De nombreux débats ont lieu sur les blogs, parfois vraiment intéressants. Quand ils sont bien argumentés, même si les commentateurs peuvent avoir des idées opposées, c’est ok. Mais quand ils tournent à l’invective personnelle cela les fait parfois finir en queue de poisson.
Je remercie toutes celles et ceux qui me font l’honneur de partager nombre de débats que je propose. J’ai une assez large tolérance quand aux mouvements d’humeurs ou accès de fièvre. Moi-même n’en ai pas été exempt par le passé, mais j’y travaille. J’ai toutefois réduit ma marge de tolérance en ce qui concerne les calomnies, les insultes répétées, ou les comm envahissants et agressifs visant juste à montrer à l’autre qu’il a tort. Cela ne s’applique qu’à une petite minorité, que je souhaite ne pas voir s’agrandir. J’espère donc avec philosophie que chacun peu à peu fera sa propre discipline.
Lord Acton me suggère de proposer explicitement quelques règles de dialogue, suite à certains comm devenus trop invectivants sur ce débat-ci.
Je relève cette suggestion et propose quelques pistes de base, que chacun-e pourra compléter ou critiquer. Si une synthèse est possible elle pourrait servir de référence à l’avenir.
Propositions:
1. Argumenter.
Un débat ce sont des idées qui se complètent, se comparent ou s’affrontent. Ce peut être simplement un message d’accord ou de désaccord. Parfois les positions bougent suite au débat, parfois pas. Certains débats demandent d’y revenir car on ne fait pas le tour de grands thèmes en une fois.
Mais les invectives personnelles, les petites phrases dénigrantes glissée en marge d’un commentaire, ne font rien avancer et crispent plutôt qu’autre chose. Je propose donc de les éviter.
S’il en vient quand-même, soit la personne visée les ignore, soit un peut trouver un mot-code signifiant que c’est hors sujet ou inutilement blessant. Je préfère cette solution à l’effacement des comm, même si dans certains cas c’est nécessaire.
2. Dire «Je».
Je pense que, je vois les choses ainsi, plutôt que de dire «Tu». Le Tu est rapidement stigmatisant et contre-productif.
3. Reformuler.
Si l’on constate un énervement chez un commentateur, cela signifie peut-être qu’il y a malentendu.
Soit le commentateur s’abstient de s’énerver et dit par exemple: «Voici ce que je comprends de votre intervention. Est-ce bien ce que vous avez voulu dire?», soit la personne visée reformule sa contribution pour éviter le malentendu.
4. Poussées de fièvre.
J’admets qu’il puisse y en avoir, comme dans les débats oraux. Nous sommes là avec notre cerveau et nos tripes, et un brin d’adrénaline fait parfois émerger des choses utiles. Il n'est pas toujours opportun d'être trop susceptible.
Il faudrait trouver dans quelle marge ces poussées sont acceptables, et au-delà de quelle marge elles ne le sont plus. La pose des limites est un exercice délicat, j’attends vos contributions pour trouver une manière de faire qui ne soit ni trop restrictive ni trop laxiste et préserver l’interactivité et l’envie de participer.
5. Règle d’or.
Personne n’est con parce qu’il pense ce qu’il pense. Pas la peine donc de vouloir rabaisser ou stigmatiser l’autre parce qu’il pense autrement, ou parce qu’il n’a pas toutes les informations pour étayer sa réflexion.
Qu’en pensez-vous?
Pendant ce temps, en Libye, nos otages dialoguent avec le vent...
Commentaires
*John, je pense comme vous ! Quant aux 2 otages, je crois qu'il faut faire valoir la devise du désert "le silence est d'or" et laisser faire nos dinosaures du Palais fédéral !
Quelqu'un m'a signifié un jour:
"Entre ce que je pense,
ce que je veux dire,
ce que je crois dire,
ce que je dis (écris),
ce que vous voulez entendre,
ce que vous entendez,
ce que vous croyez comprendre,
ce que vous voulez comprendre
et ce que vous comprenez ... il y a déjà 9 possibilités de ne pas s'entendre !
Bien à vous Bruno
Excellent!
Modère, John, modère...:))
Mais avoue qu'il y a quelques loufoques réguliers sur ton blog qui ont tendance à se répéter ou à causer hors sujet, et cela devient moins intéressant d'y laisser des comms....
A+
Ark
Je me hasarde à réagir à cette question épineuse, car j’ai plaisir à vous lire et à partager en ligne avec la plupart de vos commentateurs.
