Ni le club Med. Faire un saut de puce à 200’000 dollars dans un avion-fusée Virgin Galactic de Branson et relativement aisé. Cela dure une heure et demie, on est de retour pour faire ses courses et regarder aux infos locales le film de notre décollage.
A bord de l’ISS la réalité est toute autre. La vie dans l’espace, quelques jours dans la navette ou quelques mois dans la station spatiale, est pleine de contraintes et de limitations. Commençons par la garde-robe. La combinaison orange que l’on voit portée au départ est bien sûr pressurisée. La cabine aussi mais en cas d’incident les astronautes sont protégés. Elle est également anti-froid, contient une réserve d’oxygène, un parachute automatique, un canot gonflable, ainsi que de l’eau, un stylo waterproof, un cutter, etc.
A l’intérieur de l’ISS le velcro règne en maître, en particulier pour fermer les nombreuses poches et ne rien laisser traîner en apesanteur. Hommes et femmes ne changent presque pas d’habits. Et pour cause: il faut économiser l’eau, donc pas de machine à laver! Par exemple, ils disposent de chaussettes polaires au cas où ils auraient les pieds froids: elles doivent tenir un mois. Il faut dire qu’ils se salissent peu. Les vêtements sales ne sont pas ramenés sur Terre: ils brûlent dans l’espace lors de la descente du cargo d’approvisionnement Progress.
Les toilettes: mieux vaut avoir un intestin en très bonne santé! Pour éviter la dispersion de matière dans l’air, le corps doit fermer hermétiquement l’orifice, et de l’air pulsé élimine les déchets. Des sangles permettent de «coller» au siège. L’urine elle, est purifiée et recyclée, de même que l’humidité de l’air due à l’haleine et à la transpiration, grâce à un système à 250 millions de dollars qui permet de produire près de 7 tonnes d’eau par an. A bord, on sait ce que l’on boit et le verre d’eau coûte le prix du meilleur des champagnes!
La question de l’eau est primordiale. On compte qu’un astronaute a besoin quotidiennement d’un kilo d’oxygène, un kilo de nourriture et trois litres d’eau! Soit 5 kilos par personne et par jour. Par exemple, 7 astronautes dans la navette pendant deux semaines supposent près de 500 kilos de réserves, qui s’ajoutent au poids du transporteur et occupent une place considérable. Or la place est très limitée à bord. On est loin des salons design et feutrés de Star Trek ou de Star Wars, ou des vastes salles de Battlestar Galactica. On ne peut économiser que sur l’eau.
Donc on trouve d’autres solutions. Le rasage se fait au moyen d’une mousse spéciale qui retient les poils. Pour le lavage des cheveux on utilise un shampoing sans rinçage. Le dentifrice est une pâte que l’on peut avaler, ou recracher dans un mouchoir en papier. Rien ne doit voler et risquer de boucher les filtres à air. La douche est en général le passage d’une éponge.
Manger est une gymnastique. Là aussi il ne doit y avoir aucune miette dans l’air, donc le poivre est dans de l’huile et le sel dans de l’eau. On boit avec une paille. Le plateau du le repas est magnétique pour retenir les couverts. Assis, les astronautes tiennent à la paroi grâce... au velcro.
Une fois par semaine on fait le ménage: nettoyage de toutes les surfaces avec des lingettes antiseptique pour lutter contre les risques microbiens. Cela s’ajoute à des journées de travail intenses. Il y a les expériences scientifiques particulières rendues possibles grâce à la microgravité, réalisées ou contrôlées chaque jour: culture de certaines plantes pour améliorer la productivité sur Terre ou pour envisager la possibilité de nourrir des voyageurs de l’espace sur de longues périodes (voyage vers Mars ou vers un astéroïde). Etude sur des protéines pour améliorer certains médicaments. Les astronautes eux-mêmes font l’objet de tests médicaux réguliers et approfondis pour étudier le comportement de l’organisme en vue de voyages longs vers d’autres planètes. Ils contrôlent aussi en permanence le bon fonctionnement de l’ISS pour assurer leur sécurité, nettoient les filtres, bref ont l’oeil à tout sans relâche.
Ils ont aussi des moments de détente: ils peuvent lire, regarder des films, jouer aux cartes, parler à leurs familles, contempler et prendre des photos de la Terre par les hublots équipés de superprotection contre les rayonnements solaires. Ils font également de la gym pour maintenir leur musculature. Et ils peaufinent l’art de vivre ensemble dans un espace très confiné. Ce qui demande une sérieuse préparation psychologique.
A part cela ils dorment au même rythme que sur Terre mais dans des positions un peu différentes: ils sont dans des sacs de couchages accrochés aux parois, donc en général à la verticale.
Voilà la vie spartiate des astronautes. L’espace fait rêver beaucoup d’humains, et j’en suis, mais comme je l’écris au début: ce n’est pas vraiment le club Med.
En vidéo, quelques moments de cette vie à bord:
Current life aboard ISS (funny)
Orbiter.ch | Myspace Video
Sources: Nasa, Esa, Agence spatiale du Canada, magazine L'essentiel de la science.
Commentaires
Bonjour, juste une question un peu bébête... A la fin de votre article, vous parlez de leur position verticale pour dormir. S'il n'y pas de gravité, comment définir si c'est vertical ou horizontal ?
Bonjour Yves, bonne question. Dans l'ISS la verticale sera définie conventionnellement par rapport au plan de travail. Il y a un "bas" (même s'il peut être en haut par rapport à la Terre) où sont les pieds, comme dans un bureau ou une maison. C'est cette convention que la vidéo consacre. Le repère est visuel. Mais les yeux fermés, je ne sais pas s'ils peuvent se situer.
J'ai vraiment apprécié la lecture de ce post, un grand fan. Continuez votre bon travail et s'il vous plaît me dire quand pouvez-vous publier plus d'articles ou si je peux en lire plus sur le sujet? Je vous remercie.