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Finkielkraut: ce que l’échec des Bleus révèle

Dans Le Matin d’hier Alain Finkielkraut revient sur la défaite des bleus au Mondial et sur sa lecture de cette défaite. Il tente de tirer un enseignement au-delà de l’anecdote. Je sais qu’Alain Finkielkraut est considéré par certains comme un gogo de droite et à ce titre peu crédible. Mais comme je ne juge pas une pensée sur l’appartenance politique de son auteur mais sur son contenu, cela n’importe pas.

Finkielkraut.jpgSon principal constat est un état de décivilisation, qui se manifeste par la perte de ce que l’on pourrait nommer les «bonnes manières relationnelles».  En l’occurrence il cite les comportements détestables de joueurs et de l’entraîneur:

- la main de Thierry Henry;
- le doigt d’honneur de William Gallas adressé à un journaliste, après le match France-Mexique;
- l’insulte d’Anelka à son entraîneur;
- le putsch débile de joueurs solidaires avec cette agression verbale de l’entraîneur;
- le refus incroyable de Domenech de serrer la main à son homologue qui entraînait l’équipe d’Afrique du Sud, refus dont il n’a pas voulu répondre alors qu’il était public;
- l’incroyable phrase du capitaine de l’équipe de France, Patrick Evra, disant: «Le problème, ce n’est pas Nico», – comme ils disent avec cette suffisance mêlée d’infantilisme –, «le problème c’est le traître (celui qui a parlé aux médias, ndlr.) qu’il faut éliminer». Là, ce n’est plus de l’incivilité, c’est de la violence, c’est une morale de gang.»

Sur l’équipe elle-même il cite Le Monde et met en évidence des clans qui ont sapé l’unité et l’enthousiasme du collectif:

«...Il y était écrit dans un éditorial, antérieur aux dernières goujateries de cette équipe, qu’elle était dominée par des ego tourmentés et des salaires de stars, fractionnée en de multiples clans: Noirs d’origine antillaise, Noirs d’origine africaine, blancs, musulmans, expatriés de luxe ou restés en France, issus des cités de banlieue ou venus de modeste province.»

Alain Finkielkraut constate que la violence verbale et l’irrespect sont devenus monnaie courante, à tous les échelons de la société. De «Casse-toi pauvre con» à l’enculé d’Anelka et aux «connard» et autres «salope» des cours de récré, c’est toute la société qui est en train d’abandonner un certain nombre de règles, dont les bonnes manières et la politesse.

Au nom d’une libre expression et du refus de la langue de bois, doit-on renoncer au respect et à des manières utiles pour fonctionner en société? On peut garder les deux: langage direct et formes respectées. Mais je ne partage pas l’entièreté de la vision de Finkielkraut, en particulier quand il affirme:

«… l’esprit des cités est en train de dévorer l’esprit de la cité.»
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Sur ce point l’analyse de Finkielkraut me semble courte. Les causes sont multiples. La politesse a été perçue comme une valeur bourgeoise et jetée avec l’eau du bain dès les années 70. Il incrimine aussi Stéphane Guillon et d’autres humoristes au langage peu châtié. On peut alors remonter à Coluche!

Il y a aussi la course à l’argent dès les années 80, soutenue en France tant part la gauche au pouvoir que par la droite, et qui a relativisé ou fait passé pour ringardes certaines formes de respects dans les relations. Le culte de l’anti-héros tel qu’on la vu à l’époque, ou tout ce qui était chevaleresque ou authentiquement héroïque était moqué, n’a pas amélioré l’ambiance sociétale.

Les années 70 ont permis de changer un certain nombre de choses, comme la soumission passive à une autorité souvent abusive, comme la confiscation de la parole par quelques élites ou tenants du pouvoir, entre autres. Il y a eu un vrai vent de liberté. Mais, rien n’étant parfait, il y a eu des pertes entre autres dans le respect mutuel entre les personnes.

Je trouve donc la réflexion de Finkielkraut intéressante et prenable jusqu’à un point, mais il faut faire attention de ne pas tomber dans le «C’était mieux avant».

Qu’il y ait besoin de redéfinir les règles sociales et le cadre des relations dans plusieurs domaines, comme le sport et l’éducation, oui. Mais gardons-nous des retours à une vie trop parfaite et trop surveillée, à un néo-puritanisme que l’on voit déjà en partie dans les moeurs (comme la volonté d’interdire la prostitution par exemple).

Catégories : société 14 commentaires

Commentaires

  • " tout ce qui était chevaleresque ou authentiquement héroïque était moqué"

    oui tout à fait ces valeurs sonts des valeurs masculines, on est dans une époque où les bonnes valeurs ne seraient que les valeurs féminines, les valeurs masculines sonts moquées, les femmes ne se pâment plus devant les héros, elles disent plutôt à leur hommes ne prenez pas de risques faites commes nous.

    "Alain Finkielkraut constate que la violence verbale et l’irrespect sont devenus monnaie courante"

    on le voit bien ici avec certaines intervenantes je cite "boo" il suffit que l'avis soit différent du sien pour que l'insulte soit immédiate, on peut être sur qu'avec cette attitude si le responsable du blog avait plus de latitude
    elle serait la premiére à être bannie du blog.