Il me semble difficile de régler ou même de réguler les éventuels accès d’humeur, dans quelque forme de dialogue que ce soit. Si cela était possible, le risque ne serait-il pas de déshumaniser, voire de robotiser les échanges ? On ne va tout de même pas "indifférencier" les tempéraments, pas sur ce blog, ce serait un comble ! Personnellement, je préfère l’emportement passionné à l’impasssibilité métallique, quand cela ne dépasse pas les bornes, bien évidemment.
J’ajoute que l’argumentation et la circonspection ont leurs propres limites, en fonction de la récurrence et de la surabondance des échanges. Lorsqu’on ne parvient pas à s’entendre, doit-on s’entêter durant des heures, à coups de commentaires de plus en plus appuyés et tendancieux? En définitive, au-delà de la teneur des argumentaires, n’est-ce pas ce vain entêtement qui peut échauder les esprits les plus mesurés ?
Je tiens à émettre un court avis (humour évidemment) avant que d'en retourner à ma grotte pour quelques temps pour cause de plus en plus de boulot la fin des études approchant. Comme j'ai de la peine à faire les choses à moitié, j'avoue que ce blog me prend beaucoup de temps ces jours. Je préfère m'en tenir pour l'instant à nos coups d'humour carambare pour adulte de fin de soirée, j'ai peut-être un peu besoin de plus léger.
Le problème du débat à mon sens est sur son contenu même. Par essence on débat lorsqu'on est pas d'accord, que ce soit entièrement ou sur un point de détail. Si les échanges devaient donc s'arrêter à cela, il n'y aura plus grand chose à dire. Tout dépend du sujet, et des teneurs de blogs, mais je crois avoir compris qu'il vous plaisait de lancer des sujets, peut-être même plus que d'écrire le billet initial.
Je relèverais donc un problème fondamental de mon point de vue, que j'ai déjà expliqué par ailleurs et que j'ai pu rencontrer avec vous (quoique rarement c'est vrai) ou avec d'autres. Finalement la question que pose souvent les articles que vous mentionnez, ou que vous développez vous-même est celle de la part sociale du biologique et de la part biologique du social. Il est dès lors parfois déplaisant que toute tentative d'explication qui respose aussi sur du social soit disqualifiée d'office (de nombreux exemples sur le post précédent), car si pour finir le genre, ou autre explication sociologique, est posée d'office comme une idéologie, ou un genre d'étude inutile, il n'y a plus d'espace pour discuter, et forcément plus de "débat". Juste une doxa martelée qui devrait faire office de vérité indiscutable, ou discutable uniquement de la part de quelques illuminé-e-s qui auraient une revanche à prendre sur les hommes.
Deuxième chose, et sans vouloir relancer de polémique: j'avoue bien volontiers mes coups de sang, mon impulsivité et mes facettes un peu trop direct, comme vous le faites d'ailleurs, et j'apprécie finalement ce côté qui vous rend humain. C'est pour cette raison que j'ai de la peine avec ceux qui voudraient finalement s'afficher comme des angelots arrivant la bouche-en-coeur pour relever que la discussion a dérapé. Je crois que pour pouvoir tenir un respect dans le débat, il faut être conscient, et avant tout même, qu'on n'a peut-être pas été soi-même irréprochable. Si l'on ne peut faire un minimum d'introspection il est certain que ce genre de situation devrait se reproduire à l'avenir. On a vu finalement qu'autrefois il nous a fallu reconnaître nos torts respectifs pour pouvoir passer l'éponge et revenir à une compréhension mutuelle. Et dans le précédent débat je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir vu une seule blanche colombe, je me comprends dans le lot, à part Pascale évidemment.
Troisième point: lorsqu'un débat s'échauffe entre deux adultes consentants, et à moins de vouloir tenter de régler la situation, ou d'apporter une autre argumentation à la discussion, il serait préférable d'éviter de profiter de la bagarre pour venir déballer ses états d'âme personnels sur un individu que l'on ne connaît pas. Ici c'est moins l'histoire du pompier pyromane que du/de la désoeuvré-e qui jette de l'huile sur des braises histoire de voir arriver les pompiers. Cela n'apporte rien à la discussion. Mais vous émettiez déjà cette idée dans votre post.
