La France donne actuellement l’exemple désolant d’une gauche vidée de toute substance et à la dérive. Tenter de remettre le couvert de théories contraignantes ou volontaristes, soutenir sa rhétorique productiviste teintée d’un progrès dont on ne comprend plus le sens, ne cache pas qu'elle est une grande malade.
Pas de doctrine économique originale
Devant le mur solidement ancré du libéralisme elle n’a plus aucun projet économique. Quelques réformettes sont au programme ici ou là, concernant essentiellement de nouveaux prélèvements, mais aucune mesure visant à favoriser la création de richesse n’est au programme.
La justice sociale et la solidarité ne sont que des leurres que la droite remplit aussi bien, sans rajout d’une couche d’idéologie. Que reste-t-il à cette gauche?
La réduction des inégalités. Cela, on sait que la loi n’y peut rien. Gérer les inégalités ne peut se faire par la contrainte. Mettez deux personnes devant un même champ, l’un produira davantage que l’autre. Faut-il prendre le produit du travail de l’un pour le donner à l’Etat, qui en redistribue une grosse partie pour lui-même et une petite partie pour les autres? C’est le principe de la solidarité.
Mais il a des limites. L’exemple d’une petite fraction de PDG gagnant des millions par année ne doit pas faire oublier que les petits patrons bossent dur et prennent tous les risques pour gagner seulement un peu plus. Et puis, la solidarité fonctionne mieux s’il y a un idéal commun au pays et un vrai partenariat, pas quand l’idéologie des uns dresse les classes sociales les unes contre les autres.
Par ailleurs aucune vraie réforme n’est engagée pour limiter les coûts exorbitants de l’Etat, l’excès de couches administratives, la simplification de la fiscalité, l’allègement des lois, une vraie régionalisation sans la toute-puissance parisienne.
La justice n’a jamais été un bastion de gauche. Plutôt que de s’attaquer aux causes de la délinquance, la gauche prendre le contrepied de la droite en élargissant le nombre de délinquants qui n’iront pas en prison.
Le fascisme sociétal
Il n’y a guère qu’en questions de société que la gauche française tente encore de sauver une identité délitée. L’antiracisme, posture réflexe confortable et répétitive, ne fait plus illusion. J’ai montré ici que dans l’affaire Taubira la dame s’est illustrée dans des positions extrémistes assimilables à un racisme anti-blanc. D’ailleurs la petite messe antiraciste du PS il y a deux jours a vu une assistance plutôt clairsemée. L’électorat PS n’y croit-il à ce point plus? La gauche ne débat plus, elle stigmatise. Elle n'a pas su réorienter le débat sur l'immigration, cadrer celui sur l'égalité, poser des règles à la finance. Elle tente de sauver les meubles par des postures morales qui ne font pas illusion.
Il ne reste que peu de thèmes pour faire oublier l’incurie de la gauche française au pouvoir et faire diversion. On provoque donc la société avec le mariage pour tous et l’on taxe par principe d’homophobes ceux qui s’y opposent. Cette loi sera à abroger, au profit d’un PACS rénové afin de laisser le terme mariage à la catégorie qu’il recouvre: les unions civiles ou religieuses hétérosexuelles. L’égalité invoquée pour justifier le mariage homo est une aberration intellectuelle. Les homos ont forcément besoin des hétéros pour engendrer: une ovule, un ventre à louer ou du sperme. A l’inverse les hétéros n’ont pas besoin des homos pour engendrer. Il n'y a donc pas cette réciprocité qui devrait fonder une égalité. L’homosexualité n’a pas l’autonomie reproductive. La société est hétéronormée, cela doit être réaffirmé et protégé devant les assauts actuels de "normalisation" homosexuelle, non pour exclure les homosexuels mais pour que leur représentativité réelle soit respectée. Par contre il est juste de reconnaître que l’homosexualité est un fait et une orientation sexuelle qui n’a pas à être condamnée. Chacun s’occupe de ses propres fesses.
Il est évident qu’il faudra verrouiller la Grossesse pour autrui, et ne pas la faciliter comme y encourage madame Taubira, qui réinvente ici un nouvel esclavage en légalisant de fait le recours aux mères porteuses. Si l’on interdit la prostitution il est schizophrénique politiquement d’admettre la location de ventres, et en plus de fermer les yeux sur les discriminations par l’argent: les gays pauvres achètent leur bébé en Inde, les riches aux USA. Car il s’agit bien d’achat, même plus d’adoption.