    "comme la confiscation de la parole par quelques élites ou tenants du pouvoir"

    avec la pensée unique, la dictature douce féministe qui censure tout autre mode de pensée que le leur, le systéme est différent mais le résultat est bien équivalent.

    "Au nom d’une libre expression et du refus de la langue de bois, doit-on renoncer au respect et à des manières utiles pour fonctionner en société? On peut garder les deux: langage direct et formes respectées."

    trés vrai

  • "la violence verbale et l’irrespect" sont d'un autre type que le langage vert avec des injures comme le Général Cambronne les adorait car ces écarts de langage sont suivis d'actes délictueux et violents. Coluche était un peu cru mais toujours percutant dans sa perception de la société, en ce sens il est à ce jour irremplaçable comme fou du roi et dénonciateur des injustices.
    "l y a eu des pertes entre autres dans le respect mutuel entre les personnes". Ceci concerne des individus qui vivent dans l'Hexagone mais qui dictent leur code du respect qui ne colle pas avec nos coutumes. Il s'agit là plus que d'un phénomène de société, c'est un rejet des valeurs républicaines et la perte du contrôle du territoire par les forces de police, les pompiers, les ambulanciers, les services administratifs. Certaines zones sont même déclarées de non droits. M. Alain Finkielkraut a judicieusement mis le doigt sur un problème qui s'étend à d'autres sphères que celles des banlieues et des zones d'éducation privilégiées mais pénètrent dans les zones les plus reculées de France.

  • luzia, chère petite conne, je vous ai déjà dit que je ne joue pas votre jeu (pour le "tu", on n'a pas gardé les cochons ensemble). Vous c'est la connerie répétitive votre marque de fabrique, et vos jugements de valeurs stéréotypés. Allez jouer ailleurs. Cette fois c'est la trappe, vous m'as assez pollué. Je n'ai plus envie de me faire agresser "par principe" par vous. Bye bye!

    Ecrit par : hommelibre | 06 avril 2010

  • Vous avez raison.

    Je pense que vous avez relevé toutes ses interventions. C'est la seule façon que j'aie trouvé pour faire cesser ses agressions et insultes. C'est la seule manière qui ait marché, car personne et surtout pas elle-même ne lui a posé de limites.

    J'assume et je n'ai aucun regret. Sa pollution morale a enfin cessé. C'est en contradiction avec mon billet. Oui. Vous avez raison.

    Et vous faites bien de me le rappeler.

    J'ajoute donc à mon billet: "Garder les formes quand c'est possible, oui. Mais flinguer ceux qui vous flinguent est de la légitime défense".

  • Aaaaahhhhhh! Ils n'ont pas eu les mêmes problèmes d'incivilités dans l'équipe de Corée du Nord...!

    Le respect du chef et l'esprit de groupe ont là-bas encore de beaux jours devant eux (sic!)!

    Et pas la moindre trace de féministes dominatrices et mal élevées (re-sic!)...



    =:oB


    PS: Leclercq, n'êtes-vous pas le premier à tutoyer vos contradicteurs-trices, à les dénigrer ou les insulter???

  • @ hommelibre:


    "La politesse a été perçue comme une valeur bourgeoise et jetée avec l’eau du bain dès les années 70."


    Il me semble qu'ici, c'est votre hypothèse qui est un peu courte, non? Les anti-héros, les anti-comformistes, les personages qui ont bousculés les codes sociaux et moraux de la société, ou plus précisément des sociétés, sont majoritairement issus de la bourgeoisie (hélas!), et ce bien avant les "fameuses" années 70!

    J'en veux pour preuve les "coutumes" sexuelles, pour le moins non conventionnelles (!), pratiquées dans toutes les cours d'Europe et de Navarre...

    Les artistes, les poètes, les écrivains, etc... sont/furent à quelques exceptions près, tou(te)s des produits de la bourgeoisie ou de la noblesse.... et pour cause! (re-hélas!!)


    La remise en cause de l'autorité remonte bien avant Mai 68! La Réforme, la Renaissance italienne, mais surtout le siècle de Lumières furent les prémices de la remise en cause le l'autoritarisme "vertical", reçu de Dieu...


    À ce sujet, je vous conseil (une fois de plus!) l'écoute de l'émission 'Histoire Vivante' sur la Première, qui traite des origines de l'Autorité. (www.rsr.ch/la-1ere/programmes/histoire-vivante/)

    Et plus particulièrement, le début de ce cycle spécial de 4 semaines, avec Mme Myriam Revault d'Allonnes comme éclaireuse (?!). (www.rsr.ch/la-1ere/programmes/histoire-vivante/archives/?serie=2071344&date=20100607)

    L'émission du jeudi 10 juin, avec Jean Guilaine, spécialiste de la Préhistoire récente et de la Protohistoire, professeur au Collège de France, est également passionnante...



