Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Inondations maintenant en Drôme : la mémoire qui flanche

Inondations maintenant en Drôme : la mémoire qui flanche.

Lundi 18 septembre des pluies diluviennes ont noyé certaines régions de la Drôme, de l’Ardèche et de l’Isère. On a enregistré jusqu’à 150 et 170 mm, voire 210 mm en 24 heures. C’est le double d’un mois de pluie ordinaire. Je rappelle que le risque d’inondation grave commence avec 50 mm en 24 heures.

 

drome-inond-05-25 sept.jpgDes précédents

Le front orageux en cause est resté stationnaire pendant près de huit heures! La bande pluvieuse est relativement étroite et très localisée (image 2 France Bleu, clic pour agrandir). Un média déclare que ces pluies sont inédites par leur intensité.

Cette déclaration montre une mémoire qui flanche. Sans m’étendre – j’ai déjà développé, suivre le lien - je rappelle la crue du Doux, rivière du nord de l’Ardèche. Cette crue inouïe a été qualifiée de « crue du millénaire ». Elle s’est déroulée en 1963. Selon un témoin, tout Lamastre a été emportée. Ce qui était un torrent est monté à 6 mètres de hauteur. Cette même rivière a connu d’autres crues majeures répertoriée. Selon Wikipedia, une autre crue en 1787 a atteint 10,5 mètres au-dessus de son niveau normal.

Je rappelle aussi la grande crue du Gardon de 1790.

Ou encore la grande crue de l’Ardèche en 1890. Selon le site Pluies extrêmes:

« En matière de pluviométrie exceptionnelle, l’épisode de septembre 1890 constitue, pour l’Ardèche, la référence principale. Les crues que subirent les rivières à cette occasion demeurent, depuis plus de cent ans, les plus fortes jamais observées. »

 

drome-inond-01.jpgIntensité et fréquence

Ce fut un déluge. À Montpezat, située à l’ouest de Privas, on a mesuré 971 mm/m2 de pluie en cinq jours, soit près de 200 mm par jour 5 fois répété. 50 morts, 28 ponts détruits, routes effondrées, maisons emportées, les dégâts furent énormes.

Et j’en passe. Les épisodes extrêmes sont connus de longue date, depuis plusieurs siècles. Sont-ils plus intenses aujourd’hui? Difficile à dire, les moyens et l’étendue des mesures ont changé. Ce n’est donc pas certain. Mais sont-ils plus fréquents?

Là encore, je ne me prononce pas. Il y a des cycles, une observation météo beaucoup plus soutenue depuis 1950, une mondialisation de l’information qui finit par amalgamer tous les événements du monde, amplifiant leur perception subjective.

C’est possible, mais au fond ce n’est pas nouveau, et nous devrions prendre modèle sur nos ancêtres. L’urbanisation moderne produit des torrents lors des orages et aggrave les inondations. Pas besoin d’exciter la peur avec du supposé jamais vu, cela ne sert pas à la réponse que nous devons donner à ces extrêmes.

Pourtant septembre a été chaud jusqu’ici, pourquoi ce réchauffement ne provoquerait-il pas des orages plus intenses?

La chaleur seule n’y suffit pas, il faut d’autres conditions. Les épisodes méditerranéens ou cévenoles (mousson provençale) sont connus et étudiés, on sait ce qui peut les rendre cataclysmiques.

 

drome-inond-03-paris.jpgDurée

Et puis il y a déjà eu des étés brûlants suivis d’un septembre torride, ces extrêmes n’ont pas attendu le XXIe siècle. Exemple en 1895, selon le très bon site Météo-Paris (image 1 du 9 septembre 1895; image 5 du 25 septembre 1895), que j’encourage à visiter:

« Septembre 1895 : anticyclone du début à la fin du mois. Dès le début du mois de septembre 1895, un anticyclone s’installe sur l’Europe Centrale tandis qu’une dépression active stationne au large sur l’Atlantique. »

Situation connue de blocage, avec un flux d’air chaud du sud qui durera tout le mois (image 2), avec 37° à Auxerre, 36° à Rennes, 31° à Brest:

« … la barre des 20°C à 850 hPa (vers 1500m d’altitude) est franchie à plusieurs reprises dans le sud de la France durant la première décade de septembre 1895, des niveaux qui témoignent d’une masse d'air surchauffée en provenance d’Afrique. »

Résultat:

« On avait relevé plus de 32°C le 24 puis le 27 septembre 1895 ! Sur l’ensemble du mois, la moyenne des températures maximales fut de 28°C à Paris, soit 3,6°C au dessus des normales 1971-2000, pourtant en vigueur un siècle plus tard ! »

Ce n’est pas tout. Selon ce même site météo:

« A l’échelle du pays, cette vague de chaleur de la première décade de septembre 1895 fut relativement comparable à celle de septembre 2023, d’une part par son intensité mais également par sa durée.

