Les tenants de l’antiracisme français sont connus pour leurs prestations à deux vitesses. Tous ne sont pas égaux à leurs yeux. Et eux-mêmes, paradoxe suprême, désignent la couleur de peau comme une particularité. La peau est aujourd’hui celle de Madame Taubira.
Un internaute a posté une image de la ministre dans le pelage de King Kong s’en prenant sauvagement à la manif pour tous (image 1) qui doit avoir lieu le 26 mai à Paris. L’image n’est pas des plus percutantes. La caricature aurait pu être plus visuelle. Une telle image fait partie du jeu: forcer le trait, placer la personne en position inconfortable qui souligne une particularité reconnaissable par tous.
Ici quel peut être le lien entre madame Taubira et King Kong? Le côté rageur du grand singe qui terrorise la foule? Référence aux violences contre l’une des précédentes manifestations? Ou à la volonté de puissance et à la confrontation entre la ministre et la population? Référence également au tempérament très fougueux, aux dents longues, au regard de braise et à la chevelure sombre et abondante de la dame? Un peu tout cela probablement, avec en plus le jeu sur le double-sens du mot monstre.
Oui mais voilà, des antiracistes y voient une attaque raciste. Une phrase en particulier cueillie sur un forum est étonnante: «Représenter une noire en corps de singe, c'est raciste, c'est honteux!» Le problème d’une telle phrase est de désigner la ministre par sa couleur de peau. Et qui plus est d’associer une personne noire avec une image de singe. Ciel! Les personnes d’origine africaine auraient-elles une analogie de traits avec les gorilles? Il y a aussi des singes en Inde, il y a même un dieu singe, mais personne ne fait de lien entre les images de singe et les indiens. Remarquons que des personnes blanches de peau ont parfois des traits qui ne font pas douter de leur appartenance à la famille des primates.
Crie-t-on au racisme quand on affuble un européen d’un faciès ou d’un corps de singe? Darwin fut caricaturé (image 2) en singe pour avoir prétendu que l’humanité en descendait. Dans l’esprit de cet internaute qui crie au racisme, il semble que certains humains en descendent plus que d’autres. Soulever cette objection de la «noire», souligner que parce qu’elle est noire on ne devrait pas la caricaturer, et surtout pas en singe, ça c’est une forme de racisme! Sa couleur, son origine ethnique sont utilisées à rebours. On doit pouvoir caricaturer toute personnalité politique sans poser de limites ethniques - car c’est l’interdit ethnique qui serait le signe du racisme chez ceux-là mêmes qui disent le combattre. Paradoxal.
Et puis, a-t-on crié au racisme devant l’image de Sarkozy en requin (image 3)? Pourtant il y a de quoi: il s’agit bien du grand requin blanc! Le message subliminal est raciste, mais les attaques contre les blanc n’émeuvent personne.
Quand à DSK, dont l’origine juive est connue de tous, je n’ai pas entendu crier au racisme quand il a été caricaturé en cochon (image 4) - ce qui peut être considéré comme une attaque directe contre son origine religieuse et ethnique.
Enfin, tacler madame Taubira est un juste renvoi d’ascenseur: c’est bien elle qui a déclaré ne pas vouloir parler de l’esclavage oriental pour préserver les jeunes arabes de l’héritage collectif.
«Christiane Taubira soutient sa position en déclarant qu'il faut éviter d'évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les «jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes.»
C’est donc elle qui utilise une référence ethnique pour en faire une discrimination. L’illustrer en King Kong dévorant la foule est plus drôle que de passer sous silence la cause de plus de la moitié de l’esclavage. Madame Taubira, de par son origine, de par sa couleur de peau et son combat politique, devrait le savoir plus que quiconque.
Le combat contre le racisme aura progressé quand on ne fera plus référence à l'origine ethnique pour stigmatiser ce qui n'est que de l'ordre de l'humour politique. D'ici là on pourrait vendre des lunettes blanches pour ne plus faire attention à la couleur de peau des gens. Blanches, car les lunette noires pourraient être mal vue...
Commentaires
" en déclarant qu'il faut éviter d'évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les «jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes.» "
Je ne suis pas étonné venant de cette folle qui entre autres s'inquiète plus du sort des assassins que celui de leurs victimes. Il faut surtout selon elle et selon tout les anti-racistes de préserver le fait que la traite négrière doit un rester un crime uniquement perpétrer par des blancs occidentaux.
Taubira pratique un négationnisme raciste concernant un crime perpétrer par les arabes. Nier ce crime pour faire oublier des coupables en première ligne.
D.J
La phrase citée est tellement malhonnête et imbécile que l'on a peine à croire qu'elle ait été prononcée. Mais une fois de plus, ce sont les Musulmans et les Arabes qu'il faut traiter de manière discriminatoire pour les autres: qu'a-t-on fait pour que les jeunes Allemands n'oublient pas les horreurs du nazisme? Que fait-on pour que les Européens se sentent coupables des abus du colonialisme?
Il est bien triste de devoir constater que nombre de personnes et de "personnalités" qui prétendent lutter contre le racisme ne font que nier une forme de celui-ci pour en accentuer d'autres.
Je l'ai écrit plus d'une fois: la manière dont les Musulmans et les Arabes (car il s'agit d'eux en l'occurrence) sont toujours mis à l'abri par leurs amis occidentaux cache en fait une profond mépris de leur culture, qui devrait être dénoncé par eux-mêmes. Elle sous-entend qu'eux seuls sont incapables de faire la part des choses et d'avoir un regard critique sur certains aspects de leur histoire et de leur culture, toutes choses que l'on exige, dès l'école primaire chez nous.
Ces peuples et leurs cultures sont-ils donc tellement inférieures aux nôtres, l'enseignement du Coran les laisse-t-il tellement démunis intellectuellement que l'on ne peut exiger d'eux ce que nous exigeons de nous-mêmes? Il semble bien que les bonnes âmes du colonialisme façon paternaliste trouveront toujours des successeurs. La seule différence d'avec sa version africaine c'est qu'au lieur de considérer les "indigènes" comme des enfants stupides (et donc dégénérés de leurs "ancêtres gaulois") on les voit comme des petites âmes fragiles dont toutes les faiblesses et les frasques seraient à mettre au débit de leurs protecteurs.
