Je reviens sur le billet d’il y a quelques jours: Suède: Egalia, un pas vers la folie. Il a permis de nombreux et intéressants échanges. Certaines questions particulières ont été abordées, qui pour moi impliquent des développement complémentaires. Je donne donc ici une suite à ce premier billet.
Pour rappel l’école primaire d’Egalia a supprimé toute référence à des modèles filles-garçons, allant jusqu’à supprimer le «lui» et le «elle». Les raisons en sont données dans le premier billet.
Je pense pour ma part qu'il est préférable d'avoir un modèle, dont on pourra toujours se démarquer, que de ne pas en avoir. Je pense aussi que les modèles qui ont été construits depuis des millénaires ne se sont certainement pas mis en place pour rien, ni juste pour enfermer les gens. Par exemple les modèles père-mère sont forcément différents. Ils impliquaient pour l'un la défense du territoire, donc la guerre et la mort souvent précoce. La femme-mère était amenée à s'occuper des enfants, non parce que le «patriarcat» l'y aurait contrainte (aberration du discours féministe), mais parce que la disponibilité de son corps (allaitement) en particulier l'y invitait naturellement. D'où aussi une propension probable à s'occuper des soins, puis de l'éducation.
On peut donc comprendre que l'éducation des filles et des garçons ait été différenciée pour les préparer à cette vie. En ce qui concerne les garçons, je n'ai personnellement jamais eu de problème à exprimer ma tristesse si nécessaire. Mais vu les conditions ancestrales où l'homme devait se battre, je comprends que l'on n'ait pas voulu encourager chez lui le ressenti de ses états d'âme. Un soldat ne doit pas pleurer avant et pendant l'attaque.
Je constate - et je ne suis pas le seul - que la tendance naturelle de l'humain est de répéter un système quand il semble marcher: comportement, réaction neuro-physiologique, etc, et de faire de cette répétition, peu à peu, une norme, ou au moins un référent. L'humain fixe, fige, ce qui fonctionne. Un deuxième constat que l'on rencontre en général dans la nature, est le regroupement des espèces animales ou végétales par similarité: identité commune, territoire favorable, climat, etc. Dit autrement pour faire vite: qui se ressemble s'assemble. C’est une forme d’économie d’énergie. Et le corollaire est que qui ne se ressemble pas, ou qui ne s'assemble pas, demande un effort d'adaptation plus grand, voire peut être perçu comme un complément à soi mais aussi comme une menace. Le différent, quand il est moins nombreux, doit se faire accepter. Alors que pour le plus nombreux, quel qu'il soit, l'acceptation se fait plus ou moins par défaut.
Ainsi un hétéro dans un milieu homo est un «étranger», comme un chinois est un étranger en Afrique, ou comme un berrichon est un étranger à Paris, etc. Ce phénomène me semble inévitable. Je veux dire par là que quelle que soit la définition que l'on donne de soi, elle devient normative et excluante ou au moins relativisante pour d'autre. Donc l'acceptation du différent demandera un travail conscient tôt ou tard.
Enfin, c'est ma façon de voir. A partir de là, est-il possible de mettre en place une éducation qui évacue le sentiment d'appartenance à une norme (quelle qu'elle soit) et qui donc éviterait ce mécanisme d'apprivoisement du différent ou la contrainte de ladite norme? Personnellement j'en doute. Je pense qu'il y a un travail cognitif à faire sur l'acceptation du différent. Cela ne se fait pas à la maternelle.
Je pense que donner un modèle, ou un référent, est compatible avec le fait de pouvoir par la suite compléter et faire évoluer ce référent. Il y a forcément toujours un modèle préexistant à toute forme, en tous cas aujourd'hui. Ce n'était peut-être pas encore le cas pour les premières molécules qui ont pu être très polymorphes et labiles dans la structure de leurs composants avant de se stabiliser dans une forme reproductible à l'identique.
La transmission d'un modèle culturel était assez rigide par le passé. Il y avait probablement des raisons. Mon avis et ma tendance personnelle est que les modèle peuvent être plus fluides, plus mobiles, plus malléables, afin de ne pas y être assujéti de manière pénalisante. Cela est une évolution déjà considérable. Mais plus fluides n'implique pas qu'il n'y ait plus de modèle.
La distinction des genres par le sexe, et la fonctionnalité de cette distinction (reproduction) est fondamentale. C'est l'une des classifications majeure, sinon LA classification majeure, à l'intérieur des espèces. En faire l'économie, par peur d'y être assujéti, est d'une part une amputation et une déconstruction, d'autre part la raison ne me paraît pas suffisante pour tenter une telle déconstruction.
L'amplification du clivage hommes-femmes telle que proposée par le féminisme radical ou marxiste voudrait justifier une telle déconstruction, car dans cette déconstruction il y a aussi la déconstruction du masculin, plus que du féminin puisque cela se fait «à cause du et contre le masculin considéré comme producteur d'une domination de type esclavagiste». Mais je ne crois pas que le passé ait été cet esclavage. La rhétorique féministe creuse ce poncif pour en contrepartie s'octroyer un droit de regard sur ce que doit être le masculin. Je conteste cette rhétorique. J'ajoute aussi que plutôt que déconstruire, on pourrait augmenter ou jultiplier: augmenter le nombre de modèles. La maman ou la putain, c'est un peu court comme choix pour les femmes, de même que leur variante infirmière ou femme fatale. On peut aussi élargir le pendant côté hommes, car beaucoup d'hommes en ont assez d'être catalogués pourvoyeurs ou violeurs par des féministes qui pour elles-mêmes refusent les stéréotypes mais n'hésitent pas à en asperger les hommes (la variante étant: papa ou prédateur).
Pour en venir plus précisément à la situation des personne transgenres, qui faisait l'objet de remarques et questionnements, je me suis longtemps demandé pourquoi les féministes associaient autant les minorités sexuelles (LGTB). Car les femmes hétéro ne sont pas une minorité sexuelle! Deux réponses à cela: d'une part le féminisme radical des années 70 a été largement accaparé par des lesbiennes américaines. D'autre part cela facilite l'idée que les femmes en général sont une minorité opprimée. En plus cela fait caisse de résonance. Malheureusement j'y vois un acte de colonialisme féministe. Les Bi et les homo n'ont certainement pas les mêmes problématiques concrètes que les femmes. Et puis alors, pourquoi ne pas mettre les hommes comme autre minorité opprimée? Opprimés par des stéréotypes, par des dirigeants, etc? Ben non, il faut forcément un ennemi de classe (n’oublions pas que ce féminisme là est une lutte des classes et se revendique comme tel)! Si tout le monde est opprimé, il n'y a plus personne contre qui se battre et à rendre responsable de nos malheurs.
Cela dit, l'hétérosexualité restant la norme pour la reproduction de l'espèce, les homo ou les trans seront toujours dans une position sociale plus fragile. Il ne s’agit pas ici de jugement de valeur. Il y aura toujours un travail d'acceptation de l'altérité à faire, un démontage de l'arrogance possible du groupe numériquement dominant. Le dérangement produit par la différence restera. D'ailleurs la différence est faite pour être dérangeante et adaptative. Rien n'est donc donné d'avance. Croire qu'une éducation va supprimer ce dérangement me paraît illusoire, ou déculturant. Apprendre à accepter la différence me paraît infiniment plus réaliste et plus fécond humainement et spirituellement que de vouloir faire comme si elle ne dérangeait pas.
La différence dérange.
Par contre cette différence peut être traitée de manière intelligente. Pour faire une analogie, l'éducation d'enfants noirs et blancs dans une même classe ne doit pas être discriminante. Mais il n'y a pas à gommer la différence. Par exemple, les cours de géo ou d'histoire peuvent insister sur les pays ou régions d'origines, les différences de cultures, ce qui apprend aux enfants à reconnaître leur identité d'origine, et aux autres à la leur faire accepter comme intéressante et enrichissante.
A Egalia, on a supprimé le «lui» et «elle». Imaginerait-on en classe supprimer la notion de couleur pour éviter le blanc et le noir? Cela se fait aux USA: les schtroumpfs noirs sont violets!... Je trouve cela contre-productif par rapport à l'objectif. Car en filigrane, le racisme est toujours là. Ne vaut-il pas mieux dire: black is beautifull? White is beautifull? Woman is beautifull? Man is beautifull?
A lire sur le féminisme: Féminista ras-le-bol!
Commentaires
"La femme-mère était amenée à s'occuper des enfants, non parce que le «patriarcat» l'y aurait contrainte (aberration du discours féministe), mais parce que la disponibilité de son corps (allaitement) en particulier l'y invitait naturellement. D'où aussi une propension probable à s'occuper des soins, puis de l'éducation."
Votre citation et tout votre billet vise à montrer, après des millions d'années d'histoire, au nom de la nature, en quoi la séparation des genre et des tâches s'est justifiée et se justifie toujours. Dès lors plus de discussion possible, vous prenez le débat en otage en l'enfermant dans un différentialisme naturaliste qu'on ne peut remettre en question qu'en utilisant des arguments biologiques : soit je m'y emploierai donc.
1ère erreur que vous faites, vous séparez les êtres humains dès la naissance en deux sexes, or c'est bien en cinq qu'il faut le faire. Lisez à ce propos les travaux de la biologiste américaine Anne Fausto-Sterling qui en 1995 les a nommé ainsi : les hommes, les femmes, les "herms" (hermaphrodites vrais), les "merms" (pseudo-hermaphrodites masculins), les "ferms" (pseudo-hermaphrodites féminins). Vous prétendrez qu'il s'agit de minorités, en effet selon les études statistiques il y aurait entre 1,7% et 4% d'êtres humains qui naissent herms, ferms, ou merms. Je pense que malgré la minorité qu'ils forment, cela n'est pas une raison de les oublier totalement au profit de votre séparation idéologique et binaire.
Sans compter que ces minorités sont extrêmement mal traitée et vivent des situations très douloureuses (les chirurgiens pratiquent des opérations mutilantes en vue de les modeler dans un genre reconnu).
Tenir compte de ces différences biologiques me semble pas "dangereux culturellement" : mais être une simple marque d'humanisme et de respect.
Seconde erreur que vous faites, vous essentialisez les comportements au nom des caractéristiques biologiques et des recherches scientifiques. Or ce type de classement n'a peu d'intérêt si ce n'est le même que de classer l'humanité en races. Les théories scientifiques et para-scientifiques de la préhistoire ont prétendu fonder de manière historique ce qui est féminin et masculin. La théorie de l'Homme Chasseur, qui serait le moteur de la société, ayant le rôle actif et la femme, dépendante de l'homme, maintenue au foyer, qui doit être protégée, s'effrite de plus en plus. On (des mâles archéologues bercés de patriarcat) a voulu nous faire croire que la division naturelle de l'humanité en deux genres bien distincts, ayant des caractéristiques physiques et rôles sociaux bien distincts remonteraient à plus de trois cent mille ans, d'où la continuité actuelle.
Or plusieurs études remettent en question ce naturalisme différentialiste historique. En étudiant les sites paléontologues, la nouvelle archéologie a déjà depuis les années 1970 développé la théorie selon laquelle les premiers homos, hommes et femmes, pratiquaient le charognage et donc dépeçaient et transportaient des cadavres d'animaux abandonnés par d'autres prédateurs, toutes et tous oui car il fallait se battre pour que ces animaux ne soient pas ramassés par d'autres (hyènes, etc,). Donc les théories des hommes chasseurs ne sont pas exactes, c'est bien plutôt des sociétés de mâles charognards et de femmes collectrices qui ont existé : cela est peut-être moins valorisant pour les mâles dominants d'aujourd'hui - certes.
De plus, rien dans les théories ne prouvent que les femmes ne chassaient pas. Selon l'évolutionniste Mary Zeins Stange dans "Woman the hunter", (La femme chasseresse), les femmes Aborigènes Tiwis, un peuple de chasseurs-cueilleurs isolés qui pourraient évoquer le néolithique tardif, chassent, fabriquent arcs et lances, et se battent.
On le voit donc, même si ça choque forcément les adeptes du biologisme qui veulent enfermer les sexes dans des rôles précis au nom de la Science. L'idée de l'homme chasseur qui dirigeait les sociétés préhistoriques, est un mythe, comme l'idée que le masculin serait du côté combatif, et le féminin du côté de l'affect, du pacifisme.
