre la carte météo de la France, en Bretagne, d'où je vous écris, il ne pleut pas "seulement sur les c...", comme disent ceux qui n'aiment pas les touristes qui se plaignent du mauvais temps. Certes, l'Espagne est à plaindre. Ce n'est pas la première fois mais, bien sûr, nos journalistes inconditionnels du réchauffement climatique attribuent immédiatement cette sécheresse à cette évolution. C'est possible mais un vrai scientifique dirait qu'il faut prendre du recul car l'inverse ( et l'averse) est toujours possible.