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Constitution genevoise: quelle égalité voulons-nous?

Nul doute que l’égalité sera l’un des thème des débats. Certaines listes l’ont déjà annoncé. La Constitution actuellement en vigueur contient deux articles sur l’égalité. Faut-il plus? Faut-il autre chose? Voici quelques réflexions préalables.

Les 2 articles sont les suivants:

ConstituanteLogo1.jpg
Art. 2 Egalité devant la loi
1 Tous les Genevois sont égaux devant la loi.
2 Le peuple genevois renonce à toute distinction de territoires et à toute inégalité de droits qui pourraient résulter soit de traités, soit d'une différence d'origine entre les citoyens du canton.

Art. 2A(91) Egalité entre homme et femme
1 L'homme et la femme sont égaux en droits.
2 Il appartient aux autorités législatives et exécutives de prendre des mesures pour assurer la réalisation de ce principe et aux autorités judiciaires de veiller à son respect.



L’égalité devant la loi

Egalité1-1.jpgCet article est fondamental et doit rester. Toutefois l’alinéa 2 peut prêter à discussion. Certains politiciens posent la question du droit de vote et d’éligibilité des étrangers. Ils laissent entendre que le refus de ce droit serait discriminatoire, alors que que le texte précise que “le peuple renonce à toute distinction... de droits qui pourraient résulter... d’une différence d’origine entre les citoyens du canton.”

Ici se repose la question de la citoyenneté, que j’ai déjà traité dans un précédent billet (http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2008/09/09/constituante-citoyennete-vide-debat-biaise-vote-des-etranger.html).

Si l’on admet que le statut de citoyen est lié à la nationalité, le problème ne se pose pas. C’est ce qui prévaut actuellement et historiquement. Si l’on veut étendre la notion de citoyenneté au fait de vivre et payer ses impôts dans une cité ou une région, les choses se compliquent. Comme toute limite contient une part d’arbitraire, où poser la limite? Pourquoi les étrangers ne pourraient-ils pas voter et être éligibles dès le premier jour de leur installation? Pourquoi ne pourraient-ils pas devenir Conseillers fédéraux? Actuellement ce droit aux étrangers est limité: il faut une certaine ancienneté, et il ne s’applique que dans certaines communes du pays. Il est donc admis que les limites posées ne sont pas discriminatoires. Alors pourquoi juger que l’acquisition de la nationalité le serait? Je crois au contraire qu’elle est une limite claire et donne un statut bien défini qui engage le naturalisé.

Il faudra peut-être poser une définition du citoyen dans la Constitution afin d’éviter dorénavant tout malentendu.


Egalité hommes-femmes
Egalité1-2.jpg
Débats intéressants en perspective. Comme nous serons dans le domaine des principes, il n’y a pas lieu ici de développer les arguments pour ou contre une égalité culturelle. C’est essentiellement de l’égalité des citoyens qu’il est question.

Fondamentalement l’article 1 devrait contenir le 2. L’égalité des citoyens devant la loi vaut pour les femmes comme pour les hommes. Cependant nous savons que les femmes ont été exclues de la vie politique et des droits économiques depuis le code Napoléon en 1804, jusqu’au milieu du 20e siècle. La misogynie du dictateur était connue. C’est pour affirmer ces droits que l’article 2 a été introduit.

Toutefois on constate que l’égalité n’est pas réelle. Deux exemples: les femmes ne reçoivent toujours pas le même salaire que les hommes pour le même travail et à compétences égales. Les hommes ne bénéficient eux non plus pas de l’égalité devant la justice et dans la paternité.

Faut-il préciser dans la Constitution que l’égalité est réciproque? Ce serait intéressant puisqu’aujourd’hui quand on parle d’égalité on parle des droits des femmes, pas des droits des hommes. Face à l’avancée sexiste anti-hommes, il serait bon d’anticiper et de préserver l’équilibre des droits.

En ce qui concerne les quotas ou la parité professionnelle et électorale, il s’agit de dogmes qui ne doivent pas être inscrits dans la Constitution. La parité telle que la pratique par exemple Madame Calmy Rey consiste à comptabiliser le même nombre d’employés hommes et femmes. C’est inapplicable. Vouloir le même nombre d’infirmiers que d’infirmières, de profs hommes que de femmes, d’éboueuses que d’éboueurs, cela de façon contraignante, suppose que rapidement le genre surnuméraire sera réduit partout pour établir cette parité. Cela signifie que nombre de postes dans les hôpitaux et dans les écoles devront être suspendus puisqu’il y a notoirement plus de femmes que d’hommes. Je me réfère toujours à la méthode Calmy Rey, bien sûr, qui en a fait un dogme lors du choix des futurs ambassadeurs il y a bientôt deux ans.