Bien vu Mère-Grand:
"Elle sous-entend qu'eux seuls sont incapables de faire la part des choses et d'avoir un regard critique sur certains aspects de leur histoire et de leur culture, toutes choses que l'on exige, dès l'école primaire chez nous. "
Entièrement d'accord sur votre analyse: cest particulièrement dévalorisant intellectuellement et infantilisant pour ceux que l'on prétend protéger.
"cest particulièrement dévalorisant intellectuellement et infantilisant pour ceux que l'on prétend protéger."
Est-ce que l'on (aussi bien les responsables religieux que ceux qui détiennent le pouvoir politique) ne s'en rend pas compte ou se réjouit-on que les conditions soient réunies pour l'exercice d'un pouvoir total sur des êtres condamnés à l'ignorance et à l'obéissance?
trés belle analyse des anti racistes patentés.
"immigrés, aux misères faites à ces derniers. En gros, si les Français «d'origine» étaient meilleurs, l'immigra¬tion ne poserait pas de problème. C'est pourquoi il faut essayer de les améliorer. Pour cela, mieux vaut ne pas les effaroucher en diffusant des informations qui pourraient les conforter dans leurs mauvais penchants et risquer ainsi « de faire sortir le mauvais génie de la bouteille ». Je pense que nombre de politiques, de droite comme de gauche, partagent ce sentiment. Certains sont donc conduits, comme dirait Timur Kuran, à falsifier leurs préférences et à différer le traitement adéquat des pro¬blèmes, ce qui perpétue les effets sociaux non désirés de ces derniers. Ces falsifications peuvent rendre les poli¬tiques aveugles sur les glissements d'opinions qui s'opè¬rent dans la société. En croyant que le mécontentement se concentre aux marges, ils ne voient pas son émergence au centre des démocraties libérales, comme cela s'est produit aux Pays-Bas1. L'enjeu de l'immigration est donc aussi un enjeu démocratique.
Par ailleurs, l'état d'esprit qui consiste à positiver n'est guère de nature à stimuler la curiosité et les recherches sans a priori sur l'immigration et son impact. C'est la vie elle-même, telle qu'elle est, qui finit par être vue comme un phénomène perturbateur, empêchant l'observation des effets bénéfiques de l'immigration, dont on est sûr qu'ils finiront par se manifester. À quoi bon observer, dans des conditions aussi parasitées par le réel, un phé¬nomène qui ne peut produire que des effets positifs ? Et comment s'opposer à ce dernier sauf à faire preuve de mesquinerie, de méchanceté, d'une ouverture à l'autre insuffisante, caractéristiques qui mènent tout droit aujourd'hui à l'accusation de racisme? D'autant que l'immigration est également présentée comme un phé¬nomène aussi inéluctable que la succession du jour à la
nuit. On comprend pourquoi il vaut mieux être igno¬rant, falsifier les faits, les dissimuler ou les présenter d'une certaine façon. Dans la recherche, c'est le porteur de mauvaise nouvelle qui se verra accablé de suspicion puis, s'il persiste, sera déshonoré avant d'être purement et simplement ignoré.
La prudence est de rigueur, d'autant que le racisme est présenté comme une maladie capable de frapper aveu-glément sans que les nouveaux malades soient toujours conscients de leur affection nouvelle. Ils sont, en quelque sorte racistes « à l'insu de leur plein gré ». Tout homme bien portant est peut-être un malade qui s'ignore1. La vigilance s'impose donc tous azimuts et détruit la confiance minimum nécessaire à un débat sain. Tout homme apparemment en bonne santé doit faire la preuve en permanence de son innocuité et donner les gages suf-fisants pour détourner le soupçon. Par principe de pré-caution, à la moindre toux, on suspecte le patient d'être atteint de la grippe. La chasse au suspect est devenue un sport prisé, avec l'avantage non négligeable de fournir la preuve la plus crédible que l'on n'est pas atteint soi-même. C'est un peu la rhinocérite à l'envers : il faut trouver des cornes à ses voisins. Cela fait des années que cette chasse empoisonne le débat français et handicape ce pays. Cette rhinocérite fait le bonheur des médias, mais gangrène les sciences sociales. Les chercheurs et les experts sont eux-mêmes, quelquefois, trop occupés à se prémunir de la sus¬picion, y compris, le cas échéant, en dénonçant leurs petits
camarades, quand ils ne le sont pas à redresser l'opinion publique, pensant ainsi faire œuvre utile.
