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Le Kivu, le coltan et l’infini

L’infini est une notion trop grave pour être traitée sérieusement. On doit lui donner des valeurs abordables par l’esprit humain sans quoi elle est incompréhensible. Ce qui signifie lui donner un champs de réalité forcément fini, l’esprit humain étant lui-même fini. Ce n’est pas sérieux: traiter l’infini en le comparant à une échelle du fini. Mais cela permet de se faire une petite idée de la question.

kivu1unionducongo.blogspot.com.jpgIl y a des pensées, des lieux, des émotions, des durées, qui malgré leur finitude donnent un aperçu de l’infini. Le Kivu est un mélange de tout cela: une durée, un lieu, une émotion, une pensée. Pas parce qu’il est départagé entre le nord et le sud. A elles seules ces deux directions cardinales ne peuvent illustrer l’infini.

Ici, dans ces provinces de l’est de la République Démocratique du Congo, c’est la durée qui est comme une trace de l’infini. Parce que depuis 15 ans on ne sait pas quand elle s’arrêtera. Quoi? La guerre. Elle fait des poses parfois, puis elle reprend et jette sur la route des centaines de milliers de réfugiés, et dans les fosses communes des millions de personnes. Depuis 15 ans on estime à 5 millions le nombre de tués dans les guerres du Kivu.

On parle peu du Kivu. Parfois, on lit un article, puis on met un an ou deux avant d’en reparler.

«Au Kivu, région de l’est de la République démocratique du Congo perpétuellement en état de guerre, les femmes vivent une tragédie que l’ONU et les organisations humanitaires ont bien du mal à prendre en charge. Dès leur plus jeune âge,elles sont les cibles de bandes armées incontrôlables. Le viol y est une pratique quasi «culturelle», selon l’expression d’un médecin étranger.

Selon le Dr Christophe Kimonu de l’hôpital de Goma:

«Le viol est une chose très courante ici», explique-t-il d’une voix régulière. Des viols accompagnés d’une invraisemblable barbarie. «Le plus souvent, ce sont des agressions commises en groupe. Les victimes, atrocement abusées, en sortent détruites corporellement», ajoute-t-il en choisissant ses mots. En 2002, devant l’afflux des femmes violées, l’hôpital a ouvert un service chirurgical spécialisé. Une unité qui, depuis, n’a cessé de grandir. Elle compte aujourd’hui plus de cinquante lits. «Nous recevons trois ou quatre nouveaux cas par jour, juste pour la ville de Goma», assure le praticien, qui dit ne pas comprendre les raisons de cette sauvagerie impossible à réprimer. En 2006, Heal Africa a opéré 250 femmes. Cette année, les médecins s’attendent à intervenir sur plus de 500 patientes.

Pour John Holmes, coordinateur des opérations d’urgence des Nations unies, «la prévalence et l’intensité des viols est au Kivu pire que n’importe où au monde». Selon l’ONU, près de 28 000 cas ont été enregistrés en 2006 dans le seul nord du Kivu. «Et on peut imaginer que ce chiffre ne couvre qu’une petite partie de la réalité. Au Congo démocratique, le viol est honteux, seules les victimes les plus durement touchées l’avouent, car elles ne peuvent faire autrement», insiste Augustin Augier, de Médecins sans frontières (MSF). L’ONG a, pour une fois, fait la même analyse que l’ONU. Près de 75 % des cas de viols soignés par MSF dans le monde sont recensés dans cette région d’Afrique. «C’est dur à dire, mais le viol est presque devenu un phénomène culturel», déplore John Holmes.»

Cet article du Figaro date de 2007. Rien n’a changé depuis.
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En effet, en date du 28 avril 2010:

«L'envoyée spéciale de l'ONU pour les violences faites aux femmes et aux enfants dans les conflits, Margot Wallström, a qualifié mardi la RDC de "capitale mondiale du viol" et appelé le Conseil de sécurité à agir pour mettre un terme à ces violences.

"Si les femmes continuent de subir des violences sexuelles, ce n'est pas parce que la loi n'est pas en mesure de les protéger, mais parce qu'elle est insuffisamment appliquée", a-t-elle dit devant les 15 membres du Conseil de sécurité.

"Les femmes n'ont pas de droits si ceux qui violent leurs droits demeurent impunis", a-t-elle ajouté, alors qu'elle rendait compte aux membres du Conseil de sécurité de sa récente visite en République démocratique du Congo (RDC).

La RDC est "la capitale mondiale du viol", a-t-elle déclaré. "Les femmes n'y sont toujours pas en sécurité, sous leur propres toits, dans leurs propres lits, lorsque la nuit vient".

Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué la semaine dernière qu'au premier trimestre, 1.244 femmes avaient rapporté à l'ONU avoir été violées, soit "près de 14 viols par jour en moyenne" et à peu près autant que pendant la même période en 2009. Plus d'un tiers des viols enregistrés ont eu lieu dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dans l'est de la RDC, où les violences ont fait 1,4 million de déplacés dont 100.000 vivent dans des camps gérés par le HCR. Depuis 1996, 200.000 cas de violences sexuelles ont été dénombrés officiellement, selon l'organisation.»


Rappelons également que Temps Présent à diffusé en mai 2009, sous le titre «Les disparus du Kivu» un reportage sur la difficulté pour les familles de retrouver leur disparus.

Les habitants du Kivu ont une idée de l’infini. C’est la guerre sans fin, les viols comme armes de guerre sans fin, la fuite sans fin.

Au fait, pourquoi cette si longue guerre? Parce qu’il y a des richesse dans le sous-sol. Dont le coltan. Le coltan est appelé «l’or gris». Composé de colombite et de tantalite il entre dans la fabrication des téléphones portables, consoles de jeux, ordinateurs, entre autres.

Alors, quand nous téléphonons avec notre natel, pensons que dans le prix de l’appareil est inclus le viol d’une femme du Kivu.

Voir la vidéo sur le site «Etat-critique» de MSF.







PS: 21 mois de rétention pour l’otage suisse de Kadhafi en Libye.


(Crédit: unionducongo.blogspot.com)

Catégories : Politique 4 commentaires

Commentaires

  • Cette phrase ne s'oubliera pas facilement.

    "Alors, quand nous téléphonons avec notre natel, pensons que dans le prix de l’appareil est inclus le viol d’une femme du Kivu."

    Le poids des mots vaut autant que le choc des photos.

    (#-#)

  • Yes Loredana. J'ai conscience que c'est une formulation dure, mais parfois il faut ce qu'il faut.

    =|=

  • Je ne trouve pas cette phrase dure mais réaliste. Il est vrai qu'actuellement appelé un chat un chat est mal perçu car trop direct.

    (☼¿☼)

  • Tiens on dirait que vous vous êtes fait pirater:

    http://www.afriqueredaction.over-blog.com/article-rdc-le-kivu-le-coltan-et-l-infini-49834331.html

    Et signé par quelqu'un d'autre. Un blanc qui devient un nègre en quelque sorte.

    A part ça, ceci pourrait vous intéresser si vous ne l'avez pas déjà vu:

    http://dalmuti1.blog.24heures.ch/archive/2010/05/04/cancer-du-pancreas-les-boissons-gazeuses-montrees-du-doigt.html

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