Je n’irai certainement pas voir ce film. La bande annonce, le thème, rien ne m’y motive. Même pas le buzz fait autour de l’affiche. Suite à diverses interventions sur le net, j’ai cherché à en savoir plus. La possibilité d’un coup orchestré, d’une polémique programmée, me paraît évidente. Reste à savoir jusqu’où. Petit rappel et informations.
Les faits
1. Les deux affiches en cause sont visibles sur internet depuis une dizaine de jours. Aucune désapprobation n’a été exprimée jusqu’à la parution dans les rues.
2. Elles ont été apposées dans les espaces public de la régie Avenir-Decaux au milieu de la semaine dernière. Le vendredi, suite à des plaintes, la direction de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) indique qu’elle va les faire enlever car elles sont considérées comme dégradantes pour l’image de la femme. La direction d’ARPP laisse ainsi entendre qu’elle a le pouvoir de les faire retirer.
3. Vendredi dans la journée, Avenir-Decaux annonce son intention de les retirer, en précisant qu’il dispose d’un autre visuel - lequel circule déjà sur le net. Sur cette affiche (image 1, cliquer pour agrandir) on voit deux femmes sortir du champ vers la caméra et Jean Dujardin et Gilles Lellouche se marrer comme s’ils les prenaient pour des c... Cette nouvelle affiche apparaît cette fois comme franchement méprisante pour les femmes: ce n’est en général pas pour complimenter quelqu’un que l’on se marre dans son dos.
4. Dans la nuit de vendredi à samedi les premières affiches sont enlevées de l’espace public et remplacées par les nouvelles.
A ce stade il paraît évident que l’annonceur était prêt pour le remplacement de la première vague d’affiche. Modifier une campagne à grande échelle est une affaire considérable: refaire une affiche, l’imprimer, mettre en place les équipes de pose, leur fournir le matériel, cela ne se fait pas au pied levé. Donc le remplacement était forcément prévu.
Ce qui laisse entendre que la polémique était également prévue. Avenir-Decaux, la régie qui fait poser les affiches, est membre de l’ARPP. Elle connaît donc les règles du jeu et ne pouvait ignorer qu’elles pouvaient être sujettes à polémique. Au besoin un complice peut forcer le destin en déposant une plainte. Rien ne permet ici de l’affirmer. Mais rien n’empêche de se poser la question dans ces circonstances. L’ARPP n’a pas donné d’indication sur l’origine des plaintes. On ne peut savoir si les plaignants sont complices ou s’ils sont de bonne foi.
Déontologie amusante et sexisme de l'ARPP
La déontologie de l’ARPP précise que la publicité ne doit pas réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à la fonction d’objet (Image 2, cliquer). Elle précise encore qu’elle doit éviter d’induire une idée de soumission ou de dépendance dévalorisant la personne humaine et en particulier les femmes.
Deux choses sont à relever ici. La première est l’inféodation de l’ARPP aux thèses féministes. En effet, pourquoi préciser «en particulier les femmes», alors que les hommes peuvent également être réduits à la fonction d’objets? Quel est ce paternalisme à l’égard des femmes? Pourquoi leur appliquer un traitement à part et plus important qu’aux hommes? La notion d’égalité ne devrait pas permettre de privilégier un genre par rapport à l’autre. L’ARPP fait en réalité du sexisme. Ou alors reconnaissons clairement que l’égalité est relative et modulable selon des différences que la théorie ne peut réduire. Et l’on accepte les conséquences à tous niveau d’une telle reconnaissance.
La seconde chose à relever est l’hypocrisie assez crasse de ce règlement. Car dans l’écrasante majorité des publicités la présence d’une personne ne sert qu’à vendre un produit. Hommes ou femmes, les humains dans la pub sont par définition des objets! Mais on le sait, et ce n’est pas grave dans la mesure où le jeu est librement consenti.
Par contre, dire que la position sur le dos de la femme pendant un rapport sexuel est une soumission, et une domination masculine, est vraiment tordu. On est devant des personnages consentants et dans une des positions les plus naturellement logiques: il n’y a donc pas de soumission. Il faut aller la chercher loin cette idée-là. Rien dans l’image ne permet de le dire, sinon la géographie des positions, et le stéréotype bateau de la supposée domination masculine. C’est là qu’est la perversion: dans le regard qui voit ici une quelconque domination. Vive la paranoïa moderne!
Comme je l’écrivais dans un précédent billet les seules positions autorisées seront bientôt debout ou sur le côté. Fini les fellations et cunnilingus, ces positions dégradantes de soumission.
Conclusion
On a donc l’ARPP qui joue au policier alors qu’en tant qu’association loi de 1901 elle n’en a aucun pouvoir légal. On a un afficheur qui fait l’étonné mais qui avait tout préparé en vue de la polémique. On a des plaignants inconnus, complices ou non. Et l’on a le 28 février la cérémonie des oscars. Titré, Dujardin sert le film. Non titré, il le sert aussi. Film qui, rappelons-le, sort le 29 février. Le hasard fait bien les choses...
