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Procréation: le désordre s’installe

Un article du Monde hier rappelle qu’initialement le projet de mariage gay devait inclure l’assistance médicale à la procréation (AMP, ou PMA) pour les couples lesbiens. Il semblerait que tant François Hollande que les députés de la majorité y ont renoncé en constatant la puissance de la réaction populaire.

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Ce recul démontre à quel point le projet socialiste est idéologique et mal préparé. En effet le président avait déclaré en avril 2012: «Oui, je l'ai dit [je suis favorable à la PMA]. Aux conditions d'âge, bien sûr. Je suis très précis là-dessus. Il faut que ce soit un projet parental. Et je suis aussi très soucieux du respect de l'anonymat du don des gamètes.»

L’anonymat des gamètes mérite deux remarques. L’une est que l’anonymat est très relatif. On sait que dans les pays qui proposent cette intervention médicale on trouve souvent des catalogues avec des indications d’ethnie, de peau, de différents paramètres sur le donneur ou la donneuse. En quelque sorte l’enfant à venir sera un enfant «La Redoute», programmé selon les caractéristiques d’un catalogue. L’anonymat n’est que relatif. On peut rétorquer que ce point n’est pas très différent du fait de procréer avec un ou une partenaire connu ou connue. On choisit son ou sa partenaire selon des critères inconscients de couleur, d’odeur, de taille, d’ethnie. Admettons. Sauf que dans ce cas il y a un affect et l’acceptation de l’imprévu, qui seul est de nature évolutive dans la nature ou la société.

L’autre est que la tendance est à mettre fin à l’anonymat. En effet l’enfant a un droit imprescriptible de connaître son origine, en particulier ses géniteurs biologiques. Lui seul peut y renoncer. Cela signifie que les couples lesbiens devront accepter la présence d’un homme dans leur espace familial, même si cette présence peut être discrète et lointaine. L’enfant saura que s’il a deux «mères», il a un vrai père, vrai au sens originel, biologique. Il en sera de même pour les couples gay: il y aura la présence d’une mère dans leur environnement, la mère du ou des enfants.

D’autre part, point encore plus brûlant, la PMA est par la loi réservée aux cas d’ «infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué». Il s’agit donc d’une situation particulière, d’une maladie. Les homosexuels se sont battus pendant des décennies à juste titre pour écarter la définition de maladie qui leur était longtemps accolée. Ici, les personnes homosexuelles étant infertiles par nature, par absence d’altérité sexuelle, ne risquent-elles pas de se retrouver à nouveau confrontées à cette idée de maladie?
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L’ennemie: la différence

On peut changer la loi et décider que la PMA s’appliquera dorénavant à tous les couples et paires, avec ou sans infertilité pathologique. Ce qui revient à remplacer totalement et définitivement la procréation naturelle. La biologie, marqueur stable et durable, essentiel, serait de plus en plus abandonnée au profit d’une théorie ou d’une autre, la prévalence découlant non plus une loi naturelle cadrante et fixante, durable du point de vue longitudinal, mais des humeurs sociétales transversales du moment. C’est la porte ouverte à deux risques: le premier est celui d’un arbitraire. Si le marqueur biologique n’est plus prévalent, l’idéologie - par nature changeante - gouverne le monde. Le second est une accentuation de ce que je suggérais dans mon précédent billet: l’enfant est de plus en plus rendu au statut d’objet et non plus de sujet.

On voit déjà qu’avec assez d’argent on peut se payer un enfant au moyen de la Gestation pour autrui (GPA, mère porteuse). Cela ne vaut-il pas une réflexion approfondie sur l’évolution de la société? Manuel Valls veut faire entrer des cours de «morale laïque» à l’école - signe d’un désarroi moral profond dans la société. Mais quelle morale laïque? Celle de pouvoir se payer un enfant si on en a les moyens? Dans ces circonstances, il serait peut-être préférable que l’Etat se désengage de toute morale et autorise tout ce que chaque groupe de citoyens demande. Auquel cas la morale redeviendra l’apanage de la société civile. La bataille ne sera plus politique mais spirituelle plus encore que morale (la morale étant entendue comme l’ensemble de règles découlant d’une vision spirituelle, comme «Tu ne tueras point»). A moins de rester indéfiniment dans un consumérisme utile au confort de vie, sans autre projet de vie que d’acheter la prochaine voiture ou console de jeux vidéos.

La société verrait alors s’affaiblir progressivement l’autorité de l’Etat qui assumerait son rôle de gestionnaire, pendant que des forces existantes ou nouvelles prendraient le relais: religions, sectes, groupes ésotériques. L’équilibre entre la la force publique et la volonté privée semble aujourd’hui tanguer. C’est aussi cela qui se joue dans le débat sur le mariage gay. Au nom de la liberté individuelle on abandonne de plus en plus les marqueurs (repères) collectifs au profit d'un relativisme généralisé dans une forme d'équivalence du tout. Les mouvement lesbiens féministes américains, qui ont déjà très fortement teinté le féminisme et ont contribué à lui donner sa couleur misandre, qui tentent cette fuite en avant de nier toute différence entre les sexes et les genres autres que culturelle, qui politisent donc une peur déraisonnable de la différence et l’incapacité à la gérer sans pathos, ces mouvements tiennent une place importante dans cet abandon théorisé du collectif. On comprend qu’ils soient à la pointe de la loi sur le mariage.