Mince, va falloir trouver d'autres raisons pour expliquer les discriminations actuelles et justifier le biologisme. La nature ferait bien les choses... Laissons faire le marché, la main invisible, la nature ! Après tout, les inégalités sociales aussi sont naturelles...En attendant, faisons preuve d'ouverture d'esprit et acceptons passivement que nos enfants soient enfermés dans les catégories de genre dès leur naissance, au nom de la nature, du différentialisme rétrograde et du libre marché. Celles et ceux qui s'opposent à cette marche en avant naturaliste et capitaliste, ce sont des méchants extrémistes qui veulent l'égalité à coup de censure...
Celles et ceux qui critiquent ces expériences menées en suède minimisent les discriminations liées à la socialisation genrée, prétextant qu'il faut un socle culturelle, une définition forte, une norme à laquelle doivent se ranger les enfants pour croître de la meilleure des manière. Ce culturalisme anthropocentrique est tout aussi affligeant que grave. Ces archétypes formateurs appartiendraient donc à l'ensemble de l'humanité ! C'est nier les différences culturelles qui existent et croire en des modèles types qui existeraient pour tous les humains à toutes les époques.
Mais oui après tout, les différences sont naturelles, les marqueurs de sexe aussi, leur attribution se font naturellement... Il ne faudrait pas intervenir pour en changer : car alors on se fait traiter de bolchévique du genre ! Les stéréotypes de genre sont donc bénéfiques pour les enfants car ils ont besoin de balises normatives auxquelles s'identifier ! C'est la théorie selon laquelle l'enfant est tellement fragile (un sous-homme) qu'il faut lui donner une norme forte et archétypale pour référence.
Je ne peux adhérer à cette triste idée de l'enfant. Qui certes possède une plasticité énorme et qui certes a besoin de limites pour se construire : il a en effet pas besoin de "rien" ! Sinon il meurt.
Mais confondre le fait d'essayer de transmettre le moins possible des stéréotypes de genre à l'enfant avec le fait de ne lui proposer aucune norme sociale pour sa construction, est un faux procès.
La question est de savoir si les références des adultes nécessaires au plein épanouissement des enfants sont réductibles aux sexes de l'un ou l'autre parent. Et là si vous faites recourt aux psychologues du type Anatrella et autres catholiques rigoristes conservateurs qui pensent que l'homosexualité est une maladie, etc. Et bien forcément l'échange va tourner court...
Enfin je finirai ainsi : la socialisation genrée provoque des modèles indélébiles, on est homme ou on est femme, et on doit se conformer à ces modèles, avec toutes les souffrances que cela peut provoquer.
"En ce qui concerne les garçons, je n'ai personnellement jamais eu de problème à exprimer ma tristesse si nécessaire. Mais vu les conditions ancestrales où l'homme devait se battre, je comprends que l'on n'ait pas voulu encourager chez lui le ressenti de ses états d'âme. Un soldat ne doit pas pleurer avant et pendant l'attaque."
Il y a eu par ailleurs comme je l'ai précisé, des femmes chasseuses, et elles, avaient-elles le droit/devoir de pleurer avant et pendant l'attaque ?
Vous justifiez les possibilités de comportements des uns et des autres au nom d'une catégorisation masculin féminin purement subjective.
Les hommes et les femmes n'ont pas les mêmes droits/possibilités du fait de la socialisation qu'ils ont apprises, c'est évident (on apprend pas les mêmes normes en allant à l'armée et au cours de danse).
Est-ce donc légitime de donner une validation de ces terreaux propices à la socialisation normée où les hommes apprennent à devenir virils (armée, clubs sportifs, etc.) et dominants, en justifiant cela par des vieux schémas (réducteur et faux comme on l'a vu) tels que l'Homme chasseur qui ne doit pas pleurer car chef de famille qu'il doit protéger ainsi que la nation ?
@Hommelibre Un homme se doit de pleurer,les pleurs lavent l'âme et cet homme souvent incompris doit aussi pouvoir exprimer son ressenti c'est aussi vital pour lui,il en a le droit bien entendu il ne faut pas que ça devienne une habitude ce schéma d'un garçon qui devient fille en pleurant n'est plus du moins on ose l'espérer quand aux filles il y a plusieurs décennies elles non plus n'avaient pas le droit de pleurer il fallait en faire des autoritaires peut-être on ne se posait pas la question surtout qu'il fallait ne jamais révéler les coups alors pleurer à quoi bon,mais pensez aux enfants entre les mains d'éducatrices du genre de la fameuse Chienne de Buchenwald pour ne point nommé celles atteintes de ce qui était considéré comme une tare depuis la nuit temps,pensez à ce que ces gamines ont enduré et elles commencent seulement maintenant à enfin pouvoir deviner une lueur d'espoir dans ce monde actuel ce qui fait dire à beaucoup,désolées nous ne sommes pas de votre monde et perso j'ai créé avec d'autres citoyens le mouvement des déchetteriens,là les choses sont claires et nettes,car reniées ,rejetées ces filles devenues femmes beaucoup se sont suicidées mais d'autres ont réussi à fonder une famille avec toutes les conséquences auxquelles personnes ne s'attendaient,la religion toxique avait réussi à effacer les coups enfouissant leurs fameuses meurtrissures de l'âme enfantine et qui parfois rejaillaissait sous des flots de larmes dont personne ne sut jamais l'origine même pas leurs familles ou camarades de classe car tout se passait avant l'âge de 10 ans du moins pour celles nées juste en fin de guerre ,enfants elles ont grandi sous la carapace du sourire et de la joie de vivre simplement pour sauver les apparences pour faire plaisir aux leurs ou du moins ceux qui eurent cette prétention,une génération de femmes meurtries ayant sauvé parfois de très nombreuses vies,qui gravirent tous le échelons sans se plaindre pour qui pour quoi en fin de compte?simplement pour aider les autres à se relever et qu'ils aient confiance en eux d'abord et qu'ils ne suivent pas aveuglément tout ce qui se dit ou fait parceque c'est la mode ou parceque d'autres le font,que les gens soient eux-mêmes sans peur du regard des autres tout simplement,apprendre à dire non et à haute voix!qu'ils ou elles suivent leur propre intuition seule sauvegarde de l'espéce humaine!et le plus important parler oui parler même crier si on est seul,le cerveau se doit d'être stimulé la solitude peut aussi détruire ensuite c'est votre âme qui se meurt à petit feu!
bon dimanche à vous
J'apprécie le temps que vous passez à développer vos idées. J'utilise moi-même une place de plus en plus importante sur ces commentaires pour exprimer la vision que j'ai depuis quelques temps (et qui ne cesse d'évoluer).
C'est la nature du modèle transmis qui est justement remise en cause. Vous semblez citer le modèle de différenciation des genres comme bon modèle de départ principalement pour des raisons historiques et des raisons de procréation.
En ce qui concerne les raisons historiques, c'est bien parce que c'est ce modèle qui a été en place "naturellement" (en bonne partie pour les raisons que vous évoquez, notamment l'aptitude des hommes à la guerre et des femmes à l'allaitement) que la question de le remettre en cause provoque des réactions aussi vives de votre part et de celles de vos férus admirateurs dans les commentaires. Néanmoins, la raison de l'histoire connait au moins 2 limites :
1/ l'évolution de la société, qui fait en même temps évoluer les besoins des êtres par les inventions, les progrès sociaux, etc. et qui nous affranchit (petits français) d'aller mourir au combat si on ne le souhaite pas, et qui permet au papa de s'occuper de son enfant très tôt après l'accouchement, ou qui autorise l'adoption ;
2/ la culture, puisque chaque société à sa propre histoire et que toutes les sociétés n'ont pas dans leur modèle une distinction aussi genrée que celle dans laquelle vous comme moi évoluons. Je pense notamment à la société indienne qui fonctionne historiquement en classe, et je vous imagine moins bien défendant ce modèle de classe que vous ne défendez ce modèle de genres (ou me trompe-je ? ;)).
Pour les raisons de procréation, je répondrais simplement en évoquant deux cas :
1/ l'adoption/la fécondation in-vitro/les mères porteuses, qui permettent de s'affranchir d'une relation homme/femme pour procréer ;
2/ les couples homme/femme biologique stériles, qui malgré leur absence de procréation n'en sont pas moins un couple tout aussi valable de votre point de vue (ou me trompe-je également ?).
Les théories, quelles qu'elles soient, doivent se confronter à la réalité pour pouvoir être invalidées ou non.
La théorie courante dans nos sociétés consiste à associer complètement le sexe (physique) et le genre (ressenti/vécu). Cette théorie bute sur un certain nombre de cas pratiques, notamment les personnes transgenres et les personnes intersexes. Pour les premières, la solution actuellement en vigueur dans la plupart des pays est de dire que ce sont des personnes malades, qu'il faut soigner voire enfermer (solution défendue plus ou moins explicitement par un de vos commentateurs sur le précédent billet). Pour les personnes intersexes, donc nés avec des caractéristiques physiques/physiologiques non fortement sexuées (une naissance sur 2000 selon les chiffres que j'ai pu entendre), la tendance actuelle dans les milieux médicaux est de faire un choix, parfois sans consulter les parents. Un enfant avec un début de vagin et un micro-pénis ? Ce dernier est sectionné et on donne aux parents un godemichet médical pour forcer la création du vagin.
Ces personnes existent réellement, quelque soit la raison qui les a amené à être ainsi. Mon opinion est que puisque ces cas existent, il faut les prendre en considération. En somme, dans la société actuelle, la théorie en vigueur fait qu'on traite ces "exceptions" par défaut comme des marginaux en les forçant à s'adapter à un genre (comportemental, vécu) qui ne leur convient (peut-être) pas. La société ne cherche justement pas, comme vous le faites vous-mêmes, à remettre en cause le modèle qui fonctionne pour 95% des personnes et préfère botter en touche ou se rendre complice de pratiques socialement ou moralement barbares.
La théorie Gender se propose de trouver un modèle qui conviendrait à tout le monde en partant du principe que le sexe et le genre PEUVENT être dissociés. Les personnes comme vous qui sont en adéquation avec les 2 ainsi que les personnes qui ne le sont pas sont prévues dans la théorie. Deux pré-requis cependant : que l'ensemble de la société ait conscience et accepte que les cas décrits précédemment puisse vivre dans le genre choisi et qu'elle fournisse également les moyens à ces personnes de le faire (opérations, dépsychiatrisation, etc.).
Est-ce que ce modèle est le meilleur ? Peut-être pas. Est-ce qu'il chamboule beaucoup de choses ? Certainement, mais il a l'avantage de ne pas tourner le dos à un ensemble de personnes. Des chuchotements qui me viennent de personnes très concernées me font même croire qu'il pourrait favoriser l'acceptation de l'homosexualité dont la phobie serait au final une conséquence de la trop forte distinction des genres sociaux, mais ceci est un autre débat.
Je ne reviens pas longuement sur le féminisme : chaque courant a ses excès, leur limite est à l'appréciation de chacun. La relation entre féminisme et mouvements LGBT peut paraître surprenante de prime abord, mais elle est liée au final à la même problématique, à savoir la question des genres, de leur définitions et de leur impacts sociaux.
En ce qui concerne l'altérité, il n'est pas question de prôner un lissage de nos différences, ce qui reviendrait annihiler la culture. Il s'agit - et le projet de l'école Egalia travaille en ce sens si je ne m'abuse - de construire une société tolérante et respectueuse de ces différences.
Quand on regarde pour exemple la société française, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas d'acceptation de la différence. Certes un racisme subsiste, mais dans l'ensemble celles qui étaient encore il y a quelques années des minorités rejetées sont devenues socialement très bien intégrées. Comme vous dites, la "différence dérange". Mais je rajouterais "au début". Tout le monde s'habitue, dans le bon sens du terme. Je crois donc sincèrement que pour que tout le monde puisse vivre ensemble il faut s'ouvrir aux différences et ne surtout pas tenter de les cacher, de les rejeter. Et pour en revenir à Egalia, ces différences doivent se trouver dans le caractère propre des gens, pas dans les a priori de genre. En l'occurrence, le modèle sur-genré actuel (que je pourrais qualifier de hétéro-phallo-centré si je voulais vous faire bondir sur votre siège) a pour effet de lisser ces différences en mettant chaque personne dans des cases selon leur sexe : le garçon aime courir et se bagarrer et mariera la princesse, la fille aime les poupées et cuisiner et fera beaucoup d'enfants.
