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Pascal Lamy et les petits boulots jeunes: no future

L’homme s’est taillé une place de choix dans la nomenklatura politique occidentale. Sorti de l’ENA, comme toute l’élite politique française, membre du parti socialiste, il fut conseiller de Jacques Delors, puis responsable dans le cabinet de feu le premier ministre Pierre Mauroy.

pascal lamy,france,smic,jeunes,chomage,entreprise,élus,emploi,hollande,sarkozy,socialisteIl fut ensuite directeur du Crédit Lyonnais, puis commissaire européen à Bruxelles, puis directeur de l’organisation mondiale du commerce (OMC). Il est typique de ces politiciens jamais élus mais disposant d’un pouvoir politique exceptionnel. Il a participé régulièrement au Bilderberg, think tank des chefs d’entreprise du top mondial. Donc de ceux qui décident de l’avenir du monde en l’absence du monde. Le Bilderberg qui a ouvert grand ses portes à l’actuel premier ministre ukrainien par intérim, peu avant le début des manifestations de décembre 2013.

Aujourd’hui Pascal Lamy suggère de payer les jeunes au-dessous du SMIC. «Je pense qu'à ce niveau de chômage il faut aller vers davantage de flexibilité, et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au Smic.»

Est-ce un discours réaliste? Partiellement. Il faut savoir se débrouiller avec ce qui est plutôt que d’attendre ce qui ne vient pas. Et dans un monde où le salariat est la forme dominante de rémunération, il faut aussi aller chercher le travail et non l’attendre.

Un salaire amoindri est certes une mauvaise «bonne» solution, qui ne permet au jeune aucune indépendance financière réelle - à moins que le coût de la vie ne baisse. Mais par ailleurs même un salaire diminué le rend quand-même un peu moins dépendant de l’État providence. Le jeune redevient productif et créateur de richesses, même dans une faible mesure. Psychologiquement ce n’est pas négligeable. Il participe à la vie, à l’activité économique, il contribue à faire tourner une entreprise. Être dans le mouvement génère de l’envie et de la force.

Mais on ne crée pas des emplois par magie. Être indépendant n’est pas donné à tout le monde et les entreprises, cœur de l’emploi moderne, sont en France très lourdement chargées de taxes. La proposition de Pascal Lamy est très incomplète. Proposer d’appauvrir les plus pauvres, sans par ailleurs créer de richesses (la gauche n’a aucune doctrine à ce sujet) pourrait être très mal perçu, venant d’un énarque qui figure parmi les nantis. François Hollande avait beau jeu de dire «Je n’aime pas les riches», mais eux créaient de la richesse. Nicolas Sarkozy avait tenté de les retenir, voici que la morale paupériste du PS les fait fuir, et Pascal Lamy tente de rattraper le coup en proposant un bassin de main d’œuvre à bon marché, sous-payé. Pour l’aligner sur les ukrainiens qui viendront bientôt en France?

Pourquoi ne propose-t-il pas de réformer le millefeuille administratif, et de redistribuer les milliards repris dans un fond de création d’entreprises nouvelles? Les indemnités des élus nationaux et européens, leurs retraites, ne sont-elles pas excessives? Le nombre de niveaux de représentation et donc d’élus a-t-il du sens en plus de coûter très cher à l’État? Les réformes indispensables ne se réalisant pas toutes seules, et sans volonté politique réelle, on suggère aux chômeurs jeunes de bosser au tarif d’immigrés illégaux. Ce n’est pas un projet de vie. C’est une voie de garage. Qu’alors cela soit dit clairement: le gouvernement ne lutte plus contre chômage, il ne favorise pas la création de richesses, et il renonce à toute politique entrepreneuriale audacieuse. Il se contente d’aménager le déclin économique et industriel.

No future. Ou alors rêver.

Catégories : Politique 4 commentaires

Commentaires

  • Philippe Souaille ne va pas du tout aimer que l'on s'y prenne à son "ami" !

  • Il y a une réalité économique évidente que certains trouveront brutale, d'autres politiquement incorrecte, selon laquelle à chaque niveau de salaire minimum correspond un certain taux de chômage: les employeurs doivent en effet prendre la décision d'embaucher ou non un salarié sur la base de critères objectifs, notamment si le bilan de l'opération d'embauche est globalement positive ou non pour l'entreprise. Plus le seuil est bas, plus la décision d'embaucher sera prise favorablement. Pascal Lamy a le mérite de lancer le débat sur le SMIG, dispostion socioéconomique dans l'absolu sans doute louable dans ses intentions mais qui a des effets pervers. Sujet à retenir donc dans le contexte du vote sur le salaire minimum en Suisse, le 9 mai, le même jour que le Grippen (à force d'être rivés sur les médias français, beaucoup ingorent que nous n'avons pas de salaire minimum en Suisse)! Les chiffres du chômage parlent d'eux-mêmes. Pascal Lamy, qui a vécu de nombreuses années à Genève en tant que Directeur de l'OMC, en est bien conscient.

