Il est fils de paysan. Qu’importe: il ne reprendra pas le métier dans cette ferme collective. Il va faire carrière dans l’armée. Et dans un des corps les plus prestigieux: l’aviation. Il sera pilote de chasse. Comment ce gamin de petite taille, qui rêvait dans les champs cultivés par ses parents, aurait-il pu imaginer la suite glorieuse et dramatique de sa vie?
Il débute sa vie dans un village du nord-ouest de la Russie. A 6 ans la guerre arrive. Il y survit. Une anecdote semble avoir éveillé sa vocation: l’atterrissage d’un avion russe endommagé. Le pilote lui montre toutes les commandes avant d’être secouru.
Jeune homme, il s’oppose à son père qui veut le voir suivre la ligne familiale et devenir fermier. Il débute un apprentissage en fonderie. En même temps il continue à s’intéresser à l’aviation et fréquente régulièrement un petit club de pilotage.
Quand il entre dans l’armée il est admis à l’école militaire de pilotage. C’est ainsi qu’il devient pilote de chasse sur un Mig-15.
Toujours plus haut
En 1960 il fait partie d’un groupe de pilotes sélectionné pour l’entraînement des futurs cosmonautes dans le cadre du programme spatial russe: le programme Vostok. De 19 le groupe se réduit à 6, sélectionnés pour leur condition physique et leur taille. C’est sa chance: ses 1,58 m lui ouvrent la porte des étoiles.
La guerre froide bat alors son plein. Dans trois ans ce sera la crise des missiles à Cuba, avec un risque de guerre mondiale. John Kennedy fera plier l’URSS de l’époque. Mais en 1961 la bataille est ailleurs: c’est la suprématie spatiale qui est l’objectif. Un objectif à la fois militaire et psychologique. L’URSS avance à marche forcée dans la mise en place du premier vol spatial habité.
C’est ainsi que le 12 avril 1961 à 9 heures 07 heure de Moscou, il y a juste 50 ans, le vaisseau Vostok s’élance dans l’espace depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan, portant une capsule dans laquelle il a pris place. Le cosmonaute fait le tour de la Terre en moins de deux heures.
L’honneur de son nom
Au retour, après une descente mouvementée, il pose les pieds sur le sol russe à 10 heures 55, non loin de la base de départ. Il y a deux versions de ce retour. Selon l’une il serait resté dans la capsule jusqu’au sol. Selon l’autre il aurait quitté la capsule quelques kilomètres avant l’atterrissage et aurait terminé sa descente en parachute.
Cet homme, fils de paysans d’un petit village russe, vient d’entrer dans l’éternité. Et il tient la promesse faite à son père de ne pas ternir le nom de sa famille. C’est homme s’appelle Youri Gagarine.
Son exploit est celui du pays, mais aussi d’un système contre un autre. Le premier vol habité dans l’espace fait l’effet d’une bombe. Personne n’imaginait l’URSS capable d’un tel exploit technologique. C’est une gloire immense pour le pays.
Piqués dans leur orgueil les américains réagissent vite. Le président Kennedy décide d’accélérer le programme spatial. Huit ans plus tard, le 21 juillet 1969, Neil Armstrong posera le pied sur la Lune.
La grande aventure spatiale, commencée avec les montgolfières, puis les premiers avions, les zeppelin et les fusées, venait, en ce 12 avril 1961, de prendre une toute nouvelle dimension avec le premier vol habité hors de la stratosphère.
L'Homme quittait sa maison, la Terre.
Les temps changent
Les programmes spatiaux des russes et des américains ont passablement différé. Les russes ont en premier exploré les vols sur le longues périodes avec la station MIR. Puis, après la chute du mur de Berlin et la fin de l'union soviétique, ce qui était alors une concurrence entre deux pays, deux empires, deux systèmes politiques, est aujourd’hui devenu l’objet d’une collaboration permanente dans la station spatiale internationale ISS.
Les temps changent et les ennemis d’hier sont aujourd’hui des partenaires qui collaborent ensemble. Evolution presque allégorique que l’on espère un jour pour tous les peuples de la Terre.
Youri Gagarine est décédé dans un accident d’avion, dans des circonstances troublantes sur lesquelles diverses versions ont circulé. C’était le 27 mars 1968. Il n’aura pas vu les premiers pas d’un humain sur la Lune.
Mais il est resté pour la postérité comme le premier homme à avoir volé aussi haut, aussi loin. Il est resté l’honneur du nom des Gagarine.
Commentaires
C'était l'époque où on n'avait pas peur des défis technologiques et humains. (pour des raisons géostratégiques il est vrai...) Gagarine ne s'est pas laissé impressionner alors qu'il ne pouvait pas savoir si ce voyage serait le dernier. Pour lui être le premier primait sur toute autre considération. Pour reprendre le titre d'un film splendide, il avait vraiment l'étoffe des héros.
Oui Kad, l'étoffe des héros. C'est bon pour la tête et pour le coeur de se rappeler que de tels humains existent ou ont existé. En tous cas j'aime.
Et voici même une chanson pour lui, par un groupe finlandais:
http://www.youtube.com/watch?v=rKjNOj8KAvM
Oui, merci de nous rappeler ce que fut ce "héros"; nous avons de plus en plus besoin de nous raccrocher à des exploits "de rêve" qui ont existés (et existent encore heureusement), pour supporter la réalité qui nous assène de faits divers de plus en plus insupportables.
http://www.lepoint.fr/societe/c-est-la-loi-de-la-jungle-dans-les-cours-de-recreation-13-04-2011-1318756_23.php
(c'était mon coup de gueule du jour (0_0))
Superbe photo avec la colombe.
Ambre, oui, violent cette histoire. Comme le commente le psy: au minimum il y a un défaut de surveillance de la part des adultes. Mais qu'est-ce qui peut inspirer des gamins à faire cela?
Est-ce juste un jeu bête qu'ils ont poussé trop loin?