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Comment survivre à une fausse accusation (première partie)

Les hommes en parlent peu, ou pas du tout. Ils savent qu’une accusation d’ordre sexuel, même quand elle est démontrée mensongère, les atteint durablement dans le regard des autres. On ne les croit d’abord pas. Imaginer qu’une telle accusation puisse être proférée est insupportable. Et même quand un mensonge est démontré - ce qui est difficile - certains continuent à dire: «Après tout je n’en sais rien, je n’y étais pas», laissant planer le doute. Ou pire: «Il n’y a pas de fumée sans feu".

femme-avenir1.jpgPréambule

Or oui, il y a de la fumée sans feu, comme l’acquittement récent de Loïc Sécher l’a montré.

Les fausses accusations ne sont pas exceptionnelles. On verra plus loin quelques chiffres, même s’il est difficile de les établir avec certitude. Je mentionne cependant déjà l’enquête réalisée par Marie-Monique Robin («L’école du soupçon», «Le monde selon Monsanto»). Elle a réalisé une enquête fouillée et tourné un film, sur la période de 1997 à 2002. Période d’après l’affaire Dutroux. Ségolène Royal, alors en poste au gouvernement, avait ordonné aux directeurs d’établissements scolaires de dénoncer à la justice toute affaire d’ordre sexuel même s’il ne s’agissait que de vagues rumeurs. Résultat: 73% d’accusations démontrées fausses par les tribunaux ou par la rétractation de l’accusation. 73%. Avec à la clé des suicides, des réputations détruites, la perte du travail, la dislocation familiale, de la prison pour rien.

Dans ces semaines troublées par l’affaire Strauss-Kahn, et quelle que soit sa conclusion à venir, la question du mensonge et de la fausse accusation a été mise sur la place publique. C’est le moment opportun pour témoigner de ce qui se vit lors d’une fausse accusation. La société doit savoir. Je reprends donc ma plume sur ce thème dans une approche synthétisée.


Dire l’indicible

Victime d’une fausse accusation en 2001, totalement acquitté sans même que l’accusatrice ou le procureur ne fassent appel en 2008, je connais ce crime de l’intérieur. J’avais en son temps commencé à témoigner au moyen d’un site, www.hommecible.com, et d’un livre paru en 2006: «La femme est-elle vraiment l’avenir de l’homme?». Le livre a été boudé parce que trop dérangeant il y a 5 ans. Moins de 1‘000 exemplaires vendus, le reste au pilon. On me pousse maintenant à le réécrire pour le compléter.

Il me fallait témoigner parce que j’ai réalisé ce qui se jouait contre les hommes, et parce que je n’étais pas le seul. Il faut dire l’indicible, le vertige de non-sens qui s’empare de l’esprit quand on est victime d’une fausse accusation.

Pour cette première partie, quelques courts extraits de mon livre illustrent ce que j’ai vécu:


«Un matin de mai je suis allé au travail.

C’était un matin doux pourtant. Un matin clair. Genève se réveillait. Ciel pur, merles époumonés, quelques brumes finissantes : un matin comme je les aimais.

Je ne savais pas encore ce qui se tramait dans l’ombre.
merle-chante.jpg
Elle est arrivée à mon travail. C’était le 21 mai, un lundi, à huit heures trente. Elle est arrivée à douze : elle - la juge d’instruction, «  Naf-Naf » comme je l’ai ensuite surnommée, avec la greffière, l’adjoint du Procureur Général, et un groupe de policiers en civils. Autant de monde, comme pour l’ennemi public numéro un. Perquisition, insultes : la juge se lâche sans aucune explication. Un policier me retient dans un bureau, les autres fouillent tout, sans prendre d’égard. Un relent de Gestapo flotte dans les locaux.

...

Puis deuxième perquisition, à mon appartement. Toujours pas d’explication. Cela glisse vers Kafka. Un agent me retient sur le balcon pendant que les autres fouillent. Tout est suspect, un tableau au mur, la simplicité dans laquelle je vis.

Ils fouillent ma vie, éventrent ma vie. Je les entends, ils veulent du sale, du moche, du tordu. J’ai montré à la juge d’instruction où chercher, elle ne trouve rien. S’il n’y a rien, c’est que je le cache ailleurs. La juge s’énerve, m’insulte encore, me traite à nouveau de menteur. Assis sur mon balcon, je commence à trembler. On dirait de plus en plus  la Gestapo, le nazisme a fait des petits. Je regarde les arbres devant le balcon, ce balcon qui est mon lieu de repos et de contemplation. Les arbres que j’aime sont immobiles, sombres. Devenus comme des témoins silencieux du drame. Comme s’ils me regardaient sans pouvoir rien dire. Sans visage, sans ce léger vent qui parfois les fait danser. Que se passe-t-il ? Pourquoi suis-je traité comme un criminel ? De quoi ou de qui suis-je la cible ?