    Bonne continuation... et bonne écoute! ;-)



    =:oB

  • Émission "Histoire Vivante", sur RSR 'La Première'.
    Du lundi au vendredi à 15h. Rediffusion à 01h.
    Sur le net: http://www.rsr.ch/la-1ere/programmes/histoire-vivante/


    =:oB

  • @ l'AdB:

    En effet je me suis limité au 20e siècle mais comme vous le dites c'est une évolution de longue date, du moins en ce qui concerne la remise en cause de l'axe vertical et les représentations autoritaires de l'autorité.

    Je me réjouis d'écouter l'émission.

    BàV (Bien à Vous)

  • "PS: Leclercq, n'êtes-vous pas le premier à tutoyer vos contradicteurs-trices, à les dénigrer ou les insulter??? "

    faux j'ai été trés patient avec Boo j'ai fait comme homme libre à mon tour je l'ai insulté.

    alors réfléchie à deux fois avant d'écrire n'importe quoi.

    et je ne vois pas le rapport entre le tutoiement et les insultes.

  • @ leclercq:


    Et le rapport entre le tutoiement et la politesse, ou en l'occurrence l'irrespect??? Tu le voyez-vous??? Xo)



    =:oB


    PS: Par contre avec moi, vous avez été nettement moins patient qu'avec Boo... Vous vous êtes incrusté dans une discution que je tenais avec Hommelibre, ayant pour sujet l'armée/les militaires, et vous m'avez tout de suite tutoyé, dénigré (cf "les peaux de saucissons sur les yeux") et insulté "gauchiste", "pacifiste" et autre "bien-pensant"... Termes que je pressens être des insultes sous vos doigts...

  • "Vous vous êtes incrusté dans une discution que je tenais avec Hommelibre"

    Ah parce que les discussions sonts privées maintenant dans le forum, il me semblait pourtant que le dialogue était ouvert à tous.

    ""gauchiste", "pacifiste" et autre "bien-pensant"..."

    on a actuellement la redéfinition des mots racistes xénophobes, on a maintenant par toi la redéfinition de ce qu'est une insulte. très fort

    ah parce que tu pressentait !!!!!! c'est bidon ton explication, il faut appeler un chat un chat, des mots sonts des insultesd'autres n'en sonts pas point.

  • relever ce que pointe le doigt de Finkelkraut

    est l'un de ces essentiels qui nous concernent tous
    dès lors que l'un parle pour tant d'autres qui se taisent


    à part ça, ce billet me laisse sur ma faim:

    qu'en est-il pour nos collègues
    de ces constats de décivilisation en nos contrées ?

    ou doit-on ici parler en bon chef/ffe de la police et affirmer que:
    - pas de quoi fouetter un chat, tous ces casses,
    - que manifestations épisodiques, ces braquages,
    - trafics & délits impunis ne sont que random & en parler, du blabla

  • @ na...ya:

    Oui il y a aussi une réflexion à porter ici, même s'il n'y a pas les affaires du Mondial comme caisse de résonance. Le vol, la délinquance sont aussi une atteinte à la paix des relations humaines, à l'organisation d'une société, donc à la civilisation. Le vol c'est l'Etat sauvage. Il n'y a pas de société à risque zéro, mais chaque atteinte criminelle est une atteinte à l'organisation des humains. Peut-être qu'en France les choses ont pris une ampleur qui n'est pas la même en Suisse et donc l'aspect "décivilisation" est plus perceptible chez nos voisins.

  • @ morale quand tu nous tiens:

    Je reviens sur votre remarque, me mettant devant ma propre contradiction. J'y ai encore pensé depuis deux jours.

    Comme je vous l'ai dit j'assume ce que j'ai écrit. J'en ai dit le pourquoi. Un ras-le-bol d'être moi-même régulièrement insulté et attaqué personnellement, dénigré, sali.

    En écrivant le billet ci-dessus je savais que l'on pouvait me trouver des contradictions entre ce que je dis ici et ce que je fais parfois ailleurs. C'est d'ailleurs aussi ainsi que j'avance: quand une perception plus juste me met en contradiction avec tel acte ou telle pensée.

    J'ai répondu dans un premier temps en justifiant les propos que vous citez, et là aussi j'assume. C'est ainsi que je voyais les choses à ce moment.

    Depuis deux jours, et d'autres éléments de réflexions survenus depuis, je pense que mon attitude d'alors est critiquable. Faire aux autres ce que l'on ne veut pas que l'on nous fasse n'est pas une voie juste. Et l'efficacité que j'ai invoquée ne tient pas non plus: la fin ne justifie pas les moyens. Je perds de mon intégrité morale et intellectuelle en utilisant une attitude comme celle que vous citez plus haut.

    J'ai déjà tenté de tendre la main à luzia depuis cet épisode, avec sincérité, je n'ai pas été perçu comme tel et elle n'en a pas voulu. C'est peut-être mieux ainsi. Je la laisse et respecte sa décision.

    Au final, votre intervention était opportune. Je n'effacerai pas le commentaire incriminé, je l'assume.

    Bien à vous.

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