Vous citez le cas des Schtroumps américains, et moi je pense également à la censure de Tintin au Congo (esclavage). On a là des cas où le noir est présenté comme quelque chose de mauvais ou inférieur. Ce sont des cas assez extrèmes et relèvent pour moi de deux questions : doit-on réécrire la culture pour la rendre plus présentable ? doit-on fournir un environnement culturel neutre à un enfant pour son développement ?
Je ne m'attarderais pas sur la première question : pour moi la culture doit être présentée telle quelle, et elle est le reflet de l'état d'esprit d'une société à un certain moment, mais il faut la traiter avec la plus grande sensibilité et intelligence si elle susceptible de choquer.
La deuxième question est plus intéressante ici. Pour un enfant noir, je peux concevoir qu'on ne favorise pas sa construction si on l'intègre dans une culture où l'être noir est présenté négativement. De la même façon, un enfant homosexuel va avoir les plus grandes peines à vivre dans une culture où le prince marie à chaque fois la princesse. Faut-il pour autant ne pas parler de sexualité ? Toute la réponse se situe selon moi sur la définition de neutre empruntée à Wikipedia : plutôt que de gommer la différence, mieux vaut la présenter sous tous ces aspects. Dans la bibliothèque de l'école, il y aura donc une histoire dans laquelle l'homosexualité sera présentée, et une avec une femme qui n'aura pas d'enfants, et une avec un mari qui fait la cuisine et le ménage.
Je conviens que l'explication rapide donnée par Egalia est la suppression du "il" (han) et du "elle" (hon) au profit d'un pronom neutre (hen). Je suppose néanmoins que cette distinction s'arrête à mon avis à la minute où un enfant décide qu'on se réfèrera à lui avec l'un ou l'autre, et que l'équipe comme les autres élèves pourront du coup utiliser un pronom genré pour s'adresser à lui. Cela me parait confirmé par des textes sur le site de l'école (http://www.egaliaung.se/om-egalia-814747).
@ Julien:
"... lorsqu'un plombier, un électricien ou autre vient à l'école, il est appelé par les enfants et leurs professeurs "une poule", afin de ne pas se focaliser sur le sexe de la personne."
Cet extrait fait partie du descriptif d'Egalia que l'on trouve dans tous les médias et sur le net.
Votre discours trouve là sont interface dans le réel: l'idéologie fait refuser la sexuation. On pose comme a priori que le plombier est aussi bien un plombier qu'une plombière dans sa tête, alors on l'appelle une poule, comme l'électricien, etc. Plus de différenciation. Et pourquoi pas un coq? Ou une fesse? Les enfants savent ce qu'est le mot fesse. Puisque les mots sont privés de leur sens et dénaturés, on pourrait même les appeler "caca". De toutes manière, en prétendant déconditionner les enfants, on les reconditionne autrement. Autrement. En dissociant le nom de la chose. Soit en déconstruisant un fondement de la culture: l'association du mot et de la chose, l'incarnation, point fondamental de toute construction identitaire. Cette théorie est un leurre. Mais elle est amusante: les garçons disent: je suis une poule - forcément, l'imitation restant une forme basique de l'apprentissage, ils prennent le nom de ce à quoi ils ressemblent. Et les filles aussi disent: je suis une poule. C'est le monde des poules. Ils n'y a plus que des poules, des poules mâles et des poules femelles!!! Non, même pas: des poules poules, et des poules poules.
Viens poupoule...
Cette histoire dérisoire, drôle et navrante de poule montre que pour valider sa théorie, le gender doit reconditionner sur des bases différentes où la chose est dissociée de son nom. Les origines marxistes avec leur mythe fondateur est bien là: l’Homme nouveau. On y sent le relent des idéologies du 19e siècle et début du 20e. «Du passé, faisons table rase».
Sur la question de la biologie, je n'ai pas dit que les rôles doivent être strictement et en tous points différenciés. Il y a une large part de superposition, qui permet à des femmes d'être soldates par exemple. Tant qu'elles n'ont pas d'enfants toutefois. Car c'est bien au niveau de la maternité que la répartition des rôles est biologiquement incontournable. C'est là que cette répartition a pu donner lieu à une organisation sociale. De plus des recherches récentes citées dans Cerveau et Psycho de février-avril 2011 (Cerveau hommes-femmes: quelles différences?) remettent sur le tapis des différences biologiques entre les hommes et les femmes. On ne peut donc affirmer aussi vite que vous le faites que les différences biologiques sont de l'ordre du mythe.
Il y a certainement eu des variations dans les rôles au cours du temps, en fonction des ressources nutritionnelles et de la dépense énergétique qu'elles demandaient de déployer par exemple. Il est difficile de déterminer avec certitude l’évolution des sexes dans le passé. A un moment donné il y a une certitude: ce sont les hommes qui combattent (a de rares exceptions près), pas les femmes, et ce sont les femmes qui enfantent. La part du déterminisme biologique et du culturel me semble difficile à déterminer. Mais la condition très contraignante socialement parlant de la grossesse et de l’enfantement a forcément conditionné des attributions de genres, superposées aux aux sexes. Cela ne signifie pas que les femmes ont les «neurones du social et du soin» dans leur cerveau, mais que les contraintes biologiques ont favorisé cet ancrage devenu peu à peu culturel.
Je ne suis donc pas partisan d’un biologisme pur et dur, comme vous le laissez entendre. D’ailleurs la répartition des rôles peut avoir été un choix culturel, pas simplement une condition biologiquement orientée. Les femmes et les hommes ont peut-être choisi cette organisation à un moment donné, et choisi de donner une direction monocéphale à la famille, et dans la majorité des cultures de l’attribuer au père, à l’homme. Peut-être parce que l’homme, par sa force, faisait plus facilement autorité. Quoique: les hommes ne sont pas tous costauds, et les femmes ne sont pas toutes fines et peu musclées. Ce peut être aussi pour donner à l’homme une marque culturelle forte pour compenser sa relative inutilité à une époque où l’on savait qui était la mère mais où on ne savait pas à quoi servait l’homme. Bref, on peut faire diverses hypothèses.
En tous les cas la différence sexuée et la répartition a bien dû être un choix. Je ne vois pas les femmes comme des êtres inférieurs qui n’auraient pas su remettre les hommes en place si ceux-ci n’avaient eu d’autre intention que d’écraser leurs compagnes. La théorie de la domination masculine telle que le féminisme la pose comme certitude absolue n’a aucune réalité scientifique. Elle n’est qu’une interprétation marxiste évacuant le toute référence biologique d’une situation dont nous ignorons totalement comment et pourquoi elle s’est constituée. Si l’on n’est pas là devant une idéologie extrémiste...
D’ailleurs sur ce point, croyez-vous vraiment productif de crier à la tête des hommes depuis des décennies qu’ils sont des prédateurs, des violents, des violeurs, des batteurs de femmes, des handicapés affectifs, des muets, des coupables, des esclavagistes depuis la nuit des temps?
Croyez-vous sincèrement qu’un tel discours ait une réalité et qu’il donne envie aux hommes de marcher avec celles qui veulent à n’importe quel prix les changer parce qu’ils ne sont pas assez bien comme ils sont selon la doxa féministe?
Mais jamais! Jamais. Jamais. Erreur totale. Les hommes ne veulent pas des mamans qui leur disent comment être. Ils veulent des compagnes avec qui ils discutent. Ils veulent avoir le droit de ne pas changer même si leur femme change. Ils veulent décider de leur vie, comme les femmes.
Croire que le discours féministe a de l’avenir chez les hommes? Fausse route. Totale fausse route. les stéréotypes sur l’homme (pourvoyeur ou violeur) font un jour donner une explosion sociale. Les hommes se réveilleront. Elles le savent, d’ailleurs. C’est bien pour cela qu’elles foncent tant que la culpabilisation des hommes marche encore, elles influent les politiciens soumis au discours dominant.
Sur le point des 5 genres, en effet, je ne pense pas que l’on peut mettre à égalité d’importance sociale les particularités qui sont en plus des inaccomplissement du modèle biologique. Chez l’humain l’hermaphrodisme n’est pas viable pour la reproduction de l’espèce (qui reste un but fondamental du vivant). On doit respecter la différence. Mais on ne doit pas faire d’un problème de développement une référence pour les genres qui fonctionnent.
Pour certains autres points de votre commentaire, vous m’attribuez avec je trouve beaucoup de mauvaise foi des choses que je n’ai jamais laissées entendre, comme l’homophobie, etc. Ce sont vos exagérations et vos projections, je n’y réponds donc pas.
@hommelibre Je suis quasiment persuadé que l'appellation "poule" est une faute du/des journalistes puisque le pronom non-genré suédois "hen" - non officiel donc difficile d'en trouver la traduction - veut dire en anglais... "poule".
"En tous les cas la différence sexuée et la répartition a bien dû être un choix."
Se référer sur la société contemporaine et les très récentes vagues féministes (récente à l'échelle de l'histoire) pour en déduire que "les femmes [...] n’auraient pas su remettre les hommes en place" me semble être bien naïf, voire même d'une profonde mauvaise foi. C'est à mon avis justement la différence biologique qui a permis à l'homme d'asseoir - plus ou moins lentement - une relation de crainte et supériorité vis-à-vis de la femme.
"Sur le point des 5 genres, en effet, je ne pense pas que l’on peut mettre à égalité d’importance sociale les particularités qui sont en plus des inaccomplissement du modèle biologique."
Ces "inaccomplissements" comme vous dites sont relativement fréquents et existent depuis la nuit des temps dans l'ensemble du monde animal.
"Chez l’humain l’hermaphrodisme n’est pas viable pour la reproduction de l’espèce (qui reste un but fondamental du vivant)."
Autant donc les laisser de côté ? Ils valent moins que les autres, tout comme les personnes stériles ? Un des gros progrès de notre société et de notre espèce est justement d'avoir réussi à s'affranchir de certaines contraintes naturelles concernant la reproduction de notre espèce, dans le but d'arriver à une meilleure égalité entre les êtres.
"On doit respecter la différence."
Renseignez vous sur la façon dont sont traitées médicalement, politiquement et socialement les personnes que l'on évoque et redites-nous si vous y voyez du respect. La société s'appuie pourtant sur le modèle que vous défendez.
"Mais on ne doit pas faire d’un problème de développement une référence pour les genres qui fonctionnent."
On ne doit pas non plus les marginaliser, à la fois en les faisant se sentir différents (typiquement en ne leur donnant comme modèles culturels que des éléments qui ne les correspondent pas) et en ne donnant pas à leur pair de quoi les respecter (par l'éducation à la différence, donc notamment en apprenant aux enfants qu'ils existent).
Excellent texte de raisonnement (comme toujours)
Saviez vous que le clivage homme-femme existe aussi dans le milieu homosexuel lorsque l'on parle d'homophobie ?
Les femmes homosexuelles féministes radicales ont choisi de se démarquer du reste de la cause des homosexuels pour adopter le terme de Lesbophobie
Comme quoi... même chez les opprimé(e)s l'esprit d'équipe n'est pas forcément aussi fort que l'esprit festif voudrait vous le faire croire...
@Michel
je peux bien comprendre la souffrance que l'on peut ressentir par une marginalisation, un rejet pour un état dont on n'est pas responsable.
La nature fait bien des "fantaisies" récurrentes également dans d'autres domaines que la sexuation.
La trisomie par exemple , qui , on le constate est susceptible de créer le malaise dans le regard d'une une population non avertie. Ceci pour souligner que la différence crée souvent un mouvement de rejet ou de retrait, jusqu'à ce que cette différence deviennent plus familière.
Donc j'adhère pleinement à l'idée de promouvoir une culture qui valorise avant tout l'être en soi, bien avant l'apparence ou autres particularités physiologiques. Familiariser la société avec une réalité comme les 5 genres par exemple.
