C’était aujourd’hui le jour de commémoration d’une des plus terribles pages de l’histoire humaine: la Shoah. Chaque année cette journée a lieu pour ne jamais oublier, pour se souvenir. Car cela n’est pas un histoire que l’on raconte pour faire peur aux enfants: cela s’est passé. Des humains ont mis en place une politique et une organisation matérielle pour éliminer un peuple et une nation.
Il ne faudra jamais oublier ce qui s’est passé, point d’orgue de siècles d’antisémitisme en Europe. Il faut dire «Plus jamais ça», et espérer que dans 1’000 ans, dans 5’000 ans, cela n’aura pas recommencé. Ce devoir de mémoire doit être une acte fondateur de la limite qu’il ne faudrait plus jamais franchir.
Et pourtant... Il y a eu d’autre génocides plus récents: au Ruanda, au Cambodge. Et d’autres plus anciens qui n’ont pas été encore reconnus. La Shoah parle au nom de tous les génocides. La voix silencieuse des victimes de la Shoah dit dans nos consciences: «N’oublions jamais. Plus jamais ça!»
Extrait du Journal de Anne Frank, morte en mars 1945 au camp de Bergen-Belsen:
«A partir de mai 1940, c'en était fini du bon temps, d'abord la guerre, la capitulation, l'entrée des Allemands, et nos misères, à nous les juifs, ont commencé. Les lois antijuives se sont succédé sans interruption et notre liberté de mouvement fut de plus en plus restreinte. Les juifs doivent porter l'étoile jaune ; les juifs doivent rendre leurs vélos, les juifs n'ont pas le droit de prendre le tram ; les juifs n'ont pas le droit de circuler en autobus, ni même dans une voiture particulière ; les juifs ne peuvent faire leurs courses que de trois heures à cinq heures, les juifs ne peuvent aller que chez un coiffeur juif ; les juifs n'ont pas le droit de sortir dans la rue de huit heures du soir à six heures du matin ; les juifs n'ont pas le droit de fréquenter les théâtres, les cinémas et autres lieux de divertissement ; les juifs n'ont pas le droit d'aller à la piscine, ou de jouer au tennis, au hockey ou à d'autres sports ; les juifs n'ont pas le droit de faire de l'aviron ; les juifs ne peuvent pratiquer aucune sorte de sport en public. Les juifs n'ont plus le droit de se tenir dans un jardin chez eux ou chez des amis après huit heures du soir ; les juifs n'ont pas le droit d'entrer chez des chrétiens ; les juifs doivent fréquenter des écoles juives, et ainsi de suite, voilà comment nous vivotions et il nous était interdit de faire ceci ou de faire cela. Jacque me disait toujours : " Je n'ose plus rien faire, j'ai peur que ce soit interdit. " »
Petit rappel historique:
«En France, en Espagne et en Italie, la loi obligeait les Juifs à porter la « rouelle », un rond jaune, sur la poitrine. C'est l'Eglise catholique et plus précisément le Pape qui voulait qu'on puisse repérer les Juifs et éviter des unions entre Juifs et Chrétiens.
Le pape Innocent III publie un décret en 1215, lors du quatrième Concile de Latran, ordonnant que les Juifs portent des vêtements différents de ceux des Chrétiens. Il s'agit d'empêcher des mariages entre Juifs et Chrétiens.
Le Concile de Vienne en 1267 qui ordonne le port d'un chapeau particulier, le Judenhut. En France, c'est Louis IX dit "Saint Louis" qui ordonne en 1269 le port de deux signes jaune l'un dans le dos, l'autre sur le poitrine, à partir de 14 ans.»
Sans parler des biens confisqués, des conversions obligatoires, etc.
Le Chant du peuple juif assassiné
Extrait du poème d'Isaac Katznelson
La peur, l’angoisse, la terreur horrible m’enserrent étroitement.
Les wagons sont là, de nouveau !
Partis hier soir, et de retour aujourd’hui, ils sont là, de nouveau là,
sur le quai.
Tu vois leur gueule ouverte ?
La gueule ouverte dans l’horreur !
Ils en veulent encore !
Encore, de nouveau. Rien ne les rassasie.
Ils sont là, ils attendent les Juifs.
Quand les apporte-t-on ?
Affamés comme s’ils n’avaient encore jamais englouti leur Juif...
Jamais... Mais oui ! ils en veulent encore, toujours plus.
Ils en veulent encore.
Ils sont là, attendant qu’on leur prépare la table,
Qu’on serve le repas, qu’on serve des Juifs autant qu’il en pourra entrer.
Des Juifs !
...
PS: Tripoli, Libye. Prison de Max Göldi, otage de Kadhafi.