Les derniers développements ne sont plus de l’ordre de la vie privée. Ils sont une illustration directe de la politique de François Hollande et de ses valeurs. Un morceau d’anthologie que ce feuilleton.
Le charcutage de l’information
On a vu que les petites phrases dissimulaient mal l’animosité entre Valérie Trierweiler et François Hollande. VT se construit une nouvelle image positive à la vitesse d’un TGV, laissant FH sur le carreau, catalogué de mufle, cassant, froid, bon à répudier sa concubine. Mauvaise image d’homme, pas loin du stéréotype traditionnel de la femme abandonnée et de l’homme insensible qui jette après emploi.
Voyons cela de plus près. VT a déclaré, dans une interview récente à Match: «Quand j'ai su, j'ai cru tomber d'un gratte-ciel». Ce qui signifie qu’elle ne s’y attendait pas. Etre surprise est plus valorisant que de savoir et accepter. La surprise est une trahison. On est la victime flamboyante. Alors que le fait de connaître la situation de tromperie et de la laisser continuer est plus proche de la complaisance, pour des raisons sans doute plus calculées. On est l’obscure calculatrice.
Or il semble que cette surprise ne corresponde pas à la réalité et qu’elle était au courant depuis l’été 2013. Passage de la victime flamboyante à l’obscure calculatrice. Bug dans la storytelling. Un paparazzi ami de FH révèle ici qu’elle VT savait pour Julie Gayet. Curieux que cette info sorte maintenant. A ce niveau il n’y a pas de hasard. Qui y a intérêt? François Hollande, pour se rehausser au détriment de Valérie Trierweiler. Qui, depuis, annonce la possible sortie d’un livre sur sa rupture...
FH, toujours à réagir après l’incendie, a dû constater les dégâts d’image qu’a fait sa déclaration de rupture. Aujourd’hui il annonce donc qu’il est très fair play, qu’il y a un accord passé avant l’annonce de rupture. Il veut même «sécuriser» VT (la contrôler, donc). Sécuriser, le mot magique pour bien des femmes. A cet effet FH paiera le loyer de l’appartement de VT jusqu’à la fin du quinquennat, et versera une aide à ses enfants. C’est Match qui le dit, relayant FH qui donne ici des détails sur sa vie privée...
Il redevient fréquentable. Bref tout le monde il est beau tout le monde il est gentil et ils se tiennent mutuellement.
Rupture abrupte et union libre
FH sort sans délai VT de sa vie. Premier constat: l’union libre n’a pas de statut juridique et se trouve en inégalité avec le mariage. Un juge pourrait décider d’une compensation après une vie commune mais il n’y a pas de droit inscrit dans la loi. Si par exemple Valérie Trierweiler et François Hollande avaient été mariés, elle aurait eu le droit de rester en «première dame» jusqu’au divorce. Elle aurait pu imposer sa présence dans les réceptions officielles et garder un bureau et des secrétaires. Elle aurait peut-être un droit sur l’immobilier et les biens de François.
Ici l’union libre devient un arrangement à l’amiable. D’un côté tant mieux, on refuse de laisser l’Etat décider à notre place du montant compensatoire. Mais alors FH est à la merci de VT. Au tribunal un juge pourrait exiger la discrétion sur leur vie commune. Ici elle annonce un livre et il ne pourra rien faire contre. Sauf payer plus. L’humiliation va se mâcher longtemps.
Cette situation montre l’arbitraire possible dans les relations de couple, et la possibilité dans l’union libre de se «débarrasser» de l’autre sans plus accorder de valeur au lien établi. Le refus d’un engagement social s’achève par une irresponsabilité finale. Plus rien n’a vraiment d’importance. Être avec ou sans est affaire de quelques jours et la consommation prime. Au fond FH incarne bien sa politique où tout est équivalent: les sexes, les genres, les pères, les bébés achetés, et où toute morale cardinale, destinée à poser des marqueurs collectifs et des limites claires, est dissoute. On comprend la politique socialiste: déconstruire le couple, la famille, l’homme - qui reste seulement payeur et ici par sa propre volonté, la reproduction, l’identité sexuée. Au nom d’une égalité totalitaire et purement idéologique on démolit toutes les valeurs dites bourgeoises ou chrétiennes, valeurs que des millénaires de société ont patiemment érigées en balises et en ancrages des responsabilités des uns et des autres.
