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La récente sécheresse estivale européenne est-elle vraiment très inhabituelle?

La récente sécheresse estivale européenne (2015-2018) est-elle vraiment très inhabituelle?

Un élément de plus au débat sur le réchauffement. Vous ne le lirez probablement pas dans la presse courante. Celle qui n’apporte plus la contradiction, qui ne pense plus et n’aime plus que les extrêmes et les catastrophes réelles ou imaginaires.

 

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Une étude publiée récemment dans le journal scientifique Nature communication earth and environment analyse les récentes sécheresses en Europe en regard du climat reconstruit depuis l’an 1600. Il s’agit d’un calcul de d’un indice de « précipitation-évapotranspiration », le SPEI (Standardised Precipitation-Evapotranspiration Index)

La conclusion des chercheurs est que les sécheresse récentes, en particulier entre 2015 et 2018, sont clairement inhabituelles. Entendez par là qu’elles sont dues au réchauffement.

L’image 1 partie supérieure en rouge et bleu montre l’indice SPEI sur les quatre derniers siècles. L’indice chute à la fin du graphique de manière « anormale » vers la sécheresse (moins de précipitations, plus d’évapotranspiration). La conclusion  pourrait sembler pertinente, sauf qu’elle ne l’est pas du tout.

La même image 1 montre en-dessous, en noir, le même schéma de l’indice. Mais il a été recalculé pour s’arrêter en 1949 et non en 2018. Et surprise, on voit le même « trou » final, alors que selon la partie du haut cet indice devrait remonter.

 

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Que s’est-il passé? Un biais simple et classique, que les scientifiques sont supposés connaître. On peut le nommer « effet de bord ». La célèbre climatologue Judith Curry en explique la nature:

« La raison de ce comportement est assez simple : tous les filtres de lissage ont du mal avec le début et la fin d’un ensemble de données filtré. Ils estiment la sortie car il n’y a pas de précurseurs/successeurs dans les données brutes. »

La démonstration de madame Curry signifie que les valeurs récentes – par lesquelles l’étude conclut à des sécheresses récentes anormales et jamais vues – sont sans objet. C’est soit une grossière erreur inattendue de la part de scientifiques qui devraient connaître le b.a.ba, soit une dérive alarmiste. Cette étude n’est pas de la science.

Madame Curry teste ensuite différents filtres sur la base des mêmes données que les auteurs de l’étude. On constate alors que des sécheresses aussi sévères ont déjà eu lieu dans le passé.

L’image 2 montre l’indice SPEI sur les 70 dernières années en Espagne. Ce pays souffre d’une sécheresse endémique dur à son histoire, à ses politiques environnementales et à la proximité asséchante de l’Afrique du nord. On peut y voir une évolution vers la sécheresse, avec une réduction des précipitations.

 

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Cette réduction des pluies est à ce jour inexpliquée. On peut cependant constater cette tendance sèche sur tout le pourtour méditerranéen. Ce n’est donc pas nouveau et ce n’est pas une surprise. De plus les sécheresses longues, de plusieurs mois à plusieurs années, ne sont pas un phénomène si exceptionnel.

Judith Curry conclut ainsi:

« MBF23 (ndla: nom de code de l’étude initiale) est un article très précieux lorsqu’il s’agit de décrire la variabilité des sécheresses estivales européennes depuis 1600. Cependant, ni son titre « Les isotopes des cernes européens indiquent un hydroclimat récent inhabituel » ni l’affirmation dans son résumé selon laquelle « les sécheresses estivales européennes récentes (2015-2018) sont très inhabituelles dans un contexte multiséculaire » ne sont justifiées par les données utilisées dans l’article. »

Elle ajoute:

« MBF23 doit être corrigé et renommé car certaines conclusions clés, y compris l’affirmation principale dans son titre, ne sont pas étayées par une analyse statistique appropriée des valeurs SPEI produites par leur méthode de reconstruction. »

Récemment un article paru sur le site de France Culture affirmait que la sécheresse de 2022 est bien due au réchauffement. Ce serait dû à la persistance inhabituelles d’anticyclones, qui modifient l’aérologie.

 

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L’étude s’appuie sur des données dont la fiabilité est discutable puisqu’elle fait des comparaisons entre nos années actuelles et les anticyclones d’il y a deux siècles. Elle a le mérite à mes yeux d’aborder enfin la question fondamentale de la circulation atmosphérique. Mais les mesures de la pression d’il y a cent ou deux cents ans étaient-elles assez rigoureuses? Ne s’agit-il pas en bonne partie d’extrapolations?

« Les analogues de circulation de ce schéma atmosphérique en 1941-2021 présentent des anomalies de hauteur géopotentielle à 500 hPa plus importantes à la fois en termes d’étendue et de magnitude, et des températures plus élevées à la surface, par rapport à celles de 1836-1915. »

Quand bien même ces affirmations seraient exactes, ce qui est impossible à démontrer faute de relevés abondants, il faudra cent ans de plus pour le vérifier. On ne sait pas s’il s’agit de cycles naturels à long terme ou d’une influence récente.

Le réchauffement devrait faire augmenter l’humidité de l’atmosphère. Il devrait donc pleuvoir davantage puisque cette eau ne peut rester indéfiniment en l’air. A Genève, selon le graphique d’infoclimat, le volume des précipitations est stable sur 120 ans.

L’évolution des précipitations ne montre pas plus de pluie, et pas moins, cela varie légèrement selon la région. Par contre l’ensoleillement augmente en de nombreuses régions, dont Genève (image 4), ce qui les réchauffe. Les deux périodes les plus ensoleillées du 20e siècle correspondent avec les deux poussées chaudes du siècle.

 

 

Catégories : Environnement-Climat, Météo 0 commentaire

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