 

drome-inond-04-bordeaux.jpgParis Bordeaux

Toutefois, ce mois de septembre 1895 se démarque nettement par la durée exceptionnelle de la chaleur sur la quasi totalité du pays mais également par le temps extrêmement sec qui avait dominé, en effet, il faut remonter à octobre 1752 pour retrouver un mois aussi sec sur la France. »

Septembre 2023 a connu des records de chaleur en certaines régions, mais n’est pas si exceptionnel. À part 1895, septembre 1911 fut pas mal non plus:

« Après l’un des mois d’août les plus chauds et secs jamais observés en France, la première quinzaine de septembre conserve des allures de plein été. Une nouvelle période caniculaire concerne le pays, un maximum d'intensité entre le 6 et le 9 septembre sous l'influence d'un flux de Sud/Sud-Ouest faisant remonter de l'air particulièrement chaud de l'Afrique du Nord vers l'Ouest de l’Europe. »

L’image 3, issue de ce site, montre une comparaison entre septembre 2023 et septembre 1911 à Paris, l’image 4 la même comparaisons pour Bordeaux. Concernant Bordeaux:

« La vague de chaleur du début du mois de septembre 1911 fut donc plus intense que celle observée cette année sur cette région avec une chaleur exceptionnellement durable et même encore plus forte. »

 

drome-inond-05-25 sept.jpgPing-pong

Enfin:

« A l’échelle du pays, la situation de la première décade du mois de septembre 1911 présente de nombreuses similitudes avec celle que nous avons pu vivre cette année, notamment sur le Nord du pays où les maximales s’étaient avérées particulièrement élevées. Toutefois, cette vague de chaleur fut plus intense mais aussi plus durables sur certaines régions de l’Ouest et du Sud, on peut par exemple noter les 35°C relevés à Brest en 1911 alors que nous n’avons pas dépassé les 30,6°C cette année sur cette même station. »

Le climat est cyclique et variable. L’actuelle phase de réchauffement peut augmenter certains phénomènes météorologiques, c’est normal. Pour autant des extrêmes presque identiques aux actuels, ou plus intenses, ont eu lieu, avec des grêlons gros comme des balles de ping-pong (ou plus). Cela relativise en partie la crainte que nous pouvons avoir du présent.

J’ai grand peine à croire aux annonces mortifères. Je ne suis pas impressionné par la stratégie de terreur du climatisme et j’invite à garder la raison. Je crois en ce que je vois et, comparé au passé connu, je ne vois pas dans le présent de signe d’apocalypse climatique à venir.

Changement il y a, comme cela a déjà dû se produire. Mais l’humanité a survécu à des extrêmes sans disparaître. L’érosion due aux phénomènes météo est à l’oeuvre depuis la nuit des temps, avec probablement des incidents encore plus intenses pour pouvoir modeler les paysages comme nous les voyons aujourd’hui.

Cela n’a pas sonné la fin de la récréation humaine sur Terre. Je ne crois pas à la promesse d’enfer climatique annoncée par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui a dû voir trop de films catastrophes ou est imprégné de religiosité enfantine. Ce langage maximaliste, extrémiste, ne peut que m’inciter à la prudence face aux croyances apocalyptiques et aux déclarations climatistes.

 

 

 

Catégories : Environnement-Climat, Météo, Santé 3 commentaires

Commentaires

  • Comme toujours, rien de tel que le recul historique pour remettre les pendules à l'heure! Merci. Hommelibre!

  • Je vois une explication à la mémoire faillible des personnes interrogées par la presse. D'abord, il faut toujours se méfier d'un témoignage. Quand dix personnes on assisté à un fait divers, beaucoup en donnent une version différente. Et, en ce qui concerne les phénomènes météorologiques, la durée de vie humaine ne permet pas de les comparer sur une longue période. Notons que, si le micro-trottoir s'adresse à une personne âgée qui dit n'avoir jamais vu ça, alors cela signifie que la fréquence d'un tel désastre n'est pas très élevée et ne découle sans doute pas du réchauffement climatique.

  • Bonsoir Henri,

    Ces explications sont prenables,

    J'ajoute une autre: On voit sur l'image 2 que l'endroit des plus fortes précipitations, en rouge presque noir, couvre une très petite surface (qui se déplace lentement), peut-être 5 km sur 15-20 km, et dans cette surface précise il est possible qu'il ne soit encore jamais tombé autant de pluie. Ce sont les aléas des précipitations orageuses.

Les commentaires sont fermés.