Telles sont les armes puissantes d'une nouvelle uto¬pie progressiste, mais profondément obscurantiste, que Pierre-André Taguieff a vertement critiquée sous l'appel-lation d'« immigrationnisme1 ». Il y voyait, lui aussi, une méfiance à l'égard de la connaissance : « Si l'immigration est un bien commun de l'humanité, il faut la favoriser par tous les moyens. Vouloir par exemple la connaître selon des méthodes scientifiques, en formulant des distinctions conceptuelles consistantes et en établissant des statisti¬ques fiables, c'est déjà manifester une défiance coupable à l'égard de ce qui doit être globalement accepté, les yeux fermés. Pour la belle âme immigrationniste, le devoir d'accueil sans réserve implique une obligation de mécon-naissance. L'ignorance ou la connaissance vague devient une preuve de bonne disposition vis-à-vis des flux migra-toires. L'acteur politique ne peut être qu'un spectateur qui applaudit au réjouissant spectacle, quitte à en facili¬ter le déroulement. »
Ce que manque, à mon avis, l'article de Pierre-André Taguieff, c'est la prise en compte des intérêts de classe des promoteurs et des croyants à ce nouveau progres¬sisme. Certes, en détenant l'arme absolue — l'accusation de racisme —, ils renforcent leur « pouvoir symbolique ». Mais faire peur et empêcher tout débat sur les effets réels de l'immigration a l'énorme avantage d'éviter de dévoi¬ler ses intérêts propres. S'il y a dépolitisation, comme le souligne justement Pierre-André Taguieff, c'est aussi en ce sens. Une société qui ne peut identifier les inté¬rêts contradictoires des groupes sociaux ne se donne pas les moyens de procéder à des arbitrages politiques transparents, susceptibles d'être sanctionnés par les élec-
teurs. Or des intérêts de classe existent bel et bien sur la question de l'immigration puisque ce sont les salaires des moins dotés en qualifications qui sont pénalisés par l'immigration telle qu'elle est aujourd'hui, ne seraient-ce que ceux des immigrés de plus longue date, alors que les employeurs et les salariés qui ont les moyens de profiter des divers services rendus par les immigrants — garde d'enfants, repas, ménage notamment — sont les béné-ficiaires. Ces derniers ont les idées d'autant plus larges qu'ils n'ont pas à supporter le voisinage des nouveaux venus. L'utopie aux mains pures que dénonce Pierre-André Taguieff est donc aussi un habile camouflage des intérêts de classe car, comme l'écrit George J. Bor-jas, le débat sur l'immigration oppose les perdants et les gagnants. « L'immigration modifie la répartition du gâteau économique et cet indéniable constat a beau¬coup à voir avec le fait que certains sont favorables à une forte immigration quand d'autres cherchent à la réduire ou à l'arrêter1.» On comprend pourquoi ces utopistes ne sont guère pressés de voir se développer des études sérieuses sur ce sujet et, quand elles existent, préfèrent faire silence un certain temps avant de reprendre l'an¬tienne. C'est ce qui est arrivé au rapport de Gilles Saint-Paul en mai 2009 qui n'a eu aucun écho dans la presse. Les médias avaient pourtant là l'occasion de fustiger la politique migratoire de Nicolas Sarkozy, occasion qu'ils laissent rarement passer. Mais ils ne l'ont pas fait parce que ce rapport remettait aussi en cause, comme celui de la Chambre des lords en 2008, le postulat des besoins économiques en travailleurs immigrés et la gestion éta¬tique de ces soi-disant besoins qui aggrave la segmenta¬tion du marché du travail, au profit des salariés protégés. Les médias n'ont donc pas un goût très prononcé pour la vérité et restent tétanisés par l'injonction de ne pas favo-
utopie des bien-
riser le racisme en risquant une remise en cause des ver¬tus de l'immigration. Le pouvoir politique, destinataire du rapport, n'a pas été plus bavard sur ce rapport, dont il ne tenait pas non plus à ébruiter les conclusions. Il pré¬fère, lui aussi, le discours mettant en valeur les atouts de l'immigration, même si ce discours renforce la légi¬timité des revendications en faveur d'une politique plus libérale. Ces revendications lui permettent d'afficher, par contraste, une certaine fermeté qui plaît à une partie de l'électorat, quand le discours vantant les mérites de l'im¬migration offre l'habillage d'une certaine impuissance politique.
Ce que montrent les études, pour la plupart étrangè¬res, c'est que « l'immigration » comme grand tout indif-férencié, cela n'existe pas. Celle-ci ne peut donc avoir d'effet automatique quel que soit le pays où elle s'installe, quelles que soient ses caractéristiques et quelle que soit la période. Les arguments bien pratiques sur le carac¬tère indispensable de l'immigration étrangère pour faire pièce au vieillissement, payer nos retraites, occuper les emplois dont nous ne voulons pas et apporter une contri¬bution irremplaçable aux économies occidentales ne tiennent pas la route et ne sont d'ailleurs guère avares de contradictions. On nous répète à l'envi que la survie de ces économies va dépendre de l'investissement dans la connaissance. C'est ce qu'affirmait le Conseil européen extraordinaire de Lisbonne en mars 2000 qui se réunis¬sait sous le label « Vers une Europe de l'innovation et de la connaissance ». Ce qui n'empêche pas de promouvoir, en même temps, l'idée selon laquelle l'immigration, en soi, est un bienfait dont on aurait tort de se priver. ... Au contraire, pour être cohérents, les politiques devraient être attentifs à la composition professionnelle des flux migratoires, à l'entrée comme à la sortie. Pour cela, il faudrait absolument cesser de raisonner en ter¬mes de solde migratoire. "
extrait des yeux grands fermés de Michéle Tribalat
suite
"Qu'est-ce qu'être raciste?
Dans les sondages de la CNCDH, dès la deuxième question, on demande aux enquêtes de se prononcer sur le fait de savoir si le racisme est plus ou moins répandu en France à la date de l'enquête. La question se pose de savoir ce que les sondeurs et les sondés entendent par racisme. Il suffit pour s'en persuader de se reporter aux sondages des années 2002,2003 et 2004 dans lesquels une question sur ce sujet était posée aux enquêtes. La question était ouverte et ne se présentait donc pas comme une suite d'items prédéfinis. Une majorité écrasante de l'échantillon déclarait alors que le racisme était un sentiment de rejet à l'égard de groupes divers et variés, le rejet des différences en général. Si le racisme est assimilé à toute irritation à l'égard d'une différence, qui y échappe ? Chaque répon¬dant a quelque chose de particulier en tête. Quel est l'inté¬rêt de recueillir ses mauvaises pensées ? Qui n'en a pas ?
Les enquêtes passent donc à confesse. Il est tout à fait étonnant de trouver en fin de rapport un tableau inti¬tulé «renseignements signalétiques des enquêtes» qui donne la répartition des réponses à la question : «En ce qui vous concerne personnellement, diriez-vous de vous-même que vous êtes plutôt raciste, un peu raciste, pas très raciste, pas raciste du tout ? » D'après Le Petit Robert, signalétique veut dire «qui donne un signale¬ment », signalement qui, toujours d'après Le Petit Robert, correspond à la «description physique d'une personne que l'on veut reconnaître». En quoi l'aveu de racisme, dont le contour est flou, définit-il une population à ce point ? Dans le rapport de 2008, la CNCDH a supprimé, non pas la question, hélas, mais sa qualification de ren¬seignement signalétique, ce qui est un progrès1.
