Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Contradiction

Un aspect déroutant du débat autour du mariage élargi est la somme des contradictions individuelles qu’il recèle. D’un côté la liberté individuelle, si précieuse: chacun a le droit de choisir sa vie. De ce point de vue la loi récemment votée en France et déjà appliquée dans d’autres pays trouve son sens.

société,mariage,hétérosexualité,valeurs,repères,contradiction,De l’autre, la nécessité de vivre dans une société avec des repères communs au plus grand nombre. D’un côté je pense que la liberté, incarnée dans le libéralisme moral et politique, doit donner le plus grand champ de réalisation possible. L’Etat n’étant qu’une émanation des citoyens il n’a en principe pas autre chose à faire que de donner aux dits citoyens les cadres de vie que ceux-ci réclament.

En même temps un groupe ou une communauté humaine a besoin d’un langage et de valeurs communes. Certaines valeurs institutionnelles sont comme des fleuves ou des montagnes: elles délimitent le possible dans un système de liberté.

Les personnes hétérosexuelles se perçoivent depuis longtemps comme les référents de la société, pour une raison simple: ils assurent la reproduction du groupe et de l’espèce, et la démocratie par la culture de l’altérité. C’est la conséquence d’une évolution naturelle. J’adhère à cette vision. Mais je suis aussi en accord avec le fait que chacun peut se vivre dans sa singularité sans craindre l’échafaud ou la mise à l’écart de la société.

La société a besoin de règles communes, mais l’individu a besoin de décider librement de son adhésion ou non à ces règles. Contradiction.

La contradiction n’est pas seulement théorique. Elle est dans les personnes. Elle est là, comme la jointure de deux plaques tectoniques, comme une faille entre deux continents.

Catégories : Philosophie, Politique, société 4 commentaires

Commentaires

  • Bonjour, hommelibre !

    Je ne décrirais pas la situation de l'individu dans le cadre de la société seulement par le mot "contradiction", mais tension ou conflit.
    Et même "dialectique".
    C'est un mot un peu compliqué, mais l'objectif d'un discours dialectique est, si j'ai bien compris, d'arriver à une synthèse.
    Dans le cas présent: d'arriver à continuer à vivre, malgré ces mouvements contradictoires.
    La conception des hippies était un était de paix quasi immobile, une sorte de flottement apaisé. Nous avons tous de tels moments, mais ils ne peuvent pas durer.

    Si le cadre des règles de la société est suffisamment large et ample, l'individu et ses aspirations ont davantage de place, que dans un cadre très serré.
    Le cadre serré est rassurant, on n'a pas à se poser de questions.
    Le cadre ample présuppose qu'on a la capacité de discerner des choses
    complexes.

    Il y a quelque temps déjà, ans un autre billet ou dans un commentaire, vous aviez eu des mots tellement justes au sujet de l'autorité.
    L'éducation d'un enfant consiste à l'amener de l'obéissance vers une autonomie où il a trouvé ses propres règles et où il se débrouille dans le cadre de sa vie d'adulte (je transcris et interprète de mémoire, votre texte était bien mieux !). Nous adultes, avons grandi dans un mode très différent de l'actuel et je crois que nous avons connu une accélération inouïe.
    Je pense à la mobilité des hommes et des informations et au progrès des sciences.

    Personne n'est bien préparé à vivre selon les critères d'une autre société, qui a son cadre propre. J'aurais de la peine à vivre au Brésil, parce que je suis d'origine nordique et protestante. Un brésilien serait certainement très déphasé au Japon. J'aurais d'ailleurs également de la peine au Japon ou en Chine ! Je n'ai pas été préparée à ça.

    Désormais, notre propre cadre se modifie tant par la cohabitation médiatique que réelle avec d'autres "univers". De plus les progrès médicaux et technologiques apportent de nouvelles dimensions insoupçonnées.
    Il faudrait faire la synthèse de tout ça et se situer moralement???
    Et comment influer sur le cours des choses, si on n'est pas d'accord avec des décisions, des "évolutions" ?
    En Suisse, on lancera des initiatives, des référendums et le 30% des citoyens décideront pour l'ensemble de la population ( c'est à dire les 70% d'abstentionnistes et tous ceux qui n'ont pas le droit de vote).
    En France, l'Assemblée nationale vote des lois et la rue proteste, les médias bruissent et la caravane passe.
    Les failles se heurtent, il y a des tremblements de terre et la terre continue à tourner.

