Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Homme libre, toujours tu chériras la saudade

- Baudelaire et la mer...

- Dis-mois, dis-moi: où est la saudade?

- Là, dans quelque chose d’infini, infini comme la mer.

Saudade. Une douce nostalgie. Souvenir d’un manque secret qui échappe et pourtant est là, comme une ombre sous l’arbre, quand le soleil, à mi-hauteur, se mêle aux herbes chaudes.

Saudade1.jpgSaudade. Si souple qu’aucune aspérité blessante n’affleure. Une mélancolie sans drame. Un bonheur toujours provisoire. Un désir de quelque chose de perdu, ou à venir, on ne sait jamais vraiment. Pour les portugais c’est la nostalgie du pays. C’est aussi celle d’une personne perdue, ou pas encore rencontrée.

On connaît la saudade en soi, avant même que les sentiments ne se prêtent aux mots. Parfois elle est si proche qu’on la cherche autour de soi. On se dit: «D’où vient ce parfum?» et l’on tourne la tête et le coeur vers cette volupté apaisante. Parfois c'est un vent léger qui ravive la langueur et en même temps la danse.

Les femmes les plus belles ont de cette saudade en elles. Sans saudade je ne pourrais m’apaiser, m’abandonner. Je ne peux aimer la beauté du monde sans ressentir, parfois, cette caresse, comme une mer étale, pointillée de brume ou d'embruns. Cette beauté si grande que mon coeur ne saurait y tomber sans s’y noyer.

Le choix est simple: tomber dans la beauté, ou vivre dans la limite.


Et voici que revient Baudelaire, dans L'homme et la mer:

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame...


Je repensais à la saudade il y a deux jours, en écoutant cette chanson de Paula Fernandes. Quelle belle voix (les brunes ne comptent pas pour des prunes...).


Voici une autre chanson. Toujours Paula Fernandes. Ce n'est pas la saudade des puristes, le fado d'Amalia Rodriguez. C'est un peu folk, un peu... enfin, j'aime:




Catégories : Art et culture, Liberté, Poésie 15 commentaires

Commentaires

  • Quand je lis ou j'entends "saudade" j'imagine aussitôt la figure singulière de Cesaria Evora.

    Paula Fernandes est si belle et si lisse, sa voix si claire et son sourire me semble à mille lieues de cette nostalgie un peu douce-amère et liée aux temps anciens, comme une photo sépia.

  • Evidemment, Calendula, Cesaria Evoria a marqué son époque. Paula Fernandes est plus lisse mais je trouve que sa voix le fait bien, et tant sa voix que son visage (quand elle ne sourit pas) expriment cette nostalgie douce. Je la trouve même beaucoup plus expressive et nuancée qu'Evoria, dont le visage et la voix sont figés à mon avis. Je trouve même plat. Elle semble oublier la part d'espoir de la saudade, l'espoir du retour.

    Par contre la musique d'Evoria est plus proche du Fado traditionnel, plus proche d'Amalia Rodrigues. Mais Amalia était très expressive.

    Paula Fernandes est aussi plus brésilienne qu'Evoria. Cela semble changer la manière de chanter.

  • Un peu de soie pour apprendre de l'Autre. Un peu de tout pour apprivoiser la douceur de la vie, l'immortalité de l'Amour. Quitter sans déranger la vibration du monde. Juste partir sur la pointe des pieds comme une danseuse à qui on a jeté des pierres, des quolibets, des mots d'injure, attribué des pensées parjures, de la haine comme s'il en pleuvait. Merci John pour ce moment de saudade. Je commence à sentir le poids de la haine qui s'accumule sur ma personne. Et cela me fait craindre le pire pour notre monde... Quoiqu'il arrive, on continue notre chemin et notre job... Bonne soirée à vous.

  • Joliment dit Pachakmac. Un peu de soie... Rester sur la plage, une plage quelque part, une plage de musique, à écouter cette douceur qui fait du bien.

    Oui, on continue notre job.
    Bien à vous Pachakmac.

  • Merci, John. On ira ensemble à la mer, berceau de notre humanité. Saudade dans le coeur... J'ai été l'époux d'une jolie Portugaise, mère de trois de mes enfants, durant 14 belles années. Drames, humour, et amour inclus.

