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Fric Panic

Ô Stress, Ô grand Stress, quand donc libéreras-tu l’humanité de ton emprise? Parce que là, ça dure depuis un moment et l’on n’en voit pas vraiment le bout. Après les folies vertigineuses des sommes générées par la finance virtuelle, après la chute non moins vertigineuse de la crise des subprimes, après la Grèce et la zone euro, nous pouvons aller au Luna Park sans crainte, nous sommes vaccinés: les montagnes russes à côté des des hauts et des bas de l’économie et de la finance, c’est du pipi de chat.

crise1.jpgCette fois c’est la baisse de la notation des Etats-Unis qui prépare la fosse où le krach est supposé nous conduire. Je ne suis pas doué en économie, je lis et m’informe comme tout le monde. Et je me pose des questions.

Par exemple je lis un excellent article dans Le Matin de ce jour. Paul Seabright, professeur d’économie à l’Université de Toulouse, répond à quelques questions. Selon lui, l’économie est grippée essentiellement parce que la confiance manque. Les investisseurs se sont fait vendre des produits sur lesquels ils vont perdre de l’argent. Ils sont donc refroidis.

Les banques par exemple ont acheté des titres grecs parce que les politiques les avaient assurés que la zone euro était solide et solvable. Mais mettre tous les pays européens dans le même panier de solvabilité était un voeux pieux. De même accorder la note de solvabilité la plus forte aux USA était aller en sens contraire de la réalité. Il semble que nous ayons fonctionné pendant des années sur un optimisme démesuré sans vouloir affronter la réalité, et que nous en payons aujourd’hui le prix.

Pour Seabright, il semble que le rétablissement de la confiance est la priorité.

Est-ce vraiment si simple? Et comment restaurer la confiance? Bosser, produire, croître, faire tourner la machine productive afin de générer des richesses. Mais pour cela nombre d’industries ont besoin d’investir, ou besoin de liquidités temporaires. Or si les banques n’ont plus confiances elles ne prêtent pas, ce qui empêche justement la machine de tourner.

Et c’est la décroissance subie.

Mais quand-même quelque chose me titille. Les investisseurs ne sont pas des idiots. Acheter pour des milliards de titres d’un pays cela ne se fait pas comme au poker. On ne peut pas bluffer. Enfin j’imagine qu’on ne peut pas. Donc ces investisseurs devaient connaître la réalité économique des pays. N’est-ce pas un peu leur job? Ah oui, les chiffres de la Grèce ont été truqués par une banque américaine. Mais bon, les autres banques n’ont-elles pas leurs propres analystes? N’ont-elles pas la possibilité de voir la réalité?

Je ne peux me résoudre à penser que ces gens sont des incapables ou des naïfs. Je suis donc forcé d’imaginer qu’ils savaient ce qu’ils faisaient. Et donc que la crise possible ne les inquiétait pas plus que cela. De toutes façons l’argent de la Bourse n’existe que dans les ordinateurs. Il n’a plus beaucoup de réalité physique. La différence qui existe entre la valeur réelle de certaines entreprises (ce qu’elle possède et ce qu’elle produit) et sa valeur en bourse demande parfois des corrections.

Un document intéressant expose l’évolution de l’argent et explique que la dette d’un débiteur est jusqu’à un certain point une richesse pour une banque puisqu’elle est riche d’argent qu’on lui doit.

Ce qui signifierait qu’une grande partie de la masse financière n’existe que virtuellement, comme un projet.
crise3.jpg
Donc au final, si la banque ne retrouve pas son argent, elle devient propriétaire des biens du débiteur, ou d’un pays. Et si elle fait faillite, elle liquide à bas prix ses dettes, qu’une autre banque rachète pour des miettes. Et bientôt les administrateurs de la banque qui a fait faillite seront engagée dans celle qui a racheté les dettes à bas prix.

C’est difficile de faire confiance et de ne pas se dire que ces gens jouent avec le monde et qu’au fond la panique est au mieux utilisable, au pire orchestrée.

La panique financière ne servirait-elle qu’à faire croire au bon peuple que la situation est terrible et qu’il doit accepter tous les sacrifices? Je lis par exemple ce matin que les employés suisses pourraient être payés en euros, ce qui diminuerait la charge financière des entreprises. Est-ce bien logique? Si l’on en arrive à cela, c’est-à-dire en clair à faire payer le risque de l’entreprise à ceux qui y travaillent, on devra logiquement aussi leur faire directement profiter des bénéfices quand il y en aura. Comme le rappelle un syndicaliste: «La règle du jeu veut que l’entreprise supporte les risques et empoche les gains. On ne peut pas tout à coup changer cette règle, laisser les patrons augmenter leurs gains et donner le risque aux employés». Le salariat a des inconvénients, il doit aussi avoir des avantages.