Difficile de savoir jusqu’où c’est un coup monté et quelles sont les complicités. Mais il semble bien que des tartuffes essaient vraiment de prendre les gens pour des idiots. Rien que pour cela je n’irais pas voir le film.
Commentaires
La provoc, ça marchera toujours, John. Et ça fera ensuite courir les foules. Personnellement, j'irai voir le film car ce n'est pas pour me moquer des femmes mais pour me foutre de la gueule des beaufs, lâches, stupides, inconscients, qui n'ont qu'une obsession: Prendre pour jeter, et accessoirement en garder une sous la main quand rien ne marche pour eux. C'est le côté moche du mec que je veux voir agrandi par l'image (ci-dessus) et dans plein d'autres images. Car on peut rire de tout mais pas avec tout le monde. C'est bien connu. Ce film va me faire marrer. C'est pour ça que j'irai. Pour le reste, ce sera certes pas "The Artist". Prenez-vous pas la tête certaines féministes, John. C'est du second degré. Pas une fois Jean Dujardin a envie de dégrader l'image de la femme. C'est peut-être le code de l'image qui vous fait réagir négativement. Personnellement, je me fie à la réalité des personnes qui font le film, pas aux images humoristiques qu'ils nous offrent. Parce que vous le savez très bien. Il y en a qui font des affiches pour tuer l'Autre et démolir une Civilisation. Il y en a d'autres qui font de l'humour pour signifier que parfois le ridicule tue à travers nos rigidités dogmatiques. Ce n'est pas pareil. Le premier méprise. Le second rigole avec gentillesse et respect. Certes, parfois c'est difficile d'apprécier entre le rire et le mépris. Bien connaître la profondeur d'esprit des personnes permet assurément de faire la distinction.
Bonne soirée à vous, John.
"Personnellement, j'irai voir le film car ce n'est pas pour me moquer des femmes mais pour me foutre de la gueule des beaufs, lâches, stupides, inconscients, qui n'ont qu'une obsession: Prendre pour jeter, et accessoirement en garder une sous la main quand rien ne marche pour eux. C'est le côté moche du mec que je veux voir agrandi par l'image (ci-dessus) et dans plein d'autres images. "
Justement, cela serait amusant que les hommes inversent la vapeur en défilant dans la rue contre cette image dégradée de l'homme qui sous entend, entre autres, que l'infidélité est masculine.
Combien d'hommes se reconnaissent dans ces 2 nazes ?
Patricia, je préfère dire que cette polémique est infondée plutôt que d'aller défiler. Franchement je ne pense pas que ce film et ces affiches changeront l'avis des femmes sur les hommes. Celles qui en ont une bonne image la garderont et verront l'excès, celles qui en ont une mauvaise image se verront confirmées. Pour les hommes, je doute que beaucoup se reconnaissent. C'est de l'excès, comme dans l'humour.
Par contre je ne suis pas d'accord que l'on ne considère cela que sous l'angle des hommes beaufs. Car après tout, d'après le lancement du film, les femmes sont d'accord. Et pourquoi pas?
La dissymétrie hommes-femmes a encore frappé:
:-)
Au fond il y a un curieux mélange de double stéréotype sur les femmes: elles sont des objets mais au fond elles sont aussi comme ces hommes, mais ça on n'ose pas le dire parce qu'une femme qui couche dans ces conditions c'est pas bien... Et de stéréotypes sur les hommes.
L'humour est fait souvent de stéréotypes, de traits grossis. Pensons à Coluche!!!
Alors la polémique montre surtout comment nous sommes aujourd'hui crispés sur le sujet. Il y a plus de peur mais pas plus de respect. Parce que la judiciarisation, la politisation des relations hommes-femmes et leur idéologisation n'amènent simplement pas le respect mais uniquement la sanction.
Pachakmac: j'en ai surtout plein les oreilles de cette politisation des relations hommes-femmes. De l'air!
Personnellement, je trouve que les hommes et les femmes se cherchent mutuellement dans la vie comme sur cette affiche. Qu' est-ce qu' on va se prendre la tête ?!
"Patricia, je préfère dire que cette polémique est infondée plutôt que d'aller défiler."
Je vous comprends mais il faut bien admettre qu'on a l'impression que vous (les hommes), ne réagissez jamais devant ce genre de faits.
Cela aggrave la sensation de toute puissance de certaines féministes puisque leurs "ennemis" ne sont jamais visibles.
Imaginez le scénario inverse,2 copines qui passeraient leur temps à tromper leurs maris en multipliant les situations qui feraient d'elles 2 salopes et 2 débiles par dessus le marché.(c'est bien le cas, là)
Il ya aurait un tollé, comme d'habitude.
