C’est Umberto Bossi, président et fondateur de la Ligue du Nord, qui soulève la question: «Au Nord, la gauche à disparu. Ses dirigeants doivent se demander pourquoi les ouvriers ne votent plus à gauche.»
La grande région industrielle de l’Italie semble tourner durablement le dos à son histoire. Pourtant la gauche italienne fut l’une des plus solides en Europe de l’ouest. Un Parti communiste très fort et bien organisé, confortée par un Parti socialiste bien développé, un rayonnement culturel et intellectuel que peu de gauches européennes ont égalé, une gauche qui pensait: que se passe-t-il donc dans la botte méditerranéenne?
Les régionales de ce week-end continuent à faire s’éroder cette gauche. La Ligue du nord prend la direction de deux des régions les plus riches, la Vénétie et le Piémont, en faisant campagne sur les thèmes de l’immigration, du chômage et de la globalisation. Soit en mettant en avant les risques de pertes de places de travail et de diminution du niveau de vie et l’augmentation possible de l’insécurité.
La Ligue du nord est décrite par ses adversaires comme un parti populiste d’extrême-droite. Soit. Mais cette réthorique ne sert strictement à rien sauf à donner bonne conscience à ceux qui la pratiquent. La victoire de la Ligue démontre de manière sévère l’inutilité des mots et des classifications utilisés par les formations de gauche.
Montrez du doigt le populisme: il ne fera que croître!
Comment les partis de gauche européens qui ont souvent été attachés à un idéal de justice et nourris par des intellectuels de renom - on doit reconnaître cela, qu’on soit d’accord ou non avec leur finalité collectiviste - comment peuvent-ils en arriver à un discours si pauvre, si défensif, si dénué de tout projet et de toute vision, si schématique, sans plus de fond culturel global?
Une question majeure reste après que l’on ait traité avec dédain ses adversaires de «populistes»: ces partis de droite avancent et la gauche recule. Il faut croire que les thèses populistes correspondent à une réalité et touchent les craintes et besoins d’une partie grandissante de la population.
Faut-il le craindre? Dans un sens oui, car derrière le populisme se profile l’ombre des régimes autoritaires et sanguinaires du 20e siècle. C’est au profit des crises économiques que se sont installés le nazisme et le fascisme, en s’appuyant sur des thématiques simples basées sur la peur et/ou la reconquête (comme la peur de l’étranger). C’est encore ce qui se passe aujourd’hui, et il ne suffit pas de s’indigner pour que cela change.
En stigmatisant le populisme on évacue les débats qui doivent être tenus. L’immigration par exemple: jusqu’à quel pourcentage de la population est-elle supportée par les autochtones? Comment assimiler les immigrés? Comment éviter le dumping salarial favorisé par l’immigration? Quelle identité doit être protégée quand des chocs culturels forts ont lieu, comme le chocs des langues, des traditions, des religions?
Ces questions ou celle de la sécurité ne sont pas la propriété privée de l’extrême droite. Il n’y a pas de débat tabou, pas de honte ou de mauvaise conscience à avoir. En laissant ces thèmes à Le Pen ou à Bossi, la vieille gauche idéologique montre son inadaptation à l’évolution et contribue à la mondée des nationalismes.
Les gauches actuelles creusent le lit de l’extrême-droite, et la société manque de projet et de vision. Défendre les acquis n’est pas un projet. Il faut quelque chose de plus vaste. Il faut repenser le monde.
Annexe: définitions du mot populisme selon le Larousse illustré:
«Le populisme russe
Héritier des idées de Herzen et de Tchernychevski, le populisme cherchait à instaurer un socialisme agraire en Russie par la transformation des communautés rurales (mir). Le retard économique de la Russie devait lui permettre d'accéder au socialisme sans passer par le stade capitaliste. Imprégnés des idées populistes, quelques milliers d'étudiants entreprirent la « marche au peuple » de l'été 1874, qui se solda par un échec complet. Leur organisation Terre et Liberté, créée en 1876, se scinda en deux en 1879 : Liberté du peuple, qui recourut au terrorisme, et Partage noir. L'idéologie populiste inspira le mouvement social-révolutionnaire (S.R.).
Les autres formes de populisme
Dans les pays en voie de développement, le populisme a notamment inspiré les réformes de M. Kemal en Turquie. Il s'est considérablement développé à partir de 1930 en Amérique latine, où il a été caractérisé par l'anti-impérialisme et un anticapitalisme modéré ; le péronisme en a été la forme nationale en Argentine.
Dans les années 1980 et 1990 s'est propagé, dans divers pays européens, un autre type de populisme. Tout en affirmant défendre les intérêts du peuple contre les classes dirigeantes, il a surtout exacerbé un nationalisme xénophobe et raciste (Front national en France).»
Pour info, un débat de C dans l’air sur le populisme, dont le sens a évolué en un siècle.
C dans l'air - Le populisme
envoyé par analogue. - Regardez les dernières vidéos d'actu.
PS: Un qui ne repense pas le monde c’est Kadhafi, jouant au dinosaure avec l’otage suisse.
Commentaires
et en plus de ne pas avoir de projet la gauche est inféodée à la propagande féministe, et soutient becs et ongles l'état maternant, favorise la déliquescence des valeurs républicaines.
Il est en effet désespérant de constater le reflux du Politique qu'il soit en fait de droite ou de gauche au profit,d'un fast food populiste qui ne propose qu'un discours outrancier glorifiant un nationalisme à géometrie variable qu'il s'agisse de la Padanie, de l'Hevetie-Genevoise . En fait c'est l'establishment politique qui est une victime consentante de l'aristocratie du capitalisme financier véritable sangsue des forces vives immaginatives, crèatrices, et productives des sociétés occidentales.
Ce cancer de nos sociétés n'a pas de chimiothérapie efficace: pas de docteur social -démocrate pas de chirurgie d'urgence; pas de révolutionnaire en mal d'une x-ème recomposition, alors que des utopistes? Il faut portant se bouger et ne pas donner du temps au temps comme l'autre.
Une certaine extrême gauche a piqué la xénophobie, l'europhobie et le poujadisme du Fn, c'est le M'Pep. Alors qu'au Fdg on insulte le PS et on se plaint d'être mis dans le même panier que Le Pen, je crains qu'avec des énergumènes comme Vivas et Balme dont certains représentants du PG ont de l'indulgence sans compter l'admiration complète pour Chavez et quelque peu pour Cuba qui n'est pas une dictature, il y a largement de quoi balayer devant sa porte. A l'heure où 15% de gens comptent voter pour le Fn, je pense par ailleurs que l'abstention, je pense que certains qui ont toujours les mêmes arguments, la politique slogan, l'agressivité et la bien-pensance perpétuelle s'enfoncent et se trompent lourdement d'adversaire en attaquant le PS et non l'Ump et pour le vote prolo j'en parle même pas car celui-ci va s'abstention pendant qu'une part non négligeable de bobos continueront à voter Fdg. Une faible proportion de prolo voteront NPA ou LO si pas FDG. Mélenchon, Corbière et Delapierre ont plus de comptes à régler avec leurs anciens camarades en prenant le prolo pour un imbécile. A force de jouer à l'abruti bipolaire, Mélenchon y perd beaucoup et je ne pense pas qu'aux européennes de 2014, il fasse un score plus élevé qu'en 2009. Si l'extrême droite est malheureusement si forte dans les urnes, le Fdg a une lourde part de responsabilité!