Jolie expression pour qualifier le résultat du référendum. Etonnant qu’elle passe sur la télévision romande, si russophobe habituellement. Mais cela n’a pas duré. Le premier sondage à la sortie des urnes annonce 93% de oui au rattachement à la Fédération de Russie, ce qui fait dire à la présentatrice qu’il ne pouvait en être autrement face à la propagande officielle.
Marrant, quand-même, de parler de propagande à propos de la Russie et de ne parler que d’information quand le Conseil Fédéral appuie ou non une votation. Ou quand le pouvoir français poussait au oui à Maastricht en 2005. Ce n’était pas de la propagande, apparemment, et le fait de passer outre le refus populaire n’était pas une décision autoritaire...
Sans parler des menaces de représailles et de rétorsion contre la Suisse après le vote du 9 février.
Propagande? C’est l’hôpital qui se fout de la charité.
L’Europe n’a décidément pas de leçon à donner à la Russie. Même pas de lui reprocher d’avoir brandi le spectre fasciste pendant la campagne. Les européens se sont accommodés vite et bien des milices fascistes de Kiev. Et ils n’ont rien dit aujourd’hui à propos du défilé d’anciens soldats lettons membres de la Waffen SS.
Ce soir j’ai un peu mieux compris ce qu’est la propagande - la nôtre.
Et le discours est toujours le même: on désigne Vladimir Poutine comme seul décisionnaire, pour accréditer l’image dictatoriale du pays, pays mal vu parce qu’il ne se soumet pas au diktat euro-américain. On agite la peur que la Russie ne se contente pas que de la Crimée. Mais on trouve normal de s’approprier l’Ukraine à coups de milliards d’euros. La pression occidentale va probablement forcer à la partition du pays. N’en accusons pas Poutine.
Face à 93% de citoyens de Crimée qui ne veulent pas de l’Ukraine de l’ouest, Obama déclare le référendum illégitime. Si l’on peut discuter de la rapidité à l’organiser et des bases légales de ce processus (aucun pays n’offrant à ses régions de décider toutes seules de se séparer de la nation), on ne peut par contre dénier le choix de la population.
Le printemps de Crimée s’étendra-t-il aux autres régions de l’est? L’avenir le dira. Le coup de force du nouveau pouvoir de Kiev a déclenché une réaction contraire. Une réaction qui se met en travers du plan européen. Tout n’est pas prévisible en politique. Et l’Europe n’a pas fini de solder son passé.
Image 2: Evpatoriya, Crimée.
Commentaires
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Bonjour John.
Ce matin le 20 minutes titre que le résultat du référendum a fait un score "soviétique". Mais se garde bien de dire que si le oui l'emporte si largement, c'est que les opposants à la scission ont appelé au boycott du scrutin.
Si on y regarde de plus près:
80% de participation x 93% de oui, ça fait 74% des électeurs inscrits qui ont voté pour l'indépendance et le rattachement à la Russie. On aimerait bien plus souvent faire de tels scores.
On nous dit que c'est contraire au droit international. Mais il existe quand même le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_des_peuples_%C3%A0_disposer_d%27eux-m%C3%AAmes
Parfois c'est bien d'en faire usage, quand ça arrange les Américains et les Européens. (exemple: indépendance du Kosovo, du Soudan du Sud, etc...) D'autres fois c'est mal. Deux poids deux mesures. Et ils se prétendent des Etats de droit ? La moindre des choses, c'est de laisser l'ONU décider ce qui est conforme au droit international.
Les Etats-Unis se sont toujours arrogé le droit d'intervenir, par tous les moyens, dans sa "zone d'influence". Et rares ont été ceux qui ont osé utiliser en ces occasions les termes qui sont brandis à l'occasion du vote organisé en Crimée.
Il semble même que ce "deux poids deux mesures" soit même parfois actionné en pleine bonne conscience. Comme si la conscience avait jamais fait le poids face aux intérêts en matière de politique.
Malheureusement une grande partie de la population se laisse encore prendre aux gesticulations et cris de protestations des divers bonimenteurs qui vendent leurs "vérités".
« Pour le bon stratège, l’essentiel est dans la victoire, non pas dans les opérations prolongées » C'est à dire que pour un bon stratège militaire, ce qui compte ce sont les éléments pris dans leur globalité, c'est le résultat final de l'ensemble des opérations et non des petites victoires sporadiques au quotidien.
http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-14426.html
Merci pour ce lien, Pli. Quelle excellente analyse!
Oh oui!
""En cas de sanctions américaines, la Russie serait obligée de renoncer au dollar au profit d'autres monnaies et de créer son propre système de paiement. (...) Si les Etats-Unis gèlent les avoirs d'entreprises publiques et d'investisseurs privés russes, Moscou recommandera à tout le monde de vendre les titres du Trésor américain. En outre, les sanctions, si elles sont infligées, amèneront la Russie à renoncer au remboursement des prêts octroyés par les banques américaines." La messe est dite.
La Russie est invincible et a même identifié le point de faiblesse de l'ennemi."
Tôt ou tard le $ sera abandonné comme monnaie d'échange. Ce sera le début de la fin. Mais la Chine et la Russie ne sont pas pressées. Le temps joue pour elles:
http://www.usdebtclock.org/
"Un coup d'Etat en Europe est-il différent d'un coup d'Etat en Afrique?"
Pour les racistes, oui.
Pour les massacres c'est pareil aussi.
"Ils ont déjà commencé à le faire, pour preuve, la façon dont tous tergiversent pour des pseudo-sanctions qui n'arrivent jamais."
Et où est la base légale pour justifier ces sanctions?
Merci à Monsieur Pougala! Que l'Afrique se réveille!
Il me semble que Poutine a pratiqué le judo. Moi aussi, pendant les combats de compétition je laissais l'adversaire gesticuler pendant tout le combat, il était content car avait la vedette, je terminais direct à la fin par un ippon rapide sans hésitation, l'adversaire cloué sur le tatami, le souffle coupé par la chute à plat dos.
Tout ça me rappelle la théorie de la corde et du pendu ! Ah ce monde occidental qui ignore l'Histoire des autres, certes, mais surtout la sienne, quel dommage.