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Quand un homme fait l’expérience de la grossesse

Jolie histoire qui vient des Etats-Unis. Un homme, Benjamin Percy, journaliste à GQ Magazine, a expérimenté les conditions de la grossesse pendant neuf semaines. Son but: constater par lui-même les difficultés que rencontrent les futures mères quand leur corps change.

percy.jpgLes changements sont multiples: le poids, le volume d'espace habité, la souplesse, les modifications hormonales.

Le journaliste n’est pas allé jusqu’à prendre de la progestérone! Mais il a porté une prothèse réalisée par un un scientifique japonais, le Dr Takyuki Kosaka. Il a vécu l’encombrement, le poids, les déplacements dans les transports publics, l’occupation de l’espace privé et professionnel. Il a fait l’expérience des coins de tables, de la difficulté à se baisser pour ramasser un objet, la chaleur corporelle inconfortable.

«Peut-être qu’en m’aidant à vivre la seule chose inaccessible à l’homme en tant que parents, ce costume est une manière pour moi de changer de point de vue, d’être plus empathique et de combler mon ignorance d’hommes des cavernes» a écrit le journaliste.

«En effet, en portant cette prothèse, Benjamin Percy s’est rendu compte que les femmes enceintes n’inventaient pas leurs difficultés quotidiennes. De plus, à cela il faut ajouter les maux de grossesse, le poids des seins, les ennuis de vessie, le changement hormonal et encore d’autres paramètres que la prothèse seule ne pouvait pas prendre en compte.»

On peut être en empathie sans cela, et tous les hommes ne sont de loin pas «ignorants comme des hommes des cavernes». Les femmes enceintes montrent, parlent de leur état, demandent de l’aide quand c’est nécessaire. Un homme tant soit peu attentif - et dans cette circonstance il me semble qu’on le soit naturellement davantage - saura être prévenant, disponible, en état de service à sa compagne.

Toutefois l’expérience est jolie, même s’il ne l’a faite que neuf semaines en place de neuf mois. Se mettre à la place de l’autre fait voir les difficultés de l’intérieur.

On admet, par principe d’autonomie, que chacun gère sa réalité et sa place et doit apprendre à l’exprimer, à dire ses besoins, à se faire entendre. Il n’est jamais trop bon de donner à l’autre le pouvoir de nous deviner: le malentendu n’est jamais loin. Mais ce principe d’autonomie - ou d’autodétermination - n’empêche pas de vouloir mieux comprendre les autres, en particulier en vivant ce qu’ils vivent. Et si le ressenti de chacun peut varier dans une même expérience, il subsiste des traces communes de l’expérience.

Changer de rôle produit non seulement de la compréhension et un plus d’empathie, mais nous augmente intérieurement. Belle expérience!

Catégories : Psychologie, Santé, société 5 commentaires

Commentaires

  • La grossesse est un excellent cas de figure pour illustrer la difficulté de se se mettre à la place d'autrui.
    L'expérience de cet homme a certainement été utile, même s'il n'a eu qu'un aperçu des complications possibles.
    Même du côté féminin, on s'aperçoit que la façon de vivre la grossesse peut énormément varier. Certaines ont des nausées, d'autres pas, on peut être déprimée ou euphorique, devoir rester couchée 6 mois ou pas du tout, avoir le diabète gestationnel ou pas, des vergetures ou pas etc etc. Certes, ce sont des détails, mais ça change tout !
    Entendre dire : "J'adooooore être enceinte !" alors que soi-même on a eu 9 mois de nausées, des varices et un masque des grossesse, ça donne l'impression de ne pas être de la même espèce. Ainsi, on ne peut pas imaginer, à priori, ce qu'une autre femme vit étant enceinte. Certaines ne m'ont vraiment pas donné envie de passer par là, mais je préfère nettement connaître le revers de la médaille que me faire bercer par les discours enjoliveurs de réalité.
    Vous écrivez :
    "On admet, par principe d’autonomie, que chacun gère sa réalité et sa place et doit apprendre à l’exprimer, à dire ses besoins, à se faire entendre. Il n’est jamais trop bon de donner à l’autre le pouvoir de nous deviner: le malentendu n’est jamais loin."
    Je suis bien sûr complètement d'accord, mais dans certains cas, mieux vaut s'abstenir de trop communiquer sur ses besoins, ça peut être entendu comme des jérémiades. L'autonomie consisterait dans le fait de ne pas surcharger son entourage du côté des oreilles.

  • Il aurait dû s’appeler Thomas comme l’évangéliste qui ne pouvait croire sans voir les marques ! Enfin, si le port de cette prothèse lui permet d’être moins incrédule...

  • Michèle et Calendula: on sent le vécu, là! :-)

    Calendula, communiquer sur ses besoins, évidemment, cela dépend du cas. Quand il y a des sciatiques handicapantes, les besoins deviennent les plaintes, c'est inévitable. La grossesse n'est pas une maladie mais elle peut en effet être malaisée. La dissymétrie homme-femme est là encore très marquée. L'homme peut avoir des frustration - il n'est plus le No 1. Je pense que montrer de l'intérêt pour ce que vit sa compagne est valorisant. Si elle a besoin de soutien et d'attention, c'est assez normal. Bien sûr c'est aussi question de dosage, de seuil de tolérance aux problèmes rencontrés (tant pour la femme que pour l'homme).

  • Oui, c'est vraiment une expérience géniale. Le problème c'est qu'on reproche toujours les femmes lorsqu'elles montrent leurs mauvaises humeurs aux hommes, comme ça, j'en sûr que dorénavant on peut se comprendre. Merci beaucoup pour l'article

  • Pour commencer félicitations pour votre note, à la fois limpides et posées. j'espère encore de lire votre article sur ce sujet au prochain blog. Merci milles fois!

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