Nous faisons des catégories. C’est une des facultés primordiales de l’esprit. Un moyen de connaître et identifier le monde autour de nous. Nous savons comment naissent les arbres, où ils poussent, ce qui les différencie entre eux. Chaque catégorie a ses caractéristiques. C’est que qui la définit et permet de lui donner les meilleurs soins.
L’humain, une fabrique de catégories
Aujourd’hui la psychologie sociale vient nous dire que les catégories sont une forme de discrimination négative. Une chose mauvaise. Elle veut nous inciter, voire nous contraindre, à abandonner la capacité à catégoriser et à fabriquer les images qui représentent les catégories: les stéréotypes. Elle veut nous y contraindre par sa vision dépressive et faussement rebelle, en supprimant les catégories de genre à l’école et en culpabilisant les adultes qui relaient les différences.
Pourtant, des catégories, nous en fabriquons tout le temps. Il y a les jeunes, avec des caractéristiques qui leur son propres. Il y a les métrosexuels, les homosexuels, les bisexuels, les trans, les progressistes, les conservateurs, les blondes, les sportifs, les kitchs, les baba cool, les amateurs de rap qui ne se mélangent pas aux fans de variété française.
Il y a des catégories d’intelligence associative selon le QI. Il y a des typologies et des groupes: les émotifs, les punks, les idéalistes, les romantiques, les terriens, les musculeux, les bilieux: la liste n’est limitée que par les limites de l’imagination humaine.
Ces catégories groupent des personnes selon des caractéristiques communes. Il y a des caractéristiques physiques, d’autres sociales, d’autres encore psychologiques. Toutes contribuent à former une identité, à laquelle on adhère par besoin de se donner un territoire symbolique, une appartenance. Si même nous refusions toute appartenance psychologique, nous appartenons quand-même à un groupe biologique, et à une espèce dotée de caractéristiques. J’ai beaucoup travaillé avec la Gestalt, qui fonctionne sur le ressenti individuel psycho-corporel. Elle est très utile pour éclairer sa réalité personnelle. Mais elle n’abolit pas les besoins d’appartenance ni les catégories fondamentales des sexe et des genres qui en sont le prolongement. Elle n’abolit pas les besoins d’identités de groupes, qui posent des limites et des possibles communément reconnus.
Parmi les catégories il y a mâle et femelle. Indispensables pour la reproduction des espèces vivantes. Les femelles permettent la reconstitution d’un individu, les mâles donnent le vecteur de l’information manquante (le spermatozoïde) pour déclencher le processus. Ensuite, chez les humains et dans d’autres espèces, il contribue à l’approvisionnement et à la défense de sa lignée ou de son clan. A cet effet il a des caractéristiques particulières: plus de force physique en moyenne, et sociales: il tient le rôle de guerrier. C’est parce qu’ils ont cela au fond d’eux, dans leurs cellules mêmes, et même si tous ne le reconnaissent pas, que les hommes ne doivent pas baisser la garde dans la vie - ou seulement exceptionnellement.
Le triomphe des maigres
Cela c’est pour les balistes fondamentales: les stéréotypes. S’il y a des stéréotypes partout, ce que déplorent les sociologues et leurs affidés, c’est justement parce qu’il y en a besoin partout. Un stéréotype est un modèle simplifié par rapport au réel car il doit résumer les qualités et caractéristiques essentielles d’une catégorie.
Dans la réalité les individus disposent d’une palette de comportements assez large, ce qui leur donnent une grande liberté d’adaptation et d’intelligence par rapport au stéréotype. Par exemple, le taux de testostérone, qui contribue à développer les caractéristiques viriles, sont variables chez les hommes et chez les femmes. On trouve des hommes filiformes et des femmes carrées, ou des hommes musclé et des femmes brindilles. Ce qui produit des ressentis et des présences au monde différentes. Le maigre filiforme ne perçoit pas le monde comme le musclé épais.
Les caractéristiques individuelles sont donc plus larges que les stéréotypes. Ceux-ci s’incrustent comme des filigranes. Si l’on n’avait pas de modèle, donc de normes, les fonctions élémentaires ne seraient peut-être plus transmises ni assumées, mettant l’espèce en péril. Ainsi, si on féminise les hommes, ils ne voudront plus se battre et défendre leur clan ou leur pays. Certains le souhaitent et affirment que les femmes négocient davantage alors que les hommes recherchent la confrontation.