...

Puis départ pour l’hôtel de police. « Hôtel »... Sept heures d’interrogatoire serré, des questions dont je ne comprends pas le motif. Peu à peu cela se précise : Grenouille a déposé une plainte contre moi. Pénal, grave. Mais on ne me donne toujours pas le motif.

Je sens venir le pire. Réflexe de protection et de protestation, je décide de ne plus manger ni boire tant que je serai dans les mains des policiers.

Dix-neuf heures, fin de l’interrogatoire. L’agent qui m’a interrogé fait semblant de me rassurer, puis il vide mes poches et compte mon argent. Je demande à téléphoner à mon avocat : refus. Enfin l’horreur tombe sur moi : les menottes.

Ma vie vient de basculer. Des années de travail sur moi, d’intégration dans le monde, défaites en quelques heures.

Fourgon cellulaire, vers la prison. Je crois encore à une erreur, je vais me réveiller. Mais non, je ne dors pas. Le fourgon roule sec dans cette belle soirée de mai, roule dans cette campagne que je connais bien. Campagne de mon enfance. J’ai habité par là. J’allais sur ces chemins en vélo, m’inonder de nature et de parfums. Parfums des herbes, des fleurs, odeurs des arbres et de l’air. Cette campagne est une racine en moi. Aujourd’hui c’est un cauchemar. Tête vide, mots impossibles. Arrivée à la prison. Fouille complète, douche, puis la cellule. Le repas - refusé. J’ai informé que je ne mange ni ne bois plus.»


Journal de prison

Ma vie venait de s'arrêter. Je ne comprenais rien. Mais ce n’était que le début. 33 jours de prison préventive. 33 jours de refus de nourriture, et les 5 premiers jours sans boire. Lésion au rein. Je devais faire un contrepoids à la violence qui m’était faite. 33 jours où j’avais accepté l’idée d’aller au bout. Je l’ai écrit dans mon journal de prison:


prison.jpg«24ème jour

Le soleil descend. En face les arbres sont beaux. « Sois en paix, comme un arbre ».

La révolte d’hier a laissé place au lâcher-prise. Maintenant je sais que je jeûnerai tant que je serai injustement incarcéré. J’y réfléchis tous les jours, je pèse les risques. Mais c’est clair et serein. Je pense qu’un homme qui donne sa vie pour la vérité sera un jour entendu. Je suis prêt à quitter cette vie sans regrets, fier de ce que j’ai accompli. Je ne suis pas kamikaze, me sens en paix avec cela.

Je le fais aussi pour tous les hommes accusés injustement, traînés dans la boue. Je ne cherche pas à être un héros, juste à donner un sens à ce que je vis. Je suis dans ma vérité et je suis en paix.

...

25ème jour

Fatigue de plus en plus. M’économise. Tristesse. Calme. Accepter de plus en plus d’aller au bout. Accepter l’idée de la fin. Paix. Dire à ma mère que je l’aime. La remercier pour tout, lui dire qu’elle a mon amour. Nos conflits sont terminés. Je règle les choses, suis clair et innocent. Irai au bout. Pas de regrets, pas amer. Mais fatigue, fatigue. Ne veux pas descendre à l’hôpital. Rester tranquille. Paix. Mais ne peux pardonner à ceux qui détruisent ma vie délibérément. Que fait la juge ? Espère pour elle qu’elle peut dormir tranquille. Iniquité, partialité. Ok, je laisse le monde au monde, me retire. Suis clair et innocent. Personne ne peut m’enlever ma vérité. Fatigue. Raccourcir mes phrases, mal au dos. Me sens mal, ma tête fatigue, vertiges. M’économiser.

...

Au vingt-huitième jour, j’avais accepté l’idée que mon corps pourrait lâcher. J’approchais de la zone à risque. J’ai accepté ce risque, et j’ai commencé à me désinvestir du monde. Je quittais la vie. Oui, j’ai accepté la fin, c’était un sentiment très étrange en moi. A la fois un désespoir, l’inutilité d’exister et d’avoir fait la part de mes erreurs pour construire une vie plus claire et digne. Mais aussi une paix, la fin de cette folie qui nie ma vie et ma réalité. La paix de ne plus être une cible. Avec, à chaque heure, une angoisse, une incertitude de choisir la voie juste. Et un regret de quitter cette Terre si belle»

 

Suite 2 ici.

