J’en parle dans mon roman en cours d’écriture sur mon blog (Delphine, Romane & Elsa). J’en ai animé pendant plus de 20 ans. Je propose ici plus d’explications sur le jeu des animaux. De quoi s’agit-il?
Ce jeu se pratique en groupe, entre 10 et 20 joueurs. Moins, cela limite les variétés d’animaux, donc les interactions et ce que l’on peut en retirer. Il se joue en pleine nature, de préférence dans un espace assez grand pour que chaque animal ait un bout de territoire, mais pas trop pour que l’action ne soit pas diluée. Si l’on peut disposer d’un espace mi-prairie mi-boisé, avec un ruisseau ou une petite rivière comme point d’eau, c’est parfait.
On évite de le faire par temps de pluie ou de trop grand froid, ce qui rend le jeu trop inconfortable. Il ne s’agit pas d’un jeu de survie.
A quoi cela sert
Le but est d’incarner un animal pendant quelques heures, de se comporter comme on imagine l’animal, d’entrer ou non en interaction avec les autres animaux, et d’en tirer un enseignement personnel. L’animal va représenter soit des qualités que nous pouvons nous attribuer, soit des peurs à surmonter. Un exemple: une personne généralement assez réservée dans ses relations, a incarné une panthère. Elle est entrée en relation avec beaucoup d’aisance et d’énergie. De ce jeu elle a tiré le fait qu’elle peut entrer plus vite et plus fort en relation sans que cela ne soit un risque ou une difficulté pour elle.
Après le jeu, dans la vie quotidienne, on peut se demander ce que ferait notre animal et faire comme lui quand on est devant une difficulté par exemple. On y trouve une force ou une attitude utile.
L’animal
Pour trouver son animal plusieurs manières de procéder sont possibles. Celle que je propose habituellement est une relaxation guidée, que l’on appelle «voyage chamanique». Cela consiste à proposer un voyage mental en relaxation, soutenu par un léger rythme de tambour pour accompagner des différentes phases du voyage. On passe par des forêts, des souterrains, on tombe dans des trous, on gravit des hautes montagnes, cela varie, mais le but est de se représenter mentalement des lieux difficiles qui par analogie représentent des difficultés de vie: risquer de se noyer, aller dans l’obscurité, faire l’effort d’une varappe, traverser un désert, etc. Ces lieux symboliques touchent dans notre inconscient les moyens dont nous disposons ou non pour traverser la vie ou certaines situations.
A un moment de cette relaxation guidée un animal surgit, propre à chacun, issu de notre inconscient. C’est l’animateur de la relaxation qui avertit à l’improviste de la présence d’un animal. En général il s’agit d’animaux de nos régions, liés à notre imaginaire, mais on voit aussi des animaux d’Afrique ou d’ailleurs. Cet animal sera lié d’une manière ou d’une autre à une représentation de ce dont nous avons besoin pour traverser la vie, ou une période donnée de notre vie.
Il arrive qu’un animal n’apparaisse pas au moment voulu dans la relaxation guidée. On peut alors choisir consciemment un animal. Les critères de choix sont: soit l’animal choisi nous fait très envie, soit il nous fait très peur, car il faut qu’il soit «chargé» de choses personnelles fortes pour lui donner une utilité. On peut aussi tirer au sort des cartes des animaux-totems comme il en existe en librairie.
Avant le jeu on partage avec les autres participants ce que représente l’animal pour nous. Chacun peut donner son avis, cela précise parfois la représentation que nous en avons.
Le déroulement
Au minimum il faut commencer en début d’après-midi pour choisir l’animal et en parler. Le jeu lui-même commencera en fin d’après-midi avant le coucher du soleil pour aller jusqu’à la nuit complète. Certains animaux aiment la nuit, d’autres non, donc passer un moment dans la nuit est important. Nos sens sont en alerte, nous nous adaptons, c’est vraiment un plus. En tout le jeu dure de 3 à 5 heures.
Une consigne absolue: ne pas parler l’humain. Si les animaux doivent se montrer quelque chose c’est par leurs cris, leur corps et leur mimique. Parler casse le jeu. Il faut s’identifier le plus possible à l’animal. Les vêtements doivent être adaptés: pas de jupe!