La biologie de la virilité favorise la confrontation des hommes. De par sa moindre force musculaire les femmes ont intérêt à rechercher la collaboration. Ce sont des stratégies de survie. Peut-être la musculature n’est-elle pas la cause mais l’effet: les sociétés ont voulu formater les mâles à la guerre parce que l’on ne peut se permettre le luxe de perdre les femelles. Un seul homme suffit pour assurer la descendance d’un groupe. J’ajoute que la biologie de la virilité n’est pas exclusivement masculine: il y a des femmes viriles comme il y a des hommes efféminés.
Toutefois comme la guerre n’est pas permanente, les hommes peuvent aussi collaborer. Ils collaborent d’ailleurs beaucoup. Ils le font en assumant la paternité et ce qui va avec: la famille, la quête de subsistance, la dotation du patrimoine aux descendants. Ce qui a impliqué plutôt la fidélité, laquelle est favorisée par l’amour. L’amour fait partie d’une stratégie de survie. Il attache l’homme à son foyer.
Un modèle pour apprendre
Devant la multiplicité des identités individuelles, les stéréotypes servent à renforcer certaines catégories spécifiques et à en transmettre les caractères. Ils participent à une pédagogie. Mais leur aspect réducteur oblige à compléter le modèle car l’apprentissage n’y est pas complet. Par exemple une confrontation peut être plus performante avec la ruse qu’avec la force brute. Globalement les héros des guerres valorisent quand-même la virilité et les caractéristiques masculines au détriment du féminin. Et c’est fondamental. Aujourd’hui on entend dire que les hommes doivent assumer leur féminité et pleurer. Je dis oui, jusqu’à un point. Il n’est pas bon pour un guerrier de pleurer sur son sort. D’ailleurs les femmes se sont approprié le rituel des larmes. Devrait-on être complet au point d’être pleinement masculin et féminin? Je n’en suis plus aussi sûr qu’à 25 ans. Dans ce rêve de toute-puissance il n’y plus de place pour l’autre, pour ce qui nous complète.
Les stéréotypes servent donc à renforcer de manière utile les caractéristiques des catégories. Dans une société qui valorise l’extrême individualité, la remise en question des stéréotypes est logique. Dans l’individualisme exacerbé, on ne veut plus des catégories de groupes. L’individualisme, c’est le triomphe des maigres, des filiformes, ceux pour qui l’adaptation au groupe est vécu comme une oppression, ceux pour qui la confrontation est trop épuisante. Chacun est une minorité et un univers.
Mais l’individu seul n’est pas un modèle en soi. Un modèle n’existe que s’il représente plusieurs unités, pas une seule, de manière à générer les différences nécessaires à l’identification des catégories. Pourrait-on être à chacun son propre modèle, dans l’idéal? A part quelques exceptions cela paraît impossible: notre corps, notre réseau de neurones, notre capacité d’apprendre par imitation, font entre autres nos caractéristiques humaines. La posture verticale est déjà un modèle par elle-même. Le besoin de ressembler, d’appartenir, ainsi que la discrimination intelligente des catégories du monde et des comportements survient très tôt chez les enfants. Cela participe à sa construction.
Discrimination intelligente
La modélisation en féminin et masculin est un des guides de construction (un stéréotype) les plus importants. Vouloir le supprimer dans l’enfance en déniant des différences fondamentales, en gommant toute particularité de catégorie genrée, c’est enlever un guide de croissance. L’évolution de la société permet aujourd’hui de réduire les contraintes des stéréotypes. Mais pas de les supprimer. Sans différence il n’y a pas d’identité. Sans identité il n’y a plus de règles communautaires et plus de limites individuelles. C’est la santé mentale et la survie d’une société qui est mise en cause par le refus des différences formatrices et des stéréotypes.
La pédagogie par les stéréotypes, la discrimination intelligente et l’adaptation individuelle font bon ménage. C’est dans cette orientation que la sociologie devrait chercher, tant qu’à faire puisqu’elle a de toutes façons un biais, une grille de lecture orientée.
Quant à dépasser les catégories pour retrouver une homogénéité sociale, assurer une meilleure redistribution des ressources, donner envie de prendre sa vie en main, il faut pour cela avoir un idéal commun. Or, entre le complexe de Lara Croft, l’attitude guerrière des féministes à l’égard des hommes et des «bastions» masculins à «conquérir» par la «lutte des femmes», le clientélisme politique, l’individualisme exacerbé, et le morcèlement communautariste grandissant, la société occidentale ne va pas vers un idéal commun.
Des choses nous unissent au-delà de nos différences. Pourquoi prendre le risque de détruire notre culture alors que les stéréotypes sont des outils performants, adaptables, constructeurs, permettant des synthèse rapides et créatives? Nous n'en avons pas fini avec la différence. Il est prématuré de prétendre pouvoir s'en passer.
