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Hussard téméraire et Normal second

Le conflit qui s’éternise à l’UMP montre la difficile transition entre une culture du chef respecté dont l’autorité ne souffre pas de discussion, et une culture du vote, donc de l’importance relative des candidats.

cope4.jpgUne partie des démocraties européennes évolue vers des choix de représentants plus gestionnaires que sauveurs. La Suisse et les pays du nord en sont l’exemple, alors que certains pays du sud cherchent encore les hommes ou les femmes providentielles. La France semble être au milieu du gué. Le problème est que le gué est très large.

François Mitterrand était encore un avatar du sauveur. Lionel Jospin avait déjà endossé l’habit du politicien fonctionnaire qui s’occupe des dossiers plus que du téléjournal. Le pays n’y était pas prêt. En 2007 Ségolène Royal a joué au chevalier blanc qu’il fallait adouber corps et âme, dans un élan patho-passionnel quasi-mystique. Image de sauveuse. Les français ont eu des doutes. Et surtout elle avait en face une grosse pointure en matière de promesses de salut: Nicolas Sarkozy.

En 2012 le gestionnaire Bayrou n’a pas réitéré l’enthousiasme que le chevalier Bayrou de 2007, à cheval sur son épais bon sens, avait suscité. Et il n’avait que des adversaires sauveurs: le gueulard Mélanchon, la catastrophiste Le Pen, la guimauve Hollande - Monsieur 10‘000 promesses, et l’usé Sarkozy, bien plus mauvais communicant qu’on ne l’imaginait. Sarko avait pourtant tenté de casser le mythe du sauveur, sans lésiner sur les moyens: de «Casse-toi...» à Carla, il avait essayé de normaliser la fonction présidentielle. Sans succès.

En 2012 tous les candidats - sauf Bayrou - promettaient une autre France. Normal Premier a finalement gagné contre un adversaire déjà dans les cordes tant l’acharnement avait fillon2.jpgatteint un haut niveau de violence. Mais ne nous y trompons pas: Normal premier, c’est un pseudo. Ce n’est pas le vrai nom de Fanfrelande. Car il n’y a rien de normal à vouloir être président de la République française. Encore moins quand on observe comment le désamour des électeurs versatiles démolit à la vitesse de la lumière l’élu de leur coeur.

Vouloir être président en France demande une dose de masochisme anormale. Le système est simple: vous faites fantasmer une partie assez grande du corps électoral, à partir de promesses et d’une posture de rupture qui devrait apporter une dose de salut; vous vous faites élire sur deux ou trois sorties cultes à la télé; puis vous laissez faire: plus haut on vous aura mis, plus bas on vous fera tomber. C’est automatique.

La démocratie du salut sanctionne les élus pour ne pas proposer d’autre avenir que la déception. «Moi président, Moi président»: Hollande voulait être un héros. Mais un héros ne peut pas être normal.

La démocratie des gestionnaires est certes moins fantasmatique. Merkel, Cameron, assument de n’être pas des héros. Eux sont normaux. Le moule français ne saurait produire de tels personnages. Alors il continue à sécréter et préférer de potentiels sauveurs. Copé par exemple à droite, ou Montebourg à gauche qui cultive son image de chevalier pour reprendre en temps opportun les billes de Mélanchon. Copé joue le hussard: auto-proclamation de chef avant même la fin du comptage des voix, refus de discuter sur sa légitimité. Copé a fait son putsch. Fillon montre une pâle figure à côté. Un vrai Normal second. Second de Sarkozy, second à s’auto-proclamer chef il y a une semaine, second médiatiquement, toujours à la traîne avec son style à jouer un rôle triste dans Les Misérables.

baroin.jpgCopé brille, Copé est fun, Copé est un voyou, Copé ne respecte rien, Copé n’a pas d’idée autre que de prendre la place, Copé a de l’audace, Copé y pense tous les matins en se rasant. C’est pourquoi, malgré la relative détestation dont il est l’objet, il a des chances en 2017.

De son côté Fillon est terne, Fillon est triste, Fillon rend dépressif, Fillon, trop second, n’a pas d’autorité naturelle, Fillon est Normal-Gestionnaire. Il a peu de chances en 2017. Franchement, autant voter Bayrou! Ou revoter Hollande.

Le gué est large. Les candidats gestionnaires existent un peu plus qu’il y a 20 ans. Mais la France n’est pas encore sur l’autre rive, la rive sans sauveur. Si elle y parvient un jour ce sera possiblement pour reconstruire un nouveau mythe du salut. C’est son moteur. En attendant, la droite devrait se trouver un autre sauveur si elle veut avoir quelques chances de succès dans les 10 prochaines années. François Baroin? Intelligent et charismatique, il pourrait incarner le profil. Mais trop séducteur: les séducteurs ont du charisme, pas forcément de l’autorité. Et sa bouche un peu pincée n’est pas encore assez affamée de pouvoir.

Fillon-Copé-Etc.jpgEspoir, frustration, déception, colère et à nouveau espoir: en caricature le cycle politique français semble se résumer à ces 5 mots. Avec son auto-proclamation, Copé pourrait bien avoir brûlé les étapes.

Catégories : Politique 3 commentaires

Commentaires

  • Moi, je suis Pour Yvette Lanurse

  • hello Homme Libre,
    ça cartoone à l'UMP,c'est Droopy et Pépé le putois, manque plus que votre pote Bunny dans l'histoire, ;)))
    bizzzouxxx!!!

  • A ça, Sarah... Droopy et Pépé...
    :-))))))
    Excellent. Droopy, trop Droopy!
    Avec Bunny ça le fait. Il y aura quelques bugs en plus...$

    Bizzzouxxx Sarah!!!

Les commentaires sont fermés.