La menace bien sûr est la perte de compétitivité des entreprises suisses à l’étranger. Leurs produits ont renchéri d’environ 40%. Et bien il fallait soit entrer dans l’Europe, soit anticiper. Oui mais on ne peut pas tout anticiper, me dira-t-on, et dans l’immédiat ce sont les places de travail qui sont menacées. Ne vaut-il pas mieux gagner un peu moins et conserver son travail?

Et couic! Comment répondre à un tel argument? Mieux vaut un peu que rien du tout. Mais ces gens jouent avec le feu. Ils mettent en danger des systèmes politiques avancés où les humains ont une liberté qu’ils n’avaient jamais eu auparavant.


Sress, Ô grand Stress, je n’y comprends pas grand chose, je vois seulement que tu nous bouffes jusqu’à la moelle.

Et j’ai même l’impression que la panique financière en arrange.

Bah, l’important est d’être en vie, d’avoir sa tête et ses deux mains. Et de positiver: en 1907 le Dow Jones avait perdu 50% de sa valeur en environ un an. Et il est remonté.

D'accord, positiver c'est un peu court. Mais c'est mieux que rien.

10 commentaires

Commentaires

  • N’étant pas non plus un féru de l’économie et encore moins de la finance, j’essaye tout de même de comprendre un peu ce qui se passe dans ce bas monde en ce moment.
    Les dettes des gouvernements, des entreprises et des ménages ont atteint des proportions astronomiques. D’où vient cet argent ?

    John Kenneth Galbraith, économiste, disait :
    « Le processus par lequel les banques créent de l’argent est si simple que l’esprit résiste à y croire. »

    Josiah Stamp, directeur de la banque d’Angleterre de 1928 à 1941 disait :
    « Le système bancaire moderne fabrique de l’argent à partir de rien. Ce processus est sans doute le tour de passe-passe le plus étonnant jamais inventé. »

    Et pour essayer d’y comprendre un peu quelques choses sur les mécanismes bancaires et économiques, je m’étais procuré un film d’animation sur DVD, il y a deux ou trois ans intitulé, « L’Argent dette ».
    Revisionné ce film de vulgarisation hier, je crois pouvoir dire qu’il est aujourd’hui plus que jamais tout à fait pédagogique et pertinent.

    Ce film d’animation peut être vu et enregistré sur :
    http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-f

  • Oui Benoît, je l'ai mis en lien dans l'article. Je le trouve aussi très édifiant.

    On comprends mieux l'interdépendance du système financier et sa fragilité - comme sa richesse surfaite.

  • Oups ! Faut que je lise un peu plus attentivement !
    M’excuse.

  • Pas de soucis! :-))

    Les liens sont peu contrastés, et j'ai l'habitude de les mettre directement dans le texte sans les annoncer.

  • Rétablir la confiance n'est pas simple – mais faisable. C'est ce que Paul Seabright dit. Pour connaître la subtilité de son argumentation, il faut lire son livre LA SOCIETE DES INCONNUS, Editions Markus Haller, Genève 2011 (www.markushaller.com)

  • Curieuse époque que la nôtre; la course folle dans le mur nous laisse sans voix, sans idées d'anticipation, sans visions d'un après autrement. Tant chez les économistes, les politiciens que les blogueurs.
    Pas un responsable qui se montre avec un discours qui soit à la mesure de l'ampleur de la chose. C'est peut être cela qui est le plus alarmant.

    Tout au plus l'économiste Marc Faber souligne à raison que le renflouement des banques en 2008, avec les deniers des populations qui s'asphyxient au travail, n'a absolument rien changé.
    Le système arrive au bout. La masse critique des indignés doit encore grandir et elle grandira lorsque chacun sera touché dans son mode de vie, sans perspective crédible d'embellie.

    Cela souligne a quel point nous somme otages et complices d'un système économique dément qui a commencé à dérailler dans les années 70 et combien la démocratie n'a servi à rien pour enrayer les déroutes qui s'annonce.

    Nous sommes un peu comme l'avion d'Air France en plein décrochage et les pilotes sont dépassés ou inconscients de la nature véritable de la chute.

