Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Zorro contre Mark Muller et Rémy Pagani

Le personnage rassurant type du cinéma est bien Zorro. Ah! Il arrive toujours à point, ne joue pas trop avec nos nerfs, gagne à coup sûr. Et avec un tel sourire, une telle confiance en lui, que les enfants se sentent protégés.

zorro5.jpgSa manière de sauver les belles dames inspire les entreprises de séduction des garçons. Et son efficacité à punir les méchants fait naître des vocations de justiciers à la chaîne, cela quel que soit notre bord politique. Zorro n'est personne en particulier, il est universel. Je le cite ici en tant qu'archétype.

L’avantage d’être justicier est que l’on est forcément du bon côté. Cela implique que l’on est parfait - ou presque, nimbé du chapelet moral des étoiles du Bien, et que nous avons notre certificat de policier adjoint éternel. «Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre», disait Jésus à propos de la femme adultère. Celui qui jette la pierre est donc sans tache. Forcément.

A moins bien sûr qu’il n’y ait quelque calcul politicien derrière cela. Mais naaaannn! On ne peut attribuer au justicier une telle intention!

Zorro demande donc la démission de Rémy Pagani. Celui-ci n’aurait pas assez anticipé. Il devait prévoir que les conditions du campement des Bastions étaient à risque, que des personnes sans lien avec les occupants allaient et venaient, et que tout cela portait des germes de complications. Ce procès fait à M. Pagani est exagéré. On ne peut tout anticiper, ou alors on devrait fermer tous les parcs la nuit car de pauvres hères pourraient bien aller rendre l’âme derrière un buisson éloigné des lumières pâles des candélabres. Peut-on encore mourir, même éventuellement par suicide, sans que les autres récupèrent notre mort? Cessons de nous flageller. Nous ne pouvons être partout à veiller au grain et à sauver le monde entier. Nous ne sommes pas individuellement responsables de chaque drame qui survient. Je le serais si, voyant quelqu’un tomber à côté de moi, je ne fais rien.

Ce décès est-il le symptôme d’une déficience de la communauté? Je n’en suis pas certain. La communauté fait déjà beaucoup pour ceux et celles qui sont dans la maladie ou la difficulté. Notre société n’est pas un monstre de froideur, même si elle est perfectible. L’auto-flagellation qui dure quelques jours et recommencera au prochain mort est-elle utile? Que changera-t-elle une fois que l’on sera passé à un autre événement pour Zorro2.jpgoccuper la une des journaux? Ce qui est déjà le cas avec l’arrangement trouvé par Mark Muller: on ne parle plus du défunt. Un clou chasse l’autre. Si vraiment on est très touché par ce décès, alors dénoncer ne suffit pas: il faut s’impliquer dans les services sociaux, donner du temps bénévole à la Main Tendue, créer des patrouilles qui tournent la nuit pour sauver les malheureux. Autrement on ne fait que caresser sa bonne conscience dans le sens du poil pendant 3 jours.

Zorro demande aussi la démission de Mark Muller. Certes monsieur Muller a eu un tort: celui de ne pas assumer immédiatement ses actes de la nuit du 31 décembre dernier. Il a aussi un autre tort: c’est d’avoir cru ce que lui disait une jeune dame sans aller d’abord vérifier. Avait-elle vraiment été agressée? Il semble au final que non. Plutôt que de démarrer en trombe comme un chevalier blanc, digne Zorro lui-même, allant défendre la belle dame (ma foi, cet homme est sensible au charme féminin), il devait vérifier et ne pas chercher à faire justice lui-même. Car il a aussi bien pu être piégé par la dame, au fond! Rien de tel qu’une belle dame malheureuse pour réveiller l’esprit chevaleresque du mâle lambda qui reste vif même sous des dehors casaniers, et l’envoyer au casse-pipe. En d’autres temps l’affaire se serait terminée à l’aube sur le pré, fleuret ou pistolet à la main. C’était presque l’aube, et le pré était du bitume, mais l’idée y est. En d’autres temps il y aurait eu un mort. En d’autres temps le vaillant chevalier défendant la dame aurait été un héros.

Dur dur d’être un héros de nos temps. Aujourd’hui on ne parle que de faute. Triste époque qui cultive le déshonneur plutôt que l’honneur. Certains voient le verre à moitié vide. Je préfère le voir à moitié plein.

Bref, jusque là je ne demande pas à un magistrat d’être parfait. Il a démarré trop vite, et il apprendra à vérifier la prochaine fois. Pour moi un tel épisode ne se mélange pas avec son travail, ses compétences ou sa fonction de Conseiller d’Etat. Le goût très prononcé pour les breuvages zorro4.jpgalcoolisés d’un Conseiller d’Etat socialiste très populaire d’une époque déjà ancienne n’ont jamais fait de lui un mauvais politicien. Certes ce n’était pas pénal. Mais l’exemple n’était pas idéal pour la jeunesse, lui qui était en charge de l’enseignement.

Nous n’avons pas à demander à la justice de régler nos comptes politiques. Dans la mesure où un Conseiller d’Etat ne doit pas présenter de casier judiciaire vierge, l’affaire est close. L’arrangement efface la plainte, le Parquet entérine. Il y a visiblement plus grave à traiter. Et c’est à la justice de mettre la limite et de décider, selon la faute, si le magistrat est encore digne de sa charge ou s’il doit s’en aller et être privé d’éligibilité. Ce n’est pas le cas ici. Mark Muller aura bien le temps de vérifier dans deux ans si les citoyens lui tiennent rigueur ou non de cet épisode.