La haine de l’homme
Enfin le coup mauvais du jour est la criminalisation du client de la prostitution. Pour éliminer l’esclavagisme de la traite des femmes, dit-on. Il paraîtrait que 90% des prostituées seraient étrangères et donc sous la coupe de mafias. Ce chiffre n’a jamais, jamais été démontré. Pourtant si le gouvernement le cite, c’est qu’il est bien introduit dans le milieu. Pourquoi ne fait-il dès lors rien contre les vrais esclavagistes? Et pourquoi criminaliser le client et pas la vendeuse? L'esclavagisme n'est pas le fait de louer le corps, pour des prestations sexuelles ou autres, mais que cela soit imposé par contrainte par un tiers. Ce qui n'est pas le cas ici. Le prétexte d'esclavagisme est nul et non avenu.
En réalité cette loi a deux objectifs: l’un est de cacher l’incurie des autorités dans la lutte contre les réseaux. L’autre est la criminalisation de la sexualité masculine, la haine de la sexualité masculine qu’il faut brider, contrôler, soumettre. Traiter le simple client comme un esclavagiste est simplement un dérèglement intellectuel. On tombe dans la persécution, comme celle de Saint Sébastien (peint ici par Caletti). Ou une volonté autoritaire, fascisante, d’imposer la loi des soi-disant victimes. Le féminisme agressif français tente de sauver une gauche en la fascisant.
Les femmes pourraient avoir l’impression que le gouvernement fait quelque chose pour elles. Mais c’est faux. D’une part il supprime une liberté, celle de faire ce que l’on veut de ses fesses. Si l’on veut regarder de près, combien de couples se construisent sur l’argent? Ne rêvons pas. D’autre part les travailleuses du sexe sont opposées à cette criminalisation, et le gouvernement les traite comme des enfants incapables de décider de leur vie.
Encore une loi à abroger, surtout que la prostitution va entrer en clandestinité et sera alors très dommageable pour celles qui la pratiquent. Il faudra aussi dans le même temps abroger toutes les lois dites de genre, instaurées contre les hommes sur la base du victimisme féministe et de la haine du masculin. Il faudra en finir avec le gynocentrisme et gommer ces années de gauche qui sont des années où les tensions sociales sont exacerbées par le pouvoir qui dresse la France en deux camps opposés.
Enfin, pour en finir avec la doctrine de la haine de l’homme, on effacera des programmes scolaires toute mention de genre.
Il ne reste qu’à commencer à libérer la France de l’oppression, c’est-à-dire d’une gauche devenue sectaire et discriminante.
Commentaires
J'apprécie la lucidité de votre article.
Très bon article, merci.
Mais que voulez-vous, depuis de Gaulle la France est une monarchie déguisée.
Le roi en est le président et ses ministres sont les princes.
Ils ont tous les droits et le peuple n'en a que 2 :
1) Elire les princes et leurs sbires députés
2) Manifester ou faire grève
Il faudrait donc tout remettre à plat, ce qu'aucun roi ne voudra.
Surtout que pour la majorité des français leur système est le meilleur au monde. Les meilleures universités, les meilleurs hôpitaux, la meilleure protection sociale, etc.
"J'apprécie la lucidité de votre article." Permettez-moi de reprendre cette affirmation de Zimmer et d'y ajouter: Non seulement vous mettez bien le doigt là où ça fait mal, mais aussi votre argumentation est logique est sans faille.
Je m'étonne qu'un gouvernement, constitué d'hommes et de femmes adultes et prétendument bien éduqués par une haute école nationale, puisse ne pas voir l'ineptie et l'inefficacité de ses propos. Aucune de ses lois, du mariage homo jusqu'à la pénalisation de rapports sexuels ne va ni avancer l'économie nationale ni réduire le chômage.
Un gouvernement de nuls !
On voudrait pouvoir penser que l'auteur de cet article limpide a tort... Hélas! Mais que se passerait-il si les personnes qui voient si clair apportaient leurs propres suggestions en vue non de démolir, la gauche, de par son incurie, sur ce point, fait bien son boulot, mais de construire (moins facile, certes, mais utile, fécond, porteur d'espoir...
"Il faudra aussi dans le même temps abroger toutes les lois dites de genre,"
il faudra aussi abroger les lois de censure.
style incitation à la haine raciale. et par la même rendre illégitime des assoc style Licra sos. racisme.
on en est au stade où de l'humour ne peut plus être fait sur des personnes comme Taubira, mais où des jeunes beurs laissent exprimer leur racisme anti-blancs ju'squ'a pousser au suicide des adolescentes de 13 ans, en toute inpunité.
a oui c'est vrai le racisme anti-blancs n'existepas.