    Il est impératif de penser et développer un noyau d'économie parallèle propre à assurer des échanges de manières structurées, pendant que l'autre pan se délite avec le risque d'amener une période de non droit effroyable.

    A part cela le livre de Paul Seabright à l'air effectivement très intéressant.

  • Aoki: la théorisation d'un autre mode de relations demande une longue gestation. Les modèles de sociétés que l'on a tenté de substituer à celui ci dans le passé ont été pires. J'y reviendrai, c'est juste pour dire qu'entre l'analyse et la proposition de faire autre chose, il y a un écart inévitable. L'analyse ne contient peut-être pas encore assez d'éléments percutants pour produire une nouvelle vision.

  • Bien sûr qu'un nouveau système n'est pas pensable en un tour de main, même impossible tant la mentalité est imprégnée et que le système actuel s'est immiscé dans tous les petits gestes de la vie quotidienne.
    Je pensais avant tout à un passage transitoire de survie.

    L'hyper-développement galopant était/est un endettement faramineux sur les ressources de la vie. Cet endettement a fonctionné avec de l'argent virtuel comparable finalement au quidam qui cumulait les cartes de crédits dans les belles années pour s'assurer un train de vie sans avoir les ressources de rembourser. A un moment cela s'arrête forcément.
    Comment ne pas avoir vu les limites en amonts, comment ne pas avoir repéré avant, que chaque matin quand on se lève pour aller travailler, nous rentrions toujours plus en servage face aux banques qui récoltent quoiqu'il arrive les dividendes de toutes les activités qui agitent la planète.



    Qui a choisi un tel système ? La corruption active et passive du monde politique par "le monde des affaires" ? Probablement à mon sens
    On peut retourner la question dans tous les sens. Une espèce qui ne sait pas se réguler disparait !
    Tant que la terre possédait "des zones en friches" c'était le Far West pour la finance. Mais maintenant la planète est devenue petite, pas un recoin n'est pas déjà occupé.
    Ce développement a fasciné, personne n'a voulu prendre le risque de la lucidité.

    A ce titre, cette vidéo sur l'argent dette est vraiment édifiante et on peut voir qu'à un moment donné, le système s'est mis à délirer avec un relatif consensus coupable.

    Il nous faut apprendre à vivre dans une maison, avec ses limites de territoire. Nous devons apprendre "l'économie durable" quelque soit nos pensées ou nos couleurs politiques.

  • Nous savons tous que l'hypercroissance n'a pas de cohérence économique sur le long terme. De plus l'activité générée est destructrice pour notre propre planète.
    Nous sommes dans un système autodestructeur, simplement parce qu'il existe un culte du profit à tous prix, et un monde politique piégé par son souci électoraliste. Chaque mesure saine, sera combattue par d'autre politiciens surfant sur la vague de mécontentement, qu'elle aura suscitée.

    Alors on regarde tétanisé, ou dans une fuite schizophrénique

    -" Les cinq dernières grandes phases d'extinction sur Terre ont toutes coïncidé avec une acidification des océans, un réchauffement de la température des eaux et un appauvrissement des milieux marins en oxygène (hypoxie). Les niveaux de carbone absorbé par les océans «sont déjà bien plus élevés aujourd'hui qu'à l'époque de la dernière extinction de masse d'espèces marines, il y a environ 55 millions d'années, lorsque près de 50% de certains groupes d'animaux d'eau profonde furent exterminés» le Figaro
    http://www.lefigaro.fr/environnement/2011/06/20/01029-20110620ARTFIG00692-une-grande-partie-de-la-vie-marine-pourrait-disparaitre.php

    -Si le problème n'est pas vraiment du côté de la technique, ni même de la structure du système économique, où se situe-t-il? Cela fait plus de vingt ans maintenant que nous savons que le mur écologique se rapproche à grande vitesse. Pourquoi donc restons-nous comme paralysés, incapables d'engager les transformations manifestement nécessaires? C'est parce que, comme souvent, la question la plus compliquée à résoudre est celle des relations entre les êtres humains eux-mêmes.
    Extrait de l'excellent cahier "l'économie durable"
    http://www.alternatives-economiques.fr/une-economie-durable--ce-n-est-pas-gagne---_fr_art_888_46848.html

  • Aidons MERKOZY à appliquer les taxations de transactions bancaires.


    En effets, beaucoup d'argent (la grosse majorité) se situent chez les spéculateurs (quel travail productif !)
    Vous ne me croyez pas ?

    Regardez cette vidéo et signez pour la taxe Robin des Bois ;)))
    http://www.taxerobindesbois.org/

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