Que signifie être un peu raciste et quelle est la dif-férence entre l'être un peu et l'être pas très ? Pour la CNCDH, dans un cas, vous êtes classé raciste et dans l'autre vous échappez à l'étiquette infamante. Qu'attend-on alors du raciste avoué à qui l'on demande s'il estime nécessaire une lutte « vigoureuse » contre le racisme ? Le sondage de 2007 a heureusement épargné aux enquêtes la liste des moyens (une douzaine) de lutte contre le racisme et les discriminations que leur proposait la commission en 2006 et sur laquelle ils devaient se prononcer quant à l'efficacité. En effet, certaines propositions inféraient ce que les sondés devaient tenir pour une évidence.
Des questions approximatives, des opinions sur des faits inconnus
Lorsqu'on demande aux enquêtes si un traitement impartial des médias serait efficace, c'est que l'on pose une équivalence entre «avec impartialité» et «d'une manière valorisante ». Une information qui ne serait pas valorisante deviendrait-elle partiale ? Lorsqu'on suppose qu'en faisant «mieux connaître les apports sociaux, éco¬nomiques et culturels de l'immigration à notre société» on ferait reculer le racisme et les discriminations, c'est que l'on sous-entend que ces apports sont forcément positifs et que le seul problème est la méconnaissance de cette vérité incontestable. La commission suggérait même qu'une campagne médiatique de lutte contre les préjugés à l'échelle nationale pourrait faire partie des instruments envisageables de lutte contre le racisme et les discrimi¬nations. On imagine sans mal cette grande entreprise de redressement moral. On tremble à l'idée que la CNCDH en ait l'initiative. Que sait-elle de précis pour reconnaître un préjugé à coup sûr ? Quels sont ceux des sondeurs ? Comme on mélange ce qui est de l'ordre des senti-
ments, de la pensée, et ce qui est de l'ordre du compor¬tement et des actions, comment interpréter la question demandant aux enquêtes de s'identifier avec la propo¬sition selon laquelle rien ne peut justifier1 les réactions racistes ou avec celle selon laquelle certains compor¬tements peuvent parfois justifier une réaction raciste ? Qu'est-ce qu'une réaction raciste ? Un regard lourd, une marque d'hostilité, le fait de changer de trottoir, de sortir
son couteau ?
Dans le sondage, le mélange entre opinion sur des impressions et non sur des faits d'une part et impréci¬sion des termes d'autre part est catastrophique. On refait le monde, mais approximativement. Pourquoi ne pas demander aux enquêtes s'ils pensent que la terre est plate ou ronde ? En fait, les sondeurs semblent avoir une grille normative toute faite sans rapport avec la réalité.
C'est le cas lorsqu'on demande aux enquêtes de se prononcer pour savoir si les gens du voyage, les musul¬mans, les Maghrébins, les Asiatiques, les Juifs, les Afri¬cains, les homosexuels, etc. forment «un groupe à part» ou un « groupe ouvert aux autres ». D'abord, le contraire d'un groupe ouvert n'est pas un groupe à part mais un groupe fermé. Du temps de la ségrégation, les Améri-cains noirs formaient-ils un groupe à part ou un groupe fermé aux autres ? Quelle connaissance les enquêteurs et les enquêtes ont-ils de la situation dans la mesure où les données sur les appartenances religieuses ou les origines ethniques sont généralement inaccessibles. Les quelques études réalisées, avec Bernard Aubry, sur les concentra¬tions ethniques et les voisinages en France n'ont guère eu d'écho médiatique.
Que dire par exemple des cadres, si ouverts et si tolé¬rants dans les enquêtes d'opinion et qui préfèrent généra-lement vivre entre eux et éviter autant que faire se peut les
voisins d'origine étrangère ? En l'absence de connaissance établie, tout le monde n'a que des impressions informées par l'expérience personnelle, les récits de seconde main ou les médias. Les réponses aux questions du sondage sont censées mesurer un sentiment de manque d'ouverture de certains « groupes » qui ne dit rien de la réalité mais tout des mauvaises pensées des enquêtes. Le réel n'a là aucune importance, c'est le positionnement en soi qui compte. Comme on ne peut pas donner raison aux sentiments négatifs, quelle qu'en soit l'inspiration, le réel se trouve congédié. On ne s'étonnera pas que l'on ait eu si peu le souci de développer les outils statistiques nécessaires à la connaissance en France si, de toute façon, le sentiment que l'on a des choses prime à ce point.
Il en va de même avec l'appréciation du nombre d'im-migrés en France. Tout d'abord, pour le commun des mortels, l'immigré c'est aussi bien la personne venue de l'étranger s'installer en France que celle née en France de parent(s) immigré(s). Beaucoup d'Européens font d'ailleurs la même confusion avec les termes « migrants » ou « immigrants », y compris dans les instituts de statisti¬que et dans les écrits savants. On parle alors de migrants, d'immigrés de deuxième ou troisième génération, ce qui est une absurdité1. Ensuite, la formulation de la ques¬tion mérite qu'on la cite entièrement, tant elle est ridi¬cule : «D'une manière générale, diriez-vous qu'en France aujourd'hui, le nombre d'immigrés n'est pas assez impor-tant, est trop important, est juste comme il faut, ou qu'il vous est indifférent ? » On suppose que les sondeurs sau-raient nous expliquer à quoi correspond, dans la réalité, la réponse «juste comme il faut ».
L'interprétation des réponses à cette question est entièrement normative. Trouver qu'il y a trop d'immi-
grés c'est vilain quelle que soit la réalité vécue, quand le fin du fin est de déclarer qu'il n'y en a pas assez. Il ne peut y avoir un «trop» qui soit objectif dans l'esprit des sondeurs. Pour penser correctement et ne pas se voir taxé d'ethnocentrisme ou de racisme, l'enquêté d'origine française qui réside à Clichy-sous-Bois, La Courneuve ou Aubervilliers, où les trois quarts des jeunes étaient d'origine étrangère en 2005, doit trouver qu'il n'y a pas trop d'immigrés et, si possible, «juste comme il faut» ou, encore mieux, «pas assez». En la circonstance, la personne d'origine étrangère résidant au même endroit fera preuve d'ouverture en déclarant qu'il n'y a pas assez d'immigrés, ce qui peut vouloir dire que ses voisins d'ori¬gine française seraient bien avisés d'aller voir ailleurs.