  • "Pour les portugais c’est la nostalgie du pays" Ce n'est pas exactement cela. Ou si vous voulez, c'est cela à double action. Les Portugais ont colonisé la moitié de la planète et ont aimé les terres qu'ils ont conquises. Ils avaient la nostalgie de leur Portugal, peut-être, mais de leur Angola, Moçambique, Cabo Verde, Sao Tomé e Principe, Guinea Bissau, Brasil, Goa, Macao, une fois au Portugal.
    La saudade, c'est l'envie de l'autre côté de la mer...

  • Merci pour cette précision Géo. J'avais surtout entendu parler du retour.

  • "L'envie de l'autre côté de la mer". Alors là, Géo, vous faites preuve d'une poésie remarquable. Cela vaut le titre d'un film ou d'une chanson autour du sentiment de saudade. Bravo. Je peux vous féliciter de cette trouvaille.

  • "L'envie de l'autre côté de la mer". Vous faites preuve d'un esprit de poésie remarquable, Géo. Un vrai titre pour un film ou une chanson autour du sentiment de saudade. bravo!

  • Doublé, c'est pour moi...

  • coucou Homme Libre,

    très poétique,
    homme libre, c'est empreint de saudade,
    j'aime beaucoup,

    sinon je veux pas me fâcher ave les portugais mais leur nenette et son fado, c'est un peu comme la bourrée, qui est très saudade aussi dans son genre,
    joyeuse et triste à la fois, "et moi pendant ce temps là(pendant qu'il est au four et au moulin et qu'il est pas là) je tournais la manivelleuh";))),
    bizzzouxxx!!!

  • Bonsoir Sarah,

    Vous avez des goûts très vastes en musique, et en tout: humour, poésie, sérieux, politique. Je me souviens des musiques que vous m'avez fait découvrir. Dommage qu'il n'y ait plus d'accès. Mais quel plaisir de vous lire ici. Je vous adore!
    Bizzzouxxx!!!

  • "Je la trouve même beaucoup plus expressive et nuancée qu'Evoria, dont le visage et la voix sont figés à mon avis. Je trouve même plat."

    Mouais Hommelibre, j'ai l'impression que c'est plus le joli minois de Paula Fernandes, assorti d'une voix douce, qui vous inspire la saudade que son style de chanson.

    Pour Cesaria Evora, son style était tout en retenue, en intériorité et en langueur. Puis le style de la musique cap-verdienne contient en lui-même cette danse tranquillement retenue. Comme le clapotis berçant des vagues sur un ponton, qui murmurent tous ces messages ondulants venant des quatre coins de l'océan et qui s'échouent dans l'âme.
    Superbement représenté par toutes ces cordes pincées, frappées ou frotées qui s'entrecroisent dans un même chant.

    Mais c'est vrai que question minois il n'y a pas photo avec Paula Fernandes ;)

    http://www.youtube.com/watch?v=LbN8bk9ljQw

  • @ Aoki:

    ... :-))))))))

    Cesaria Evora, j'aime bien mais sans plus, réellement. Je préfère par exemple Amalia Rodrigues. Ok mon sentiment est évidemment subjectif. Mais réellement la voix de Paula Fernandes me parle beaucoup plus. Je peux l'entendre plusieurs fois, alors que je sature vite avec Evoria. C'est sûr que celle-ci a une forte présence dans la voix. Et il y a des morceaux que j'apprécie. Mais je me demande encore pourquoi elle a eu tant de succès. Peut que je ne capte pas sa magie.

    Pour Paula Fernandes, sûr qu'elle a un joli minois. Mais comme chanteuse ça ne me suffirait pas. J'aime beaucoup sa nuance mélancolique.

    A part ça, ma foi, je sais bien que je ne suis pas impartial: si j'aime je perds mon sens critique...
    :-)

    Mais je vais essayer d'écouter Cesaria à travers vos images.

  • Bon , il reste quand même de jolis minois dans les cultures aux racines profondes !

    Mariza, portugaise née au Mozambique, considérée comme la relève du Fado après Amalia

    http://www.youtube.com/watch?v=9wQrrIywsok

    Et puis la sublime créole hyperdouée; Emeline Michel
    "Emeline délivre ses chansons, fusions de rara et compas haïtien avec le jazz, pop, bossa nova et la samba, Elle excelle aussi à harmoniser les rythmes traditionnels aux contenus sociaux et politiques les plus inspirés."

    http://www.youtube.com/watch?v=ktE9JUGEx7A

Les commentaires sont fermés.