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En arrière plan, c’est bien le couple hétérosexuel, l’hétérosexualité, et à terme la fonction maternelle, qui sont visés. On sait depuis Simone de Beauvoir toute la détestation que les mouvement féministes ont pour la fonction maternelle, la femme et la féminité. Il est possible que ces mouvements ne puissent envisager un monde pour leurs membres autre que débarrassé de l’ennemi immémoriel, l’ennemi qui les met en cause philosophiquement et psychologiquement même en l’absence de tout rejet de l’homosexualité: le concept de différence. Le débat est donc plus large que ce que l’on imagine. La théorie de l’indifférenciation des genres veut être imposée comme la conséquence des réalités transgenres et homos. Mais on n’impose rien sans débat, sauf à glisser vers une forme de fascisme soft. C’est le risque de tenir un débat univoque, comme le souhaitent visiblement les initiatrices et initiateurs du projet du genre et de ses conséquences: mariage pour tous, procréation librement décidée, objétisation de l’enfant.

J'écrivais il y a deux jours sur le décès de Richie Heavens et Woodstock, en soulignant combien cette époque était une charnière dans un changement de société. L'ouverture de coeur et d'esprit de l'époque reste comme un appel non encore abouti. Mais l'ouverture n'exclut pas la réflexion, la discussion, le désaccord. Aimer le monde ce n'est pas dire amen à tout sans discrimination. Un monde moins violent que le XIXe et XXe siècle suppose des bases et des pratiques bien soupesées et réfléchies. Cela ne se fait pas sans débats, parfois durables. On n'invente pas une nouvelle société avec des fleurs, ni avec des stigmatisations ou des clivages irréductibles. Et pour les réduire, une méthode: débattre, encore et encore.

Catégories : Philosophie, Politique, société 4 commentaires

Commentaires

  • @Hommelibre ,certains scientifiques parlent de vitrification des ovocytes,comme quoi dans ce domaine on a pas encore tout vu.Pauvre humain de demain de quoi ou de qui seras tu fais!
    Sans omettre les embryons congelés et dégelés suite à des pannes de courant pour être ensuite recongelés.Personnellement je trouve qu'on s'amuse à bon compte au paradis des scientifiques . Tandis qu'ailleurs on demande des organes ,n'est-ce pas un manière détournée pour obtenir davantage de sperme ou mieux pour en donner afin d'arrondir des fins de mois difficiles?pauvre humanité!
    toute belle soirée pour Vous

  • Lovsmeralda

    Oui oui le meilleur des mondes d'un certain Aldous Huxley où l'on pourrait choisir la taille, l'intelligence, la couleur de peau, voir créer des humains hybrides. Qui aurait cru qu'un jour ce livre décrirait précisément un éventuel futur.

  • Malheureusement j'ai bien peur que la plupart des gens ne soient trop attachés de manière formelle ou structurelle aux choses, trop attachés à des concepts, des slogans : mariage pour tous (qui tous?), liberté (même d'être contre l'égalité imposée du ménage?), progressistes contre réactionnaires, libéralisme contre morale, maitrise de la procréation (la bonne blague), instrumentalisation du corps de la femme (LA femme?), violence faite aux femmes (et les humains hommes dans tous ça?), déni de grossesse puis meurtre de bébé (chez moi on appelle ça infanticide) etc. Il suffit parfois de simples mots, on prend un peu de psychologie, un peu de philosophie, de communication et hop! voila qu'on a fait disparaitre l'éléphant de la salle devant des milliers de personnes ébahies, en faisant diversion; et le coup marche à chaque fois.

    Est-ce que des structures ou des concepts rigides sont suffisants pour appréhender toute la complexité de l'être humain? en partie oui, mais c'est pas suffisant pour moi. Je vais prendre un exemple tout bête; pour un même métier secrétaire, exercé par deux femmes différentes, ça n'aura pas du tout le même effet. Dans un cas où ce métier est exercé par une mégère, sa tache consistera à prendre un malin plaisir à compliquer la vie des clients et filtrer arbitrairement les requêtes envers le boss. Dans un cas où ce métier est exercé par une femme avenante, elle exercera plutot le role d'hotesse d'accueil qui facilitera le client et l'assistera dans sa démarche. Des clivages voulus par les politiques ou le monde médiatique qui font souvent dans la caricature, les raccourcis biaisés, nous empêchent d'avoir le recul et le discernement nécessaire.

    Je ne crois pas que tous ça soit fait au nom des libertés individuelles, j'ai plutot l'impression que c'est au nom de l'égalitarisme, accompagné d'un moralisme de gauche. Tout ce qui peut affaiblir un peu plus l'homme, est bon à prendre pour eux. C'est pas la liberté ni le relativisme, ils ne sont pas pour la polygamie par exemple. On ne les entend jamais citer d'autres pays où ça existe eux qui ont souvent recours à cet argument de manière enfantine.

  • @Prometheus ce à quoi on peut rajouter entre science fiction et réalité le fil devient de plus en plus ténu.Et tenir par la barbichette le lecteur pour lui faire avaler des couleuvres semble hélas de plus en plus le cas.
    On dirait une course à l'échalotte,les Socialistes arrivent avec une incongruité,les scientifiques en rajoutent une couche dont les Verts se serviront en croyant avoir inventé un nouveau monde ,lequel en effet voit jour avec les montagnes de déchets en surplus produits par le Bio celui-là même qui ne se conserve pas du tout.Ah il va bien le monde socialiste et décadant de l'espèce humaine
    On peut même ajouter course à l'échalotte dans la présentation des programmes TV ou des médias qui se broutent respectueuement en mélangeant les genres ,livres,films à sensation bref le coktail le plus explosif pour faire croire au pire.Ah Cher Monsieur Payot vous brillez encore dans nos coeurs grâce à vos écrits remplis de sagesse du coeur et de l'esprit
    Heureusement on a vécu pire,ce qui permet d'affronter le monde des âneries socialistes ,vertes et bien d'autres.Au fait l'intelligence humaine existe t'elle encore? on peut se poser la question!
    toute belle journée pour Vous

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