Sous mes pieds, la terre. Sèche.
Sous ma précédente note un commentaire souligne combien le climat a changé, selon l’expérience d’un agriculteur suisse. Il invoque le bon sens paysan, fondé sur l’expérience directe des évolutions de la météo.
Je vais dans son sens en racontant comment j’ai constaté l’assèchement de ces dernières décennies.
J’ai l’habitude de faire quelques pas sur un chemin de terre sous des arbres. Pendant une période ce chemin était souple sous les pas, souple parce que régulièrement humidifié par les précipitations. Je n’ai plus la mémoire précise des dates, mais durant la décennie 2000 il me semble, j’ai constaté sous mes pas que la terre durcissait et s’asséchait.
De même il y avait de moins en moins de lombrics au sol. Les vers de terre ne sortent que si la couche de surface est ameublie par l’eau. Dans cette période le niveau des nappes phréatiques avait fortement baissé.
C’était pour moi un premier signe de l’assèchement progressif que nous vivions: la terre perdait sa souplesse, donc sa nutrition et sa respiration.
La situation s’est ensuite améliorée - avec malgré tout une tendance à l’assèchement rapide après une averse. La terre restait moins longtemps humide. Ces dernières années les précipitations se sont raréfiées.
Sur le terrain de pétanque où je joue régulièrement la terre spéciale n’est pas suffisamment arrosée. La sécheresse et les lancers de boules réduisent la surface en poussière. La terre ne s’amalgame plus.
Ces deux expériences m’ont permis d’acquérir une représentation de ce qui se passe à plus grande échelle. Ce qui manque à mon avis n’est pas d’avoir moins chaud, après tout nous en rêvions autrefois, une émission de télé s’intitulait même 40° à l’ombre. Pour la végétation c’est une autre affaire, l’adaptation est lente. Actuellement les arbres souffrent.
Ce qui manque est la pluie, en quantité intéressante, et régulière, du moins plus régulière qu’actuellement. Cinq jours de canicule sur un sol bien humide, la végétation s’en trouverait mieux portante.
Bon, parlons records, c’est le rituel. Selon Meteo-Genève.ch nous n’en avons battu aucun ces derniers jours à Genève. Les précédents records pour les jours du 19 au 23 août datent de 1943, 2009, 2020, 2011, 1944.
Je ne mets pas en doute le réchauffement de l’atmosphère, vous le savez, mais j’aime vérifier. Par exemple depuis environ 2-3 ans les prévisions de Météo Suisse sont souvent excessives à la hausse. De même les pluies annoncées n’arrivent pas souvent.
J’ai installé chez moi une petite station météo numérique qui capte l’extérieur et l’intérieur. Le capteur extérieur est sur mon balcon, à l’ombre et dans un courant d’air léger. Le soleil ne vient sur la façade que l’après-midi. Plus loin il y a des arbres. L’îlot de chaleur urbain est neutralisé.
Je constate tous ces jours que ma station me donne des chiffres de températures moindres que ceux de Genève-Cointrin, dont on peut lire les donnée en temps réel en ligne. J’ai entre 1 et 3 degrés de moins, dès le matin, et même en fin d’après-midi.
J’ai testé les résultats en les comparant un jour gris, sans soleil pour réchauffer un quartier plus qu’un autre. Cela me semble fiable.
De plus la pression est la même.
Je suppose, avec prudence, que les températures peuvent varier sur des micro-régions, par la présence d’arbres, par les brises locales, entre autres. Un lecteur m’avait déjà signalé que sa station personnelle montrait des résultats différents de ceux de la station de Cointrin.
D’ailleurs je le sens quand il y a réellement 34°. La différence entre 31° et 34° est assez nette pour moi.
La pluie reviendra-t-elle cette fin de semaine comme annoncé? Si oui, en quelle quantité? L’image 2 de Météoblue montre le taux d’humidité actuel des sols en Europe. Ici c’est la couche de surface, mais les autres couches jusqu’à 1 mètre n’ont qu’en-dessous de 20% d’humidité. C’est peu.
À Bordeaux par exemple (image 3, source) on voit que l’humidité relative moyenne a nettement baissé depuis 20 ans.
Pour moi la sécheresse est un souci plus grand que la montée des températures. Cette montée est vue en image 4 d’après les relevés satellitaires, avec ses pics de 1999 et 2016 corrélés et peut-être dûs à El Niño.
L’image 1 (source) est extraite d’une étude qui montre que les sécheresses estivales tendent à s’aggraver en Europe depuis 2100 ans. Est-ce bien vérifié?
Je continue à marcher sur la terre sèche, pour sentir son évolution. Et à tenter de comprendre ce qui a fait changer la direction des vents et masses d’air ces dernières décennies.
Commentaires
J'ajoute qu'avec ce constat du terrain de pétanque à petite échelle, je comprends encore mieux ce qu'ont pu faire les sabots de millions de moutons qui ont traversé l'Espagne pendant des siècles, arrachant l'herbe et dénudant le sol qu'ils piétinaient sans relâche.