Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Des télétubies punk à la cathédrale

Vous aimez les télétubies? Vous aimerez les punks qui ont chanté à la cathédrale. C’est à peu près du même niveau. Dans un système de grande liberté, chacun fait évidemment ce qu’il veut. Et il est malaisé d’y critiquer une prestation. Mais il faut s’en donner le droit. S’il n’y a plus d’exigence ni de critique, on peut considérer que les Kinder Bueno sont du niveau de Léonard de Vinci, et que Jo-Wilfrid Tsonga est le nouveau Depardieu.

Tsonga-fr-Bueno.jpgPar exemple: l’urinoir de Marcel Duchamp est une fumisterie et un mépris des créateurs et du public. Provoc? Oui. Mais il n’y a pas mis sa patte. Ionesco, auteur de théâtre que j’ai beaucoup aimé, a au moins écrit ses pièces, même s’il n’en restera pas grand chose aux yeux de l’Histoire.

Mais d’accord, on ne peut demander aux punks de la cathédrale d’être des Shakespeare ou des Musset. Et puis les punks avaient un rôle de ferment social et culturel il y a 30 ou 40 ans. Pas aujourd’hui. Sauf en Russie qui nous imite avec un décalage dans le temps. Encore 30 ans et ce sera en Chine.

En regardant la vidéo mise en ligne sur la TdG, j’imagine bien des gamins qui, ne sachant pussy-riots.jpgpas jouer ni écrire, font n’importe quoi. Le simple fait de le faire et de délirer leur suffit. Mais passé l’adolescence, on devrait avoir davantage d’exigences.

Bon, la musique, rien à dire, ça fait du bruit donc le but est atteint. Une oeuvre aussi fait du bruit. Les paroles? «Marie mère de Dieu, libère-nous de Poutine»: mais quelle importance à Genève? Cette phrase avait du sens à Moscou, ici aucun. Et encore moins à la cathédrale. Devant le consulat de Russie, là oui, cela aurait eu de la tenue. Quelle audace! Ou devant le Palais des Nations. Ou dans le Hall de l’Hôtel Intercontinental. Mais à la cathédrale...

Moi qui soutiens les Pussy Riot je suis franchement effaré de voir la faible prestation. Pas de discours libertaire réel, pas d’engagement sur un lieu dangereux.

pussy_riot_concert_eglise_406378276_north_607x.jpgJe pense même qu’une telle prestation dessert les filles. D’abord leur déguisement, dans les couleurs du drapeau russe (cela ne semble pas avoir effleuré les punk de Genève), n’était pas aussi ridicule et faisait appel à une image forte (la cagoule du sniper ou du terroriste, images 2 et 3) et sublimée par le jeu des couleurs. En quelque sorte c’est l’illustration de la violence et de la dérision de la violence. Ensuite leur texte, dans le contexte russe, était réellement politique, puisque l’église orthodoxe avait officiellement soutenu Poutine.


Alors on peut se dire qu’il est mieux qu’il se passe quelque chose plutôt que rien. Oui. Quoique... parfois le mieux est l’ennemi du bien. Et un délire de télétubies tourne les Pussy en ridicule.

D’ailleurs cela devient trop: entre Cécile Duflot qui reprend à son compte les Pussy en mettant une cagoule de Bunny ratatinée et en disant qu’elle a une muselière en tant que ministre (elle n’apussy-cecile-duflot.jpg qu’à s’en aller du gouvernement si cela ne lui convient pas!), Madonna qui fait ses manifs sur scène tout en ayant eu soin de retirer la croix gammée de l’image de Marine Le Pen pour ne pas avoir d’ennuis, plus tous ceux qui jugent ces filles et qui oublient qu’en 1969 le film Easy Rider avait combien plus ébranlé la société américaine, ceux qui ont oublié leur propre jeunesse ou qui n’ont jamais marché en dehors des clous, la société n’a plus de couilles et chevauche l'incohérence.

Les petites russes, bien que féministes, elles en ont des couilles! C’est peut-être pour ça que je les aime bien.

La vidéo est ici sur le site TdG.