Après tout, Mitterrand a menti effrontément sur la question des écoutes illégales qu’il avait commanditées. Il n’a subi aucune conséquence de l’attentat commandité contre le bateau de Greenpeace, le Rainbow Warrior. Et si l’on parle d’ordre moral, il ne lui a pas été reproché d’avoir toujours eu deux femmes - une sorte de polygame, François Mitterrand. Il vivait dans le secret et le mensonge.

Une telle affaire n’aurait jamais eu autant d’ampleur si Mark Muller n’était pas Conseiller d’Etat et si l’époque ne se réfugiait pas derrière une sorte d’ordre moral au lieu de repenser vraiment les questions de société. Ne demandons pas la sainteté aux Magistrats. Mesurons la gravité réelle avant de nous emballer. Que les Zorro ne soient pas déçus de cet arrangement: il y a assez de causes importantes à défendre dans ce monde.

 

 

 

L'aventure en Haute-Provence:

CouvDiable.jpg

Catégories : Politique 11 commentaires

Commentaires

  • Oui John,

    " Un clou chasse l’autre. "

    J'aime bien cette phrase, tant elle est vraie, applicable à notre monde moderne où la surconsommation règne. Surconsommation d'événements médiatiques qui réclame et réclame encore des faits divers dont les délais de péremption sont de plus en plus courts, afin de rassasier le consommateur omnispécialiste toujours avide.

    Bon week-end !

  • Excellent papier John. J'aurais aimé l'écrire.

  • Je souscris à ce que vous dites mais si je me suis aussi transformé en "Zorro" réclamant la démission de Mark Muller, c'est à cause du problème de conflit entre Mark Muller et le MàD. Il n'avait rien à faire dans co9oes toilettes avec la porte-parole de cette boîte de nuit alors qu'il était en pourparlers avec eux pour les reloger. Pourquoi absolument tout le monde glisse comme chat sur braise là-dessus ?
    Sans oublier que ce n'est ps la première fois qu'il est impliqué dans un problème de conflit d'intérêt depuis qu'il est Conseiller d'Etat

  • Joli billet, John, pour pourfendre les donneurs de leçons volatils, mais je ne suis pas du tout d'accord que vous utilisiez à l'envers l'image de Zorro: il ne dénonçait rien, n'exigeait pas que l'on coupe des têtes, mais agissait dans l'ombre et toujours incognito, pendant que dans la vie civile il passait pour un benêt conformiste. Il s'engageait et n'accusait pas. A mon souvenir, il n'était pourtant pas tout à fait irréprochable, car tout à fait capable de jouir du malin plaisir d'avoir une fois de plus, à chaque épisode, ridiculisé le sergent Garcia!

  • @ Juan Carlos:

    Oui, j'entends ce que vous dites. Pour un besoin urgent, la présence de la dame était-elle indispensable?

    Pour ce qui est de se transformer en Zorro, no soucy: j'écris aussi pour moi car je m'y prends aussi parfois. Je m'astreins à la même vigilance que je demande aux autres.

    Je suis passé sur votre blog. Très sympa. Je l'ai mis dans ma liste. J'ai découvert Juliette Grenier Clava. Belle sonorité sous ses doigts. Moi je suis fan d'Hélène Grimaud. Petite gêne: la lourdeur de la page à télécharger.

  • @ Acratopège:

    Evidemment que l'image du justicier était tentante. C'est cette résonance que je reprends.

    Mais oui, d'accord, enfin à moitié. Il lui est arrivé de faire la leçon aux méchants!!! (Si, si...). Mais en effet il agissait avec discrétion.

    C'est vrai aussi qu'il n'était pas très sympa avec le sergent Gracia. Mais c'était de bonne guerre, et avec toujours ce sourire et ce charme! On lui aurait pardonné n'importe quoi.

    Bon, gardons l'idée du justicier, et gardons à l'esprit que Zorro était un gentleman, pas seulement un justicier.

  • Merci !! La lourdeur de la page est le prix à payer malheureusement afin de pouvoir partager des vidéos youtube. Je ne conçois pas de partager mon travail sans présenter réellement celui des autres. Si vous le désirez, je vous invite à voir mon autre blog .. "Life Photographer" : http://juancarloshernandezphotographe.blogspot.com

    Merci d'avance !

  • Beau blog aussi, Carlos. Plus engagé. Les images sont originales.

    Moi-même je prépare un album, qui sera uniquement en ligne (pas dans les bacs). Style: chanson française assez variée, avec une louche latino et world. Je fais compo, écriture et chant. Un musicien finalise les arrangements et j'enregistrerai dans son studio. Ce sera vers Pâques si on tient les délais. Je l'annoncerai ici.

    Bien à vous.

  • merci ! ok, comme je suis votre blog désormais, je serai au courant via mes RSS. Cela dit .. on m'appelle Juan ou Juan Carlos .. jamais Carlos ;-)

    cordialement et bonne chance !

  • Ho, désolé, j'ai écrit trop vite. Je voulais mettre le premier prénom. :-/

  • Oui il y a besoin de beaucoup de zorros dansnotre monde de brute :/

Les commentaires sont fermés.