Températures : les stations météo sont-elles fiables ?
Le réchauffement de la basse atmosphère se ressent, se constate et se mesure. Les mesures proviennent de thermomètres intégrés dans des stations météo situées à l’extérieur.
Les premiers relevés systématiques en France, par exemple, datent du 18e siècle. Les relevés servaient à établir une corrélation entre les maladies et le temps qu’il fait. Des médecins et pharmaciens notaient les relevés.
« Trois fois par jour, les observateurs relèvent des mesures de température, de pression de l’air, d'humidité, notent la direction des vents et commentent l’état du ciel. »
Au milieu du 19e siècle un réseau d’observateurs est créé dans le but cette fois d’établir la prévision météorologique. Jusqu’au milieu du 20e siècle les relevés sont manuels:
« Les observateurs effectuaient des relevés de précipitations et de températures minimales et maximales une fois par jour et étaient chargés de noter les informations relatives aux phénomènes météorologiques. »
Les premières stations automatiques sont testées dans les années 1940 et leur généralisation commence vingt plus tard. Les emplacements sont choisis pour éliminer les zones trop chauffées.
Par exemple si une source de chauffage est située à moins de 10 mètres de la station la précision des relevés est altérée de 2° à 5°. C’est énorme. Aux Etats-Unis c’est le cas de nombre de stations. Beaucoup ont été implantées correctement puis ont été rattrapées par l’urbanisation.
Nous sommes en 2012. L’image 1 (source, clic pour agrandir) montre le degré de fiabilité des stations. Celles ayant la meilleure qualité des relevés (classe 1 et 2) figurent en bleu et vert: 8,4 % au total. Les plus nombreuses sont dans la classe 4 et 5, dont les relevés montrent une approximation de 2° à plus de 5°.
L’emplacement est donc primordial. L’idéal est une zone végétale sans obstacle alentour ni source de chaleur (image 2). Une station placée sur le toit d’une maison de village dans le Gard donnera une température plus haute qu’à quelques kilomètres dans la nature (image 3, Saint-Martin-de-Londres).
Entre les stations, alors qu’il n’y a souvent que peu de distance, la différence peut déjà atteindre et dépasser les 2°. Quant aux îlots de chaleur urbains ils surchauffent de nuit comme de jour (image 4, source). Détails ici et ici.
Donc en résumé les stations sont automatisées avec des relevés quasi horaires depuis les années 1960. Les systèmes de stations ont évolué, les villes aussi, et le fil des relevés est monté parfois plus haut que le fond de l’air dans la campagne.
Que donneraient les températures mondiales en ne prenant que les stations rurales ou celles qui sont en classe 1? Je pense que nous serions très surpris.
Je rappelle aussi qu’entre les relevés au sol et ceux par satellites, les premiers sont en moyenne 2° au-dessus des seconds. Enfin la majorité des stations dans le monde sont implantées en Europe et aux États-Unis, ce qui peut évidemment influencer la moyenne globale.
Les images suivantes illustrent des emplacements de stations de classe 4 ou 5. À Vars en Charentes, à Ozoir-la-Ferrière en Seine-et- Marne (la cheminée est placée sur le toit, juste sous le capteur de chaleur et d’hygrométrie!), à Alès.
Et ce ne sont pas les seuls.
Mesurer uniquement les températures rurales avec les stations les mieux placées donnerait une idée plus juste de l’évolution des températures même si au final, villes et campagnes ensemble, la différence n’est peut-être que de quelques dixièmes de degrés.
Commentaires
Sur la validité des mesures, il y a certainement des erreurs par rapport à la réalité. Mais l'évaluation du réchauffement se fait sur l'évolution de la température. Une station météo influencée par une source naturelle de chaleur peut quand même mettre en évidence une montée des températures moyennes sur un temps long. Mais, bien sûr, cela crée un biais sur le niveau atteint à un instant 'T". Il est donc difficile d'être précis et d'anticiper les températures moyennes mondiales qui seront là dans dix ans.
Oui, je partage le même point de vue.
Cela dit, en enlevant l'effet de chaleur urbaine et en privilégiant les températures rurales je pense que l'on serait plus dans la suite du 19e siècle, et la montée des températures serait moins forte et plus "naturelle", plus réaliste.