Désenchantement : « Si j’étais un homme »
Certaines chansons prennent possession de nous. C’est comme un enchantement. Ce peut être dû à la musique, à la voix, à un charme dont rien ne saurait nous prémunir.
Par exemple la célèbre chanson de Diane Tell, Si j’étais un homme. Elle commence en douceur avec sa voix délicieuse. Et tout au long des couplets elle nous enchante.
Dès sa sortie j’ai craqué pour cette chanson. Jusqu’à hier. Que s’est-il passé? C’est simple: j’ai vu cette chanson présentée par un homme, qui a cru bon d’en rajouter sur l’incapacité des mecs à entendre le besoin des femmes. Auto-flagellation, culpabilisation de l’homme. Les hommes sont des gros tas obtus et les femmes de délicates fées.
Diane Tell en joue à fond. Elle décrit tout ce qu’elle ferait si elle était homme, - et qu’évidemment les hommes ne font pas. J’ai réalisé alors, non sans malice, qu’au fond elle se plaint, l’air de rien, et qu’elle assène à l’homme une série stéréotypée de reproches classiques.
Et ça marche. Elle commence par prendre le pouvoir: Si j’étais un homme je serais capitaine.
Elle continue et décrit son bateau: D'une élégance rare et plus fort que l’ébène pour les trop mauvais temps.
Il y a des hommes avec de tels bateaux d’une élégance rare. En général ils sont riches à souhait. Il n’y en a donc pas beaucoup. On doit en trouver sur les sites de rencontre de luxe.
Ensuite:
Te ferais l'amour sur la plage en savourant chaque seconde,
Je connais des hommes qui font aussi cela.
Je suis femme et quand on est femme on ne dit pas ces choses-là.
Ah, ben, moi j’en ai connues qui disaient cela, et même bien plus. Pas toutes et il a fallu apprendre qui disait quoi. Diane Tell se maquille en oie blanche et semble inclure presque toutes les femmes.
Je passe plus loin:
C'est dommage, moi j'aurais bien aimé un peu plus d'humour et de tendresse
Si les hommes n'étaient pas si pressés de prendre maîtresse.
Oui c’est parfois vrai. Les hommes ont une nature impatiente concernant le coït. Je pense que les hommes doivent apprendre à garder plus de réserve, et les femmes devraient se lâcher plus, pour équilibrer un peu les libidos.
Ah, si j'étais un homme je t'appellerais tous les jours rien que pour entendre ta voix.
Des homme le font. Pas toujours, mais quand-même. Beaucoup ne le font pas en se demandant à quoi cela sert.
Dans cette chanson on dirait que Diane Tell se plaint et invoque ce qu’elle n’a pas. Et discrètement la posture victimaire prend forme.
Pour moi cette chanson est passée d’icône de la délicatesse amoureuse inspirée par la femme, au bon vieux réflexe victimaire bien connu.
Et instantanément l’enchantement a cessé. Diane Tell a une jolie voix, de jolies paroles, mais le fond est sans intérêt, à moins de rejouer Madame Bovary.
Commentaires
Si les femmes étaient des hommes, la vie ne serait pas aussi belle. Si les femmes se comportaient comme les hommes, quel intérêt de découvrir, de côtoyer et d'aimer un clone de soi-même ? Différents dans le corps et l'esprit, différents dans les choix et les valeurs, n'est-ce pas ce qui fait tout le charme de l'union de deux êtres destinés à procréer ? Que cette altérité sexuelle s'accompagne d'une altérité éthologique nous ramène à nos origines et à nos identités, dans un monde où le néo-féminisme ose déconstruire le mâle, le corseter et le façonner à son image. Messieurs, ne vous laissez pas faire ! Il en va de l'avenir de l'Humanité.
Cher Hommelibre, cette chanson aurait-elle agi sur vous comme le chant des sirènes? Je me souviens très bien de l'époque où elle passait souvent à la radio, j'étais également sous le charme! Mais quelque chose me retenait d'adhérer pleinement. Maintenant, à vous lire, je comprends pourquoi! Avec le recul, on peut voir ce morceau, je crois, comme une des première apparitions musicale d'un féminisme victimaire, se plaignant de ce qu'il dénomme de nos jours "la masculinité toxique".
Souvenez-vous des femmes des années 80 : rien de victimaire chez elles, au contraire, une haine des traditionnelles, "faiblesses" de la femme (le "sexe faible"), et une volonté claire d'en découdre avec nous, les hommes! Cela démontrait aussi un certain respect du masculin, malgré tout. Au fond, je les préférais au féminisme geignard actuel, qui incarne un net recul de la cause vers la victimisation! Bien à vous!
J'étais encore pro-féministe... :-)