Egalite1-3.jpgLa parité électorale est aussi une nouvelle contrainte. Supposons que dans un parti il n’y ait pas assez de femmes pour établir la parité d’une liste: faudra-t-il les traîner par les cheveux et les inscrire de force? Ou bien obliger la part des hommes à être réduite, mettant en péril le nombre de représentants d’un parti aux élections? Et risquer ainsi de pratiquer une discrimination contre ledit parti?

D’ailleurs, dans cette optique de parité, la liste féminine pour la Constituante est un bien mauvais exemple, puisqu’elle ne contient aucun homme. Preuve, s’il en était besoin, que ce féminisme-là veut l’égalité surtout pour les femmes, pas pour les hommes. Le communautarisme de genre n’est pas compatible avec la démocratie, et cette liste, qui illustre la conception anti-démocratique du féminisme actuel, n’aurait jamais été possible dans un univers où la parité serait obligatoire.

Et est-ce parce qu’il y a moins de femmes que d’hommes en politique que les femmes n’ont pas voix au chapitre? Ne discutent-elles pas avec leur mari quand il est élu, ou dans les assemblées des partis? Seraient-elle systématiquement brimées et pas écoutées par les élus, comme le suppose l’imagerie d’Epinal des féministes?

Il faudra donc être très attentif à ce chapitre de l’égalité dans la Constituante, et penser les textes en fonction d’une égalité réciproque non dogmatique, la seule réelle et possible.


John Goetelen, liste No 9 MCG



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Catégories : Politique 9 commentaires

Commentaires

  • L'égalité entre hommes et femmes doit être efficience et non pas simplement formelle. Le hic apparaît pourtant souvent non dans la psychologie des uns et des autres mais dans l'attribution des postes-fonctions: par exemple, il est des femmes qui font le boulot de leur chef tout en étant payée 40% de moins, etc. Le sujet est vaste, très vaste.

    Vous avez bien raison, Hommelibre, de préciser qu'il faut une égalité des droits sans tombre dans des dogmes tout faits... Bien à vous!

  • Oui Micheline, et le cas que vous citez est loin d'être rare. Je suis choqué que l'on considère les femmes comme une main d'oeuvre moins coûteuse! Parfois j'imagine la situation inverse, pour voir ce que cela ferait. Et bien j'imagine que les hommes n'accepteraient pas cette discrimination. Les femmes ont raison de ne pas l'accepter.

  • Certains hommes utilisent l'argument que nous coûtons cher à l'entreprise à cause des congés maternités (comme si on faisait un gamin toute seule...) et que donc notre faiblesse (!!!) ne se doit pas d'être rémunérée... (je vous jure que ce que je dit je l'ai entendu... à maintes reprises... oui je sais... ca fait peur...)
    D'autres pensent (sans pour autant oser le dire) que nous ne valons pas la même chose intellectuellement... d'où notre salaire plus faible...

    En partant du principe que nous sommes tous différent... si nous voulons sombrer dans l'absurde alors il serait convenable de faire un salaire équivalent aux capacités intellectuelles (test de Q.I d'entrée) , savoir si la femme engagée veut ou non un jour un enfant et lui attribuer le salaire à partir de là... et que dire alors des hommes et du temps effectué à l'armée? Ils font leur devoir de citoyen me répondra-t-on!!! EH BIEN NOUS AUSSI FIGUREZ VOUS ALORS PAS DE RAISON DE NOUS DISCRIMINER POUR AUTANT!!!!

  • Vos arguments sont excellents, Boo. Et l'idée de faire passer un test de Q.I. aux hommes avant de les rémunérer... Cela changerait bien des choses!

    Comme vous dites, quand une femme fait un enfant elle n'est pas seule, et c'est aussi une force vive et une pérennité pour la communauté. Et même si je suis pour le congé paternité pour les hommes, le congé maternité doit être plus lo0ng, car c'est votre corps qui porte l'enfant et qui le nourrit au début. Donc sur ce point pas d'égalité de congé parental, ce serait un dogme absurde.