Pourquoi prendrait t'on des précautions avec les hommes puisqu'on peut se payer leur têtes sans qu'ils ripostent ouvertement ?
Patricia, c'est vrai. Les hommes réagissent peu, ou mal. Ils se sentent trop facilement coupables face aux femmes. Et ils n'ont pas forcément envie de dresser des armées et de théoriser des batailles.
Mais je vais riposter. C'est prévu. C'est pour bientôt, vers la fin du mois.
Chuuuuut.... Patience.....
@ Cristal:
Yes.
J' adore ce débat.
Merci bonne soirée à tous :)
@pachakmac, amusez-vous bien au cinéma.
Et qu' est-ce que j' aimerais qu' il me riposte ouvertement sur tous mes défauts.
Wouaw ce serait la perfection.
Mais vu que j' ai introduit dans la phrase le verbe aimer je ne suis pas sûre d' avoir ce que je veux. Parce qu' il adore s' introduire dans ma vie virtuelle que quand il le souhaite.
Alors le reste du temps, j' imagine sa présence.
Ha... Je respire:)
Toujours alerte, en plus de l'investigation et du sérieux nimbé d'une plume agréable à lire même si parfois les sujets sont difficiles à la limite délicats. Bravo l'Homme Libre, Monsieur John Goetelin!
Bonjour Gorgui,
Toujours en alerte, oui. Enfin j'essaie autant que possible. Et comme vous le dites, j'aime les sujets difficiles ou délicats. On ne fait jamais assez le tour des choses, et la parole est si précieuse, y compris dans la controverse, qu'il serait dommage de la laisser dormir.
Bonne journée à vous, infatigable Gorgui!
Surtout que l'ARPP ne trouve rien à redire lorsque des spots publicitaires mettent en avant des hommes humiliés par leurs compagnes genre pub. cuisinella.
Deux poids, deux mesures comme d'habitude.
@Patricia
Si je peux me permettre de réagir par rapport à votre point de vue sur les hommes qui ne réagissent pas. Je suis d'accord sur le fait. Si notre société était intelligente on verrait hommes et femmes défiler ensemble. Chose impossible sur ce genre de question car les feministes sont les premières à dégouter les femmes qui leur ont rien demandé et les hommes qui les trouvent trop hargneuses.
Il y a deux ans Damien Saez, auteur, compositeur, interprètre a vu son affiche censurée par une société responsable de l'affichage. Son affiche mettait en scène une femme nue dans un caddie de supermarché avec juste à côté le titre de l'album "j'accuse". A première vue on peut se dire que l'affiche est osée. Mais Damien voulait clairement démontrer que l'HOMME (donc hommes et femmes) sont devenus des marchandises! Il suffisait d'écouter la chanson (voir son album) pour le comprendre. Malgré toutes ces explications limpides un plateau à ce soir ou jamais, la présidente des féministes (genre chienne de garde) n'a d'une part pas compris le message et a persisté dans sa bêtise. Lors d'une émission radio le journaliste a allumé cette dernière en lui répétant à maintes reprises que c'était une critique qui allait totalement dans le bon sens défendu par son association.
Moralité, son affiche a été censurée comme celle de Guillon pour des motifs tout aussi obscure. Alors défendre les femmes oui je le ferai jusqu'au bout. Mais il est nécessaire que les femmes fassent le nettoyage des prétendus associations qui défendent le droit des femmes.
Je terminerai en citant Damien Saez : "Y avait une époque ou les filles avaient le poing levé aujourd'hui c'est culotte baissé" Il faut accepter cette triste réalité
@Plume noire :
Un internaute disait sur un blog que le féminisme est en train de devenir une vraie religion, avec ses lois, ses interdits, ses règles strictes et ses fanatiques.
Des fanatiques, j'en connais..Des femmes qui réagissent de manière épidermique et avec qui il faut faire attention à la moindre parole prononcée.
Il faut que les féministes arrêtent de monologuer, monologue qui consiste généralement en une suite d'affirmations basées sur une vision manichéenne du genre : hommes, méchants bourreaux, femmes, gentilles victimes.
Il faudrait qu'un homme sorte un livre, un premier du genre, une réponse circonstanciée à toutes ces affirmations qui créerait suffisament l'évènement pour que cela déclenche enfin un vrai dialogue homme/femme.
Enfin, c'est mon avis.
Nash a raison concernant la pub Cuisinella : l'homme est ravi de montrer à sa compagne comme leur cuisine est jolie.
Elle le défenestre et dit "maintenant, c'est parfait"
Quel est le message ? Du balai ?
Je croyais que les femmes en avaient marre de faire la cuisine pendant que les hommes sont devant la télé.
Bref, je ne comprends plus rien sauf que si c'était l'homme qui défenestrait une femme ou la sortait à coup de pieds aux fesses de son atelier de bricolage, je suis sure que ça passerait beaucoup moins bien.