En 2006, cette question était redoublée à l'échelon local par la question suivante : «D'une manière générale, diriez-vous que, autour de vous, le nombre d'immigrés n'est pas assez important, est trop important, est juste comme il faut, ou qu'il vous est indifférent ? » C'était au moins un niveau d'appréciation en rapport avec l'expérience indi¬viduelle des enquêtes, introduisant donc un élément de réalité, lequel restait, par ailleurs, inconnu. Comment interpréter les réponses à de telles questions quand on ne connaît rien des conditions de vie des enquêtes ?
Interprétations normatives et opinions des sondeurs embarquées dans les questions
Le sondage de 2007 abordait aussi la question de « la diversité » dans différentes institutions ou professions, en coupant l'échantillon en deux pour demander aux enquê¬tes s'ils trouvaient qu'il y avait trop, suffisamment ou pas assez de personnes de couleur, versus d'origine étrangère dans ces institutions. Que veut dire trop ? Est-ce par rap-port au goût des enquêtes ou par rapport à l'idée qu'ils
se font de la réalité ? Les sondeurs n'en savent pas plus que les sondés car ils sont, les uns et les autres, privés de référence nationale et de statistiques sur les origines des personnes travaillant dans les institutions sur lesquelles les sondés doivent se prononcer (personnel politique, télévision, police, services publics et enseignants). Que veut dire «trop» quand on évoque tous les jours dans les médias l'insuffisante présence des personnes de cou¬leur sur le petit écran, parmi les politiques, etc., sinon se déclarer raciste ? Là encore, la grille d'interprétation ne peut être que normative. Le « trop » n'a finalement aucune légitimité, si ce n'est débusquer le raciste.
La question qui se rapporte directement à l'intégra¬tion comprend une opinion «embarquée», présentée comme une évidence. En effet, elle inclut l'avis des son¬deurs, avis qui est bien près du stéréotype, si l'on veut bien admettre qu'un stéréotype est fondé sur une repré¬sentation erronée ou une idée toute faite. Les sondeurs demandent ainsi aux enquêtes de choisir entre les deux options suivantes : 1) Ce sont les personnes d'origine étrangère qui ne se donnent pas les moyens de s'intégrer ; 2) C'est avant tout la société française qui ne donne pas les moyens aux personnes d'origine étrangère de s'in¬tégrer. Cette question présuppose que l'intégration ne fonctionne pas, alors que nous manquons de consensus sur la définition et d'éléments d'observation de la réalité. Les sondeurs ont donc une vue pessimiste qu'ils deman¬dent aux sondés de partager implicitement en choisissant entre deux options extrêmement simplistes permettant d'apprécier, encore une fois, s'ils font preuve d'ouverture d'esprit. Pour les répondants qui ne sont pas d'origine étrangère, cela revient à incriminer la société, c'est-à-dire principalement eux-mêmes ou les politiques qu'ils ont mis aux affaires.
Les sondeurs ont leur conception de l'intégration qui leur permet de diagnostiquer un échec. Quant aux sondés,
ils déclaraient la leur en adhérant, à 90 %, à la proposi¬tion selon « laquelle il est indispensable que les étrangers qui viennent vivre en France adoptent les habitudes de vie françaises ». On aimerait savoir exactement ce qu'ils entendent par là et jusqu'où vont leurs exigences.
Armés de leurs bons sentiments, les sondeurs tran¬chent des questions hautement débattues. C'est le cas lorsqu'ils demandent aux enquêtes d'adhérer ou de reje¬ter des propositions auxquelles ils prêtent un caractère d'évidence parce que correspondant à un jugement posi¬tif ou à un stéréotype associé au dénigrement de la pré¬sence immigrée en France. On ne présente alors jamais à l'enquêté un propos mesuré qui pourrait avoir quel¬que justification, mais un propos outrancier qui a pour fonction de signaler, avec force « clignotants », le raciste assumé ou le type qui manque franchement d'ouverture.
C'est le cas lorsque le rapport déclare que les enquêtes reconnaissent [je souligne] très majoritairement la néces¬sité de recourir à l'immigration pour occuper certaines professions. Cette question fait pourtant l'objet de contro-verses et ne saurait se résoudre à une affaire d'ouverture d'esprit face à un phénomène quasi naturel. Les écono¬mistes du marché du travail ne semblent pas partager cette « évidence ». La commission faisant preuve d'inno¬vation permanente, des questions sont ajoutées au fil des ans afin de tenir compte de l'actualité1. L'argument des pénuries de main-d'œuvre n'est proposé que depuis 2003. Il va même au-delà d'un ajustement du marché du travail puisque l'item proposé est le suivant : « La présence d'im¬migrés en France est nécessaire pour assurer certaines professions [je souligne]. » Après un moment de doute en
2005 (année où la société française a été saisie par une «bouffée d'ethnocentrisme1 »), les enquêtes approuvent effectivement très majoritairement ce point de vue.
Mais ils sont tout aussi nombreux à « adhérer au pré-jugé» selon lequel «de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale». Cette fois, les enquêtes ne reconnaissent plus une vérité, mais se laissent aller au préjugé commun. Pourtant, là encore, si la formulation n'était pas aussi outrancière, il y aurait matière à débat. Certains écono¬mistes évoquent cette motivation. On parle en anglais de social magnet (« aimant social »).
Les enquêtes « reconnaissent » également que « la pré-sence d'immigrés est une source d'enrichissement cultu¬rel ». Ils ont d'ailleurs fait beaucoup de progrès depuis le début des années 1990 où ils étaient minoritaires. Sans doute mieux instruits des réalités depuis, ils se déclarent désormais très majoritairement de cet avis (68 % en 2007 contre 42 % en 1992). C'est tout juste s'ils ont faibli dans leur enthousiasme en 2005.
