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J’ai cherché Dieu

L’homme est assis sur un banc, le regard au loin, plus loin que les murs des tours. Une petite pluie glisse entre les arbres. Les passants passent, sans un regard. S’ils s’arrêtaient ils entendraient sa voix, douce.

abstrait_etoile.jpg«J’ai cherché Dieu, dit il. Je l’ai cherché à travers le monde, dans les textes sacrés qui parlent de tant de choses. Je n’ai trouvé que contradictions.

Je l’ai cherché dans l’enseignement des églises, où des hommes en habits décorés parlent à d’autres qui baissent la tête. Je n’ai trouvé que des croyances.

J’ai cherché Dieu là où des hommes et des femmes se réunissent pour prier. Certains chantent même Sa gloire. Je n’ai trouvé que l’émotion.



Je l’ai cherché dans le silence des montagnes, dans la solitude des plaines, dans l’eau dansante des sources. Je n’ai entendu que le vent.

Je suis allé sur les champs de bataille, là où la compassion devait montrer Son visage. Je n’ai trouvé que sang et fracas.

J’ai visité les hôpitaux remplis de malades, malades du corps, malades de l’âme. Je pensais y trouver Sa main apaisante. Je n’ai touché que la souffrance.

 

Je l’ai cherché dans le regard clair et vif des enfants et dans la sagesse des vieux, deux innocences qui se rejoignent. Je n’ai vu que le cycle de la vie.

J’ai cherché Dieu dans l’amour d’une femme, quand les doutes sont emportés dans un torrent impétueux ou une rivière calme. Je n’ai trouvé que ma fragilité.


Maintenant je suis là. Je ne lis plus les textes sacrés, je n’écoute plus les enseignements des églises, les chants de prière. Je ne visite plus le silence des montagnes ni le fracas des champs de bataille. Je reste éloigné des malades, les enfants et la sagesse ont leur territoire qui n’est pas le mien. Je garde au coeur une femme dont le bateau fait son chemin sur les vastes mers. A ne voir qu'une chose on ne les voit pas toutes.

Je ne sais si Dieu est contradiction, croyance ou émotion. S’il est vent ou sang, souffrance ou fragilité.

Ou s’il est simplement l’absent, le manquant, ce qui fait que nos vies ne sont jamais vraiment finies. Ce manquant qui invite à en chercher le sens.

Je suis là. J’écoute le monde et les étoiles. J’écoute le monde qui parle une langue que je ne comprends pas encore, et que j’apprends, mot à mot, silence à silence, dans l’émotion du vent, le fracas des souffrances, la fragilité d’un regard vif et clair, la main apaisante d’une femme.»

L’homme est assis sur le banc. La pluie dessine des guirlandes à ses cheveux.

Plus loin, des enseignes brillent dans la nuit qui se pose.


image: Natallia Drouhin.


 

PS: Pas de pluie en Libye. Pas de banc dans une rue où les otages attendraient le bus qui les ramènerait à la maison.

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Catégories : Philosophie 1 commentaire

Commentaires

  • Très beau texte HommeLibre.

    Merci (*_*)

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