Catégories : Art et culture, Liberté, Politique, société 11 commentaires

Commentaires

  • Singer les Pussy Riot n'est pas du grand art mais c'est sans doute beaucoup mieux pour l'Amour de Dieu que de singer les terroristes, leur cagoule noire et leur fusil mitrailleur. Dieu a de l'avenir avec les folles philosophiques de Pussy Riot (qui jouent avec beaucoup de sens et d'intelligence sous le masque de filles déjantées et débiles). Il n'en a plus du tout avec les terroristes. Puisque que Allah semble ^^etre devenu ce grand assassin de l'Humanité. La fin du monde, vous comprenez, John... Faut-il en rire avec les Pussy Riot o``u pleurer avec les grenouilles de bénitier?

  • Bonjour Pachakmac, je préfère certainement en rire avec les Pussy, qui comme vous le dites ont quelque chose dans la tronche et dans le ventre. C'est bien pour cela que je déplore la prestation de Genève. Elles participent à leur manière au réveil d'une génération post-dictature et post-Tchétchénie.

    Je vous dois une autre réponse ailleurs, je vais essayer de rattraper mon retard ce week-end!

  • Ce sketch à la cathédrale est effectivement du réchauffé, à bon marché.
    Son seul mérite est d'avoir effectivement fait quelque chose de concret.
    Ici, en Suisse, nous sommes de toute façon à l'abri de sanctions, du moment qu'on ne porte pas atteinte à la propriété ou à l'intégrité physique des personnes.
    La liberté d'expression garantit le droit à l'absence de créativité et d'originalité et ne sanctionne même pas la médiocrité.
    Le plagiat, peut-être ! :-))
    Sait-on, si ces pseudo-punks ont eu des ennuis quelconques ?

    Cette action aura peut-être le mérite de dire : voilà comment ça se passe chez nous, le pouvoir en place peut encaisser ça.
    Imaginez : si au lieu de Poutine, il avait été question d'un de nos politiciens ?
    Est-ce que ça nous aurait choqués, offusqué les autorités ?
    Certainement pas - si la prestation est de bas niveau, ça n'éclabousse en rien la personnalité visée.
    C'est en cela que j'ai trouvé les réactions en Russie disproportionnées.
    Bien sûr, il me manque la dimension spirituelle, du blasphème d'un lieu saint. Là, je me retire de la discussion, je ne suis pas habilitée à argumenter sur ce terrain-là.

  • Bonjour Calendula,

    La notion de blasphème est normalement une attaque directe dénigrante contre la religion, son dieu, son livre, ou une utilisation malintentionnée du nom de dieu. Il ne me semble donc pas y avoir de blasphème ici. Pas plus qu'à Moscou, puisque le texte faisait appel à une représentante de la religion pour éloigner un mal - ou ce qui était considéré comme tel.

    Pour moi il ne devrait pas y avoir blasphème.

    Par ailleurs, votre remarque est juste: ici on encaisse plus ce genre de provocation qu'à Moscou. La critique à l'égard du pouvoir fait partie de la tradition politique. Je pense que si c'était un de nos politiciens plutôt que Poutine, cela aurait plus amusé que fâché.

    Imaginons:

    "Marie, mère de Dieu, libère-nous de Couchepin" (non ça c'est déjà fait)

    "Marie, mère de Dieu, libère-nous de Widmer-Schtroumpf" (les déguisements auraient été de circonstance)

    "Marie, mère de Dieu, libère-nous de Varone" (et là on aurait pu voir Krazy Kat lui lancer une pierre, et Jésus intervenant en disant: "Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre). Là un a un scénario de happening!

    http://robot6.comicbookresources.com/wp-content/uploads/2009/05/ulrich-krazy_1000px.jpg

    "Marie, mère de Dieu, libère-nous de Salerno" - je crois qu'elle aurait moins aimé.

    "Marie, mère de Dieu, libère-nous de Charles Beer"... C'est qui, Charles Beer¿...

    :-)))

  • Absolument.
    Vous m'avez comprise, c'est tout à fait ce que je voulais dire.
    Ca tomberait tellement à plat, puisqu'il n'y pas de quoi fouetter un Crazy Kat, pardon un Krazy Pussy.