Toutefois, le projet Egalia me fait plus penser à une expérience d'apprenti sorcier soutenue par une philosophie dont les fondements philosophiques partent d'un melting-pot de postulats antérieurs et agencées autour de fantasmes mentaux désincarnés et effectivement un peu borderline d'une seule personne.
Ce qui est suspect, c'est cette volonté d'imposer ce genre d'idée.
Faire table rase du passé pour créer un nouveau modèle comme le souligne HL, au lieu de le laisser évoluer de lui même, comme un nouveau schème ou mème.
Ce forcing idéologique ne peut que créer des réflexes de rejets et révèle plutôt les fantasmes de pouvoirs tapis dans l'ombre psychologique de ceux qui le promulguent.
@aoki Il existe un certain nombre d'écoles avec des principes idéologiques forts. La différence majeure avec Egalia c'est que vous n'êtes pas d'accord avec cette idéologie, ce qui vous amène à utiliser les termes d'"apprenti sorcier", "borderline", "fantasmes", et qui vous donne l'impression qu'on vous impose de but en blanc ce modèle. Toutes proportions gardées, il s'agit d'une seule école dans un pays qui n'est même pas francophone ! En déterminant à l'échelle nationale les programmes de l'éducation de la maternelle au lycée, le gouvernement a bien plus de pouvoir idéologique que cette initiative suédoise.
Concernant votre désir de laisser le modèle de société "évoluer de lui même", l'émergence de cette école fait justement selon moi partie des symptômes concrets de cette évolution, comme on aurait pu le dire en leur temps des écoles mixtes.
Comprendre avant de condamner.
" le gouvernement a bien plus de pouvoir idéologique que cette initiative suédoise"
cette initiative est dans la droite ligne du fonctionnement suédois scolaire actuel,
http://pushsv2.wordpress.com/2009/02/10/pedagogie-non-sexiste-a-lecole-en-suede-pourquoi-pas-nous/
cette ècole est juste plus à "la pointe c'est tout"
cette réalité suédoise rend complétement caduque votre réponse ci-dessus.
@leclercq Vraiment ? Après une volonté de non sexisme dans l'enseignement, le système scolaire suédois tout entier serait donc sur le point - à vous entendre - de généraliser à l'ensemble de la nation l'expérience Egalia, c'est-à-dire ne pas genrer les individus selon leur sexe ? Quel espoir vous me donnez, j'accélère de ce pas ma procédure de déménagement.
c'est un pur bonheur pour moi, la joie que je vous procure par cette info.
c'est vrai qu'en france on en est pas encore là mais certaine de nos chercheuses éminentes ne désespérent pas.
http://webu2.upmf-grenoble.fr/sciedu/pdessus/sapea/mixite.html
http://www.creteil.iufm.fr/ressources/service-commun-de-documentation/dossiers/dossiers-thematiques/egalite-filles-garcons-femmes-hommes/bibliotheque-de-liens/
"FILLES ET GARÇONS DEVANT L'ENSEIGNEMENT SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE (Pdf). La relative éviction des filles des filières scientifiques et techniques est un phénomène connu de tous, à tel point qu'il peut sembler "naturel", que les filles semblent moins aptes ou moins attirées que les garçons par les sciences ou les techniques. La question de leur compétence en maths est alors souvent posée. De nombreuses recherches anglo-saxonnes se sont intéressées aux différences entre filles et garçons en matière d'attitude et de réussite dans les domaines scientifiques. A partir de certaines de ces recherches, qui se sont déroulées dans un contexte d'idéologie dominante masculine, on s'accorde à considérer comme valablement démontrées des différences telles qu'une meilleure aptitude verbale chez les filles, de meilleures aptitudes visuelle et spatiale chez les garçons. Cependant, l'unanimité à leur sujet n'est pas totale chez les psychologues et beaucoup de résultats de recherches, qui ne parviennent pas à mettre en évidence de différence selon le sexe, ne sont jamais publiés."
pure affirmation bidon
je rajoute un extrait de cerveau pscho, dont HL a fait allusion il y a deux jours.
quelques extraits, qui démontrent ineptie de faire croire que les hommes et les femmes sonts identiques, et que toute différence doit être considéré comme une discrimination, qui va à l'encontre de l'égalité. envers les femmes évidement
"Félix a quatre ans et essaie depuis dix
minutes de prendre la pelle de la
petite Florence. À force de taper,
tirer et pousser, il finit par arracher
l’objet. La petite pleure. Devant ce
spectacle, la maîtresse baisse les bras : « Il n’y a
rien à faire, ce sont les garçons. » Cette scène
classique d’école maternelle révèle, dans leur
expression la plus précoce, les différences
innées de comportement entre filles et garçons.
Les psychologues commencent à prendre
cette différence très au sérieux. Pourtant, on a
longtemps cru que le comportement plus
agressif et dominant des garçons était le fruit
de leur éducation. De même, depuis les
années 1960, les psychologues pensaient que
les filles aiment jouer à la poupée, parce qu’on
leur met ces jouets dans les mains.
En fait, si l’environnement joue un rôle dans
cette « orientation fille-garçon », cette dernière
aurait des bases génétiques et se manifesterait
dès le plus jeune âge ; certaines différences sont
même détectables dès la naissance. Des observations
faites en 1967 avaient montré qu’à peine
âgés de quelques heures, les garçons sont plus
« turbulents » : ils sont plus difficiles à calmer et
ont des mouvements plus brusques. À l’âge de
six mois, ils cherchent à s’imposer vis-à-vis
d’autres enfants, davantage que les filles. Ils
prennent les jouets qu’on ne veut pas leur donner,
préfèrent les objets comportant un mécanisme,
petites voitures ou autres machines, tandis
que les petites filles préfèrent jouer avec des
peluches ou des poupées. En outre, ils s’intéressent
sent
davantage aux objets interdits, cherchent à
transgresser les règles et, dès trois ans, aiment
les jeux à risque et les bagarres.
Jeux de garçons
À l’école maternelle, les garçons établissent
des hiérarchies, ce qui évite les confrontations :
cette régulation des groupes ne semble pas avoir
lieu chez les filles. Les garçons établissent ces
hiérarchies en ayant recours à des menaces, des
intimidations, parfois des affrontements physiques.
Dès l’âge de trois ou quatre ans, ils soignent
l’image de « petit dur » qu’ils donnent
pour impressionner les autres. Les filles en viennent
moins souvent aux mains, sans pour
autant renoncer totalement à l’agressivité. Dès
la maternelle, leurs armes sont plus subtiles. Par
exemple, elles menacent volontiers de rompre
les relations avec leurs amies.
Ces études s’inscrivent dans le cadre d’un
débat sur l’égalité des chances entre hommes et
femmes dans les postes à responsabilité dans
l’industrie, l’administration, la politique, la
recherche, par exemple. Souvent, on avance
l’argument que les hommes occupent encore
une majorité de postes clés parce que l’éducation
des femmes ne les pousse pas assez à se
donner tous les moyens de leur réussite.
L’éducation serait encore coupable de cantonner
les femmes dans leur fonction de maternage.
Si les différences de comportement entre
filles et garçon sont en partie innées, de nouveaux
Pourquoi les garçons préfèrent-ils jouer avec
leur père, et les filles avec leur mère, même si
cette préférence est moins marquée ? Ce fait est
avéré par de nombreuses études scientifiques, et
l’on ignore encore s’il reflète une attitude différente
de la part du père vis-à-vis du garçon,
auquel cas le père « orienterait » l’enfant sur les
rails de sa future virilité, ou bien si c’est le petit
qui préfère spontanément les activités du père.
En tout cas, les petits garçons préfèrent très tôt
jouer à se bagarrer, à taper avec des marteaux
sur des clous et à suivre les activités de l’homme.
Dès l’âge de deux ans, on parle de ségrégation
des sexes, chaque enfant préférant les activités
du parent du même sexe. Est-ce une question
d’instinct ou d’éducation ?
Après les mouvements sociaux de 1968, certains
jeunes parents voulurent mettre un terme
aux rôles ancestraux attribués à l’homme et à la
femme, qu’ils interprétaient comme une relation
de soumission et de domination. Un projet
vit le jour : celui de dispenser à des enfants
une éducation exempte de répression, et identique
pour les deux sexes. On s’attendait à ce que
les comportements des garçons et des filles
s’harmonisent tout naturellement, et peut-être
même à ce qu’il n’y ait plus de différences. Des
parents organisèrent leurs propres crèches, où
l’objectif était de résoudre les conflits sans
agressivité, en prônant la coopération et la solidarité.
Il n’était pas question d’inculquer aux
enfants le rôle traditionnel de chaque sexe. La
consigne était : pas de poupées pour les filles,
pas de petites voitures pour les garçons.
Autres temps, autres crèches
Les psychologues Horst Nickel et Ulrich
Schmidt-Denter, de l’Université de Düsseldorf,
ont mis à l’épreuve l’efficacité de cette méthode
en comparant le comportement de plus de
400 enfants, âgés de trois à cinq ans, ayant fréquenté
soit des crèches traditionnelles, soit ces
crèches parentales. Ils constatèrent que les jeux
dans les crèches parentales étaient moins
conflictuels, mais pour une raison très simple :
dans ces crèches, les filles cédaient presque toujours.
On s’aperçut que les différences de comportement
entre les deux sexes étaient beaucoup
plus marquées dans les crèches parentales et
correspondaient davantage aux clichés habituels
que dans les crèches classiques ! Les garçons se
révélaient beaucoup plus agressifs et en venaient
fréquemment aux mains pour résoudre leurs
conflits. En revanche, les filles se retiraient souvent
de bonne grâce et étaient plus anxieuses et
dépendantes que leurs petites camarades des
crèches classiques. Il fallait attendre qu’elles
aient cinq ans pour qu’elles semblent avoir peu
à peu appris à défendre leur place.
Malgré d’autres tentatives, les psychologues
ne purent obtenir aucune preuve convaincante
que les différences de comportement entre filles
et garçons résultent de l’éducation. La psychologue
munichoise Doris Bischof-Köhler est
convaincue, quant à elle, que l’on ne peut expliquer
les différences de comportement par le seul
fait que les parents chercheraient à conforter
leurs enfants, au cours des premières années,
dans des comportements conformes à leur sexe.
La tendance masculine à vouloir s’imposer à
autrui, et l’agressivité, notamment, semblent
échapper aux influences éducatives.
À partir des années 1950, dans les kibboutz
d’Israël, on chercha à instaurer une égalité absolue
entre les sexes et à libérer les femmes du
poids de l’éducation des enfants. L’ensemble des
activités étaient ouvertes aux deux sexes et les
femmes adoptaient un aspect extérieur similaire
à celui des hommes. Le maquillage et les vêtements
féminins étaient proscrits. Les enfants
vivaient, non dans des familles traditionnelles,
mais dans des maisons gérées par un personnel
spécialisé. Cette éducation, sans distinction de
sexe, était censée éviter l’apparition des comportements
typiques de filles et de garçons.
L’anthropologue américain Melford Spiro
étudia les effets de ces innovations, au cours des
années 1956 à 1958. Malgré les consignes du
personnel, garçons et filles s’orientèrent vers les
comportements sexués : notamment, les garçons
se mirent à jouer avec des petites voitures
et les filles avec des poupées. M. Spiro reprit son
étude 20 ans plus tard pour voir ce qu’étaient
devenus les anciens enfants du kibboutz. Il
constata que les filles, loin de s’être émancipées
et de choisir les mêmes professions, valeurs et
objectifs que les hommes, étaient revenues à la
répartition traditionnelle des rôles entre les
femmes et les hommes. Au lieu de revendiquer
l’abolition des inégalités et des discriminations
subsistantes, elles réclamaient avec véhémence le
droit d’élever leurs enfants dans leur propre
foyer. Elles s’opposaient à l’idéal d’égalité absolue
des sexes. Initialement convaincu que les différences
de comportement avaient une origine
exclusivement culturelle, l’anthropologue en
conclut qu’il devait exister des « déterminants
préculturels », facteurs biologiques ayant un
effet notable sur la détermination du comportement
des jeunes femmes.
