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Le rêve et le désenchantement

Vit-on de ses rêves? Peut-on construire un projet ou entreprendre une action sans y mettre un plus: l’espoir, ou au moins le désir, d’un résultat conforme à ses voeux?

Je me pose cette question en lisant le billet de Gilbert Salem, où il suggère de réenchanter les déçus de la fin du monde privé des effets spéciaux cosmiques: «Réenchantons-les en leur faisant croquer du pain d’épices du marché hivernal de Montreux, lamper du vin chaud à celui de Gryon.»



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Tout est dans l’enchantement. Changer d’appartement est en général fait pour un mieux. Un immeuble neuf enchante les uns par son aspect propre et fonctionnel et par les murs sans trous; un immeuble ancien enchante les autres par son caractère rustique, son charme suranné et les histoires qu’il porte dans ses pierres.

Dans un projet de voyage, en particulier de vacances, l’enchantement est recherché grâce aux images, aux descriptions et aux récits que d’autres vacanciers nous font. La publicité vend du rêve. Et même si au retour nous pourrions être désenchantés, nous repartirons encore, habités d’un autre rêve.

Un projet économique contient également sa part d’enchantement. Créer une société ou proposer une prestation présuppose que l’activité va prendre et fera des satisfaits. Un nouveau produit, conformément au mythe enchanteur du progrès, est toujours meilleur, même s’il y a une clientèle de niche pour apprécier l’ancien. L’un des principes de l’enchantement est de promettre que cela sera mieux après. L’autre principe, plus fort encore, est de fasciner au point d’en oublier toute vision critique.

C’est le cas en amour, lieu de l’enchantement maximal. L’amour entre deux personnes, ou l’état amoureux, contient à la fois l’immédiate hypnose et la promesse du bonheur futur. C’est faire un peu vite l’impasse sur les parts cachées de l’humain, sur ce que l’extase du moment occulte, et sur le goût du malheur qui fera tôt ou tard trouver le caillou obsessionnel sur la grande plage de la vie à deux. Sans compter les promesses non tenues - comme si un projet n’avait pas à être rodé, ajusté, comme s’il devait fonctionner à plein dès que le contrat moral ou écrit est signé.


L’enchantement politique

Quant
à la politique, certains pays font de l’enchantement leur mode de fonctionnement rêve,enchantement,françois hollande,amour,couple,vacances,europe,france,suisse,majeur, hors de toute analyse raisonnable. Sur la durée d’une législature, l’enchantement cède souvent la place au désenchantement. La Suisse est un pays est assez réaliste pour ne pas plonger dans le fantasme enchanteur du sauveur. En France, qui à chaque fois fait revivre ce mythe, le désenchantement est toujours au rendez-vous. Un élu a cependant la possibilité, si le désenchantement vient assez tôt, de remporter l’élection suivante par usure. François Hollande est un grand enchanteur. Il a écrit avant l’élection un livre au titre évocateur: «Le rêve français». Ne disait-il pas aussi: «Le 6 mai doit être une grande date pour la France un nouveau départ pour l'Europe, une grande espérance pour le monde.» Ou encore, à propos du rêve justement: «Il est notre histoire, notre avenir, il s'appelle le progrès. Je veux donner à nos enfants une vie meilleure que la notre.»

On est dans l’enchantement, pas dans un programme réaliste. C’est peut-être ce qui irrite beaucoup chez Hollande: ce fonctionnement au subjectif, au rêve, au mythique. Mais en a-t-il les capacités? Rien n’est moins sûr. Ségolène Royal faisait rêver - trop même car elle semblait décollée du réel. Hollande n’a jamais fait rêver. Florange est venu rappeler les limites de l’enchantement.

L’enchantement est peut-être, à bien y penser, un moteur indispensable chez l’humain. Le plus qui donne envie. Certains enchantements durent. Ainsi les plats préparés ou surgelés que l’on trouve dans les supermarchés. Ils sont généralement peu goûteux et souvent décevants. Mais l’enchantement de la facilité ajouté à celui qui vient de l’image d’emballage et de nos propres souvenirs fait un contrepoids suffisant puisqu’ils continent à être vendus. Peut-être l’enchantement est-il tempéré par une bonne dose de réalisme: on admet que ce soit moins goûteux, pourvu que le temps passé à la préparation soit moindre. Moins plus moins égale moins. Peu importe, le plus étant le temps libre.


rêve,enchantement,françois hollande,amour,couple,vacances,europe,france,suisse,L’avocat du diable

L’enchantement
est une cause de désamour. En effet le désenchantement survient tôt ou tard dans un grand nombre de projets que nous tentons de mener à bien. Si certains gardent un enchantement toute leur vie, beaucoup sont déçus après un laps de temps: en amour, au travail, en amitié, en vacances, par exemple. Pour ceux qui rêvent, qui s’enchantent ou se laissent enchanter sans se donner les moyens de réaliser ce rêve, sans être dotés des dispositions intérieures qui porteront ce rêve même dans les moments de doute et de désamour, peut-être serait-il opportun de voir la vie sans enchantement, afin que la déception soit moins grande. Ne vaut-il pas mieux une petite vie pépère, sans grande envolée, sans grands espoirs ni rêves vibrants, plutôt que la foi initiale dans un projet dont la statistique laisse prévoir une fin malheureuse? Un couple sur deux divorce, en majorité par déception. Ne vaudrait-il pas mieux, dans une perspective de durée et de stabilité, d’y mettre moins d’amour et plus de réalisme?

Mais est-il possible de vivre au rabais? Rabais d’émotions, d’espoir, de désirs, de projets? Vivre avec enchantement est peut-être prêter au monde plus que ce qu’il ne peut donner, entraînant ainsi la déception. Vivre sans enchantement est enlever au monde la beauté que notre regard devrait porter sur lui. Rêver comporte le risque d’en rajouter et de ne pas voir le réel. Ne pas rêver comporte le risque de désamorcer un moteur important dans la dynamique personnelle.

Vivre sans rêver me paraît impossible et contraire aux nécessités psychiques de l’humain. On pourrait ajouter au rêve une indispensable salve de critiques, lui adjoindre un avocat du diable, afin, après avoir subi une descente en flèche, de renforcer ses chances de réussite.

Image 1: dreamcatcher amérindien.

 

Catégories : Philosophie, Politique, Psychologie, société 4 commentaires

Commentaires

  • Bonjour Hommelibre...

    "Privé d'effets spéciaux cosmiques" ?

    En voici quelques uns, c'est tout frais, rigolo et on y croit ;-)

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=iumaKgWc5wQ

    http://www.youtube.com/watch?v=dR08v2bG17c

  • coucou Homme Libre,
    on fait souvent ce rêve étrange de François pénétrant par la cheminée les bras chargés de paquet fiscale pour les riches, d'emploi pour les chômeurs, de loft pour les sans abris, de partenaire pour se marier et d'éoliennes, bref je vous raconte pas ;)))!!!
    bizzzouxxx et bonnes fêtes à vous,
    en tout cas votre sourire nous enchante!!!

  • Coucou Sarah,

    Votre bonne humeur et votre humour, et votre gentillesse, m'enchantent aussi à chaque fois. Vous êtes adorable! Je vous aime autant que vous m'aimez. Voilà, c'est dit.
    bizzzouxxx!!! et très bonnes fêtes pour vous et ceux que vous aimez!

  • @Hommelibre Michel Berger doit être heu-reux enfin les français ont une poupée chiffon qui dit oui qui dit non!
    trés bonne année 2013 pour Vous que le cosmos réalise tous vos rêves

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