A lire:

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A suivre: Comment est-ce possible - Chiffres - La volonté de vivre.

Catégories : société 18 commentaires

Commentaires

  • On comprend bien en quoi les modifications procédurales récentes, dont la présence de l'avocat, sont de natures à perturber le DYSfonctionnement mental de ceux, pas tous vous êtes mal tombé, qui ne recherchent pas la vérité, mais cherchent à boucler leur dossier au plus vite, enquêtant sur la foi de leur intime conviction précipitée, parfait reflet de leurs préjugés.

    Soumis au questionnement policier, pourquoi n'avez vous pas opposé le silence ?

    On m'a relaté le cas d'un homme embarqué en public par la judiciaire sans le moindre mandat d'amener, retenu par la judiciaire, sans le moindre mandat d'amener, c'est-à-dire victime du crime de séquestration. Il a été relâché quelques heures après. Pas l'ombre d'un indice que la dénonciation de pédophilie soit fondé. Il a changé de religion, voulait qu'on l'euthanasie avant que de renoncer à une dialyse rénale, soit de se laisser mourir... il est mort.

    Il est des dénonciations pénibles dont il incombe à la police de vérifier le bien fondé. Mais il n'est pas nécessaire pour se faire d'agir criminellement en enlevant le citoyen, en méprisant le citoyen, en le traitant d'emblée comme coupable. On ne s'en remet pas forcément lorsque la police ou la justice, que vous croyez naïvement juste et intègre, vous traite comme coupable de ce crime odieux et que le petit chef vous exprime sa conviction de culpabilité avant que de vous balancer sur le trottoir, pas même où on vous a enlevé.

    D'innombrables dossiers judiciaires attestent que de telles pratiques ont été, jusqu'au 31 décembre, 2010 massives. Aujourd'hui, les dérapages continuent. De nouveaux types de violations se systématisent.

  • CEDH: Je n'imaginais même pas opposer le silence. De bonne foi, je répondais normalement à des questions que je croyais normales. Je pensais naïvement que parler était faire preuve de ma bonne volonté, de la clarté de ma position. Je n'avais pas connaissance non plus de la plainte, même si les questions qui m'ont été posées laissaient entrevoir dans quelle direction cela allait. mais jamais je n'aurais pu imaginer le contenu sordide de cette plainte.

  • Impressionnant, très impressionnant.


    Face aux accusations de viol de masse et les affabulatrices à qui ont déroule le tapis rouge, les hommes faussement accusé on décidé d'ouvrir le feu:
    http://register-her.com/index.php?title=Main_Page

  • @ Forcep: waow!

  • Donc le silence serait l'expression de la culpabilité. Une forme d'aveux.

    Aux USA, l'exercice du droit au silence ne peut en aucun cas être considéré comme un élément à charge. En Europe, il peut l'être. Mais peut-il l'être en Suisse ?

    Il l'est, aux termes de la jurisprudence du Tribunal fédéral. Mais peut-il encore l'être depuis l'entrée en vigueur du Nouveau code de procédure pénale ?

    En effet, si le soupçonné est informé de son droit au silence, il n'est pas informé de ce que l'exercice de ce droit pourrait être retenu à son encontre. Il en résulte, qu'en lui opposant l'exercice du droit au silence, l'Etat adopte une attitude contradictoire, pourtant prohibée par la constitution (5 al. 2). De plus, il viole le droit constitutionnel a être informé correctement de ses droits (32 al.2, 2ème phrase).

    http://www.admin.ch/ch/f/rs/101/a5.html
    http://www.admin.ch/ch/f/rs/101/a32.html


    Les britanniques n'ont pas ce problème. Ils informent le prévenu du fait qu'il a le droit de garder le silence et du fait que ledit silence pourrait bien lui retomber dessus.

    Si on prend le cas DSK, l'exercice par lui de son droit au silence, pourrait bien, en Europe, le plomber.

  • @ forcep Si l'idée du site est géniale, le contenu nous mène toutefois vers des liens brisés. J'y vois plutôt le produit du travail d'un petit plaisantin qui a dénoncé à sa manière un traumatisme semblable vécu dans son entourage...

