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Lucy : « Je suis partout »

Lucy : « Je suis partout »

Le film de Luc Besson Lucy était diffusé hier soir sur TF1. Ce gros succès est centré sur une histoire simple: des scientifiques ont trouvé comment faire un surhomme, en l’occurrence ici une sur-femme.

 

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Le résumé: une étudiante, Lucy, est kidnappée pour servir de mule à des trafiquants de drogue asiatiques. Un sac de CPH4 est implanté dans son abdomen. Suite à un coup le sac est percé et se vide dans son organisme.

La substance en question est capable de stimuler à l’extrême l’activité des neurones. C’est ce qui se passe. Ainsi l’héroïne passe par étapes d’une utilisation de 10% de son cerveau, à 100% en fin de film.

À chaque étape de nouveaux pouvoir lui sont révélés. Elle peut voir et sentir des choses au-delà des perceptions humaines habituelles. Cela lui permet de retrouver et d’éliminer la bande de coréens très caricaturaux.

Lucy peut progressivement contrôler les corps, la matière, jusqu’à ce qu’elle disparaisse complètement, transformée en énergie omniprésente.

Elle signale elle-même par un sms (on ne sait comment) qu’elle est partout.

Besson réalise des films souvent captivants. Celui-ci m’a laissé avec des questions sur le thème central, soit l’utilisation optimale du cerveau.

Cette théorie selon quoi nous n’utilisons que 10% de notre cerveau est déjà ancienne. Je ne sais plus qui l’a lancée mais elle a déjà bien tourné dans les têtes des réinventeurs du monde que nous étions.

Si nous utilisions les 100% de nos cellules cérébrales nous deviendrions tout-puissants. C’est en tous cas l’argument du film.

 

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Or cette théorie n’a jamais été prouvée. Il n’y a aucune raison pour que 90% de nos cellules soient habituellement au repos. Les milliards de connexions neuronales sont actives et ont forcément une fonction. La complexité du corps l’exige.

Le cerveau ne produit pas seulement de la conscience. Il reçoit des signaux, les organise et y répond de manière adaptée. Une grande part de son activité nous est inaccessible parce qu’y accéder ne serait probablement d’aucune utilité. Certains états psychiques peuvent modifier nos perceptions, mais transformer la matière comme dans le film, je n’y crois pas une seule seconde.

D’accord c’est de la science-fiction. Mais cette théorie des 10% a séduit du monde. Le film brode sur cette théorie, mais en suivant une piste peu crédible. Il n’y a rien de plausible dans la mutation du personnage de Lucy. Ce qui retient le plus l’attention est le désir de savoir ce qui se passe à 100%.

Et quand elle disparaît, et qu’elle fait savoir « Je suis partout », je comprends: sans forme individuelle, sans localisation particulière, dans chaque atome. Cela résonne comme l’aboutissement de la quête toujours recommencée de la toute-puissance. Tout voir, tout savoir, tout pouvoir. Tout contrôler. Je vais faire un rapprochement audacieux, mais Je suis partout était le nom d’une publication antisémite et fasciste des années 1930.

Peut-être que l’idée d’être tout, même dans une réflexion philosophique, est indissolublement combinée à un réflexe totalitaire dont le germe ne meurt jamais et doit toujours être placé sous bonne garde dans notre géographie intérieure. Difficile d’accepter d’être limité.

Je pousse un peu le bouchon, mais j’y vois matière à réflexion.

Pour le reste, j’ai trouvé beaucoup de lenteurs au film, et à mon goût les effets spéciaux frôlent la facilité. Les méchants sont méchants et flottent au plafond, quand ils ne tombent pas sur la tête. Mais c’est amusant de compter combien elle en tue en une seconde. Et Scarlett Johansson (1, image du film) est une actrice dotée d’une forte présence.

 

 

Catégories : Art et culture, Philosophie 2 commentaires

Commentaires

  • En partant d'une fiction cinématographique, Homme-Libre arrive à nous intéresser à un sujet philosophique. 90 % du cerveau humain ne servirait à rien ! Mais contentons-nous d'abord de ces 10 % pour faire un monde où il fait bon vivre et laissons à Dieu (s'il existe) le soin de profiter de la totalité de ses pouvoirs. L'Homo-Sapiens a découvert les siens avec une certaine humilité devant un monde complexe qu'il a tenté de comprendre. Il en a attribué la création à un être suprême qu'il a vénéré. Aujourd'hui, il ne se contente plus d'admirer la performance divine ; il veut la place de l’Éternel. L'intelligence artificielle, qui supplantera sa pensée, le passionne. La procréation sans sexualité le libère. Et repousser les limites de la vie est son objectif. Mais, quand on est maître de son destin, est-on plus heureux ?

  • Exacte analyse Monsieur Henri. De tout temps l'homme a voulu et veut encore être Dieu tout en prétendant que Dieu n'est pas. L'homme aliène sa personalité pour devenir l'escalve de ses fantasmes psychopatholgiques !
    Vivement l'avènement du monde nouveau que réclame notre jeunesse

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