Je trouve très bien l'idée du code. Pour lequel il faut évidemment que tout le monde joue le jeu, je travaille à exprimer plutôt mes impressions que des jugements, mais la chose n'est pas toujours facile dans un climat ou sur un sujet tendu et/ou tendant (cf. mon point 1). Avec un peu de recul sur ces sujets, je pense pouvoir revenir dans une optique plus appaisée et plus à l'impression.
En tout dernier lieu j'ai bien aimé votre dernière réponse, évidemment je ne suis pas d'accord sur la majorité (d'ici deux mois, un 25 décembre cela pourrait peut-être arriver), mais j'ai apprécié qu'on repose justement le sujet sous la forme de question ouverte et non de question alibi. Nous y reviendrons je ne me fais pas trop de soucis;-)
Voilà ce qui me dérange sur certains billets sur lesquelles j'évite, comme la peste, d'intervenir.
Les pavés qui sont (des fois humouristiquement) présentés comme "bref et concis", mais qui en réalités sont tellement longs, abstraits et vides, que lorsqu'on arrive à la fin on sait plus de quoi était fait le début.
Les allusions, qui ne correspondent pas à la réalité des choses. (et qui ne me semblent pas du tout "légères").
Les comm. qui débarquent X jours plus tard et complètement "à côté de la plaque"
Les thèses, anti-thèses, contre-thèses qui sont lues, assimilées et recrachées, sans aucune vision personnelle de la personne (homme ou femme) qui les transcrivent.
Je tiens juste à préciser que mes remarques sont mon ressenti et que comme l'a écrit @Etoile de Neige, il y a 9 possibilités de ne pas s'entendre et j'ajouterai "lorsque l'on est face à face". Vous vous imaginez ce que cela donne derrière un clavier ...
Voilà ... je ne souhaite facher/vexer personne. Et je remercie Hommelibre de m'avoir donné la possibilité de m'exprimer.
Cordialement à toutes et tous
(#o_o#)
@ tou-te-s:
Bien content de vous lire, et de voir qu'il y a une certaine acceptation des coups de fièvres. C'est rai qu'un côté trop lisse, enlèverait du caractère aux échanges. Tout en restant dans une mesure.
@ Audrey: Bien reçu. A la suite, et bon travail!
@ Ark: oui, j'en modère davantage qu'il y a quelques temps. Et je suis en accord avec moi. Baxxxxxxxxxx!!!!
@ un pssant: sans faire trop de police, il faut en parler plus quand un comm franchement agressif est mis en ligne, et voir peut-être au coup par coup. Ou opter pour ce code que je suggère.
@ Johann: Excellent? Vous savez, je le suppose, que vous faites partie de la minorité dont je parle? Bien, vous avez changé d'IP, et je vous laisse une nouvelle chance. Mais je trancherai sans avertissement si je le juge utile.
@ Loredana: entendu. Parfois la longueur est nécessaire, et j'en suis aussi responsable!!! Les allusions qui ne correspondent pas à la réalité: Peut-être faut-il plus de précision dans certains comm.
"Les comm. qui débarquent X jours plus tard et complètement "à côté de la plaque""... Ah, ça... Pffff.... Ouaip... Question en stand-by...
"Les thèses, anti-thèses, contre-thèses qui sont lues, assimilées et recrachées, sans aucune vision personnelle de la personne (homme ou femme) qui les transcrivent." Personnellement, j'apprécie aussi les appréciations personnelles. Cela donne un corps vivant au débat, et parfois peut amener un éclairage que la théorie seule ne porte pas.
N'hésitez pas à dire encore votre ressenti Lor, vous êtes toujours l bienvenue ici.
@ Loredana (suite): votre smiley me fait penser à la chanson d'Hug au frais: "Ne rougis pas, non ne rougis pas..."
(0—0)
@ HL: vous avez l'air très pressé, voilà sans doute pourquoi je ne comprends pas votre réponse me concernant. Tout comme je ne comprends pas votre réponse à Loredana dont les réserves me paraissaient fondées et révélatrices d'un malaise qu'on retrouve en d'autres termes dans la remarque pertinente d'Arkentielle.
"@ Johann: Excellent? Vous savez, je le suppose, que vous faites partie de la minorité dont je parle? Bien, vous avez changé d'IP, et je vous laisse une nouvelle chance. Mais je trancherai sans avertissement si je le juge utile."
Ne savez-vous donc pas ce qu'est un IP dynamique?
Et je n'ai pas souvenir d'avoir été jamais censuré sur votre blog, ce qui vous honore.