  • Bonjour Calendula,

    Merci pour ce développement. En effet, contradiction est une simplification car elle engendre bien tension, comme les plaques tectoniques ou les failles. Savoir s'il y a réelle dialectique, ce sera pour plus tard je pense: il faudra voir ce qui se passe dans 10 ans, voire dans 100 ans.

    Pour ma part la contradiction et sa tension demeure autour des points que j'ai soulevés précédemment dans mes derniers billets. Je privilégie la filiation naturelle, les assistances devant être des palliatifs et non des systèmes de base. Les enfants doivent connaître leur origine biologique. Les mots ne peuvent changer de sens à l'envi. La fuite en avant, la grande peur de la différence, motive largement les changements sociétaux actuels. On ne sait pas comme d'autres moeurs se sont instaurées, mais on voit la chose se passer sous nos yeux, et cette peur de la différence va forcément laisser des sommes de tensions en places, souterraines, qui vont ressurgir ultérieurement.

    Je ne vois pas un apaisement à l'élargissement du cadre sociétal actuel, bien que par ailleurs je souscrive à la liberté individuelle. Cette contradiction-tension n'empêchera pas le monde de tourner. Elle m'appartient, et il m'appartient de chercher comment faire passer cette vision sans resserrer trop le cadre.

    En regardant l'Histoire humaine, les éléments durables n'ont pas été l'évolution des moeurs, toujours sujets à fluctuations. On verra ce qu'il en est aujourd'hui. La libération sexuelle des années 70 est déjà sujette à critiques...

    Bien à vous.

    PS: mes pbm de connexion ont mis en retard le suivi des fils et mails, j'ai encore quelques centaines à éplucher et à répondre... Merci de votre patience... :-)

  • @hommelibre,
    C'est injuste : j'ai une bonne connexion et le temps pluvieux m'encourage à en profiter !

    Comme vous, je suis totalement pour la filiation naturelle. L'adoption traditionnelle me semble déjà un défi trop compliqué ! Je crois que les homosexuels ne se rendent pas bien compte de ce qui les attend et bien sûr que je me fais du souci pour leurs enfants.
    Dans ma vie professionnelle, j'ai rencontré beaucoup d'enfants adoptés et je peux témoigner que leur vie n'est pas automatiquement confortable.
    Toute cette discussion autour du mariage et de la filiation "pour tous" me laisse assez perplexe. Au fond, je suis soulagée de n'être que spectatrice, pour le moment.
    C'est vrai qu'on ne doit pas changer le sens des mots, chercher à passer de nouveaux contenus dans des contenants anciens, comme des passagers clandestins dans les soutes.

    Contrairement à vous, j'ai l'impression que la globalisation amène plutôt un repli identitaire ou une affirmation de nos origines. Je dis cela sans jugement de valeur aucun.
    Je ne vois pas de "peur de la différence", mais plutôt une affirmation de celle-ci. Elle n'est pas omniprésente, mais malgré tout perceptible.
    Quelques exemples :
    - le port du "foulard islamique" s'est répandu ces dernières années
    - le suisse-allemand s'affirme contre le "Hochdeutsch" pour bien distinguer les alémaniques des allemands
    - des secundos ont de la peine à entamer le processus de la naturalisation en suisse, car ils ne veulent pas trahir leurs origines
    Ceci pour montrer que l'affirmation des différences peut être le signe de tensions existantes. Ce ne doit pas forcément être violent ou inacceptable, mais ça peut amener vers une aggravation des tensions (p.ex. le foulard ou la burqua).

    Selon moi, les tensions font partie intégrante de notre univers et l'harmonie
    n'est qu'un objectif idéal.
    L'individu doit effectivement trouver la synthèse entre ses aspirations et la résistance du cadre, qu'il soit naturel ou du fait des hommes.
    Ce Felix Baumgartner qui a sauté dans le vide depuis une hauteur incroyable a défié les lois de la nature, et au niveau de la société, il a réussi à tout mettre en oeuvre pour arriver à ses fins. Il est un très bon exemple (et positif) d'une synthèse entre la société et les aspirations individuelles.

  • "... Je crois que les homosexuels ne se rendent pas bien compte de ce qui les attend et bien sûr que je me fais du souci pour leurs enfants."

    Ils ne sont qu'une poignée!

    Les politiques ont passé outre l'opposition de la rue. Ils vont le regretter amèrement! C'est une loi de "diversion"..... qui va leur coûter cher!

Les commentaires sont fermés.