Les questions pièges sur l'islam
Les sondeurs tranchent aussi des questions théologiques débattues parmi les musulmans eux-mêmes. Ils listent un certain nombre de pratiques dites « religieuses musulma-nes » susceptibles de faire problème en société. La ques-tion est formulée précisément ainsi en 2006 et 2007 :
«Selon vous, le respect des pratiques religieuses musulmanes suivantes peut-il, en France, poser problème pour vivre en société ? Le port du voile, l'interdiction de montrer l'image du prophète Mahomet, le sacrifice du
mouton lors de l'Aïd-el-Kébir, les prières, le jeûne du ramadan, l'interdiction de consommer de la viande de porc ou de l'alcool. »
La question amalgame pratiques privées et pratiques publiques, en insistant sur l'aspect public de chaque prati-que. Elle est donc extrêmement floue. Chacune de ces pra-tiques, y compris les plus privées, peut effectivement poser des problèmes de vie en société. C'est le cas des prières quand on revendique de les faire sur les lieux de travail ou d'éducation, ou dans la rue. C'est aussi le cas du ramadan sur les lieux de travail, sans parler de l'école. Premièrement, les enfants sont extrêmement fatigués. Deuxièmement, on sait que les enfants de familles d'origine musulmane n'ont plus guère le choix que d'observer le ramadan ou de faire semblant dans certaines écoles. Est-ce que l'on peut appe¬ler cela un problème pour vivre en société ? Ma réponse est oui, d'autant que le verbe employé est «peut-il». La commission fait de l'interdiction de la représentation du prophète une pratique religieuse musulmane. Si elle n'était que cela, elle ne poserait aucun problème aux non-musul¬mans indifférents au fait que leurs voisins musulmans aient ou non, chez eux, une image représentant le prophète. Le problème commence lorsque cette interdiction est suppo¬sée s'appliquer aux non-musulmans qui, par définition, ne pratiquent pas l'islam et seraient alors contraints de prati¬quer contre leur gré.
Il n'est donc pas évident d'interpréter toute réponse positive à ces questions comme un simple signe d'intolé-rance à l'islam. Là encore, il y a un effet de déréalisation dans la mesure où l'on sait déjà que certaines pratiques posent des problèmes réels. Le dire serait faire preuve d'intolérance. Pourtant, une idée déplaisante n'est pas forcément une idée fausse.
Dans l'enquête néerlandaise de 1998, l'hostilité à cer-taines pratiques dites musulmanes n'était pas systémati-quement interprétée comme un signe d'ethnocentrisme,
de xénophobie ou d'aversion pour l'islam1. On y distin-guait l'opposition des Néerlandais d'origine à certaines pratiques sociales associées à l'islam (place de la femme et traitement des enfants), d'une hostilité plus générale à l'égard des musulmans. L'étude néerlandaise montrait également que l'hostilité aux pratiques sociales associées à l'islam conduisait à une plus grande opposition à l'im-migration en général, y compris chez ceux qui n'éprou-vaient pas d'aversion particulière pour l'islam. C'était le cas d'un Néerlandais d'origine sur deux qui n'approuvait pas le traitement des femmes et la manière autoritaire qu'ont les musulmans d'élever leurs enfants, sans mani¬fester pour autant une opposition aux musulmans en général. Il semble bien qu'une opposition de principe à certaines pratiques, au nom des valeurs néerlandaises, ne puisse pas se réduire à l'expression de préjugés négatifs sur les musulmans en général, mais rende méfiant vis-à-vis de l'immigration, y compris ceux qui, autrement, auraient été les mieux disposés. L'argument selon lequel il s'agirait là des plus malins qui réussissent à dissimu¬ler leur hostilité à l'égard de l'immigration ne tient pas la route non plus. Une manière d'éviter de suspecter la dissimulation des préférences réelles des enquêtes est de pratiquer, comme cela a été fait dans cette enquête, un test secret sur les préjugés éventuels des répondants. Cela revient à couper l'échantillon en deux. On demande alors à la première partie de nommer, parmi un certain nombre d'items lus à haute voix par l'enquêteur, ceux qui rendent les répondants mécontents. La seconde moi¬tié se voit proposer la même liste d'items plus un, égale¬ment lus à haute voix. Le nouvel item glissé au milieu des autres était, dans l'enquête néerlandaise, «l'aide spécifi¬que apportée aux minorités ». On demande alors à cette moitié des répondants, non pas de nommer les items pro-
blématiques, mais de donner le nombre d'items qui les mécontentent. Un traitement statistique de ces réponses permet de tester la sincérité des affirmations données par ailleurs. Ce test confirme la sincérité des réponses des mieux disposés vis-à-vis des musulmans en général. L'incitation à la tolérance de pratiques qui choquent pro-fondément les Néerlandais a donc pour effet non prévu de les «remonter» contre une politique migratoire jugée trop libérale. L'invocation du préjugé ethnocentrique n'est guère convaincante : « En quoi, dans une culture libérale comme celle des Pays-Bas, l'invocation de valeurs libéra¬les comme référence normative pourrait être une mani-festation d'ethnocentrisme1 ? » L'enquête néerlandaise a, par ailleurs, introduit une grille d'items permettant d'apprécier les préjugés à l'égard des principaux groupes d'immigrants aux Pays-Bas, sans tourner autour du pot. Cette grille porte sur les défauts supposés de ces groupes ; égoïstes, malhonnêtes, violents, etc. Cette grille simple et sans détour leur permet de définir des niveaux de préju¬gés parmi les Néerlandais. Dire que tous les Marocains ou tous les Turcs sont égoïstes, malhonnêtes ou violents est un stéréotype évident. C'est raciste.
Les sondages de la CNCDH ne se satisfont pas de cette simplicité et brassent nombre de questions aux remugles douteux. Sous prétexte de mettre à nu les pensées des enquêtes racistes, les sondeurs forcent le trait ou donnent de la consistance à des hypothèses franchement racistes. Il devient ainsi légitime de s'interroger pour savoir si les Français juifs ou musulmans sont des Français comme les autres ou si des injures ouvertement racistes telles que «sale Juif» ou «sale Arabe» doivent être condamnées sévèrement par la justice, pas sévèrement ou pas condam-nées du tout. Qu'est-ce qu'une condamnation sévère? Chacun a sa petite idée. Quel est l'intérêt de laisser penser
que de telles injures pourraient être anodines ? Pourquoi demander à l'enquêté si la chose mérite d'être sanction¬née alors que la loi l'exige ? L'injure raciste est un acte sanctionné par la loi et non une vilaine pensée. C'est une veine de questions relativistes inépuisable. Pourquoi ne pas demander s'il faut sanctionner les pédophiles ?