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/sihem-souid/l-imposture-du-racisme-anti-blanc-14-11-2013-1756841_421.php
@ Myriam:
la gauche française est centralisatrice et jacobine. Un Etatisme peut dans certaines circonstances avoir de l'utilité, mais ici elle s'occupe de l'intendance. Elle vote des lois qui augmentent le contrôle de l'Etat sur les individus et leur vie privée, tout en étant ultra-libérale sur quelques autres aspects. Mais elle ne prend pas les choses en mains comme il le faudrait. La France a déjà besoin d'une réforme profonde de l'Etat.
Je suggérerais d'abord la suppression d'un ou deux échelons de représentation - canton, département, par exemple. Ensuite limiter le rôle de Paris et renforcer les régions. Ensuite pas d'indemnités à vie comme pour certains élus. Puis des simplifications administratives dans différents domaines, dont l'emploi. Les conditions de licenciement deviennent si contraignantes qu'il est risqué d'embaucher. La protection sociale est une bonne chose en soi mais pas si elle est telle que l'Etat croule sous la dette.
Mais cela suppose un gouvernement fort. J'aurais pensé que Sarkozy le ferait, mais il n'est pas allé au bout. Pour Hollande, je pense qu'il est déjà trop tard. Il fallait commencer tout de suite pour avoir le temps et bénéficier d'une vague de soutien. A la place on a eu des cafouillages (Florange entre autres) et une capitulation. Le mariage pour tous est venu juste après comme pour tenter de ne pas perdre la main. Résultat: une France divisée, et maintenant la violence sociale qui monte.
Donc je changerais aussi l'idéologie de gauche: moins de victimisation, plus de responsabilité.
Pour ceux qui pensent que les Antigones soit disant opposées au féminisme castrateur des Femens, même si je n'ai absolument aucune sympathie pour les Femens, mais il faudrait expliquer ceci : http://www.dailymotion.com/video/x17kupp_paris-france-24-11-2013-manifestation-antigone-contre-les-violence-faites-aux-femmes_news?start=1
@ revenant de passage:
En effet, j'ai lu cela ce soir et j'ai réagi sur leur site.
hommelibre, merci. Comme il est difficile de prévoir: Sarkozy, vous l'indiquez, revient, Bayrou, sensible aux régions et Royal pour le social? Mais il y a une telle tension, faut-il attendre les prochaines présidentielles? Le marasme présent n'est-il pas comme un signal indiquant que, bien que la france soit jacobine et centralisatrice ce n'est pas une raison pour s'"y tenir" une fois pour toutes... Sur un autre thème, il y a 2000 ans, les Drs de la Loi, à Jérusaleme, sont fidéles... à la Loi (une fois pour toutes "comme cela eet pas autremenewt"! Or, en l'an 70, le Temple est détruit... mais un être, indiscutablement SUBVERSIF a changé la donne... Changer la donne, ne pas rester "cloués" aux rengaines jacobine et centralisatrice... avancer... En un article, Jean-Noël Cuénod a donné une sorte d'invitation, ou de mot d'ordre, à tous: "Deviens"! ne pas rester ne pas s'en tenir au passé, désormais dépassé. Les élus français, de droite comme de gauche, sortent de l'ENA, principalement, viendra-t-on nous dire sans rire qu'ils sont les mieux placés pour gouverner, non, les privilégiés, seuls, mais, tous?! Sarkozy, au temps de ses études, vendait des glaces sur les quais de Paris, président des Français, a connu un échec, mon, Royal, en son expérience, de même, Bayrou a connu un choc tel qu'il en a pour un temps perdu la possibilité de l'expression parlée, donc, trois êtres comme nous, trois êtres "humains". Beau dimanche à tous
P,S. au précédent: si Sarkozy "revenait", soit Président, soit rien. Bayrou, Premier ministre? En l'un de ses livres, Nicolas Hulot voyait deux premiers ministres, l'un pour les affaires courantes, l'autre pour l'écologie... Une femme saine parfaitement au courant de tout, calée,ayant travaillé avec Borloo à l'écologie, précisément...
Pourquoi pas, NKM? Hulot prévenait, jamais les classes moins favorisées seront en mesure de payer les écotaxes à venir: il faudra, a précisé N. Hulot, qu'en ce qui concerne ces classes, l'Etat assume...
A propos du mot subversif, être subversif "pour" être subversif? Bien sûr que non,mais, si, ou quand il y a lieu, pour assainir ou améliorer les conditions de vie de chacun: en l'occurrence, quand les riches s'enrichissent encore, les moins nantis, par le fait de l'enrichissement des premiers, les moins choyés par la vie (naissons nous "égaux"?) gagnent ou reçoivent plus, ou mieux, aussi.
HL
http://antigones.fr/blog/2013/11/27/cr-petite-marche/#comment-16569
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