Nos arbres après deux ans de sécheresse.

Je parlais hier avec un forestier occupé dans des arbres. Je lui ai fait part de mon observation: les arbres en région genevoise avaient bien supporté les deux années de sécheresse 2022-2023. Même les saules.

Déshydratation

Il en convenait. Le démarrage printanier de 2024 montre des feuillage denses, bien verts, et une bonne quantité de bourgeons.

Par contre dans sa région de montagne les forêts ont pris un coup. Certaines ont dû être abattues, trop infestées par des parasites comme le scolyte – parasites qui sont d’autant plus gloutons que la sécheresse affaiblit l’immunité des arbres.

Cet affaiblissement vient d’une part de l’assèchement des canaux qui transportent la sève. Selon un rapport suisse sur l’état des forêts:

« La première cause physiologique de mortalité est liée à une rupture de l’intégrité hydraulique de l’arbre due à la déshydratation de ses tissus et à la perte partielle ou complète de la fonctionnalité des vaisseaux conducteurs en raison de l’apparition de bulles d’air, phénomène appelé cavitation (Cochard & Granier, 1999). Ce processus a lieu uniquement lors de sécheresses et vagues de chaleur exceptionnelles. »

L’article continue:

« La deuxième cause de mortalité est directement liée aux températures élevées. Une chaleur trop élevée peut entraîner des brûlures des feuilles ou des aiguilles. »

Une troisième cause serait une privation de carbone à cause d’une perturbation de la photosynthèse.

Augmentation

« L’arbre manquerait ainsi de “nourriture” pour alimenter toutes ses cellules ou compléter ses réserves, indispensables pour lutter contre les insectes ravageurs et pathogènes (métabolisme de défense), ou pour faire face à d’autres évènements extrêmes comme un gel printanier. »

Le forestier prévoit la disparition de l’épicéa, arbre courant mais inadapté au réchauffement. Il plante aujourd’hui de plus en plus de cèdres, robustes et résistants aux chaleurs sèches. Mais pas seulement, car selon lui, la forêt subit d’abord les conséquences de la monoculture. Une seule espèce sur un grand territoire fragilise l’espèce, avant toute autre raison.

Les forêts du futur devront être aménagées par la main humaine. L’Office Fédéral de l’Environnement s’y attelle.

Toutefois la forêt suisse se porte plutôt bien et est en expansion.

« … la forêt suisse s’est étendue de 7% entre 1995 et 2015. Elle couvre 1,31 million d'hectares, soit près d’un tiers du territoire. Sur le Plateau et en basse altitude, la surface forestière est restée plus ou moins stable.

C’est surtout dans les Alpes, en particulier au-dessus de 1800 mètres, que les arbres gagnent du terrain de manière significative, explique Meinrad Abegg, chercheur à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Ils se répandent dans les pâturages autrefois dévolus à l’agriculture et désormais inexploités. »

Bonne nouvelle, car des montagnes boisées ralentissent l’érosion brutale (érosion par ailleurs parfaitement normale). Exemples ici.