  • Avec Valls, on a un bon exemple de la gestion gabegiesque de nombre d'élus français.

    Plus généralement, des hôtels de Région pharaonesques, des ronds points pour un oui ou un non, et donc l'ardoise devra être réglée par les jeunes en dessous du SMIC :

    "Même prodigalité pour les frais de communication, qui ont bondi de 852,6% entre 2001 et 2003, et ne semblent pas avoir diminué depuis. Pour 2012, le compte administratif donne le détail d’environ 800 000 euros pour ce poste (dont 110 000 dédiés à la seule édition de catalogues, d’imprimés et autres publications). Mais il ne fournit pas la moindre précision sur la ligne «divers» située juste au-dessous, dont la dépense est pourtant énorme (400 000 euros). «Vu l’intitulé, ce sont sans doute aussi des frais de communication, mais ils ont essayé de noyer le poisson pour éviter les questions », assure Claude Jaillet. D’ailleurs, le département communication de la ville, qui n’existait quasiment pas à l’arrivée de Valls, occupe désormais un étage entier d’une des ailes de la mairie."

    http://www.capital.fr/enquetes/dossiers/a-evry-les-habitants-paient-encore-la-gestion-bien-peu-rigoureuse-de-manuel-valls/%28offset%29/1

  • Concrètement peut on vivre en France avec le smic?
    1470 euros brut, moins 8% d'impôt sur le revenu, moins 15% de prélèvements obligatoires, moins 2,5% d'assurance-chômage, moins 4% minimal de cotisation-retraite (facultative), moins 700 euros loyer minimal, moins frais de déplacements au travail ou repas de midi.

    Dans la récente réforme sur le droit aux indemnités-chômage et la réforme sur les cotisations sociales-employeurs, Manuel Valls confirme l'intention de son gouvernement et du MEDEF de concrétiser très prochainement la réduction drastique de la part patronale dans les cotisations sociales et d'exclure les petits salaires de tout droit à une protection sociale.

    La recharge des droits aux indemnités-chômage - la poudre aux yeux, négociée avec les syndicats - considérée comme une amélioration pour les précaires, intermittents et séniors pensionnés ou non mais actifs, concernera toujours plus de travailleurs qui seront payés en dessous du smic.
    On a donc déjà préparé les dispositions d'échouage pour les accueillir en masse.
    Ces trois mesures simultanées vont inciter les patrons à éclater des emplois nobles en petits jobs merdiques.
    Là aussi, la conséquence est attendue dans la dévaluation du travail et dans la dé-qualification des compétences et des formations.

    Pascal Lamy ne fait qu'inciter les patrons à engager des temps partiels pour ne pas devoir payer le smic. Ce qui les exonèrera de toute charge, c'est-à-dire des prélèvements obligatoires.

    Mais Pascal Lamy dessine et fait suivre une logique d'appauvrissement de l’État en même temps qu'il appauvrit la France en réduisant le travail productif en petits jobs marginaux. Il faut savoir que chaque emploi régulier et conventionné rapporte actuellement à l'état 47% d'un salaire: un employeur paie 147'000 euros pour chaque emploi à 100'000 euros de salaire.

    Voilà ce qu'on appelle le coût du travail: prélèvements obligatoires + contributions volontaires + cotisation familiale (bientôt supprimée) + contributions de solidarité + diverses taxes.
    En faisant partager un emploi ordinaire entre deux ou trois travailleurs, l'emploi devient petits boulots exempts de charges pour les employeurs et ils excluent les travailleurs du moindre droit.

    Quand on sait que l’état comptait sur une assiette fiscale d'un peu plus de 46% du PIB (soit plus de 700 milliards d'euros) dont seuls 20% des 46% sont affectés à la protection sociale, on se demande où il va trouver la différence pour continuer ses fastes gouvernementaux et comment il va combler le trou des assurances.

    Pour un champion du commerce international, Lamy est mauvais comptable et mauvais économiste à force d'aiguiser la spéculation. Lui, c'est d'abord le commerce, le mercato, achat bon marché et vente avec plus-value, prêt et expropriation etc.
    Mais peut-on demander à un néo-libéraliste d'avoir une patrie? de penser aux intérêts de toute une nation?
    La Nation, ce n'est pas Lamy.

    Mauvais calcul de Lamy!
    On s'achemine vers la disparition de l'état re-distributif et régulateur pour l'émergence d'un pouvoir totalitaire du privé qui permettra aux grandes entreprises de décider de l'orientation du pays, de faire des entreprises de taille régionale et nationale une bourgeoisie entrepreneuriale sans pouvoir donc complètement soumise.

    La France est en train de préparer ses institutions et son peuple au gouvernement global des multinationales et du partenariat américain.

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