Vous avez le droit d'avoir votre opinion et vos sentiments. Que je ne suis pas obligé de partager. J'estime que vous tolérez chez les uns ce que vous ne tolérez pas chez d'autres. Question de perception. Chacun la sienne. J'ai répondu à ce que j'ai perçu comme un mépris et comme une insulte sur le même ton. De ma part juste un renvoi de "compliment", parce que les insultes me font plutôt marrer. Effet miroir. Fatale erreur! Certaines personnes manquent franchement d'humour (la fameuse question : peut-on rire de tout avec tout le monde?) et ne savent pas contextualiser un propos. Vous n'avez pas su le voir (par fidélité?) et un certain nombre de vos collègues ont couru procéder à mon lynchage. Peu m'importe. C'est juste amusant à observer. C'est la vie des blogs en quelque sorte. Je trouve terrible ces gens qui ne sont capables d'aucun recul par rapport à eux-mêmes (mais tellement - comment dire? - humain). Contrairement à vous. Heureusement il y en a au moins un.
Maintenant tranchez tout ce que vous voulez, il en restera toujours quelque chose.
Ah, et puis voilà une nouvelle qui va réjouir votre petit cercle de copains: je vais tout prochainement être beaucoup moins présent sur ces blogs. Eh oui, grand changement cette semaine et puis voyage dans les mers du sud pour trois semaines et un heureux événement dans six mois... Alors quand on nage dans le bonheur, impossible d'en vouloir à quiconque!
Il y a une fin à tout. C'est la sagesse même.
Sincèrement.
@ un passant:
En effet j'étais pressé. Je retenais votre remarque:
"Il me semble difficile de régler ou même de réguler les éventuels accès d’humeur, dans quelque forme de dialogue que ce soit. Si cela était possible, le risque ne serait-il pas de déshumaniser, voire de robotiser les échanges ? On ne va tout de même pas "indifférencier" les tempéraments, pas sur ce blog, ce serait un comble ! Personnellement, je préfère l’emportement passionné à l’impassibilité métallique, quand cela ne dépasse pas les bornes, bien évidemment."
Et je me disais qu'en effet, tout lisser et policer est d'une part difficile sans tomber dans un contrôle trop strict et limite castrateur, et d'autre part contraire à l'expression des tempéraments comme vous le dites.
Donc je prends votre comm, et je pense simplement que quand cela dépasse des limites supportables pour l'un ou l'autre, il faudrait en parler plus en ligne, peut-être faire une petite parenthèse dans le débat, dire ce qui ne va pas jusqu'à ce que ce soit réellement entendu, pour recadrer. Ou envoyer un signal, ce code que je suggère. Le but n'est évidemment pas de diriger et contraindre mais de permettre aux échanges de ne pas se perdre dans des poussées de fièvres trop fortes et démotivantes.
Il se trouve que je n'ai été trop pris ce week-end pour intervenir plus tôt, et je veux bien le cas échéant faire office de médiateur puisque ce blog est sous ma responsabilité.
Je rajoute cela à mes proposition: mon rôle est d'intervenir davantage quand les poussées de fièvres bloquent les échanges, ou quand les attaques personnelles risquent de devenir démotivantes. A moi aussi, donc, de contribuer à trouver l'équilibre.
Concernant Loredana, j'apprécie qu'elle puisse poser son ressenti, histoire de dire de temps en temps: "Je n'entends plus le débat, ça se brouille, je décroche". Le ressenti donne la limite de ce qu'une personne peut prendre ou non dans une diatribe, et cela me paraît aussi utile.
D'une manière générale:
Il y a fondamentalement trois attitudes possibles face à l'espace qu'un blog ouvre à tout un chacun:
- l'envie de participer et de s'engager dans un débat sérieux, dans une optique scientifique,
- l'envie de se distraire en mettant son grain de sel ici ou là, en respectant les règles de la bienséance mais sans nécessairement être sérieux,
- l'envie de se défouler de façon impolie (à des degrés d'impolitesse variables).
Il me semble essentiel que chacun, avant de poster un commentaire, sache clairement dans quelle catégorie son commentaire se situe. Les deux premières catégories d'interventions sont parfaitement légitimes. Les règles de dialogue dont nous avons besoin sont importantes seulement pour la première catégorie d'interventions, car pour la deuxième catégorie, les règles de politesse suffisent, alors que pour la troisième catégorie, celle des hors-la-loi, aucune règle ne s'applique. Pour être complet, je précise que les règles de politesse de la deuxième catégorie s'appliquent bien évidemment aussi à la première catégorie.
