Hécatombe d’oiseaux : éoliennes démantelées en France.
Un juge a ordonné en appel le démantèlement du parc éolien de Bernagues, à Lunas près de Lodève, dans l’Hérault. Sept turbines devront ainsi être démontées d’ici avril 2025.
Depuis des années des associations environnementales contestaient ce parc en raison d’atteintes à la faune. Des habitants dérangés par les nuisances se sont joints à elles.
Le parc est édifié dans une zone protégée dans le massif de l’Escandorgue. Le promoteur, Énergie Renouvelable du Languedoc, a choisi cette zone malgré qu’elle soit classée et protégée.
Après des années de procédure les permis de construire ont été définitivement annulés par la Justice en 2017. Mais la compagnie propriétaire des turbines a insisté:
« Comme à Sainte-Victoire, misant sur le fait accompli, le promoteur prit le risque d’édifier sept éoliennes sans attendre ce dernier arrêt du Conseil d’État. »
Dans un tel cas il faut démonter les installations et remettre les lieux dans leur état initial. C’est le sens de la récente décision, expliquée dans l’article mis en lien ci dessus qui retrace les péripéties judiciaires.
Je ne suis pas pour lancer des procédures de contestation pour chaque projet. Mais ici la faune volante est particulièrement riche et variée. Sont présents par exemple:
« L’Aigle Royal, le Vautour Moine, le Vautour Fauve, le Vautour Percnoptère, le Milan Royal, le Busard Saint-Martin, le Busard Cendré, le Circaète Jean Le Blanc, le Faucon Hobereau, le Faucon Crécerelle, le Faucon Crécerellette et le Rollier d’Europe. »
Plein de beau monde. Mais ces oiseaux sont les victimes des pales des aérogénérateurs:
« Avec plus de 1.099 oiseaux retrouvés morts pour la seule année 2019, c’est un véritable cimetière qui se trouve au pied des éoliennes”, a expliqué l’avocat des associations environnementales, Nicolas Gallon. Au total, ce sont des milliers d’oiseaux morts qui sont concernés. »
L’image 2 (clic pour agrandir, source) montre des oiseaux pris dans les pales. En janvier 2023 justement, à Lunas, on a trouvé le cadavre d’un aigle royal au pied d’un mât. Cela a été la goutte d’eau.
Pourtant ces turbines sont équipées de bridages, comme le Système de Détection de l’Avifaune (SDA), supposés protéger les rapaces, mais l’efficacité n’est pas au rendez-vous:
« L’oiseau a cerclé au-dessus du vallon du Sourlan et a pris une ascendance à distance du parc. Cette trajectoire est détectée par le SDA et un ordre d’arrêt est donné à l’éolienne qui l’exécute." L’éolienne n’était en réalité pas arrêtée, mais tournait à 1,9 RTM (Revolution Per Minute ou Tour par minute), pour un maximum de 3 tours par minute en cas d’approche d’un rapace. On constate ici l’efficacité de la mesure de bridage retenue… »
L’éolienne est la suite des anciens moulins, si importants dans le développement économique des sociétés anciennes. Elles ont leur place dans notre monde moderne. Mais leurs inconvénients sont connus: intermittence donc instabilité quantitative et sur la durée de la production d’électricité, nuisances sonores pour le voisinage, hécatombes d’oiseaux, recyclage encore insuffisant des composants, imposants socles de béton disséminés dans les sols.
J’ajoute la superficie concernée. Produire la même quantité d’électricité qu’une centrale au gaz ou nucléaire demande des surfaces bien plus vastes. Couvertes d’aérogénérateurs leur valeur immobilière et leurs paysages en sont dépréciés.
Cela c’est pour la France. Pendant ce temps, au printemps dernier en Norvège, Greta Thunberg manifestait pour le démantèlement d’éoliennes illégales:
« C’est une honte (...) que la colonisation systématique, la violation des droits humains et l’oppression demeurent une réalité pour les Samis aujourd’hui», a lancé Greta Thunberg. »
Les Samis (ou Lapons) sont une minorité ethnique du nord de la Scandinavie. En tant que population autochtone, ou d’origine, ils ont droit à des égards particuliers.
« C’est important d’afficher sa solidarité quand des violations des droits humains ont lieu, en particulier en Scandinavie contre le peuple sami. »
Certaines éoliennes sont implantées illégalement sur des portions de territoire réservés aux Samis:
« Nous sommes ici pour protester contre les violations continues des droits de l’homme à Fosen, où 151 éoliennes se trouvent sur les terres illégalement – c’est selon une décision de la haute cour –, mais elles sont là quand même, alors nous demandons qu’elles soient démontées et que les droits des peuples autochtones soient respectés. »
Le gouvernement a présenté ses excuses aux Samis. Il faut dire que le gisement de vent est impressionnant à Fosen:
« Les parcs éoliens sont situés dans la péninsule de Fosen, Hitra et Snillfjord, dans le comté de Trdyndelag dans la partie centrale de la Norvège. La zone côtière présente certaines des meilleures conditions pour la production d’énergie éolienne dans toute l’Europe. »
Le gouvernement n’envisage donc pas de les démanteler:
« … le ministre du Pétrole et de l’Energie, Terje Aasland, a affirmé que «le démantèlement de toutes les éoliennes de Fosen maintenant, comme l’exigent les protestataires, n’est pas envisageable ni probable ».
Les promoteurs de l’éolien craignent maintenant que ces deux cas ne créent des jurisprudences qui leur seraient défavorables.
Avant en France il suffisait de traiter les villageois réfractaires aux turbines de vilains égoïstes pour gagner moralement contre eux. Mais si des minorités ethniques s’en mêlent, le refus des éoliennes devient tout de suite beaucoup plus noble.
C’est magique.