Au début chacun définit son territoire. Puis les interactions commencent d’elles-mêmes: rencontres amicales ou hostiles, les prédateurs mangeant les proies ou créant des alliances temporaires. Un animal mangé (l’expérience de vivre une mort est puissante) revit autant de fois qu’il veut. Le jeu ne s’arrête pas si l’on nous dévore! Au contraire, plus on répète l’expérience, plus on apprend à survivre au danger.
Les participants doivent éviter de se blesser eux-mêmes ou mutuellement, quand ils se mangent par exemple, parce que la proie peut se débattre.
Un animateur doit être présent: il veille en cas de besoin, et donne le signal du début et de la fin du jeu. Les participants n’ont ni montre ni téléphone, ils oublient l’heure. Pour quelqu’un qui serait tortue, le temps semblera long au début. C’est arrivé: la personne avait quelque chose à apprendre de la patience! L’animateur annonce la fin quand il sent que les interactions se sont arrêtées depuis longtemps, ou s’il commence à faire trop froid, ou intuitivement. Personnellement j’utilise un tambour pour le début et la fin, cela évite de devoir utiliser la voix humaine.
D’où cela vient-il?
Les enfants jouent parfois naturellement à imiter un animal. En ce faisant ils se donnent le droit d’être autres, d’être plus que ce qu’ils osent être d’habitude. Dans certaines populations comme les amérindiens on donne un nom d’animal à un humain. Dans certains contes on trouve aussi des surnoms animaux. La tradition remonte à loin et l’on ne peut attribuer à une personne en particulier la conceptualisation de ce jeu. En Europe il s’est diffusé - à petite échelle - par des représentants de traditions chamaniques.
Dans le jeu, l’animal-totem a une durée de vie limitée: de quelques semaines à quelques mois. On peut refaire le jeu à une année d’intervalle pour voir si l’on a un nouvel animal en complément au premier, ou le même pour en tirer autre chose.
Après le jeu, débriefing. On raconte le jeu, avec force rires en général, puis on tire l’essentiel de l’animal pour nous.
On peut ensuite vivre l’animal seul dans sa vie quotidienne. On l’intériorise et l’on agit comme il le ferait.
Ce jeu est une belle expérience, souvent drôle, généralement enrichissante. Et puis, les moments où les adultes peuvent jouer comme des enfants sont si rares!...
Commentaires
Merci Hommelibre d'avoir répondu aussi rapidement à mes questions. Cela a l'air assez "foufou" et se lâcher (tout en étant conscient) de temps en temps ça ne peut pas faire de mal.
Je m'attendais à quelque chose de plus simple à mettre en place pour découvrir son animal totem ;o) Je me serai bien vue en train de jouer à ce jeu lors d'un picnic par exemple.
Mais si il faut trouver et convaincre 10 personnes minimum qui soient d'accord de se mettre à braire, couiner, cancanner ou rugir dans un pré ... bin c'est pas gagné ;o)
Et surtout, si pour voir venir son animal totem il faut se soumettre à un voyage mental en relaxation à la merci d'un guide (c'est pas parce que il est un chamane que j'suis plus rassurée ;o)
Cela me fait penser à de l'hypnose et il m'est très difficile de me laisser aller au point de ne pas savoir ce que mon corps et mon esprit fait ou soit. ... Je suis accrochée à la terre nourricière ;o))
Encore merci pour ces explications
(o_~)
Loredana, j'indique ici les conditions de travail dans un cadre de développement personnel. Mais on peut imaginer en faire un simple fun, et adapter les recommandations selon son besoin.
On peut donc décider de son animal volontairement, pourvu qu'il soit porteur de quelque chose. Pour la relaxation guidée, pas de souci, il n'y a pas d'hypnose. Je n'encourage ni ne pratique rien qui enlèverait le libre arbitre et la conscience de soi.
Donc si vous avez l'occasion de proposer cela à 3-4 personnes lors d'un pique-nique, pourquoi pas? Il y aura des rires, et de toutes façon un intérêt personnel.
Bien à vous.