Messieurs, je m’adresse à vous aujourd’hui avec une solennité non dépourvue d’un sens de l’a-propos particulièrement approprié. Je vous rappelle d’abord que la moitié du genre humain est entre vos mains, ce qui peut paraître beaucoup mais ne vous en prenez qu’à vous: rien ne vous obligeait à faire autant d’enfant.
Cet état de fait est à la fois un privilège et une responsabilité. Pas la peine donc de vous en prendre à belle-maman quand sa fille - votre chère et tendre - vous demande si la chambre nuptiale est devenue une annexe du musée d’art moderne et si les chaussettes qui y traînent sont une pub pour le catalogue de la Redoute ou des signes de piste que, tel le petit Poucet, vous avez déposés sur le chemin de l’oreiller.
Pas la peine non plus de vider d’un coup le flacon d’eau de Cologne quand elle vous regarde avec une drôle de moue: il faut parfois penser à se changer, surtout si la veille au soir vous avez fait votre entraînement au foot devant la télé: la bière et les chips donnent une odeur corporelle n’ayant qu’une très, très lointaine ressemblance avec Dior J’adore (ça c’est pour vos fantasmes) ou avec Axe (ça c’est pour vos autres fantasmes).
J’admire votre sens pratique, Messieurs: avoir remplacé la porcelaine par un service en carton est une simplification magistrale de la vie quotidienne. Ah, toutes ces disputes en moins au moment de passer à l’évier, et les belles vacances que vous pourrez lui offrir en Afrique du Sud grâce à l’économie d’une machine à laver.
Toutefois, il faudrait penser à inventer des pattes aux sacs poubelles afin qu’ils aillent se ranger tout seul dans les containers idoines. En effet, le carton a tôt fait de remplir les rares espaces vides laissés par vos canettes et la multiplication de la descente des escaliers en direction des containers n’est pas toujours perçue comme une économie sur l’abonnement au fitness.
A propos, pour l’Afrique du Sud, la meilleure période est entre juin et juillet. Comment, un safari? Heu... la course à pieds derrière un ballon peut-elle être considérée comme un safari?
Mais, Messieurs, je sais que parmi vous il y a des réfractaires irréductibles, des qui n’arrivent pas à apprendre le b-a-ba des bonnes manières, et dont je soupçonne que la simple vue d’un panier à linge fait détester Tony Parker et le basket. D’ailleurs, Eva Longoria se plaint-elle, elle, de voir les shorts de son Tony traîner dans le salon? Non. Vu ce qu’ils rapportent au budget familial, elle ne peut qu’avoir le sourire. Mais elle le vaut bien.
Donc pour les irréductibles, je conseille un stage formidable de mise à jour. Il suffit de cliquer sur la troisième image ci-contre pour en connaître le programme ou de cliquer ici si l'image n'est pas de bonne qualité.
Et si après cela vous n’arrêtez pas d’utiliser les pages de son Marie-Claire plutôt que du papier toilette, alors vous êtes à jamais perdu et votre compagne sera nominée pour le prix «Mère Theresa» 2010.
PS: Pensée pour Max Göldi, prisonnier politique en Libye, pays des droits inhumains.
Commentaires
Ahahahahaahahahah! Je suis morte de rire :)
Vous êtes dur quand mm!! :)
A quand un "Rien que pour les femmes" ??????
Bisous!
Ah ah, Boo, peut-être, si je trouve un bon prétexte comme celui-ci...
(;o)
Merci pour ce beau papier, hommelibre, autant par la grâce du texte que par celle de l'image! Et bonne chance pour la suite…
jmo, merci. Oui je ferais bien de creuser davantage ce style.
Rien que pour les femmes (émission du 17 mars 2010):
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/humeurvagabonde/
Or donc, et je n'en suis guère surpris, je ne suis pas un homme.
Tiens, hors sujet, aujourd'hui en pendant la lessive je me suis rappelé Coluche :
"le lundi tu fais les noeuds, le mardi tu laves la lessive avec les noeuds, et le reste de la semaine tu défais les noeuds, parce que les noeuds mouillés, hein..."
Ben il y a une chose de certaine, c'est qu'aujourd'hui c'était le reste de la semaine, et que je sais ce que faisais ma femme lundi !
jmo, votre remarque me fait encore bien réfléchir. Cette manière d'écrire, à laquelle vous attribuez de la grâce, représente pour moi liberté et mouvement - ce qui est une autre façon de dire la grâce. Saurais-je tenir ce style d'écriture de manière habituelle et sur la longueur? Je dois me tester mais j'ai un repère. Je vais travailler de courtes nouvelles ces prochains temps, avec en filigrane cette phrase de Philippe Caubère: "Un écrivain a un devoir de méchanceté." Un bon travail personnel en perspective...