  • "Marie, mère de Dieu"
    Rien à redire à votre texte en général, mais en mauvais Protestant (puisque devenu athée) je m'élève contre la formule ci-dessus, trop évocatrice du catholicisme, qui règne plus en France qu'à Genève. Cette remarque n'est pas dirigée contre la France ou les Français, mais contre le fait que dans ce pays le Christianisme est systématiquement confondu avec sa seule forme catholique, ce qui ne rend pas justice à certaines avancées du protestantisme, notamment le mariage des pasteurs, une plus grande égalité entre hommes et femmes et, généralement parlant, une structure et un usage plus proche de la démocratie. Je pense, en écrivant cela, à la forme et aux pratiques que le protestantisme revêt chez nous, et non pas aux dérives et excès qu'il a pu et peut encore manifester en d'autres lieux et en d'autres temps.
    N.B. Le fait que je suis athée ne me prive pas du droit de considérer qu'il y a des hiérarchies de valeurs entre les différentes religions et leurs pratiques, même si elles reposent fondamentalement toutes sur une fiction.
    P.S. Personnellement je ne répondrai à aucune intervention qui ne porte pas précisément sur ce que j'ai écrit ou dont le contenu ne respect pas les règles de la plus stricte bienséance.

  • Mère-Grand,

    Je suis d'accord avec votre point de vue et je trouve opportun d'avoir posé cette remarque sur les religions. Car les télétubies de Genève mélangent un peu les choses et cela fait retomber le soufflé. Et les implications sociales du protestantisme que vous rappelez méritent d'être relevées.

    D'accord aussi avec votre NB.

    Bien votre PS. A retenir.

  • Le quotidien "Le Courrier" publie un dossier de deux pages sur le Pussy Riot, ce week-end. J'ai lu la version papier, mais il me semble que le site a le même contenu. Il faut un mot de passe pour y accéder.
    Le dossier contient un long article de "Libération" et des correspondances de journalistes en Russie.

  • C'est ça Duflot cache ta tronche, ça te rendra plus intelligente

  • John, je crois qu'il ne faut pas tout mélanger. Ces punk sont venus implorer "Marie Mère de Dieu" non pas pour faire bouger le gouvernement suisse mais pour soutenir les Pussy Riot.

    Dans ce cas, faire une prière devant le Consulat russe n'aurait aucun sens. Pas davantage sur la Place des Nations Au minimum dans une Eglise Orthodoxe.

    Pour le reste et comme vous avez dû le constater, les 5 sujets de blogs que j'ai consacrés à ce dossier devraient aussi vous permettre de comprendre que les Pussy Riot visent surtout le pouvoir de l'homme en général qu'elles appellent à détruire.

    Dans les videos que j'ai postées sur mon blog, vous y verrez comment dans le metro moscovite et dans la rue, elles se jettent sur des femmes policières et les embrassent de force sur la bouche. Leurs actions s'intègrent aux mouvements gays car vous savez sans doute qu'en Russie, toute gaypride ou love parade quelconque n'y est pas bienvenue.

    L'affaire est bien plus subtile et complexe que les medias occidentaux ne la présentent, se hâtant surtout de fustiger un système dont ils ne perçoivent que ce qu'ils veulent bien.

    Si vous avez le courage de lire l'ensemble des commentaires déposés sur mon blog, près de 200, vous verrez avec les multiples liens que j'y ai postés que tout cela ne se résume pas à une attaque en règle de Poutine.

    Merci de votre attention.

  • ""Les petites russes, bien que féministes, elles en ont des couilles! C’est peut-être pour ça que je les aime bien.""

    Faire cadeau de testicules à des féministes pour leur prouver votre soutien montre non seulement à quel point vous êtes grossier mais surtout que vous n'avez rien compris à leur cause. Nul besoin de vos attributs pour faire des actions qui ont du sens.

    Quand à moi si j avais une prière à adresser à sainte marie mère de dieu, je lui demanderais de nous débarasser des rustres de vote genre.

Les commentaires sont fermés.