Mais pourquoi donc ces séries américaines à la con? Pourquoi donc, alors qu’elles ne servent qu’à remplir du temps d’écran et à libérer de la disponibilité de cerveau pour les pubs, sont-elles parfois capables de toucher à l’exact centre de la cible?
Soigner et aider les autres a été pour moi une vocation. La vocation, c’était pratique: pas besoin de choisir. Choisir c’était éliminer quelque chose. Me limiter. Alors que je désirais voler de toutes mes ailes! Je ne pouvais me réduire à un choix purement intellectuel et non global.
Je me suis toujours posé beaucoup de questions sur les raisons qui conduisent à vouloir aider les autres. Est-ce ne pas faire confiance dans leurs propres possibilités de guérison? Penser que l’on sait mieux qu’eux? Avoir la prétention de les sauver et en tirer une satisfaction narcissique? Compenser des besoins d’attention personnels en les projetant sur autrui? Se réparer soi-même en réparant autrui?
Un peu tout cela peut-être. Je me suis accepté dans cette fonction d’aide, y compris dans l’acceptation que je m’aidais moi-même en aidant les autres. Je me dis qu’à la fin de ma vie, dans mon bilan, si j’ai fait autant de bien à autrui qu’à moi-même, c’est déjà un bilan correct. Je n’ai pas la prétention d’être mère Thérèsa et je tiens à garder une forme de lucidité à mon égard. Cela ne m'a pas obsédé. Cela m'a accompagné.
Et puis je vois ce passage de Grey's Anatomy.
Un femme chirurgien dit avoir été obligée couper une jambe saine. Pour le bien du patient. Et avec désinvolture et cynisme elle se demande pour quelle raison elle fait ce métier.
Une infirmière présente lui dit de la suivre. Elles traversent l’hôpital et se retrouvent dans un service où un enfant opéré sourit à ses parents, et où le bonheur du médecin est visible sur son visage.
Et l’infirmière dit au chirurgien:
C’est pour cela que l’on fait ce métier: pour la joie!
Pour la joie de ceux qui revivent. Pour la joie que nous avons à voir la vie revenir, à voir la force s’exprimer.
Pour la joie. C’est tout. Juste la joie.
Bonne baffe amicale.