Quels sont ces facteurs biologiques ? S’ils ont
été sélectionnés par l’évolution, ils ont certainement
un sens biologique, ils doivent conférer à
la femme un avantage reproductif. Selon
D. Bischof-Köhler, les différences résultent du
fait que les femmes portent les enfants et
consentent un « investissement parental » bien
supérieur à celui des hommes. Dans toutes les
cultures, ce sont les femmes qui prodiguent les
soins aux enfants. En effet, depuis des millions
d’années, le développement d’un nouveau-né
dépend de la qualité des soins maternels. Un
comportement prévenant, qui s’exprime précocement
chez les petites filles quand elles jouent à
la maman, s’inscrit peut-être dans ce déterminisme
biologique. Plusieurs études ont effectivement
montré que les femmes éprouvent une
profonde satisfaction à s’occuper de leurs
enfants, l’exercice d’une profession n’y changeant
rien : la plupart des femmes actives prévoient
aujourd’hui comme hier dans leur projet
de vie une période de maternage.
Si les femmes ont une stratégie qualitative, les
hommes ont plutôt une stratégie quantitative ;
ils ont tendance à vouloir transmettre leurs
gènes à plusieurs partenaires. Cette différence de
stratégie de reproduction se traduit dans les
comportements : les femmes sont prédisposées
à la sollicitude, conséquence de leur investissement
parental élevé, tandis que les hommes
cherchent à s’imposer, à dominer les « compétiteurs
» pour séduire les partenaires disponibles
dont le nombre est limité en raison, précisément,
de l’investissement consenti.
Une forte résistance à l’échec
Pour éviter les affrontements directs, l’homme
a élaboré des stratégies d’intimidation très efficaces,
et que pratiquent déjà les jeunes garçons.
Dans une cour de récréation, dès l’école maternelle,
on observe des comportements qui visent
à impressionner les camarades et à les décourager
pour éviter la confrontation. Beaucoup
d’animaux ont adopté des stratégies identiques :
dans leurs affrontements, les mâles essaient
d’abord d’intimider leur rival en le menaçant et
en adoptant des postures d’intimidation, sans se
laisser entraîner, si possible, dans un combat.
C’est pourquoi, dans le règne animal, beaucoup
de mâles sont pourvus d’attributs dont ils font
étalage, tels que la crinière du lion, les plumes du
paon, les bois du cerf ou les canines du gorille.
Dans cette logique d’intimidation, le mâle doit
être persuadé de sa propre valeur, doit être persuadé
qu’il est meilleur que l’autre. Ceci explique
sans doute que les hommes surévaluent souvent
leurs performances contrairement aux femmes,
qui les sous-évaluent plutôt. Cette tendance a été
confirmée par une étude américaine, où l’on
demandait à des étudiants de prédire les notes
qu’ils auraient aux prochains examens : contrairement
aux jeunes filles, les jeunes hommes ont
systématiquement surévalué leurs résultats. Cela
résulte sans doute d’un comportement qui a
sélectionné chez nos ancêtres préhistoriques,
ceux qui appréciaient la compétition et qui
manifestaient la plus forte résistance à l’échec.
Les plus persévérants qui tentaient infatigablement
de conquérir une femme transmettaient
leur patrimoine génétique. Au contraire, ceux
qui se laissaient facilement décourager par leurs
échecs avaient peu de chances de s’accoupler et
de transmettre leurs gènes.
À nouveau, cette attitude s’observe, chez les
petits garçons, quand, par exemple ils se disputent
une balle sur un terrain de jeu. Ils se jettent
dessus tous en même temps, infatigables, persuadés
de leurs chances de succès alors que la
majorité n’a aucune chance d’y parvenir. Dans le
même type de jeu, les filles ont un comportement
beaucoup plus réaliste et ne s’engagent
que si l’occasion rend un succès possible. Enfin,
quand les garçons jouent contre les filles, à un
jeu de ballon, elles perdent quasi systématiquement
à cause de ce comportement et malgré une
adresse équivalente.
Au début des années 1980, la psychologue de
Chicago Carol Weisfeld constata le même effet
dans l’évaluation des capacités intellectuelles :
dans un concours d’orthographe, les filles se
retiraient quand elles jugeaient que les autres
concurrents étaient meilleurs, même si c’était
faux, tandis que les garçons continuaient coûte
que coûte. La rivalité permanente exige la mise
en place d’une structure hiérarchique : si le
groupe est menacé, chacun doit être prêt à se
soumettre au plus fort. Cette stratégie de dominance
se manifeste dès l’école maternelle : les
garçons forment souvent des groupes comportant
un chef, un sous-chef, des suiveurs et, souvent,
un individu soumis.
Au contraire, les femmes n’aiment pas se
soumettre à d’autres femmes : certains sondages
révèlent même qu’elles préfèrent avoir un
homme pour chef. Une « supérieure » est perçue
comme étant partiale et injuste, alors que les femmes
occupant des postes de direction se plaignent
pour leur part du manque de motivation et des
prétentions excessives de leurs collègues femmes.
Les femmes, au sein de groupes exclusivement
féminins, ont des difficultés à s’intégrer dans une
hiérarchie. Ce n’est pas une question d’autorité,
puisque les hommes acceptent plus facilement
une supérieure que les femmes. Cela témoigne
sans doute de la disposition innée des hommes à
se subordonner dès qu’une hiérarchie est établie,
et la hiérarchie de dominance fonctionne aussi
quand « le chef » du groupe est une femme.
Hiérarchie de valeur contre
hiérarchie de dominance
Dans ce cas, comment s’établit la hiérarchie
dans un groupe de femmes ? Cette « hiérarchie
des valeurs » est fondée sur la considération que
le groupe porte à certains de ses membres. Cette
stratégie engendre une structure instable (car
une appréciation peut être remise en cause),
mais elle laisse peu de place aux diktats : en cas
de divergence de vues, une dirigeante essaie
généralement de défendre ses idées auprès de ses
subordonnées, au cours de longues discussions.
Cette façon de procéder est moins rude que celle
utilisée dans une hiérarchie de dominance masculine,
mais peut devenir un handicap lorsqu’il
faut prendre des décisions urgentes. Au sein
d’une hiérarchie féminine, les discussions s’éternisent
parfois sans qu’on parvienne à un
consensus. Pour trancher, la dirigeante doit alors
prendre la décision d’autorité. La hiérarchie de
valeur, contrairement à la hiérarchie de dominance,
est une base de la démocratie : les politiciens
sont élus en fonction de l’image qu’ils
véhiculent, mais chaque élection est une évaluation
de leur action.
Dans le monde du travail, les hommes et les
femmes sont en compétition. À cause de leur
héritage phylogénétique, les hommes relèguent
trop facilement les femmes au second plan. Cet
héritage ne donne pas seulement aux hommes le
goût de la concurrence, il leur confère une tendance
à se surévaluer, une forte tolérance à l’échec
et un esprit de hiérarchie. La tolérance à l’échec
est une donnée essentielle. Imaginons cinq hommes
et cinq femmes, de qualifications équivalentes,
qui posent leur candidature à un poste de
direction. Une femme obtient le poste. L’une des
candidates recalées est si déçue qu’elle renonce à
tout espoir de promotion ultérieure. Les hommes,
au contraire, ne se laissent pas décourager.
Lors de la campagne de recrutement suivante,
l’un d’eux est embauché. Une autre femme
renonce à ce poste, et au bout du compte il ne
reste plus que deux femmes en compétition
contre quatre hommes. Cet exemple prédit qu’un
nombre plus important d’hommes occupera
finalement le poste convoité, sans que les hommes
aient écarté activement les femmes, essentiellement
parce que leur résistance à l’échec est
supérieure. Doit-on en déduire que des facteurs
biologiques s’opposent à l’égalité des chances ?
Ayant pris conscience de ces différences, peut-on
les faire évoluer par l’éducation, par exemple ?
Le comportement humain n’est pas fixé par la
nature, mais, pourtant, nous suivons souvent
nos tendances « naturelles ». Dans ce cadre, le
traitement égalitaire souvent préconisé contre la
discrimination exercée vis-à-vis des femmes ne
semble pas être la bonne solution. Il ne pourrait
fonctionner que si les garçons et les filles ne présentaient
pas de différences comportementales
marquées. Or ils sont si différents par nature,
qu’un traitement égalitaire strict est contreproductif,
risquant de renforcer les dispositions
spécifiques de chacun des sexes.
Une question
de confiance en soi
Pour la même raison, l’école mixte n’a pas
conduit à aucune harmonisation des intérêts des
élèves ni des chances professionnelles. Plusieurs
études ont révélé que les élèves des classes mixtes
manifestent des préférences plus marquées pour
les activités de leur sexe : les garçons choisissent
plus souvent les mathématiques et les sciences de
la vie et de la Terre, les filles plus volontiers les
langues et les disciplines artistiques. Dans les écoles
et dans les universités non mixtes, les filles
développent une plus grande confiance en leurs
capacités, précisément dans le domaine scientifique,
et elles briguent plus volontiers, ultérieurement,
des postes de direction.
Les femmes doivent apprendre à mieux s’imposer
dans leur concurrence avec les hommes,
notamment en améliorant leur tolérance à
l’échec et en se sous-estimant moins. Si la cause
de ces tendances comportementales est biologique,
elle n’est pas immuable. Les hommes, de
leur côté, devraient participer davantage à
l’éducation des enfants et montrer plus de sollicitude
à l’égard d’autrui... L’idée fait son chemin,
mais ne s’est pas encore totalement traduite
dans les faits. Peut-on imaginer que, de
par sa nature biologique, l’homme manifesterait,
malgré lui, quelque résistance à cette égalisation
des rôles ?
Intéressante cette étude sur les kibboutz Leclercq !
Je suis aussi surpris que l'on fasse aussi peu de cas de la différence des rythmes de croissance (puberté beaucoup plus précoce chez les filles) qui signifie bel et bien une différence biologique qui influence le développement psychologique.
@Michel
Je ne suis pas contre d' encourager chaque individu à dépasser les modèles ataviques de sa condition sexuée, mais de la à gommer tout ce qui pourrait y faire penser, jusqu'à escamoter les polarités dans le langage me semble vraiment relever d'une expérimentation où la foi en son résultat final supplante une réflexion plus neutre sur les inconnues contenues dans une telle expérience.
En réalité ces enfants sont les cobayes d'une expérimentation qui sent l'idéologie
merci aoki
ce texte plus celui au-dessus vient du muméro cerveau psycho dont HL à fait un billet et que j'ai acheté sur internet.
"Si la cause
de ces tendances comportementales est biologique,
elle n’est pas immuable."
Ce n'est pas le cas, elle est environnementale, les filles et les garçons étant traité-e-s de façons différentes par les professeur-e-s, les garçons étant plus stimulés que les filles. Ce n'est pas leur cerveau qui est différent mais bien la manière dont l’environnement le stimule et forge les différences dès la naissance selon le sexe de l'enfant. Cela s'appelle la socialisation genrée, et c'est ce qu'essaye de combattre Egalia.
@ Michel:
Je vous remercie pour vos développement. Je vous suis sur certains points, ceux qui sont les plus généraux. Et j’apprécie votre manière de présenter les choses.
Ok pour le poulet, peut-être, mais humour en moins cela ne change pas la donner qui est de neutraliser la différence sexuée. C’est la novlangue Gender.
Ce qui a trait au passé et à l’avenir de l’humanité est riche en hypothèses. J’en fais une autre. D’abord je pense que la superposition genre/sexe biologique est la configuration initiale. Et très vite je suppose que l’on a attribué aux genres des qualités liées au sexe. Par exemple, la violence. Elle est attribuée aux hommes, à cause entre autres de leur force musculaire en moyenne plus importante que chez les femmes.
Deux conséquences à cela:
Le masculin reste le genre violent, la matrice de la violence. Et comme le masculin est représenté principalement par les hommes, les hommes sont la matrice de la violence, ils sont violent parce que que le masculin est essentialisé comme violent. Au passage, curieux mélange de différenialisme et d’essentialisme. Une démonstration: l’analyse de la violence dans les couples lesbiens, par Vanessa Watremez.
