- Jamais! Jamais je n’engagerai de discussion sur le bout du monde, dit Jay.

- Et pourquoi pas, demande Clara?

- Ca ne veut rien dire, le bout du monde! De quoi on parle? Du bout géographique? La Terre est ronde, elle n’a pas de bout.

- Si elle n’a pas de bout c’est qu’elle n’a pas de début. Elle serait alors infinie. Ou inexistante. Ce qui n’est pas possible puisque nous vivons dessus: elle a bien une existence, argumente Clara.

- Mais elle n’est pas infinie! Tu m’embrouilles.

- Imagine: je pars à pied depuis Genève, je passe par Nantua, Paris, je continue, je fais le tour, et quand je reviens il n’y a pas de bout: il y a la route vers Nantua, Paris, et le reste. Le monde n’a pas de bout.

- Si: c’est ton point de départ.

- Rien ne le dit. C’est un bout arbitraire, seulement si je le décide, c’est une convention, mais ce n’est pas le bout du monde. Le monde n’a pas un commencement et une fin, sauf si l’on parle de temps et non plus d’espace.

- C’est bien ce que je disais: la Terre n’a pas de bout. Elle a un début et une fin dans le temps.

- Elle est donc infinie dans l’espace! ajoute Clara en riant.

- Ce n’est pas possible. On sait bien qu’elle est délimitée.

- Alors où est le bout du monde? Admettons qu’elle n’ait pas de bout. Alors elle n’a pas non  plus de commencement. Et si elle n’a ni commencement ni fin, soit elle est infinie, soit elle n’existe pas.

- J’avais bien dit que je ne voulais pas engager de discussion sur le sujet...