Le nez dans le bitume, les yeux dans les poches, nous ne voyons du monde que quelques mètres carrés. De ces mètres carrés nous échafaudons des croyances et tirons des conclusions.
Et tant pis si ces conclusions heurtent ou contredisent celles du voisin. Nous défendrons les nôtres bec et ongles, armes à la main s’il le faut. Sans voir que notre bout de territoire, plus celui du voisin, plus celui du voisin du voisin, c’est la même terre.
La Terre est un bateau qui vogue dans l’espace à 30 km par seconde. Elle ne tient que par la gravitation. Une petite déviation d’orbite, une grosse météorite qui nous percute, ou un trouble imprévu de notre étoile, et la vie s’arrête pour très longtemps.
Cette vie, si solide, si fragile.
Mais malgré cela les différentes sections de l’équipage se battent entre elles et avec les classes de passagers. Les uns veulent prendre d’assaut la salle des machines, d’autres le pont avant, d’autres veulent être commandant à la place du commandant.
Les religions des uns veulent s’imposer aux autres, les idéologies des troisièmes tentent de modeler le monde à leur image, les détenteurs d’une pensée unique la collent sur tous les murs de l’esprit.
Et l’on s’étripe, et l’on se déchire, et l’on tire la corde à soi. Et depuis des millénaires, tous les matins, nous récurons le pont et nettoyons le sang épais qui le recouvre en nous disant que le monde change enfin. Et le soir nous marchons déjà sur les cadavres.
Pourtant il suffirait de lever les yeux au ciel, regarder les étoiles. Puis de là se retourner vers la Terre. Pour voir de haut combien nos limitations et nos croyances sont peu de chose. Il faudrait une fois par jour au moins méditer sur l’immensité de l’univers, pour que peu à peu notre pensée lâche les croyances qui divisent, les idéologies qui nous font nous croire meilleurs que les autres.
Du haut de nos certitudes, nous oublions parfois que nous sommes un produit de la décomposition de l’humus. Des molécules organisées. Des atomes et particules assemblés temporairement. Des traces de supernovae.
Des poussières d’étoiles.
Merci à Anaxagore alias Michel Sommer pour le petit échange d’hier qui m’a inspiré ce billet.
Images: Nasa, Hubble. Cliquer pour les agrandir.
Commentaires
Je vous signale que mon blog
http://blogdesamialdeeb.blog.tdg.ch/
fonctionne de nouveau, même s'il n'apparaît pas sur la pages des blogs... Les commentaires seront désormais modérés pour éviter les dérapages. Merci de votre visite et de vos commentaires
Poussière d'étoile,écrit par Hubert Reeves,lecture magique et qui en tant qu'astrophysicien se perd parfois dans le monde de l'astrologie,en laquelle il croit!
Prendre de la hauteur, sortir le nez du champ étroit de nos préoccupations, regarder autrement et d'autres choses, quelle bonne médecine que voilà !
A propos, on a pris l'habitude de renvoyer définitivement l'astrologie au rang de bête croyance. Mais ne serait-ce pas justement le fait d'un regard à ras le sol qui s'autovalide sans même considérer la chose avec un regard déconditionné ?
Après tout il y a un phénomène bien physique, car les corps célestes de notre système solaire on une masse certaine et non négligeable. Vu sous un regard géocentrique (notre petit tapis de quelques mètres carrés) ces masses décrivent des orbes tout autour de nous. Ces orbes représentent des champs de vibrations spécifiques au mouvement et à la masse de chaque planète. Comment pourrait -on décréter de manière absolue que cela ne crée aucun impact sur le vivant sur terre ? Qu'elle scientifique s'est réellement pris la peine de vérifier cette hypothèse ?
N'importe quel astrophysicien sait parfaitement que si Jupiter n'était pas là, le système planétaire n'aurait pas l'équilibre actuel et la terre ne serait peut être pas formée dans l'équilibre propice à la vie tel que nous la connaissons. Peut être même que la matière terrestre aurait été avalée par l'attraction du soleil.
Difficile d'imaginer que les planètes qui nous entourent n'ont pas d'effets sur la vie et la matière. Aussi vrai que la lune influence les marées et la croissance des végétaux et que la vitesse giratoire de la galaxie influence les déplacements de la croute terrestre et donc la formation des montagnes.
Le regard change sur la question, Lovsmeralda ?
Et bien, aoki, votre réflexion rejoint l'idée de particules organisées selon un champ, lequel champ est le lieu d'interactions, de forces, attractions. Etrange et fascinant paysage que celui de l'univers.