Il y a deux jours j’ai entendu cette petite phrase et je ne résiste pas à l’envie d’en faire un billet. C’est joliment dit, et cela vient du chanteur Seal. Il laissait entendre qu’il faisait les choses pour que sa femme soit heureuse.
A la première écoute cela sonne comme une évidence. Le bonheur que l’on donne à l’autre a souvent un effet boomerang. Si l’autre est bien, je suis bien, et ma vie va bien. Et quand l’autre est bien il a envie que je sois bien. Une sorte de règle du jeu naturelle, implicite.
La quête du bonheur est somme toute assez naturelle. Le bonheur est un état généralement agréable, parfois euphorisant, qui permet d’exister plus pleinement que la souffrance ou le malheur.
Après, des questions se posent. Qu’est-ce que le bonheur? Qu’est-ce qu’être heureux? Comment rendre l’autre heureux? Le bonheur est-il durable, permanent? Est-il un but en soi dans le couple? Que faire si l’autre ne sait pas créer son propre bonheur?
Et oui, rien n’est si simple. L’évidence de cette phrase de Seal reste, et formulée comme cela dans l’instant il y a peu à redire. Mais sur la durée, quand les caractère s’expriment plus fortement, quand parfois les besoins diffèrent, quand soi-même on traverse une période où il nous est difficile de créer notre propre bonheur, l’évidence résiste-t-elle?
Jusqu’où cette quête est-elle possible? Et pourquoi cette sorte d’hédonisme manifesté par la quête du bonheur est-il si souvent en défaut: disputes, jeux de pouvoir, non-dits meurtriers, divorces, haine, etc? Sommes-nous vraiment capables de générer du bonheur de manière assez régulière pour tenir la route en couple? Et devons-nous attendre de l’autre de faire notre bonheur, au risque de tomber de haut le jour où cet autre subit une baisse de régime psychique?
La quête du bonheur est-elle un objectif réaliste, dans nos vies personnelles ou en couple? N’y a-t-il pas d’autres objectifs à atteindre, ou des choix de vie à faire qui nous font tenir dans les périodes de reflux?
Beaucoup de questions, pas de réponse particulière. Chacun-e la sienne.
Mais une réflexion: une phrase comme celle de Seal est à mes yeux juste, applicable, utile. Mais elle révèle un risque: attendre de l’autre son propre bonheur. Il y contribue, mais pas en tout. Chacun dispose de sa propre capacité au bonheur, de sa propre représentation du bonheur.
Et puis attendre son bonheur de l’autre contient une part d’aléatoire: que devient le couple au moment où le-la partenaire n’apporte plus le bonheur prévu? On s’en va brouter ailleurs? Consommer un peu du bonheur d’un-e autre, et ainsi de suite?
Chacun choisit sa vie. Certains couple savent comment durer et s’augmenter mutuellement, d’autres non. Mais je ne suis pas convaincu que la quête du bonheur suffise seule à construire un couple durable.
Enfin, tout dépend de ce que l’on met dans le mot «bonheur».
Commentaires
Le contraire est aussi vrai. « Si ton homme est heureux, ta vie est heureuse ».
Qu’est-ce que le bonheur ? *Un art de vivre* dixit Elisa sur son blog. Très bien « analysé ».
Pour la durée de ce bonheur, il doit être entretenu, stimulé jour après jour. Mais avec sincérité, franchise, sans calcul. Sinon les contrariétés, que la vie se charge de mettre devant soi, ne feront pas tenir le couple sur la route du bonheur.
Mais comme rien n'est jamais acquis, il arrive que malgré tout, le couple sorte de la route.
Triste, mais cela fait partie de la vie.
(*_*)
"La quête du bonheur est-elle un objectif réaliste, dans nos vies personnelles ou en couple?"
J'ai l'impression qu'il y a dans la nature même du bonheur quelque chose qui s'oppose à la notion de "quête", de "recherche", ou d'"objectif", et il me semble que les personnes qui rayonnent le plus de bonheur ne sont pas les plus acharnées ou les plus inquiètes dans la recherche de celui-ci.
Personnellement, je crois que le bonheur, c'est le détachement de celui qui sait qu'il peut mourir en paix. Chaque acte doit être posé dans la perspective de la mort. Si je me demande, chaque fois que je fais quelque chose ou que je ne le fais pas, ce que je penserai de cet acte au moment où je me saurai sur le point de mourir, alors je construis, tout en étant moi-même, par l'anticipation d'un moment de vérité, une vie qui laisse peu de place aux regrets.
Bien sûr, on a perdu l'habitude de penser à la mort. C'est juste l'une des facettes du refus de la réalité qui constitue l'essentiel du credo de l'Occidental moderne.
"Si tu envisages ta mort dans la paix, ta vie est heureuse."
@ Lord Acton:
"Si je me demande, chaque fois que je fais quelque chose ou que je ne le fais pas, ce que je penserai de cet acte au moment où je me saurai sur le point de mourir, alors je construis, tout en étant moi-même, par l'anticipation d'un moment de vérité, une vie qui laisse peu de place aux regrets."
Jolie manière d'évaluer ses propres actes.
Bien à vous.
@ Loredana: d'accord avec vous sur l'inversion, cela va dans les deux sens.
Ah Seal...........oui moi je signe quand il veut mais bon je ne puis rivaliser avec Heidi sur certains points....quoique......
Le bonheur n'existe pas mais les instants de bonheur oui. Vivre intensément avec un doux abandon la relation amoureuse permet d'atteindre des petits sommets de bonheur et ne pas se poser la question de la durée, du devenir de cette relation.
Savoir donner sans retenue, savoir recevoir sans pudeur et ne jamais vouloir immortaliser ce qui semble éphémère mais en savourer chaque moments délicieux.
Voici ma recette...mais il y en a beaucoup à chacun la sienne!