«L’analyse féministe offre une ouverture considérable à l’analyse de la violence dans les relations lesbiennes ; car contrairement à ce que l’on a l’habitude de penser, elle n’exclut pas la réalité des femmes actrices de violences en affirmant que la violence domestique est masculine. Au contraire, exclure cette possibilité, ce serait entrer dans le mythe actuel de la violence masculine.
Dans le cadre d’analyse féministe, nous ne pouvons ni affirmer que seuls les hommes seraient violents, ni que les femmes le seraient tout autant. Pour pouvoir ainsi intégrer et penser dans nos analyses la violence dans les relations lesbiennes, il faut mettre l’accent sur la distinction entre genre et sexe. C’est ainsi que Daniel Welzer-Lang nous montre que (à propos de la violence de femmes envers des hommes) :
« Les femmes violentes que nous avons présentées sont le masculin, le pouvoir dans leur couple, là où les hommes battus représentent le féminin. Les violences qu’elles utilisent tant dans leur symbolique, les formes et leur définition sont des violences masculines domestiques.»
...
«Si la violence domestique masculine est d’ordinaire le fait des hommes, c’est avant tout parce qu’il y a une quasi-parfaite adéquation entre sexe et genre, mais avant d’être le fait d’hommes, la violence domestique est masculine. Ainsi, bien loin de mettre en question la violence masculine domestique, la mise en évidence de la violence dans les relations lesbiennes met en lumière la logique même du système : la violence est masculine, quel que soit le sexe biologique de la personne ...»
http://vsites.unb.br/ih/his/gefem/labrys1_2/vanessa1.htm
Dans la mesure où le masculin est incarné originellement par les hommes, ce sont bien les hommes qui représentent la violence - même si l’auteure s’en défend. C’est la confusion dans le genre...
2. La violence des femmes n’est pas étudiée, pas documentée, à peine citée comme pouvant exister mais sans autres. Et comme de toutes façons la violence serait masculine, la violence des femmes est un avatar de la violence masculine.
La théorie du genre qui veut défixer les incarnations les reproduit en réalité Car ce que l’on peut dire sans dire de connerie, c’est que la violence est la violence. Mais les Gender comme la plupart des féministes surfent sur le mythe de la violence domestique qui serait à 98 % causée par les hommes. Ce que l’on sait hautement fantaisiste. Certaines formes sont plus causées par des hommes, d’autres par des femmes, et d’autres encore sont largement partagées.
Je suis allé dans ce sens par rapport aux attributions initiales (guerre et allaitement), que l’évolution de la société relativise. Oui, dans une certaine mesure. Mais il n’est pas certain que cela change en profondeur. D’abord les femmes allaitent toujours. Elles peuvent s’organiser avec le conjoint pour faciliter les choses si elles travaillent (tire-lait, biberon), mais basiquement la relation souvent fusionnelle mère-enfant existe toujours. Elle conditionne toujours une proximité que le père n’a pas. Ce qui produit toujours des tensions en cas de divorce, puisque les mères obtiennent la garde dans 90 à 95 % des cas, sur la base d’un pouvoir maternel plus adéquat (paraît-il). La logique veut que la garde soit partagée, même dans le jeune âge de l’enfant. Mais cela ne plaît pas aux féministes collègues par exemple d’Hélène de Palma, qui font du lobbying pour faire annuler cette loi sous prétexte que la garde partagée n’est qu’un moyen pour l’homme de contrôler la femme (...!!!)
«La formule de la garde alternée reste une solution très critiquée. L'expérience a montré que la résidence alternée entraîne des problèmes de dépenses accrues, de mobilité réduite, de harcèlement et litiges continus entre ex-conjoints, notamment en cas de violences masculines préalables à la rupture[4].
Denyse Côté a noté dans son ouvrage, que les mères, malgré des ressources très souvent moindres, consentent à plus de dépenses pour leurs enfants que les pères, qui tendent souvent à se désintéresser, même dans ce cadre-là, de leur progéniture :
"Les nouveaux discours sur le partage égal rempliraient une fonction de justification, masquant un partage inégal En effet, la répartition inégale des coûts d'entretien de l'enfant dans cinq des douze unités de garde, la répartition inégale du temps de garde, (…) l'absence de compensation pour les faibles revenus sont toujours en défaveur des mères".[5]»
Le dénigrement de l’homme et du père est continu.
Ensuite, si la société évolue, qui dit que les hommes ont changé de besoin: besoin de protéger, d’avoir une place spécifique? L’identité, je le rappelle, n’est pas la similarité. Si la femme a une place naturelle de mère dans le couple (pas la seule place mais une place incontournable et irremplaçable), l’homme doit trouver ailleurs ce qui lui donne une place spécifique. Pourquoi chercher une place spécifique? Parce que hommes et femmes sont différents dans la sexuation et que toute rencontre entre les deux implique des conséquences totalement différente pour l’une ou pour l’autre.
On pourrait donc voir des femmes vouloir changer les attributions traditionnelles et reprendre certaines rôles autrefois dévolus aux hommes. C’est bien ce qui se passe. C’est d’ailleurs amusant: cela se passe surtout dans ce sens. Peu d’hommes veulent reprendre les fonctions traditionnellement féminines. Comme quoi l’homme resterait «le» modèle?... :-))
On pourrait voir pour plusieurs génération, des hommes qui fonctionnent comme ils en ont envie, et des femmes qui changent. Les hommes n’étant aucunement obligés de changer, si ce n’est sous la pression féministe et le dénigrement de ce qu’il est, on verrait des couples assez bizarres, un peu comme le mouton à cinq pattes.
Je reviens sur l’indifférenciation. Ce qui est en cause dans notre société c’est la fixité des rôles (héritage de la classe bourgeoise du 19e siècle, en bonne partie). Cela change. Une femme peut être pilote d’avion et un homme puériculteur. Pas de problème. Ce qui était aussi à régler c’était les conséquence du code Napoléon qui avait exclus socialement les femmes. On peut enfin considérer que la place de la femme au travail est encore en problème, à cause particulièrement du fait d’être mère. Pour le reste, pour quoi vouloir indifférencier? Pourquoi l’homme, ancestralement guerrier et protecteur, n’irait-il pas plus se battre que jouer à la poupée? Pourquoi la femme, ancestralement plus soignante, devrait-elle jouer au camion? Il me paraît normal qu’une société se donne des lignes directrices et des balises. Et qu’elle donne des identités qui ne sont pas le fait du simple hasard. Après, on peut toujours être mobile. Des filles garçons manqués il y en a toujours eu. Ce qui dérange le plus, à mon avis, c’est la fixité des modèles, pas les modèles eux-mêmes.
Mais, comme vous le soulignez, quelle place pour les différents, inter et trans? Pas une place équivalente à l’hétérosexualité. Mais une place acceptée, sans jugement, sans discrimination, ça oui. Mais on ne peut reprocher à une espèce vivante de faire la promo pour le modèle qui lui permet de se reproduire et donc de survivre. Par exemple, le modèle qui est développé à Egalia met au même plan homos et hétéros. Je n’ai rien d’homophobe, je l’ai déjà démontré sur mon blog, mais l’hétérosexualité reste le modèle dominant dans le sens où c’est celui qui permet la survie, et qui permet même aux homos d’exister. Sur ce point d’ailleurs, vous citez des cas où il n’y a pas besoin d’un homme et d’une femme pour avoir un enfant. Mais en amont, il y a forcément eu, à un moment ou un autre, une relation hétérosexuelle (ovules-spermatozoïdes).
Je ne partage pas la théorie de la domination masculine, donc je ne partage pas l’idée selon laquelle l’homme s’est peu à peu fait craindre. D’ailleurs cela fait très longtemps que l’on a des hommes minces et peu combatifs, et des femmes costaudes et combatives. Donc la force physique n’est pas que d’un côté et annule cette théorie. Mais ce serait bien plus long de développer cela maintenant.
Je constate que le gender indifférencie parce que, implicitement ou explicitement, il désigne l’homme comme coupable des limitations que vivent femmes. Par où que l’on regarde, gender ou marxiste, le féminisme cherche à déconstruire le masculin dans un esprit de limitation du masculin, sur la base d’une théorie artificielle et assez totalitaire de «domination masculine».
La théorie Gender n’est pas neutre. Et elle impose aux hommes un modèle qui n’a même pas fait l’objet d’un vrai débat de société, mais qui s’impose par un lobbying n’hésitant pas à user de la culpabilisation des hommes pour légitimer une théorie et en faire une évidence indiscutable.
A plus!
(pas le temps de tout relire, j'espère ne pas avoir fait trop d'erreurs).
Je vais essayer de faire plus court, la plupart des idées étant exposées précédemment.
Je dénote deux choses dans vos réponses :
- un anti-(ultra)féminisme très présent (il faudrait être aveugle pour ne pas le constater) qui vous fait voir l'ombre de ce mouvement et surtout de ces côtés extrêmes derrière chaque initiative. L'ultra-féminisme que vous décrivez est selon moi en inadéquation avec le modèle de genre d'Egalia par justement la sur-représentation de la femme, la hiérarchisation (donc différenciation) des genres, par la généralisation qui semble être faite des hommes/du masculin (et de ses caractéristiques actuelles) et donc par l'irrespect d'un genre. En dénonçant les hommes et pas la société, il se trompe de cible et parfois donc de combat. Certains de ces mouvements dérivent vers l'extrèmisme, et comme la plupart (tous ?) des extrèmismes, ils sont condamnables et ne déservent par leur cause, mais ils représentent une certaine minorité et ne doivent pas vous faire voir le projet Egalia comme l'instrument de leur terreur (enfin je ne crois pas).
- une confusion dans l'objectif final : l'idée n'est pas d'empêcher les hommes d'accéder à un comportement "masculin" et les femmes au "féminin", mais plutôt d'arriver à obtenir une société qui rend le parcours vers le "masculin" autant (au sens "identiquement") accessible aux femmes. Je conviens parfaitement que les parcours scolaires, professionnels et administratifs sont de plus en plus égaux (pas complètement mais on s'en approche), ce qui permet à une femme de faire une carrière militaire par exemple. Cependant, c'est dans le regard des gens qu'il reste beaucoup de travail, et notamment des personnes qui nous éduquent, nous emploient, nous accompagnent dans la société. Egalia est une méthode pour réussir à réadapter la société aux valeurs qu'elle essaye de se donner, comme pourrait l'être la discrimination positive. La pertinence de chacune des méthodes est discutable, mais l'esprit qu'il y a derrière me semble être la promesse d'une société plus égalitaire. Si au final 95% des hommes s'orientent naturellement vers ce qui aurait été qualifié de comportements "masculins", et inversement pour les femmes, ça me conviendra tout à fait tant que chacun aura eu au départ les mêmes "chances" vis-à-vis du regard des autres/de la société.
Concernant le fait de placer le modèle hétérosexuel plus en avant que le modèle homosexuel, il s'agit un petit peu d'un autre débat mais si vous insistez je vous expose mon opinion. Je suis tout à fait d'accord avec vous quant au fait que la procréation est le fruit d'une relation hétérosexuelle. En effet, vous ne précisez pas que cette relation soit obligatoirement amoureuse. Comme dit précédemment, chacun peut désormais avoir recours à la science (mère porteuse, fécondation in-vitro...) pour avoir cette relation hétérosexuelle par procuration. Les homosexuel(le)s n'ont d'ailleurs même pas attendus les progrès scientifiques (les malotrus !) pour avoir leurs propres enfants : enfants d'une première relation hétérosexuelle, accords avec des couples (typiquement un couple d'hommes et un couple de femmes) pour que chacun puisse avoir des enfants, etc. N'ayons pas peur de l'homosexualité comme signe d'éradication de l'espèce humaine, tant qu'il y aura des hommes, des femmes et des envies de pouponner (et ça ne manque pas chez les homos), il y aura de l'espoir :)
À propos de votre utilisation du terme "garçons manqués", je vous soupçonne fortement de vouloir faire grincer les dents des féministes que vous haïssez tant ;)
extrait de l'homme est l'avenir de la femme de Natacha Polony
Le queer, ou l'art d'ériger le marginal en norme
Sans doute quelques innocents ignorent encore ce qu'est le queer. Et force est de constater qu'il vivent très bien dans cet obscurantisme crasse. À moins qu'on ne les débusque comme représen¬tants d'un ordre ancien suspect d'archaïsme nostal-gique... Ami lecteur, pour vous éviter cet outrage, d'autant plus pénible que ledit camp pourrait être animé par Clémentine Autain ou Christophe Girard, nous allons de ce pas vous initier à cette nouvelle entité à l'origine d'une discipline universitaire (avec les postes, les bourses et les vacances qui l'accom¬pagnent).
