Chacun fait ce qu’il veut de sa vie. Y compris le clown dans des émissions télé. Après tout d’autres font les clown dans des cirques. Pourquoi pas sur le petit écran? Il n’y a pas à chercher dans la téléréalité ce pour quoi elle n’est pas faite.
Elle n’est pas faite pour donner de l’information, de la philosophie, ou de manière générale du sens. Il y a même une forme de magie à cette absence quasi totale de sens. Elle présente des gens qui reçoivent un scénario de départ et dont elle filme le quotidien sans analyse, sans recul, sans perspective. Le commentaire principal est de redire en voix off ou par un animateur ce que l’on vient de voir à l’écran. C’est comme un rêve.
Eventuellement la voix off ou l’animateur se pose des questions sur le personnage: va-t-il réagir comme on attend tous qu’il réagisse? Machin et Machine sont-ils amoureux? Vont-ils l’être?
Les émissions de téléréalité se classent dans le divertissement. Divertir c’est faire diversion. On vous emmène là où vous oubliez momentanément vos soucis. Donc en effet il n’y a pas à chercher de sens. Les émissions de variété ou d’humour font pareil: elles ne cherchent en aucun cas à donner du sens mais à remplir le temps en vous gardant accroché à l’écran.
Les commentaires, les répétitions, les détails, même l’éventuel ridicule des protagonistes, tout est fait pour vous scotcher. Parce que tant que vous restez devant l’écran l’argent tombe pour la chaîne. La téléréalité est en effet rentable à très rentable.
Koh-Lanta, par exemple, coûte entre 500‘000 et 600‘000 euro par soirée. Et rapporte entre 2 et 4 millions en recettes publicitaires. La dernière édition aurait rapporté en tout 54 millions d’euros. Et Koh-Lanta est l’émission qui dure le plus en drainant toujours un vaste public.
D’autres émission s’usent plus vite. Loft Story, qui avait cartonné il y a 10 ans et rapporté 50 millions d’euro (soit trois fois sa mise) n’a pas atteint les 5 saisons. Star Académy s’est arrêté à 8 saisons. A de rares exceptions près la téléréalité s’use plus vite que d’autres émissions. Il faut se renouveler en permanence. Certaines émissions, bien que variées dans leurs décors, chutent rapidement et parfois coûtent plus qu’elles ne rapportent.
«Pour rendre les concepts toujours aussi attirants, les producteurs ont dû faire évoluer leurs recettes. Changer les codes, les scenarios, mais aussi les lieux, les personnages, les ambiances... Des programmes peut-être moins ennuyeux, mais aussi souvent plus chers. L'année dernière, entre le tournage en Afrique du Sud et les émissions à Paris, La Ferme Célébrité aurait coûté 1,5 à 2 millions d'euros par semaine, soit un total d'environ 20 millions d'euros pour les 10 semaines de diffusion. Des coûts qui ne garantissent pas toujours les audiences. En 2010, la Ferme Célébrité a rapporté 14,1 millions d'euros à TF1, contre 33,3 millions d'euros 5 ans plus tôt.»
Les ressources publicitaires ne sont pas les seules. Les produits dérivés rapportent aussi. Les vidéos d’une séquence sur le net sont généralement précédées d’un spot publicitaire. Sans parler des sms surtaxés envoyés par les téléspectateurs: pour une dizaine de prime time des millions de sms sont envoyés et rapportent également des millions.
Quand aux personnages qui zonent dans ces émissions, ils en tirent une petite gloire qui leur fait plaisir et leur rapporte à eux aussi quelque argent. Le monde a besoin de clowns, ils s’y prêtent volontiers.
On peut certes discuter des valeurs transmises dans les contenus, et considérer que l’éthique proposée est plutôt navrante: le fric à tout prix, les détestations érigées en buzz, mais au fond ce n’est que du vaudeville moderne. Les histoires de couples, d’amants et de maîtresses du théâtre de boulevard d’il y a un siècle ne proposaient pas non plus d’éthique.
Par contre le mot «réalité» me semble moins adapté. D’abord c’est une réalité scénarisée dans bien des cas, donc pas spontanée. Il y a un canevas sur lequel les acteurs brodent. Ensuite les séquences visibles à l’écran sont soigneusement choisies par la production. Elles représentent donc davantage ce que la prod veut montrer que ce qui se passe réellement. Surtout quand une quotidienne de 45 minutes doit relater presque 24 heures de film de plusieurs caméras sur plusieurs personnages dans plusieurs lieux. Tout est décontextualisé et remis dans la perspective de la production. Il faut en être conscient et ne pas croire à ce que l’on voit: les acteurs sont les marionnettes de l’émission. Et cela même dans les émissions qui demandent que l’acteur donne vraiment de lui, comme dans Koh-Lanta ou Pékin Express. Toutes les images sont forcément choisies, découpées, en fonction du regard de la production. Enfin les commentaires incrustés en écrit à l’écran, ou en voix off ou dit par le pitre-animateur sont eux-même orientés.
La réalité est donc celle qui est décidée et mise en scène par la production, et dont le seul but est de tenir le spectateur devant l’écran pour faire de l’audience et augmenter les tarifs de pub. Ce qui réduit considérablement le concept de réalité.
72% des français trouvent ces émissions divertissantes. Que demande le peuple? Du pain et des jeux.
Sources:
http://koh-lanta.programme-tv.net/koh-lanta-9/news/7061-combien-rapporte-pub-tf1/
http://www.yacast.fr/fr/index.html
Commentaires
@Hommelibre oui la téléralité est en somme une forme d'intoxication ce qui fait éteindre le son à beaucoup de gens regarder la TV et ses abrutissantes annonces publicitaires, le plus hilarant de voir Delarue pasteur anti-drogue après son éviction de son Show c'est toute une histoire,de rues évidemment!
Oui Lovsmeralda. A propos de Delarue, j'ai l'impression qu'il joue la suite de sa carrière, alors il se rachète. D'un autre côté s'il évite à certains de tomber dans l'addiction, c'est bien aussi. Bonne journée!
@Hommelibre cinq sur cinq mais ce terme me fait rire car très galvaudé si l'on songe aux salaires attendus en fin de mois par tous,vous avez dit addiction?humour
bonne journée pour vous aussi
Les gens transpirent.... plus pour gagner de l'argent dans les jeux que dans le boulot!