  • Lire : Le viol, la dénonciation calomnieuse, et la CEDH - Paroles de juge http://www.huyette.net/article-le-viol-la-denonciation-calomnieuse-et-la-cedh-79152845.html

  • Impressionnant la liste Des " False Rape Accusers", cela donne le vertige....Il faut que la Justice fasse un travail d'investigation et des enquêtes plus approfondies sur la personnalité, la psychologie et le passé des accusatrices mais cela coûte cher et parfois seules la confrontation entre les parties et la parole de la "victime" suffisent.

  • @ Serge: la réflexion autour de la position de la CEDH est intéressante et pose bien le problème. Le risque de l'ancien texte est bien démontré, mais le risque du nouveau texte est tout aussi important. Selon les juges, la balance peut pencher dans un sens ou dans l'autre. Il faudrait en effet une jurisprudence précise et bien documentée pour poser la ligne de démarcation.

  • je suis d'accord avec HL, le n,ouveau texte n'est pas mieux

    "Cette évolution du droit est tout à fait logique et plus en conformité avec la réalité. Car une déclaration de non culpabilité ne signifie pas forcément l'innocence de l'intéressé."

    conforme avec quoi avec rien, puisque la définition du viol sous l'influence féministe s'est tellement élargi que plus rien n'est constatable, don n'importe qui peut affirmer n'importe quoi.

    donc un homme ne peut plus porter plainte pour dénonciation calonnieuse puisqu'uil ne peut rien prouver .

  • Sans vous offenser, je ne suis pas étonné que votre livre ait si peu vendu.
    Pas à cause de son sujet, mais plutôt à cause du style.

    Vous avez une tendance aux grands mots. Ça fait personne qui raconte un film.

    Certes, parfois le style n'a aucune importance pour vendre un livre. Mais c'est quand il s'agit de personnes ou d'événements célèbres.

  • Je suis le seul à trouver le site de forceps résolument infect ?
    Allez donc parler de "nazis" et de "gestapo" après, si vous employez exactement les mêmes méthodes.

    Au juste que voulez-vous ?

    Qu'on respecte la présomption d'innocence quand l'accusé est un homme ? Ou qu'on la démolisse quand l'accusée est une femme ? Ou peut-être les deux à la fois ?
    Vous parlez de sexisme renversé, de sexisme anti-homme mais vous me semblez être dans le sexisme anti-femme.

  • ne voudrais pas prendre une fausse accusation par lui-même, il est injuste, mais il arrive

  • Au secoure je vien d etre relaxé pour des fausses accusation de viol et attouchement sur mineur.
    J ai fais 2 mois de prison au début de l instruction
    Puis controle judiciaire et apres 4 ans de souffrance pour ma femme ma fille qui m on toujours soutenu ainsi que la famille de mon acqusatrice.
    Je suis sois disant un homme libre !!!
    Décembre 2014

  • j'ai connu ça , en fait ,l'expert judiciaire à constatée que la gamine avait la haine contre son pére, elle a de suite expliqué juste vouloir se venger de lui , mais méme si j'ai été acquitté complétement ma vie à quand méme été brisé car effacé des fichiers comme criminel qu'aprés 5 ans malgré relance CNIL, et ils m'ont tous dit que prouver son innocence c'est exceptionnel , mais le mal était fait...vie brisée pour rien du tout car le dossier pénal des gendarmes c'etait vide ++++++++++

  • rien dans le dossier pénal sauf une "enquete a charge" RIEN DE NEUF QUOI

  • Des femmes se joignent à vous Messieurs car non accusées de viol mais de faits dont nombre d'adultes ont saisi très vite l'importance de faire porter leurs incuries sur des épaules d'enfants

  • j ne sais pas si au niveau masculin vous avez aussi remarquez mais tous ceux accusés à tort un jour ou l'autre sont requis pour prendre position dans des conflits dont ils ignorent la teneur car n'étant pas présents au moment des faits
    De nombreuses femmes en ont fait l'expérience et de nos jours quand on sait le nombre de gens seuls il est facile de les prendre en otage et là c'est un apprentissage du non qui est requis pour montrer que ceux qi créent des conflits n'ont qu'à les résoudre eux -mêmes sans toujours compter sur l'aide de gens qui ont pour finir envoyé la compassion sur une autre planète
    Etre bon oui mais pas stupide au point d'endosser des faits ne nous concernant pas
    Je crois que ceux accusé à tort possédent en eux mêmes la clé que d'autres n'ont pas,la déterrmination à ne plus se laisser marcher sur les pieds impunément
    Si des femmes y sont arrivé vous Messieurs vous arriverez aussi

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