Les tensions et les manifestations violentes de ces jours en Grèce n’expriment pas un divorce moral entre ce pays et l’Union Européenne. Au contraire. Un sondage paru hier vient à point pour recadrer le débat.
Selon ce sondage rendu public hier par le journal Ethnos, les grecs ne veulent pas du retour à la drachme:
«Les trois-quarts (75,9%) s'affichent au contraire en faveur "de la perspective européenne" de leur pays et les deux-tiers (66,5%) souhaitent que le programme d'assainissement dicté par l'UE et le FMI réussisse.»
Voilà qui a le mérite d’être clair. Le projet européen reste la première intention de la population de ce pays. Les difficultés dans lesquelles ils se débattent et la violence des manifestations aurait pu faire penser le contraire. On se demande alors qui les émeutiers représentent-ils à la lecture de ces chiffres.
Les grecs doivent mieux cibler leur adversaire. L’adversaire n’est pas l’Europe ni le FMI. Les créanciers sont en droit de réclamer leur argent. Personne n’a obligé ce pays à emprunter. Cet argent a-t-il été bien utilisé? A qui a-t-il profité? Qui a menti sur la situation réelle du pays? Pas l’Europe.
Depuis des décennies le peuple vote pour en gros trois familles, trois dynasties politiques. Et il risque de continuer en avril prochain. Donc ce peuple qui aujourd’hui souffre est d’accord avec ceux qui ont amené le pays au bord de la ruine. Il va même peut-être les reconduire.
Grâce à son entrée dans la zone euro la Grèce a reçu des prêts importants. Aujourd’hui elle paie le prix fort mais elle continue à recevoir de l’argent, et l’Europe agit pour l’effacement de sa dette à hauteur de 70% du montant dû. On comprend que les grecs souhaitent rester dans l’Euro: l’intérêt financier est évident. Ce qui est légitime.
On espère qu’en plus il y ait un petit supplément d’âme: un réel soutien au projet européen, qui est de mettre fin à des millénaires de guerres et de luttes de pouvoir, de créer une zone économique forte, de jouer son rôle dans l’évolution du monde, et de rapprocher les peuples. L’Europe a des défauts connus, mais cela ne devrait pas mettre en cause le projet qu’elle représente. Au contraire. Ce sondage grec vient à point comme un signal fort envoyé à la communauté.