Proposition de règle:
Le tout premier souci devrait être de délimiter la question débattue. Le meilleur moyen d'éviter qu'un débat ne dégénère en succession d'attaques personnelles est de désigner précisément l'objet de la discussion. Il pourrait valoir la peine de se réintéresser à la philosophie médiévale, qui a développé de manière très efficace la logique aristotélicienne pour l'appliquer au dialogue. L'idéal serait de réduire tout débat à une question simple, sous la forme: "est-ce que oui ou non...?". Si l'on n'arrive pas à formuler cette question simple, c'est qu'on ne sait pas de quoi on débat.
Commentaire sur le point 3 (Reformuler):
Une règle importante du dialogue, c'est de partir du principe que l'interlocuteur est bienveillant, et, en cas de doute, d'interpréter ses déclarations avec bienveillance. Si l'on n'applique pas cette règle, on se tient à l'affût de toute formulation imprécise que l'on se dépêche d'exploiter pour en faire un scandale.
Ah ben qu'est-ce que ça va être rasoir!!! :-)
Nan, je plaisante...
Les régles d'or, les chartes, les conventions... le problème est qu'elles sont suivies uniquement par les mêmes qui souhaitent les mettre en place (Lord Acton, hommelibre en sont des bons exemples).
Je n'ai pas la rigueur de Lord Acton, la patience et la tenacité d'Audrey, l'envie de régler les conflits d'hommelibre,....
Mais j'aime bien dialoguer. On ne sait jamais ce qu'il va en ressortir, dans le sens où par surprise, un argument peut frapper, me titiller et m'ouvrir un point de vue que je n'aurais pas soupçonné.
Je me souviens d'un petit différend avec Lord Acton sur ma façon de personnaliser mes discours avec mon vécu, de trop prendre en compte des situations dites d'exceptions (pas de bol, je m'y retrouve toujours :-)..), alors qu'à ses yeux, l'honnêteté aurait de sortir de mon petit monde pour élever le débat Une conception que je comprends, mais que je ne partage pas. Ou disons que c'est une démarche intellectuelle que je suis incapable de faire.
Si vous crevez la dalle, et que les statistiques disent que plus personne n'a faim parce qu'on vous a oublié dans le sondage, il serait surhumain pour moi d'admettre "vous avez raison, je n'ai pas faim!"
Bref, tout ça pour dire que c'est difficile d'établir des règles pour des perceptions différentes du débat.
Il me semble toutefois que raisonnablement, avec un peu d'humilité, d'humour et de respect, on devrait pouvoir rester corrects.
:-B
@ Lord Acton:
Ceci me paraît très important: "Une règle importante du dialogue, c'est de partir du principe que l'interlocuteur est bienveillant, et, en cas de doute, d'interpréter ses déclarations avec bienveillance." C'est même fondamental. Un débat "sain" a besoin de ce présupposé, d'autant plus que l'on n'est pas en politique où l'objectif est de démontrer sa vérité comme meilleure et celle de son adversaire - ou l'adversaire lui-même - comme inférieur, moins bon ou tout autre qualificatif dénigrant.
Le dénigrement de l'autre est un obstacle à tout vrai débat, et cela doit être de la discipline de chacun de veiller à ne pas dénigrer, même si parfois une réactivité peut nous emporter plus loin que cette attitude d'ouverture critique. Pour moi il est normal que l'ouverture soit critique mais d'une critique dynamique dont le but est de faire avancer les idées et non pas de flinguer son interlocuteur. Ce qui n'empêche pas des prises de bec.
"Si l'on n'applique pas cette règle, on se tient à l'affût de toute formulation imprécise que l'on se dépêche d'exploiter pour en faire un scandale." En effet ici c'est l'attitude de chacun qui doit être questionnée au moment même où l'on écrit un commentaire. Si nous sommes de plus en plus nombreux à nous cadrer de cette manière, il est possible que cela donne envie à d'autres de faire pareil.
Et comme nous ne voyons pas toujours tout de nous-mêmes ou de notre intention, il est utile que d'autres nous rappellent à ce questionnement.
Sur les trois attitudes je vous rejoins, et la deuxième est parfois bien agréable dans un débat sérieux.
Sur ce point: "Le tout premier souci devrait être de délimiter la question débattue."