Comment justifier la question sur les races alors que l'on s'échine par ailleurs à disqualifier l'usage du terme ? La question précise est la suivante : «Vous, personnelle¬ment, de laquelle des opinions suivantes vous sentez-vous le plus proche ? Les races humaines, ça n'existe pas ; tou¬tes les races humaines se valent ; il y a des races supérieu¬res à d'autres. » Visiblement, les Français n'ont pas encore assimilé l'information selon laquelle les races n'existent pas puisqu'ils sont encore 60 %, en 2007, à déclarer que toutes les races humaines se valent et 12 % à penser que certaines races sont supérieures à d'autres. Seuls 23 % des sondés déclarent que les races n'existent pas.
Un sondage aux effets déréalisants
Dans les sondages de la CNCDH, un grand nombre de questions laissent croire qui celle-ci envisage la lutte contre le racisme d'abord comme un grand nettoyage de ce qu'il y a dans les têtes. Ce nettoyage nécessiterait la mise à plat des mauvaises pensées, d'où ces questions faites pour prendre en défaut le raciste potentiel. C'est pourquoi la grille d'interprétation est si sommaire et si dédaigneuse du réel. Le questionnaire de la CNCDH révèle l'état d'esprit des sondeurs plus encore que celui des sondés. Ainsi, déclarer que certaines pratiques de l'islam posent problème devient un signe d'intolérance en soi, et donc un mauvais signe, quelle que soit la réalité, notamment vécue par le répondant. Penser qu'il y a trop d'immigrés est en soi coupable de manque d'ouverture au
monde quelle que soit la situation concrète de l'enquêté. C'est une mauvaise pensée en soi et ce n'est pas une opi-nion qui pourrait être instruite par la réalité. À l'inverse, déclarer qu'un traitement impartial de l'immigration par les médias serait un bon moyen de lutter contre le racisme et les discriminations est un bon point en soi, quelles que soient les pratiques réelles des médias. . C'est une manière détournée de désapprouver tout sentiment d'inquiétude vis-à-vis de l'immigration. Le sondé, s'il veut faire bonne figure, doit donc décoder le sens caché des questions et deviner quelle réponse est correcte et moralement recevable et apprendre, en conséquence, à mentir. On chercherait à détruire tout sens moral et tout sens de la réalité qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
On peut d'ailleurs se demander si le souci de faire bonne figure n'est pas plus présent dans les classes socia¬les supérieures, par ailleurs mieux à même de se repré¬senter en quoi cette bonne figure peut consister. Ce pourrait être un élément d'explication de la distorsion entre leur ouverture manifestée dans l'opinion publi¬que et leurs pratiques privées cultivant l'entre-soi. C'est exactement ce que suggère une étude américaine sur les préférences de voisinage. Les individus qui ont fait des études longues sont plus sensibles aux pressions sociales sur ce qu'il est convenable de dire. Ils admettront moins volontiers avoir une attitude négative sur les questions raciales et seront mieux à même de «présenter leurs inté¬rêts, en tant que groupe racial, d'une manière plus sub¬tile1 ». Une autre explication des réponses plus favorables à l'immigration parmi les mieux éduqués tient au simple fait qu'ils sont moins concernés. Comme ils ne vivent pas autant à proximité des familles immigrées, ont fréquenté
des écoles où les enfants de ces dernières n'étaient guère présents et ne sont pas en compétition avec les immigrés ou leurs enfants, ils peuvent manifester plus d'ouverture, celle-ci restant largement théorique. Une autre recherche néerlandaise a montré que la plus grande tolérance affi-chée parmi les jeunes adultes qui ont le meilleur niveau d'études était liée d'abord à la moindre crainte ressentie à l'égard des minorités ethniques, et dans une moindre mesure à un autoritarisme moins prononcé, mais n'était en aucun cas liée à une plus grande capacité intellectuelle à comprendre les enjeux ou à une ouverture d'esprit plus large1.
Enfin, l'acharnement mis à traquer les pensées racis¬tes, xénophobes ou ethnocentristes joue aussi le rôle de caisse de résonance, maintenant le racisme au cœur de l'actualité, ce qui joue en faveur de l'activité des ONG subventionnées qui participent aux travaux de la com-mission2. Après tout, tant que 80 % des personnes vivant en France estiment que le racisme est répandu, une lutte « vigoureuse », comme il est dit dans le sondage, reste un impératif.
Une des raisons souvent avancées au maintien du son-dage en l'état est la nécessité de conserver la profondeur historique apportée par des séries longues. Dans le rap¬port de 20083, Nonna Meyer, Guy Michelat et Vincent Tiberj, qui analysent chaque année les résultats du son¬dage de la CNCDH, insistent sur le «caractère indis¬pensable du baromètre CNCDH » pour la connaissance des préjugés en France et plaident pour «la réintégra-
tion des questions disparues1». Je ne suis pas insensi¬ble à l'argument de la continuité. Cependant, le carac¬tère « barométrique » du sondage ne peut constituer un argument d'autorité pour ne rien changer. On aurait pu fort bien envisager de «changer de pied» progressive¬ment en introduisant des questions plus directes, plus saines, plus ciblées qui auraient fini pas se substituer aux précédentes. Il faut ajouter que, dans ce rapport établi après la fin de la mandature de la commission, sans que cette dernière ait pu se prononcer sur son contenu, on ne trouve pas trace des débats qui ont agité la commission sur l'opportunité du sondage tel qu'il est, ni a fortiori des conclusions de la sous-commission dédiée à ce sujet qui, je le rappelle, était unanime à en demander la suppres¬sion. Ce rapport est donc de parti pris, du seul fait que l'on y vante les vertus d'un sondage qu'il faudrait main¬tenir, non seulement en l'état, mais en y réintroduisant les questions abandonnées pour leur caractère douteux, alors même qu'il a été si fortement remis en cause à l'in¬térieur de la commission."
