Au Tessin, le record de pluie n’en était pas un.
Dès lundi 1er avril la presse suisse annonçait qu’une quantité record de pluie était tombée sur le Tessin pendant les jours de Pâques. L’info était reprise d’une dépêche d’agence (ATS). « Une quantité record de pluie s’est abattue sur le Tessin ».
Cette station située au nord du lac Majeur aurait reçu beaucoup plus d’eau que la moyenne :
« La station de mesure de Mosogno (TI), dans le Val Onsernone, a enregistré la valeur la plus élevée avec 255 litres par mètre carré, a annoncé lundi MeteoNews. »
La station est intégrée dans le réseau de MétéoSuisse, on la suppose fiable. Autant que possible je vérifie les records annoncés. J’ai déjà constaté des chiffres différents selon l’agence météo qui les publie.
Ici c’est MétéoNews qui diffuse l’annonce de ce record. MétéoNews est une agence privée fondée il y a 27 ans. En général les agences privées utilisent le relevés des météorologies nationales, parfois aussi des réseaux annexes.
J’ai ouvert le site de MétéoSuisse aux fins de visiter les relevés des stations du réseau national, 300 au total. Première page, précipitations journalières à Mosogno (image 2, MétéoSuisse).
Sur le site l’image est interactive indique la quantité de pluie tombée. En passant sur les 29, 30 et 31 mars, soit du vendredi Saint au dimanche de Pâques inclus comme souligné dans la presse, on obtient les chiffres suivants:
le 29, 49,6 mm; le 30, 48,3 mm; le 31, 163,5 mm. Au total: 261,4 mm. Le chiffre de 255 est inexact, de peu mais inexact quand-même. J’ignore où il a été trouvé.
Je note d’abord qu’il plus fréquent de mesurer la pluviométrie sur une heure, un jour ou un mois. MétéoSuisse a pourtant parfois mentionné des records d’autres formats de durée, 10 minutes à 3 jours. Ainsi Mosogno a reçu 612 mm de pluie en deux jours en 1924.
Le record pour trois jours au Tessin date de septembre 1924 avec 728 mm à Camedo.
À Mosogno encore l’image 3 indique les quantités annuelles de pluie. La période couvre 123 ans (2024 n’est pas encore intégrée). Le record date de 1951. On ne décèle pas de tendance à la hausse des précipitations, mais plutôt légèrement à la baisse.
Deux mots sur le Tessin. Cette région du sud est influencée par la chaîne des Alpes. Comme le midi de la France elle peut recevoir de fortes précipitations du sud, qui se déversent sur les montagnes. Rien d’anormal donc qu’elles soient périodiquement extrêmes.
MétéoSuisse le précise:
« Dans l’ouest du Tessin, notamment dans les Centovalli, un événement centennal correspond à plus de 300 mm pour les précipitations journalières totales. »
Le 31 mars, jour de Pâques, on en était loin, moins de la moitié, et même sur trois jours il n’y avait pas de record. »
Donc non, il n’est pas tombé de pluies records à Pâques au Tessin, mais simplement des pluies très abondantes.
La science devrait faire preuve de rigueur. Ici elle est juste approximative. Face aux médias et au climatisme, je recommande de douter et de vérifier par soi-même autant que possible.
Commentaires
Juste Monsieur Goetelen.
Que la presse mainstream arrête de disséminer les approximations des pseudo-scientifiques qui discréditent la Science.
Sus au wokisme !
Merci, Hommelibre, je fais mienne votre recommandation! Notamment en essayant de me procurer le plus possible d'ouvrages scientifiques sur la question climatique! Par ailleurs, je connais bien le Tessin depuis mon enfance, et je puis confirmer que les pluies torrentielles y ont toujours été habituelles. Bien à vous!