En principe le thème d'un billet devrait délimiter le débat. Et l'on voit bien parfois des comm totalement étrangers à ce débat. Je n'ai pas envie de censurer à tout va, je préfère une régulation naturelle ressentie comme fondée de l'intérieur à une autorité qui s'impose, et je propose que chacun-e fasse remarquer que le comm est hors-sujet, ou n'y réponde pas afin de ne pas l'alimenter.
J'accepte aussi que parfois des débordements du thème peuvent être nécessaires, soit pour amener des pistes à partir d'un autre angle de vue, soit parce les associations d'idées fonctionnent bien (ce que j'apprécie aussi).
De plus, certains de mes billets ont une direction principale et des implications secondaires, je comprends donc bien que parfois les débats que je propose - outre le fait qu'ils incluent des positions très diverses - puissent favoriser la présence de plusieurs fils simultanément. Je dois dire que j'aurais de la peine à faire autrement car c'est à la fois un fonctionnement de moi auquel j'adhère et un objectif intellectuel - assumer d'être multipistes ou multiniveaux.
Et puis parfois des débats prolongent un billet qui ne s'est pas proposé en débat proprement dit, mais inspirent des comm, réactions, et là il est plus difficile de tout cadrer.
@ Pascale:
Vous soulevez un aspect qui a aussi beaucoup d'importance pour moi: le vécu personnel par rapport au concept ou à la statistique.
Les débats sur les relations hommes-femmes sont souvent mélangés des deux, ce qui peut induire parfois une confusion de niveau d'intervention, mais pour ma part je trouve important que le débat ne soit pas que théorique. Votre exemple sur la faim est clair. Dans le domaine des relations hommes-femmes, par exemple, étant issu d'une famille où les femmes ont été dominantes depuis le milieu du 19e siècle, la théorie sur la domination masculine passe mal, même si je constate et réprouve le code Napoléon qui a exclu les femmes pendant 150 ans. Mais la réalité est souvent plus nuancée que les théories.
Parfois je me dis que l'on devrait faire une sorte de grande mise à plat: quels sont les besoin des uns et des autres, des hommes et des femmes; qu'est-ce qui est réaliste dans ces besoins; comment peut-on construire un mode de relation qui tienne compte de ces besoin. Ce serait partir de la base et non du sommet, d'une théorie généralisante.
Donc pour ma part je suis plus souple que Lord Acton sur ce point: j'apprécie l'expression du vécu individuel, cela fait partie de mon expérience personnelle et professionnelle, et je ne saurais en rester qu'au plan théorique sans le faire descendre dans une incarnation.
Après, pour les règles, il serait bien difficile de les imposer sans censurer plusieurs fois par billet, ce à quoi je me refuse tant que les limites de la violence ou de la calomnie et du dénigrement systématique n'ont pas été franchies. Et même pour le dénigrement, ce que l'un ressentira comme tel, l'autre le verra autrement.
L'équilibre dynamique est un art...
Il est des sujets sur lesquels il me paraît difficile de s’exprimer si on n’en a pas fait l’expérience, sans quoi il peut s’agir d’imposture ( Je me verrais mal intégrer un blog de vétérans du Viêtnam pour commenter leurs dificultés!)
En ce qui concerne le «dénigrement», ou plutôt les reproches personnels, pour pouvoir s’en prémunir, il faudrait tenter d’en identifier le facteur déclencheur (chez les blogueurs habituellement courtois, pas chez les agresseurs patentés). Un étalage manifeste de mauvaise foi, par exemple, de mensonges ou de sottises, ne peut-il pas justifier la remise en question du propos dans son ensemble, et donc de la personne qui le formule ? Le cas échéant, la remise en question de l’interlocuteur et de ses intentions – non plus de ses arguments - est-elle illégitime?
S’exprimer ce n’est pas seulement avancer des arguments, c’est également faire preuve d’une certaine attitude. Et selon moi, cette attitude peut parfois faire l’objet de critiques.
- Règles et police. Il ne s'agit pas d'augmenter la charge de travail de notre hôte. Les règles n'existent pas dans le but qu'une police puisse les faire respecter, mais dans le but que les participants les respectent parce qu'ils les estiment bonnes. Je pars du principe que la plupart des gens sont de bonne composition, et que s'ils estiment qu'une règle est bonne, ils vont faire leur possible pour la respecter de leur propre gré. Réfléchir à ce qu'on écrit, relire ce qu'on a écrit, se demander comment cela pourrait être compris ou mal compris, c'est aussi une question de politesse.