@leclercq
Merci pour cette intéressante lecture. Elle montre, ce qui n'est pas surprenant, que l'Europe est bien malade, totalement embourbée dans les contradictions de ses habitants et de ses politiques. La soif du profit des uns, le culpabilité des autres assaisonnées de mauvaise foi et d'ignorance ne permet pas autre chose qu'une fuite en avant, dont les politiciens n'ont pas vraiment peur et les riches non plus, à l'abri qu'ils sont des conséquences d'une perte du lien social et de ses conséquences économiques, sinon morales.
Il serait intéressant de voir les réactions d'une population asiatique ou moyen-orientale à ce genre de questionnaire, tout imprégné qu'il est du nombrilisme et du défaitisme européen.
Le combat contre le racisme aura progressé quand on ne fera plus référence à l'origine ethnique pour stigmatiser ce qui n'est que de l'ordre de l'humour politique.
on en est loin !!!
Le combat contre le racisme aura progressé quand on ne fera plus référence à l'origine ethnique pour stigmatiser ce qui n'est que de l'ordre de l'humour politique.
ce racisme là est occulté et ne serais que la résultante de l'autre racisme d'aprés nos chers intellectuels
http://www.contrepoints.org/2012/12/02/106204-racisme-anti-blanc-1-le-ressenti-des-victimes
http://www.contrepoints.org/2012/12/10/106231-racisme-anti-blanc-3-negation-universitaire-du-phenomene
voilà l'efficacité de la lutte contre le racisme !!!
"Aucune domination n’est invoquée, aucune attitude blessante, aucun comportement hostile de la part des Français de souche n’a déclenché ce racisme anti blancs. C’est une animosité qui s’est mise en route toute seule à cause de l’emprise d’une propagande d’extrême-gauche qui a voulu faire croire qu’une partie significative des Français serait raciste."
http://www.contrepoints.org/2012/11/14/104374-racisme-anti-blancs-lavis-des-internautes
voilà où elle nous mêne cette lutte contre le racisme.
"
•Par gliocyte - 10/05/2013 - 07:28 - Signaler un abus Impasse?
L'école n'est pas une solution. L'éducation laïque ne réformera pas les esprits des jeunes musulmans. C'est vraiment une utopie. Ceux qui se sentent français obéissent aux lois du pays, les autres non car leur pays est leur religion. Les enfants musulmans ont autant de capacités intellectuelles que les autres mais pour apprendre, il faut qu'ils en aient envie.
Avoir traité une minorité comme un tout , imposé la tolérance à son égard, excusé les exactions au nom de ce qui est compris par tous comme un droit supplémentaire des minorités n'a aidé personne.
Ce tout a fait d'une minorité UN INDIVIDU. Personne n'ose le faire éclater et les injustices, la discrimination, la maltraitance peuvent donc continuer en son sein, en toute impunité.
La solution est de supprimer la notion de minorité, barrer ce mot du vocabulaire et imposer à chaque homme et femme qui la composent, les lois du pays. Cette volonté est absente du discours politique par laxisme et lâcheté. L'ETAT se voile la face comme une femme musulmane, il se fait musulman.
En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/harcelement-religieux-qui-progresse-jeunes-filles-banlieue-sont-elles-abandonnees-triste-sort-societe-francaise-guylain-chevrier-720159.html#2z1Kq8DS0ppbtmCJ.99
c'est vrai que madame Taubira est une femme donc une plaisanterie que dis-je un bon mot est tout à fait interdit envers ces nouvelles vaches sacrées "dixit natacha Polony"
et de plus une noire, minorité protégée par les tenants de l'anti-racisme.
tellement bien protégés par leur statut de victimes, quelles n'onts plus aucun respect, et onts créer le racisme anti-blanc, plaisir donts ces minorités s'adonnent sans aucune retenue, pourquoi se priver hein !!!
ce racisme là est totalement ignoré par notre gauche bien pensante
http://www.leprogres.fr/loire/2011/04/14/rassemblement-ce-soir-a-roanne-contre-le-racisme-et-l-antisemitisme?image=5A28E8A0-3672-4894-80C2-A0D204D75643
deux gugusse fonts des graffitis et roanne est pointé du doigt !!!
"Le rapport de la commission nationale consultative des Droits de l’Homme, publié aujourd’hui (hier, ndlr), pointe du doigt Roanne » insistait Daniel Boitier"
ces gens là sont complétement déconnectés de la réalité !!!
d'ailleurs les commentaires le disent .
décidement!...
des faits graves et contraires aux valeurs de la république il y en a tous les jours en france mais pourquoi manifester dans un sens mais jamais dans l'autre ? le racisme anti blanc existe au quotidien mais aucune association ne le dénonce jamais ,pourquoi? ...
ajouté le 14.04.2011 | 20h42 par zzzzzzzzzzzzzzzz signaler un abus oui mais!!!!
Je suis contre le racisme, mais toutes ces associations devraient manifester également lorsqu'un français "non issus de l'immigration" se fait agrésser, ou lorsqu'un policier se fait insulter dans une citée
ajouté le 14.04.2011 | 10h45 par le cévenol
ça prouve un ras le bol.
http://www.dailymotion.com/video/xme0p1_les-enfants-roannais-luttent-contre-le-racisme_webcam
ce genre d'action me fait penser au fonctionnement du CNCDH cité au-dessus.
http://www.zoomdici.fr/actualite/Nouvelle-vague-de-tags-racistes-et-xenophobes-a-Roanne-id119970.html#commentlist
" Enfin, je tiens à rappeler que chacun d'entre nous a du sang "étranger" dans ses veines. Vouloir une France aux français est donc non seulement une illusion, mais plus encore une idiotie absolue."
ce brave monsieur va loin ceux qui ne sonts pas d'accord avec la politique immigrationniste de la gauche sonts des idiots.
tout le monde a du sang étranger dans les veines argument débile, il pourrait aussi nous expliquer les raisons pourquoi il n'y a aucune enquête sérieuse sur l'immigration, cette culture de la tête dans le sable. la réalité c'est qu'il y a uniquememet l'immigration avec un apport de compétences qui est bénéfique à un pays le reste ce n'est que du coût
http://www.liberation.fr/societe/2013/05/10/esclavage-hollande-refuse-toute-reparation-materielle_902048
ouf enfin une position ferme sinon ça n'a plus de limites de baisser son froc