Un triple déficit
Les choses ne tiennent que sur l’aléatoire: il paie pour être tranquille et parce qu’il a les moyens. Il paie même pour les enfants de Valérie, illustrant toute la stupidité des hommes modernes, dépossédés de leur paternité et payant pour d’autres sans sourciller. Il y a dans ce feuilleton un triple déficit de valeur autour du couple et de la famille:
- déficit de la femme, jetée au plus vite après usage et n’ayant pas son mot à dire et sans statut - sauf accepter d’être payée;
- déficit de l’homme n’ayant plus aucun respect de soi, irresponsable et payant même pour d’autres enfants sans que l'on sache pourquoi sinon pour rehausser son image (alors que le père des enfants de Valérie Trierweiler travaille et qu’elle-même descend d’une famille de banquiers);
- déficit des liens du couple, tenus par aucun engagement autre que la consommation amoureuse et sexuelle. La vidéo de Julie Gayet que je postais en fin de mon précédent billet me fait penser à un enfant devant un nouveau jouet. La manière dont elle parle de FH semble très jolie, mais en réalité c’est le ton et les mots de la consommation amoureuse lambda.
Ce n'est pas tant l'union libre elle-même que le comportement qu'elle inspire à certaines personnes qui est en cause. Mais quand-même: juridiquement le mariage assure un statut et des droits.
Il paraît que ce déficit de l’humain s’appelle le progrès et que s’y opposer serait réactionnaire. Et bien, si j’ai pu croire à cette idée de progrès dans une période de ma vie, ce n’est plus vers cette modernité déglinguée que j’avance. J’ai une plus grande opinion de l’humain. Ce modernisme-là est une voie de décomposition des liens de la société. Il est construit sur la peur ou l'incapacité d’affirmer une position personnelle tout en restant libre en soi. Une société où l’on confond le respect dû aux différences avec l’effacement sémantique et émotionnel de ces différences. Mais ce n’est pas par hasard: la stratégie de déconstruction de l’individu dans ses prérogatives (responsabilité, identité sexuée, engagement) sert à amplifier la place centrale de l’Etat. La toute-puissance de l'Etat est la projection dans le monde du règne de l'enfant-roi.
Dans les attaques sur les valeurs individuelles et familiales, c’est le rêve du tout-état qui se cache. Le «meilleur des monde» tente de se construire aujourd’hui à l’Elysée et dans les écoles, en voie de devenir des relais de la propagande gouvernementale.
Tout n’est pas équivalent. Cette notion doit aussi faire partie de la nouvelle pensée européenne afin de relativiser l’égalitarisme forcené, le gender, les théories sexuelles et l’idée de progrès.
Commentaires
Je ne sais pas si le cas FH versus VT est emblématique de la perte des valeurs.
N'est-ce pas plutôt un l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire ?
Qui aurait envie de prendre ces deux-là pour modèle ?
Il y a pire que la position de Valierie Trierweiler : celle de ses trois enfants. Ils ont besoin de capacités hors du commun pour ne pas être affectés par tout ce remue-ménage. (Les enfants de Hollande-Royal sont de jeunes adultes
à présent.)
Dire que cette femme a gardé le nom de son ex-époux et donc de leurs enfants et que son histoire est à jamais liée à ce nom. A une certaine époque, il se disait que le couple T. n'était même pas divorcé.
Si on essaye de comprendre ce qui s'est joué au niveau de la fonction de la "première dame" et du non-mariage de François Hollande avec sa compagne d'alors, il ne faut pas oublier que Valérie T. n'est pas une potiche. Je vois les compensations financières dans ce contexte : elle aura fait prévaloir le fait qu'elle a renoncé à sa carrière, pour être aux côtés de cet homme au destin exceptionnel. Si les paiements sont liés au quinquénat, c'est qu'il y a peut-être eu une sorte de contrat à ce sujet.
Non, vraiment, ça ne fait pas envie.