- Humour et dialogue. J'apprécie beaucoup les remarques plus légères de la catégorie 2, même si personnellement, je me situe en général (99% des cas, voire plus) dans la catégorie 1. C'est comme ça. Je n'ai jamais été celui qui amusait la galerie, et je ne vais certainement pas m'essayer dans le rôle de boute-en-train des blogs. A cela s'ajoute que je ne connais aucun des intervenants personnellement, et que suivre des blogs fait dans une certaine mesure partie de mes intérêts professionnels. Je vous rassure, dans la vraie vie, il m'arrive d'arrêter de faire des théories.
- Dialogue et expérience personnelle. Là aussi, chacun se dévoile comme il l'entend. Personnellement, je ne suis pas toujours convaincu de la pertinence des cas particuliers - mais le problème de l'induction et de la déduction (passage du général au particulier, et vice versa) a occupé la philosophie des sciences durant des millénaires. C'est plutôt bon signe qu'il se manifeste aussi sur ce blog.
On voit aussi que dans certains débats, des intervenants ont une charge personnelle sur tel ou tel sujet, en particulier dans les débats hommes-femmes. Et à analyser les arguments de l'autre, on en oublie parfois quelle est sa propre position de départ. Peut-être est-il utile de la rappeler de temps en temps? Enfin, pour autant que cela ne complique pas trop les dialogues.
Ou alors, il faut aussi se poser mutuellement plus de question. Je trouve que cela manque parfois, car on répond à un comm bien affirmé par un autre comm tout autant affirmé, mais est-on certain d'avoir compris la position de l'autre qui n'apparaît plus qu'en arrière-plan du comm?
Proposition: se poser des questions, du genre: "Par rapport à quoi, à quelle position initiale, à quelle compréhension de mon comm, écrivez-vous cela?"
Dans le système "affirmation sur affirmation", il manque parfois cette bouffée d'air et d'ajustement mutuel qu'est le questionnement.
@ Bonjour Un passant
"Il est des sujets sur lesquels il me paraît difficile de s’exprimer si on n’en a pas fait l’expérience"
franchement je ne vois pas pourquoi.
il y a des personnes qui onts l'expérience d'une chose, et qui n'en ont qu'une vision parcellaire, qui globalisent leur vécu.
ça me fait penser aux femmes qui travaillent dans les associations de femmes battues, qui ne sonts pas objectives, qui onts tendance à généraliser leur vécu quotidien.
Oublié de dire aussi dans mon comm précédent: chacun a sa manière de parler, le ton, l'expression du regard, que l'écrit ne rend qu'imparfaitement. Un comm peut être perçu comme agressif alors que son auteur ne se perçoit pas comme cela mais simplement direct.
Il est d'autant plus important de réfléchir aux mots, au phrasé, à la ponctuation, qui sont à l'écrit ce que l'intonation et l'expression du visage sont à l'oral.
@ Leclercq
Tout à fait juste, avoir fait l'expérience de quelque chose ne garantit de loin pas d'en avoir une vision globale et pertinente. Mais ne jamais en avoir fait l'expérience garantit à coup sûr une vision théorique et abstraite. Et certains sujets ne supportent pas les seules théorie et abstraction, ils exigent le passage préalable par la pratique. Si tant est qu'on souhaite être cautionné dans son expression.
Peut-on parlé d'un livre qu'on n'a pas lu, même si on en connait l'auteur?
Concernant les remarques de la catégorie 2 « Humour et dialogue », évoquées par Lord Acton, le blog de la TG étant, c’est à souligner, bien fréquenté. Que, perso, je m’autorise à « m’amuser » et justement parce que je ne connais pas personnellement les intervenants. Ce que j’aurai beaucoup plus de peine à faire dans la vie « réelle » en face à face. Merci les pseudo !
Même si je suis consciente qu’à la longue, au travers des différents comm. posté (pour ceux qui n’usent que d’un seul pseudo sur les différents blogs !) on essaye et p-e arrive, mais pas toujours et heureusement, à se faire une idée du « fonctionnement » de la personne qui écrit.
Je ne crois pas que ce billet changera beaucoup l’intervention et la perception de ceux qui les animent. Mais les différents apports faits auront p-e participé à une amélioration des échanges.
(o_o)
cé koua p-e-?
:-B
Pascale:
!!! >8≈∫B
:-)