L'adjectif queer désigne en anglo-américain quelque chose d'étrange, de tordu, d'inclassable. Il s'oppose au straight, ce qui est droit, normal, norme. Il est devenu dans les années 1980 l'adjectif par lequel se désignaient ceux qui ne se reconnais¬saient pas dans la différence des sexes telle que la construisent nos sociétés occidentales. De ce qu'ils vivaient comme une insulte, ils ont fait un drapeau. Le terme vient donc de ceux qui se considèrent comme « transgenre », et de certaines lesbiennes
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L'HOMME EST L'AVENIR DE LA FEMME
radicales. Dans une perspective politique, mise en avant aux États-Unis par les militantes et uni-versitaires féministes, le genre « n'est plus seule-ment défini comme le versant psychosocial de la différence des sexes, mais comme un système de différenciation sociale au service de rapports de domination ' ». Autrement dit, le genre est une contrainte et non un fait ; il est un instrument de pouvoir. La distinction entre féminin et masculin est politique : le genre précède le sexe, qui n'est plus qu'un cadre normatif imposé par les dominants, en l'occurrence l'homme blanc hétérosexuel. On serait là dans l'éternelle lutte des minorités (Noirs, homosexuels, femmes...) écrasées par la majorité. Ceux qui ont choisi par provocation la déno¬mination de queer> qui donc n'entrent pas dans ce cadre, pour quelque raison que ce soit, estiment par là-même que tout discours, non seulement normatif, mais même médical ou psychologique, est un ins¬trument de cette domination. La psychanalyse, en recherchant la psychogénèse, c'est-à-dire les causes psychologiques, de l'homosexualité ou de la tran-sexualité, ne ferait que perpétuer le discours domi¬nant qui fait de l'hétérosexualité et de la différence hommes-femmes la norme. Alors même que la psy¬chanalyse, au contraire, se fonde sur le constat de
notre bisexualité originelle, et n'a jamais eu pour vocation de ramener qui que ce soit dans un quel¬conque « droit chemin ».
Les queer studies sont aujourd'hui un bastion militant au sein des sciences humaines, puisqu'elles ont fait leur apparition à l'École des hautes études en sciences sociales1. Et le «transgenre» est devenu l'étalon à l'aune duquel on mesure la conformité du réel à l'idéologie dominante (domi¬nante non pas dans la population, ni même dans les discours, mais dans cette partie de l'élite intellec¬tuelle qui se considère comme représentante du Bien, du Bon et du Moderne, et qui détient quelques relais d'opinion comme certains quotidiens natio¬naux). La Marche des fiertés lesbiennes gays, bi et trans est le 14 Juillet de ces nouveaux combattants, et la pénalisation des propos homophobes, puis bientôt « transphobes » leur arme de destruction massive de toute pensée libre - et de toute vie non aseptisée.
1. Il est d'ailleurs intéressant de constater que les sciences humaines, et en particulier la sociologie, n'ont finalement jamais pu échapper à leur péché originel, le manque de recul de l'observateur vis-à-vis du milieu observé. De plus en plus spécialisée, la sociologie, qui prétend pourtant au statut de science, voit émerger des domaines plus farfelus les uns que les autres, et qui ne peuvent attirer que des passionnés, donc parfaitement subjectifs : hard rock, gothique... Les queer studies n'échappent pas à la règle, et les chercheurs y sont avant tout militants, ce qui, normalement, devrait susciter quelques interrogations sur la validité des travaux. Mais la démarche critique serait aussitôt considérée comme fasciste par ces grands démocrates...
Quel lien avec le sujet qui nous occupe ? Tout un courant du féminisme contemporain, ce courant culturaliste qui a décidé que la différenciation sexuée n'existe que dans les diktats d'une société misogyne et phallocrate, s'inscrit dans la droite ligne de ce mouvement et s'associe à ses combats. Le livre de Virginie Despentes, KingKong théorie outre l'indéniable intérêt de cette confession rageuse qui renvoie toute femme à certaines de ses angoisses et certaines de ses révoltes, témoigne d'une imprégnation des théories queer. L'homme y est un violeur potentiel à partir du moment où il accepte de se conformer à l'idée que nos sociétés se font de la virilité, forcément agressive, et la séduction, le commerce galant entre les sexes, y est assimilée à une forme de prostitution soft. Étrange tentation, au demeurant, que d'abandonner le fémi¬nisme, c'est-à-dire la réflexion sur les rapports hommes-femmes - puisqu'il est bien entendu que la réflexion sur les femmes ne vaut qu'autant qu'il y a des hommes, et qu'hommes et femmes sont différents - à celles qui vivent le rapport aux hommes sur un mode problématique, comme on confierait la critique gastronomique à des ano¬rexiques. Sous l'égide de pasionarias qui ne voient la relation hétérosexuelle que comme l'instrument de la domination masculine, le féminisme dérive donc vers une remise en cause des catégories même de sexe et de genre, et l'affirmation d'un combat commun contre cette norme oppressante qu'est l'hétérosexualité dont se rendent coupables la majo¬rité des êtres humains, et sur laquelle est structurée la société occidentale.
L'anthropologie est donc appelée à la rescousse pour démontrer que les sociétés papoue, inuit ou autre ne s'enferment pas dans les mêmes catégories que la civilisation occidentale répressive. Et parce que les structures familiales et la différence sexuelle s'y organisent de manière différente, et peuvent sou-vent distinguer le symbolique et le biologique, on en conclut que la différenciation sexuée est une fiction purement culturelle, alors même qu'on la retrouve partout mais sous des formes variées. Une société peut se construire sur l'idée que, dans cer¬taines configurations familiales, une femme va sym-boliquement occuper un rôle d'homme, jusqu'à parfois devenir l'époux d'une autre femme, comme cela se fait dans certaines tribus d'Afrique. Pour autant, la différence sexuelle existe, puisqu'il s'agit là d'une spécificité qui implique des conditions très particulières, comme le décès du mari légitime. Ces cas de figure particuliers nous apprennent donc que la façon dont nous jouons la différence des sexes dans les sociétés occidentales est, comme partout dans le monde, purement culturelle. Mais cette dif-férence existe bel et bien en tant qu'inscription dans le corps, elle repose sur une donnée biologique. Et
c'est la façon dont chaque individu la vit qui doit être préservée en toute liberté.
Chaque société construit cette différence sui-vant des modalités qu'élucideront les historiens et les anthropologues, et dont les prémices demeurent inconnus. La naissance du patriarcat, et les raisons pour lesquelles la femelle hominidée fut peu à peu assignée au foyer et considérée comme impure ou pécheresse ne feront jamais l'objet que de conjec-tures et d'hypothèses. Sans doute n'est-ce pas là qu'il faut chercher les moyens d'une remise en cause des vieilles structures sociales et des entraves encore nombreuses à l'authentique émancipation des femmes.
Le courant queer relève donc de la pure idéo-logie, au sens où le réel n'est accepté comme donnée que lorsqu'il permet de justifier le système de pen¬sée et l'ordre coercitif qui en découle. Pour le reste, dans l'esprit de ces idéologues forcenés, quiconque s'imagine que le fait, pour un enfant, de découvrir qu'il a un pénis ou qu'il n'en a pas est en soi un élément constitutif de sa personnalité (avant même les innombrables déterminismes que viendra y ajou¬ter la société) est à la limite du fascisme. Et ne parlons pas de ceux qui auraient l'audace de vouloir, certes très naïvement, qu'un petit garçon ressemble plus ou moins à l'idée qu'ils se font d'un petit gar¬çon, et une petite fille à l'idée qu'il se font d'une petite fille ! La question n'est pas, pour les queer studies, de modifier l'idée qu'on se fait d'un garçon
et d'une fille, mais de criminaliser la pensée de la différenciation. Pour accepter la différence, nions-la.
Mais attention, les militants queer ne s'identi¬fient pas aux transexuels, à ces femmes qui se sentent hommes ou à ces hommes qui se sentent femmes, et qui le deviennent par la chirurgie. Car la démar-che de l'opération chirurgicale n'est finalement qu'une façon de retrouver la différence sexuelle, à travers une correspondance entre leur sexe physique et leur genre, tel qu'ils le vivaient intimement, et dont ils estimaient que les hasards de la naissance les avaient privés. La problématique du transexuel est de faire accepter à la société qu'il n'est plus ce qu'on le croyait. Elle est une façon de soumettre le sexe au genre. Le queer est au contraire un refus de la classification de genre. Et pourtant, phénomène étonnant qui prouve que les idéologies ne sont jamais à une contradiction près, les militants queer mêlent volontairement genre et orientation sexuelle, dans la négation même de la liberté qu'ils revendiquent. L'homosexuel, homme ou femme, est forcément queer. Il sort des représentations habituelles du genre. Ainsi, la vulgate queer finit par récuser impli-citement le fait que l'on puisse être homosexuel et néanmoins parfaitement homme, lesbienne et plei¬nement femme, puisque l'orientation sexuelle impli¬querait selon elle le glissement vers l'indéfinition du transgenre. Au contraire, il s'agit de faire des caté¬gories « homme » et « femme » des cadres normes
et répressifs dont il serait impensable de s'approprier les caractères dans leur diversité. Le queer rejoint donc finalement ce qu'il y a de plus conservateur dans les structures des sociétés occidentales en fai¬sant des catégories sexuelles des entités rigides aux frontières clairement définies. Contresens majeur. Et pure stratégie politique. Disqualifier les fondements même de l'organisation sociale est le meilleur moyen de préparer l'avènement d'un ordre nouveau, celui de î'androgyne narcissique à la sexualité indéfinie. Le phénomène queer, dans ses excès comme dans son principe même, est une forme de dictature des minorités qui n'a rien à voir avec l'aspiration démocratique légitime d'individus écrasés par une majorité intolérante et sûre de ses droits et de sa supériorité. L'enjeu n'est pas d'amener la société et les individus qui la composent à repenser la diffé-rence sexuelle comme un enrichissement culturel, pendant de l'enrichissement génétique, mais bien d'imposer un ordre nouveau où l'humain, peu à peu détaché de toute référence à son inscription corpo-relle dans le monde, pourrait enfin flotter dans la vacuité virtuelle du bonheur narcissique et de l'autocontemplation. Plutôt que d'assumer la diffé-rence, universaliser le rien au nom de la détestation de ses origines. La pire des réponses aux clichés qui enferment les individus, puisque le déni de réa¬lité amène toujours les réactions les plus violentes.
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http://femina-europa.org/actu/wp-content/uploads/2010/06/Le-Gender-dans-les-institutions.pdf
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Le : 17 Juin 2011
Théorie du Gender : bienvenue dans « Le Meilleur des Mondes »
La théorie du gender fait son chemin, dans la réprobation et la contestation! Des professeurs des Sciences de la Vie et de la Terre réagissent vivement et écrivent directement à leur ministre Luc Chatel pour exiger de lui qu’il retire les théories du Genre des manuels de Svt. Une pétition dans ce sens est lancée et circule sur la toile.
Polémia reprend ici un article, paru sur Nouvelles de France, qui expose, sous forme pamphlétaire, les incidences possibles de cette théorie sur le mental des jeunes générations que l’on conduit tout droit vers les cabinets de psy. Il suffit d’ailleurs de se promener à pied dans les rues de Paris pour constater la prolifération des plaques professionnelles de psys en tout genre sur les portes d’immeubles. A en croire leur nombre grandissant, lié à la consommation des antidépresseurs dont les Français détiennent le record mondial, on peut déjà s’interroger sur la santé mentale de notre société. Alors, avec la théorie du gender… !
Polémia
Le Club des Hystériques a encore frappé. Par on ne sait quelle machination bureaucratique, les idéologues du gender ont atteint la rue de Grenelle. Et nous voilà avec une magnifique nouvelle réforme de l’enseignement sur les bras.
