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Religions révélées: qui valide qui? (2)

Une des grandes questions, la deuxième que j’aborde après mon billet d’hier, est la notion de validation, voire de vérification. L’intelligence est données aux humains comme aux animaux pour déterminer ce qui est bon pour eux et ce qui ne l’est pas. Cela suppose donc de: recevoir une information, la comprendre, se donner les moyens de la vérifier, voir de qui elle vient, et qui valide cette information.

prophete_elie.jpgA ces conditions l’humain peut développer son discernement et faire des choix en connaissance de cause. On peut nommer cela une «procédure de vérification de l’information». On admet qu’une telle procédure s’applique dans de nombreux domaines. Si par exemple un responsable de chantier d’autoroute découvre quelque chose qui pourrait ressembler à un site archéologie, il mandate des professionnels pour vérifier la valeur et l’ancienneté du site. Ces spécialistes oeuvrent avec différents moyens, dont des appareils de datation d’objets. Ces appareils sont fiables parce qu’ils sont fondés à la fois sur l’expérience d’autres sites et objets, et d’une technologie objective et non subjective.

Dans la question des religions, en particulier des religions révélées, la procédure est différente.

Un homme vient et annonce qu’il parle au nom de dieu. Comme il intervient dans un milieu déjà acquis à l’idée de dieu, on l’accepte relativement bien. Mais imaginons qu’il s’agisse du tout premier des prophètes. Un homme vient donc et dit: «Il y a un dieu tout puissant, omniscient, au-dessus de nous. Il a tout créé. Il me charge de vous transmettre des règles de vie. Il vous punira et vous promet la souffrance éternelle si vous n’avez pas obéi». En gros...

Problème: qui valide qu’il y a un dieu? Le prophète, uniquement. Et qui valide que le prophète est bien envoyé de dieu? Dieu lui-même par la bouche du prophète! On est donc devant un système d’information qui s’auto-valide, sans vérification extérieure. On dit que les prophètes ont fait des miracles, ou que leur sagesse les a validés.

Sur les miracles, on sait aujourd’hui que des guérisons inattendues peuvent être réalisées par un non croyant sur simple imposition de ses mains. Le miracle est donc moins extraordinaire qu’il n’y paraît et ne prouve pas l’intervention «divine», ou «magique» - ce qui revient en partie au même.
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Je serais plus enclin à prendre en compte la sagesse. Mais la sagesse est distribuée également à des non-croyants. La justice est un sentiment naturel chez les humains et peut-être chez certains animaux. Sagesse et justice ne sont donc pas spécifique d’une intervention divine.

Qu’est-ce qui, dans les paroles d’un prophète, laisse à penser qu’il y a un dieu? Uniquement le fait qu’il le dise, et donc que celui qui l’écoute «croie» sans vérifier. Et qui valide le prophète? Ses actes? S’il est connu et fait partie d’une culture où le «prophétariat» est admis, cela lui facilite les choses.

Remarquons que c’est souvent sur l’enseignement qu’un prophète est respecté. Et en particulier sur un aspect délimité de l’enseignement: le risque de punition. En menaçant que les hommes soient punis pour un mode de vie «mauvais», si le prophète y met le ton de la voix, l’autorité et le doigt menaçant, ou simplement le regard sévère, cela marche: on le croit. Le respect et la peur sont initialement intimement liés.

Là encore, comme hier, c’est la peur enfantine de la punition pousse à adhérer à une foi en quelque chose que l’on n’a pas vérifié, que personne n’a vérifié.

Ce n’est pas pour rien que l’on «enseigne» des croyances invérifiables dès les premières années de la vie. L’enfant n’a pas de sens critique et est loyal envers ses parents.C’est ainsi que l’on devient croyant: par mimétisme et peur de la punition, et aussi par désir de la récompense (le Paradis). Ce qui est simplement de l’ordre de mécanismes psychologiques de base.

Encore une fois la religion s’implante grâce à des mécanismes enfantins.

Les religions devraient être réservées aux adultes. D’ailleurs, faire peur avec l’enfer, n’est-ce pas une forme de maltraitance psychologique?

En tous les cas, personne n’a vérifié l’information: en matière de religion on ne vérifie pas, on croit. C’est assez incroyable comme les religions savent se rendre intouchables.


Catégories : Philosophie 5 commentaires

Commentaires

  • - 1000 ans av. J.C il etait parfaitement naturel à cette époque de considérer les visions,les inspirations et les réves comme de l'a communication divine. L'histoire du buisson ardent de Moïse le montre bien.