A suivre.
Premier article ici.
Commentaires
très bon article cependant après une vie laborarieuse et vécue à 200 à l'heure pour prévenir les coups de bluff de Kennedy et ses bombes atomiques à déverser sur la Russie nombres d'humains de nos jours vivent en vase clos
Seuls moyens pour eux de conserver leur indépendance face à un monde qui se veut communautaire et qui préfére voir de loin la pauvreté.On le voit avec les Roms .Vous vivez dans un monde qui a peur de tout même de son ombre ou qui vit en fonction de délires mystiques d'origine Chamaniques .Un peu comme les anciens pasteurs Calvinistes qui voyaient le mal partout même ou il n'existait pas
Nous les anciens on rit de vos frayeurs ,on a vécu avec ,on les a appréhendées car la vie n'a de sens que celui que tout humain devra lui donner sans l'attendre de qui que ce soit d'autre que lui
Alors stéréotypés ou sténos dactylos peu importe vivez votre vie sans toujours tout attendre de l'Etat qui n'existe que pour nous représenter à l'étranger .Bousculez tous vos aprioris ces chaines étouffantes de superstitions que nous avons mis tant d'années à envoyer balader sur les roses.
Transgressez tous ces interdits mis sur la route par des manipulateurs et jaloux de votre rire et même de vos pensées.Voilà la vraie vie et ,au diable les bons conseilleurs qui le plus souvent feront pire dans votre dos
Mais peut-être parlons nous ainsi par* chance* d'avoir connu des peurs authentiques , des vraies peurs non inventées très souvent par des paparazzis ou des sectes qui elles aussi savent utiliser les médias pour intoxiquer les esprits fragilisés
@Hommelibre je me permet de rajouter ceci. Au sujet des interdits je pense spécialement aux lois et conseils canoniques qui ne sont à réserver qu'aux monastères.
En tant que Suisses et vivant seuls faut pas se laisser instrumentaliser bêtement par des conseils qui ne sont valables qu'en groupe quitte à ne jamais être respectés surtout en co-propriétés ou en immeubles
Un seul conseil est valable, ne jamais se laisser oublier ou essayer de vivre discrètement comme des mouches sinon d'autres vous feront payer par des nuits d'insomnies ce respect du sommeil de votre part envers ces oiseaux de nuit.
Et puis surtout ne pas tomber dans l'escarcelle des socialistes tous stéréotypés à la pensée unique .Tant que les anciens vivront, c'est plutôt mal barré comme on dit chez nous.Car très grande différence entre les Socialistes Verts jaunes et je ne sais quoi encore, on nous a appris à réfléchir avant d'agir .Nos anciens savaient faire la part des choses ,eux pas
bonne journée
Bonjour Lovsmeralda,
Le monde s'est beaucoup refermé intellectuellement depuis environ deux décennies. "... dans un monde qui a peur de tout même de son ombre..." Il y a de cela, et il devient d'utilité publique de dire ce que l'on pense sans se laisser enfermer dans des stigmatisations.
"Nos anciens savaient faire la part des choses ,eux pas" : en effet, le regard sur le monde ne passait pas tant par des pensées toutes faites ni des idéologies absolutistes, mais en faisant bien plus la part des choses. Ce qui n'est plus le cas actuellement. A retrouver pour retrouver aussi une liberté d'appréciation du monde.
Bonne journée.
@Hommelibre votre réponse est rassurante et j'en profite pour dire à ceux qui mettent notre Didier National sur un piédestal qu'il est facile pour lui de donner l'air rassurant du Prussien ,excusez du peu mais lui n'aura pas subi l'éducation Prussienne celle-là même dont rêvent sans doute les Socialistes
Plus meurtrière et humiliante que cette éducation là pour laisser les humains sur le carreau,leur faire avaler leurs défauts , excepté les traitements infligés dans les Goulags et Camps de la Honte jamais vous ne trouverez
Et si la protection de la nature passe par ce genre de traitements pour obliger les humains à survivre ,la nature elle-même refusera de se plier à leurs jeux sadiques.On l'a vu avec l'orage de grêle en juin!
Encore tout bon dimanche pour Vous
@ lovsmeralda
" face à un monde qui se veut communautaire et qui préfére voir de loin la pauvreté.On le voit avec les Roms "
se vouloir communautaire n'implique pas d'accepter des populations qui n'ont aucune envie de s'intégrer, qui sont juste un ramassis de voleurs et de profiteurs.