Les chères têtes blondes ne risquent pas d’en être bien affectées, tant le décervelage accompli par l’Education nationale, la télévision et le Club des Loisirs aura été efficace. Les petites filles étaient déjà sommées de ne pas jouer à la dînette, activité hautement sexiste et discriminatoire qui les aurait inéluctablement menées à un esclavage domestique indigne d’un XXIème siècle dont on sait combien il est « éclairé ». Les petits garçons se cachaient au fond du jardin pour se bastonner tranquillement à coup d’épée de plastique, sentant obscurément que pistolet à billes, lance-pierres et autres armements lourds appartiennent à un honteux âge de pierre, une époque sombre et indigne où l’on envoyait les jeunots se frotter à la virilité dans les casernes et où ils devaient chasser le mammouth pour la survie du foyer.
On sait ce que cela a donné. Un simple trajet en métro, à l’heure où collèges et lycées libèrent leurs « apprentis citoyens », suffit à nous montrer l’étendue des dégâts. Garçons lavettisés jusqu’au trognon, pomponnés à faire rougir d’envie une cocotte de Feydeau, la mèche délicatement lissée barrant un front vide, la ceinture de leur jean flirtant avec leurs genoux, l’épaule tombante et le bras maigrichon, chihuahuas délicats peinant à courir après leur bus, empêtrés dans leurs élégantes loques Diesel. Et l’on plaindrait presque le Che, qui souvent fleurit sur leur torse creux, de subir une telle promiscuité avec le vide et la mollesse.
Dix ans plus tard, voilà des générations d’ « hommes » chez qui l’art de se faire marcher sur les pieds, intimider ou écraser est un sport quotidien. Ils mettent dix ans à proposer à leur compagne de les épouser, tremblent d’angoisse quand ces dernières évoquent le divorce devant un slip abandonné au bas du lit et acceptent passivement tout ce que leur patron, l’Etat ou leurs gamins leur imposent d’injuste, d’absurde ou d’inacceptable.
Les pauvres n’y sont pour rien. On leur a tellement expliqué qu’ils étaient d’ignobles machos obsédés par leur phallus, on les a tellement bassinés avec l’idée que le corps de la femme n’appartenait qu’à elle, mais qu’un enfant, selon les circonstances, pouvait leur passer sous le nez – via des avortements décidés en solo – ou leur être fait dans le dos, qu’ils ont oublié les temps joyeux où on leur foutait la paix et où on ne les contraignait pas à rechercher, dans le tréfonds de leur inconscient, leur envie de violence ou leur narcissisme légendaire.
Avec l’enseignement du gender, nous allons encore plus loin. Foin des différences, foin de la sexualité inscrite au cœur de nos aisselles et de nos tripes. L’homme et la femme sont désormais des mutants comme les autres, produits lissés, aseptisés, idéal d’un monde sans frontières, sans racines, sans odeurs et, si possible, sans cerveaux. Bonjour le cortège de réformes qui suivra, et vive les mères porteuses, le « mariage » des homosexuels, les échanges de spermatozoïdes et d’ovules, le bal indifférencié des hommes et des femmes réduits à changer de sexe de temps en temps pour éprouver – enfin ! – quelque frisson…
Avec l’introduction de l’idéologie du gender dans les programmes scolaires, il y a au moins une profession qui va être contente : les psys. Voilà de quoi assurer leur subsistance pendant des siècles, plus quelques résidences secondaires et les études du fiston à HEC. Le gender, c’est perturber plus pour gagner plus : la consommation d’antidépresseurs, de thérapies et de fumette va être multipliée par mille. Bienvenue dans Le Meilleur des Mondes.
Myriam Picard
16/06/2011
Tribune libre pour Nouvelles de France
Myriam Picard est journaliste, membre du Comité de rédaction de Riposte Laïque
Voir aussi les articles Polémia :
Ils osent mettre le « gender » dans les programmes scolaires !
La théorie du « genre » au programme des lycées : une nouvelle avancée totalitaire
Correspondance Polémia – 17/06/2011
Image : Théorie du Gender
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Le : 30 Juin 2011
Théorie du genre : destituer l'homme de son humanité
Luc Chatel vient d’imposer dans les programmes de première de Sciences de la vie et de la terre la « théorie du genre ». Le professeur Jean-François Mattei analyse ici le sens philosophique de ce lyssenkisme pédagogique. Il s’agit pour lui d’une négation pure et simple de la notion d’humanité, d’un retour à la barbarie dans une perspective post-soixante-huitarde.
Polémia.
La confusion des genres
On ne comprend pas la vague de fond des gender studies américaines... qui monte à l’assaut des rives françaises, si l’on se contente d’y voir un avatar du féminisme. Il s’agit en effet moins de libérer la femme de son oppression biologique que de destituer l’homme de son piédestal ontologique dans un retournement inattendu. Le « genre » ne concerne pas en effet l’homme en tant que mâle, sexué selon le système hétérogamétique XY dont la biologie montre la nécessité, mais l’homme en tant qu’humanité, voué à une essence dont l’éthique affirme la dignité. Pour le dire brièvement, la théorie du genre veut en finir avec l’humanisme occidental depuis la Renaissance afin d’abolir toute forme d’universalité. Le diagnostic de Michel Foucault sera ainsi corroboré : l’ « homme » est bien, en Occident, une « invention récente » dont le visage de sable s’efface peu à peu « comme à la limite de la mer ».
Les travaux sur le genre partent d’un postulat radical : la différence entre l’homme et la femme relève d’un genre social sans rapport avec le genre sexuel, dans la mesure où le comportement humain dépend du seul contexte culturel. S’il y a une différence biologique des sexes, elle n’a aucune incidence anthropologique, encore moins éthique, de sorte que l’hétérosexualité n’est pas une pratique orientée par la nature, mais l’effet d’un déterminisme culturel qui a imposé ses normes oppressives. On s’attaque en conséquence à la différence entre le masculin et le féminin en annulant, avec leur identité propre, leur inclusion dans la catégorie de l’humain. Monique Wittig, la « lesbienne radicale » qui refuse d’être une « femme » et qui prétend ne pas avoir de « vagin », énonce l’impératif catégorique du temps : il faut détruire politiquement, philosophiquement et symboliquement les catégories d’ « homme » et de « femme » (La pensée straight, p. 13). Et cette destruction s’impose parce qu’ « il n’y pas de sexe », qu’il soit masculin ou féminin, car c’est « l’oppression qui crée le sexe et non l’inverse » (p. 36). Si le genre grammatical n’existait pas, le sexe biologique se réduirait à une différence physique anodine.
Déconstruire les différences entre le masculin et le féminin
On avance donc, dans un énoncé purement performatif, que les différences entre le féminin et le masculin sont les effets pervers de la construction sociale. Il faut donc déconstruire celle-ci. Mais on ne se demande à aucun moment pourquoi les sociétés humaines ont toujours distingué les hommes et les femmes, ni sur quel fond l’édifice grammatical, culturel et politique prend appui. Comment expliquer que tous les groupes sociaux se soient ordonnés selon les « oppositions binaires et hiérarchiques » de l’hétérosexualité, comme le reconnaît Judith Butler ? Loin de s’inquiéter de cette permanence, la neutralité du genre se contente de dissocier le biologique de l’anthropologique, ou, si l’on préfère, la nature de la culture, afin d’évacuer la fonction tyrannique du sexe.
Cette stratégie de déconstruction ne se réduit pas à la négation de l’hétérosexualité. Les gender studies, au même titre que les queer studies ou les multicultural studies, ont le souci de miner, par un travail de sape inlassable, les formes d’universel dégagées par la pensée européenne. Judith Butler n’hésite pas à soutenir que « le sexe qui n’en est pas », c’est-à-dire le genre, constitue « une critique de la représentation occidentale et de la métaphysique de la substance qui structure l’idée même de sujet » (Trouble dans le genre, p. 73). On se débarrasse, d’un coup de plume, du sexe, de l’homme, de la femme et du sujet pris dans la forme de l’humanité. Ce qui entraîne par une série de contrecoups, la destruction de l’humanisme, imposé aux autres cultures par l’impérialisme occidental, et, plus encore, la destruction de la république, de l’État et de la rationalité. La déconstruction, apportée aux USA par la French Theory avant qu’elle nous revienne comme un boomerang, a pour fin ultime de ruiner le logocentrisme identifié par Derrida à l’eurocentrisme, en d’autres termes à la raison universelle.
Confusion entre l’homme et la femme et la réalité et la virtualité
Elle se fonde pour cela sur la confusion des genres, entre l’homme et la femme, mais aussi entre la réalité et la virtualité. C’est ce que laissait entendre la critique de l’hétérosexualité par Foucault au profit de l’homosexualité qui permettrait de « rouvrir des virtualités relationnelles et affectives » (Dits et Écrits). C’est pour sacrifier à ces virtualités qu’un couple canadien décidait récemment de ne pas révéler aux gens le sexe de leur bébé de quelques mois, prénommé Storm, afin qu’il puisse le choisir librement par la suite.
On aurait tort alors de regretter que le genre, à défaut du sexe, fasse une entrée remarquée à Sciences Po et dans les programmes des lycées. L’humanité future est désormais en marche vers un monde sans oppression qui, délivré du sexe, sera bon chic bon genre. Quand ce dernier aura définitivement neutralisé les identités et les différences, l’homme nouveau pourra partager le soulagement de Swann : « Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! »
Jean-François Mattéi
Institut universitaire de France
Le Procès de l’Europe, PUF, 2011
Magistro 18/06/2011
super analyse sur le genre.
"6. À propos de la théorie du genre indéterminé de Judith Butler
Je partage votre intérêt pour Judith Butler qui présente, me semble-t-il, la seule innovation féministe véritable après Beauvoir et Badinter. Elle pose le genre comme quelque chose d'indéterminé en opposition à la binarité homme / femme traditionnelle. À savoir que l'individu se situerait quelque part sur une droite aux extrémités de laquelle on a d'un côté le « genre homme », et de l'autre, le « genre femme ». Ce nouveau concept de genre fait disparaître les stéréotypes traditionnels et les recycle en absolus théoriques pour créer une myriade de genres possibles sur une abscisse où chacun trouverait sa place. Ce faisant elle a le mérite de faire disparaître l'homme et la femme en tant que binarité belliqueuse et peut-être de dissoudre le conflit féministe qui les oppose. L'humain devient alors une sorte d'homo-jouissans qui peut tirer son plaisir sexuel de toutes les combinaisons possibles. Du coup, la fierté gay et l'homosexualité se dissolvent en même temps que l'hétérosexualité puisque, à la limite, un transsexuel mâle peut baiser avec une transsexuelle femelle. Un tel couple est, paradoxalement, hétérosexuel et homosexuel, la théorie voulant que chacun-e ait sa part mâle et femelle en lui-elle ; il s'agirait de les réconcilier pour atteindre la sérénité. La pratique semble renvoyer dos à dos tout ce qui n'est pas du même genre.
Ce « genrisme » me donne l'impression de passer de Charybde en Scylla ; en cherchant à sortir l'humanité de sa binarité sexuelle on règle un problème en créant une myriade de conflits potentiels. Cette théorie annonce l'aube d'une humanité en recherche permanente de son identité sexuelle. Comme l'explosion des saveurs de boissons gazeuses nous laisse dans une interminable circonspection devant l'étalage, la recherche du partenaire complémentaire promet d'être une entreprise sans fin. Butler est doublement géniale puisqu'elle nous aide à sortir des ornières féministes et nous montre le terminus de sa propre idéologie. Comme nous ne sommes pas des protozoaires, l'indifférenciation sexuelle me semble davantage un souhait utopique culturel qu'une réalité biologique concrète. Ce que j'exprime ici a été mis en évidence avec humour par les Monty Python dans le film Life of Brian (cliquer ici pour voir l'extrait)."
http://leblogdenash.over-blog.com/article-comment-structurer-s-a-reflexion-sur-le-feminisme-88359916.html
La femme-mère était amenée à s'occuper des enfants, non parce que le «patriarcat» l'y aurait contrainte (aberration du discours féministe),