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Le «white thinking»: SOS Racisme se tait

Je le dis souvent, on n’arrête pas le progrès, nom d’une pipe! Je viens encore d’en avoir la confirmation pas plus tard qu’hier. Une nouveauté vient le sortir: le «white thinking». Le besoin de tout catégoriser a encore frappé.

kivu2_311.jpgHier après-midi j’ai terminé mon billet sur «Le Kivu, le coltan et l’infini» par une petite phrase destinée à marquer mon propos: «Alors, quand nous téléphonons avec notre natel, pensons que dans le prix de l’appareil est inclus le viol d’une femme du Kivu.»

Cela parce que la guerre incessante dans les provinces du Kivu, outre le fait d’avoir déjà tué 5 millions de personnes, a laissé des centaines de milliers de femmes victimes de viols dans des conditions particulièrement horribles et destructrices.

Ce n’est qu’une petite phrase, mais j’ose espérer que l’on y pense en téléphonant, que cela se dise, et que cela vienne un jour aux oreilles des fabricants qui un jour remplaceront peut-être le coltan.

J’ai posté ce billet sur une autre plate-forme en France, en plus de celle-ci. Et j’ai reçu ce commentaire, à propos de ma phrase:

«c'est un raccourci qui fait sa pub.  du "white thinking" !»

J’ai tenté d’analyser ce qu’a voulu dire l’auteur du commentaire. Je ne lui ai volontairement pas de mandé de précision, essayant de rendre intelligible un message qui est censé se suffire.

«Raccourci qui fait sa pub»: veut-il dire que c’est un simple exercice de style destiné à valider sa propre efficacité? Ce serait un peu court comme commentaire, et somme toute assez décalé de l’objet du billet qui fait état des viols en masse dans l’est du Congo. Si vouloir marquer les esprits sur un drame humain terrible n’est que faire sa pub, que faut-il de plus? Exhiber une victime en place publique après son agression? Pour dénoncer, faire prendre conscience, éveiller la conscience, former une masse de personnes qui refusent cette barbarie, il faut utiliser les moyens disponibles, chacun à sa manière. L’auteur du commentaire aurait-il le monopole de la bonne façon de dire les choses?

«white thinking»: littéralement: du penser blanc. Ah bon. Un peu bizarre comme concept. Je ne savais pas qu’il existe un penser blanc. C’est génétique docteur? Ca veut dire quoi? Que le blanc a une forme de pensée particulière, et qu’elle est dérisoire (car dans le contexte du commentaire c’est bien cela qui est signifié, me semble-t-il)? Mais alors, il existerait un «black thinking», un penser noir, et aussi pourquoi pas un jaune, un café au lait, et qui bien évidemment seraient plus légitimes et plus vrais que le penser blanc?

Cette notion de penser blanc est une forme de discrimination et de racisme. Mais personne ne s’en est offusqué sur l’autre plate-forme. Quelqu’un aurait parlé de penser noir, j’imagine le nombre de voix outrées (cela fait bien d’être outré) qui se seraient élevées, même SOS Racisme aurait peut-être déposé une plainte. Là, rien, silence radio.

Mais que fait SOS Racisme?

Et bien enfonçons la porte ouverte: vive le penser blanc, vive la pensée qui s’élève, de quelque manière que ce soit, contre la barbarie et la souffrance. Tout plutôt que le silence sur ces femmes victimes de viols en masse. Même les raccourcis. Et à bas la pensée noire, celle qui veut rendre les blancs responsables de tous les maux de la Terre, celle que même des rénégats blancs, dans leur infinie auto-flagellation, ont adoptée.




PS: Tripoli, mon désamour. Otage suisse retenu depuis 21 mois par Kadhaf’.
désertcourbe1.jpg

Catégories : Politique 4 commentaires

Commentaires

  • En fait il existe en anglais l'expression "black and white thinking" qui ne veut pas dire qu'on pense comme un "noir" et un "blanc" à la fois, mais est plutôt synonyme de la manière populaire de désigner le manichéisme en français en parlant de gens qui pensent le monde en tout noir ou tout blanc.

    Sans vouloir donc me substituer à l'auteur de cette phrase plutôt sybilline je pense qu'on peut facilement imaginer qu'il a voulu dire par-là que le conflit était certainement plus compliqué et ne tenait pas qu'à nos natels. En tous cas cette interprétation explique la mention du "raccourci" et du "white tinking" (vision angélique)...Pas de quoi appeler SOS racisme en tous cas ;-)

  • Audrey, merci pour cette précision. Si c'est ce que voulait dire l'internaute, autant pour moi qui ignorais cette expression. Mais bon, parlant d'une région du continent africain, je suis parti sur une autre piste.

    Dans tous les cas de figure, ma phrase est forcément un raccourci, mais pas une incitation au manichéisme. D'une manière générale je pense que tout est plus complexe qu'il n'en a l'air, mais quelques simplifications sont parfois utiles pour mettre l'accent sur l'essentiel.

    Cette phrase est donc plutôt une provocation à la prise de conscience de la somme de souffrances dans cette région du monde dont on parle fort peu, et où les femmes paient un tribut particulièrement lourd et sordide.

  • "Et à bas la pensée noire, celle qui veut rendre les blancs responsables de tous les maux de la Terre, celle que même des rénégats blancs, dans leur infinie auto-flagellation, ont adoptée."

    "Alors, quand nous [NOUS LES BLANCS, NOUS LES EUROPEENS] téléphonons avec notre natel, pensons que dans le prix de l’appareil est inclus le viol d’une femme du Kivu."

    N'y a-t-il pas comme une contradiction?

  • http://www.mediapart.fr/club/blog/hommelibre/040510/le-kivu-le-coltan-et-l-infini

    Il faut lire tout le commentaire, pas seulement la première ligne.

    Ben, le coltan, les matières premières, c'est pour le profit. Alors les dégâts collatéraux... ce ne sont pas les dirigeants qui s'en soucient. Viols en Afrique, massacres en Irak, en Afghanistan et dans bien d'autres pays. Pour le profit.

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