    Et comme vous dites les hommes font l'armée... Brefs vos arguments sont tout bons.

  • @Boo: je suis entièrement d'accord avec vous concernant l'égalité des salaires. Toutefois, sur le devoir de citoyen, je n'ai pas encore lu de loi obligeant le citoyen a avoir un ou des enfants. C'est un choix de couple. Tandis que l'armée reste une obligation légale.

  • Obligation morale (que je ne m'impose certainement pas mais certaines n'ont pas eu la même éducation que moi concernant la liberté de faire des enfants ou pas...)

    Alors très bien... si on fonctionne comme ça très bien... on ne fera plus de gamins... faudra pas brailler quand personne sera là pour payer notre A.V.S...

    Que dire de ces pauvres UDC qui vont se rouler par terre de douleur quand ils vont apprendre que le taux de natalité à encore baissé chez les suisses et que de ce fait nous comptons sur les étrangers pour notre survie...

    Ce serait affreux non?

    @ homme libre... Eh bien moi perso je suis pour un congé paternité plus long!! On porte le gamin 9mois alors si en plus après M. nous aide pas après la terrible souffrance endurée par notre corps... en prétextant que : "Je te rappelle que MOI je bosse chérie demain alors c toi qui te lèves pour le biberon!!"
    NONNON et NON... à lui la souffrance des premiers mois sans sommeils et des biberons à toute heure de la nuit!! Et là égalité :)))

  • @Boo: je ne vous demandais pas de ne pas faire d'enfant, je relevais juste qu'il s'agit d'un choix. Quant à l'AVS... vu mon jeune âge, je ne compte pas dessus, soit il n'y aura plus d'argent, soit l'âge de la retraite sera tellement repoussé que je serai sûrement mort. :o) . Et l'UDC, et ce qu'elle en pense, je m'en fiche un peu je dois dire !

  • Hello John,

    Une fois encore, BRAVO pour ton billet, ton excellente réflexion sur l'égalité !
    Réciprocité : absolument ! Au-delà des thématiques telle que la fameuse égalité des salaires (cela va de soit à mon sens), il est nécessaire de revoir la loi en matière de divorce et d'instaurer la garde partagée, point barre ! Assez des papas à temps partiel dont les droits sont bafoués..voilà, c'est dit.

    Chère Boo, vous avez raison, être une femme et mère/future mère est le cauchemar des entreprises...mais surtout de bon nombre de RH (mes confrères-consoeurs)..personnellement, je me suis toujours refusée à poser la question à une femme concernant ses projets de maternité ou sur son organisation en matière de garde de ses enfants..d'ailleurs, pose-t-on cette question à un père de famille lors de l'entretien d'embauche ? Non, puisque cela paraît tellement évident que c'est la maman qui court poser-chercher ses enfants à l'école-la crèche..alors que pourtant bien des papas s'en chargent également..c'est absurde non.

    Le sujet de l'égalité est vaste, ainsi nous aurons encore bien du plaisir à te lire John...sans modération :-)

    Amitiés

  • @ Boo: quand ma fille est née, elle se réveillait en criant (très) fort 6,8 ou 10 fois par nuit. Le cauchemar! Avec mon ex-femme, nous alternions: une nuit elle se levait et j'essayais de récupérer, l'autre nuit c'était à moi de me lever. Grâce à cela nous avons pu tenir... sur les genoux mais bon, un enfant est là il faut y aller. Donc vous prêchez un convaincu, chez moi ce n'est pas simplement de belles idées, j'ai mis la main à la pâte avec conviction.

    Ce que je voulais dire c'est que certaines mères ont d'une part plus besoin de récupérer de l'accouchement, et qu'elles ont besoin de temps et de disponibilité pour s'installer dans la relation d'allaitement. C'est pourquoi je vois le congé maternité plus long, et non pas comme vous le dites un peu rapidement "Moi je bosse chérie". Mais j'imagine que vous faites de l'humour, sinon ce serait une raison pour que je vous tire les oreilles!

    Cela dit j'ai vu pas mal de femmes qui appréciaient 3 mois de congé mat et et qui ne se prenaient pas la tête quand leur jules allait bosser pendant ce temps. L'égalité n'est pas automatiquement la similarité des rôles et de l'investissement. Chaque couple s'organise selon ses besoins, je ne voudrais surtout pas d'une compagne qui comptabilise les heures que chacun a passé à s'occuper du petit ange.

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