    Une sorte de chamanisme spécialisé en somme. Quand l'hellinisme d'Alexandre le grand commença à supplanter cette culture hébraïque, un dénommé jesus Ben Sira'h à commencé à rediger les maximes hébraïques en leurs donnant une même forme de sagesse que la culture grecque "l'Ecclesiatique". Bien que non reconnu comme texte canon. il a été le modèle d'une expression plus strcte des textes
    Même si les" aventure " chamaniques petris de culture egyptiennes de Moïse restent le fondement, spinoza affirme que les textes de la bible comme le pentateue datent de bien plus tard.

    Reste que les mystères de l'esprit humain devraient représentés la seule véritable religion individuelle vécu dans l'intimité de chacun. Les religions collectives sont plus de l'ordre de l'exploitation positives et négatives du manque de resposabilité personnelle. Mais cela a déjà été dit et redit

  • Desole de l approximation de l ecriture mais je ne conseille pas les claviers de l'Ipad
    #¥€%~. !!!

  • Bonsoir John, je ne vis pas ma foi sur la notion de la peur de Dieu mais sur l'espérance d'un monde divin où les souffrances que les humains s'infligent seront absentes une fois atteint la vie éternelle. Dieu me questionne et je le questionne. Dieu vit dans l'intimité de chaque âme sensible à sa présence, de manière totalement autonome et non soumise au regard des hommes. Je ne permets qu'à Dieu de me punir si mon comportement n'est pas adéquat en dehors et en plus des lois que la société démocratique dans laquelle je vis prévois.

    Ce n'est pas parce que je suis musulman que je vais me faire peur à travers le regard de mes soeurs et de mes frères musulmans. Eux peuvent me dire éventuellement que je ne me comporte pas selon le Coran mais ils n'ont pas le droit de me punir. C'est bien cela la séparation entre l'Etat et l'Eglise, la croyance en des dogmes religieux ne doivent pas devenir un système de punitions étatiques. L'islam est, il est vrai, une religion qui s'impose malencontreusement dans l'espace public en terre musulmane. Mais nos musulmans vivant dans les démocraties, y compris du Maghreb, ont compris la valeur devant Dieu des systèmes démocratiques. Ces musulmans-là, fervents croyants malgré cela, nos populations occidentales devraient chercher à les apprécier beaucoup plus car non seulement ils sont démocrates et non-violents mais en plus ils apportent des idées, de l'originalité, pour sortir de notre monde hyper-matérialiste car le musulman a une vision sociale de la société très avancée qui permet de regarder et de vivre de façon différente l'économie, la politique, la culture, le lien social et familial.

    Bonne soirée à vous.

  • Pachakmac, j'entends bien ce que vous dites. Mais cela ne change pas le fait de ce mécanisme émotionnel de base: la projection sur le concept de dieu de ce qui est au départ un modèle éducatif très humain: punir ou récompenser. Dieu qui punit est, selon moi, un glissement venu du parent qui punit.

    On peut mentionner cette intimité intérieure de la conscience. Elle n'appartient pas spécifiquement aux religions (je parle en général, pas de l'islam en particulier). C'est une dimension intérieure que chacun peut expérimenter. La conscience même est un phénomène qui survient entre autre par l'interaction. Un enfant qui tape des plus petits, comprend ce qu'est l'injustice quand il est tapé à son tour par des plus grands.

    La conscience morale est un phénomène qui n'est pas produit par les religions mais dont elles se servent. Il se peut même que cette conscience morale soit liée à certaines cellules nerveuses du cerveau.

    Grace à la conscience morale naturelle, ou produite par éducation, on peut être une personne agissant dans la vérité et dans le respect sans forcément appartenir à une religion.

    La conscience morale naturelle semble universelle. Les religions divisent.

    Bonne soirée.

  • Aoki: déjà dit et redit, mais toujours utile à redire. Cette analyse des religions ne s'oppose même pas à une transcendance. Les religions devraient faire leur propre analyse sous cet angle, entre autres. Cela leur donnerait un supplément d'honnêteté intellectuelle et permettrait peut-être ensuite d'aller un peu plus à l'essentiel.


    Ah, je n'ai pas d'iPad. Je n'ai donc pas la joie de connaître son clavier que vous décrivez avec de si charmants signes!

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