En septembre déjà, l’agence météorologique américaine, la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), annonçait les températures moyennes les plus chaudes jamais relevées sur la planète depuis 1880 pour un mois d’août. J’avais alors fait remarquer que les moyennes «mondiales» de la NOAA ne s’appliquaient pas... au monde entier. L’Europe de l’ouest a connu un été assez humide et frais, le plus frais depuis une quarantaine d’années pour un mois d’août.
Fiabilité des mesures
Comment expliquer cette contradiction? On nous annonce toujours des records généraux sans tenir compte des particularités. En regard des moyennes régionales, août fut en réalité un mois frais pour une grande partie de l’Europe. Alors que penser de cette annonce faite sur «2014, l’année la plus chaude»?
Pour connaître la vérité il faudrait compiler toutes les observations du monde, région par région, océan par océan. C’est difficile: il faudrait avoir accès à toutes les données, à toutes les heures, tenir compte des surfaces où elles sont prises, pondérer selon des aléas météorologiques ou géographiques locaux ou régionaux. S’en tenir à une moyenne annuelle mondiale c’est comme peindre une montagne d’un simple trait brisé en pointe vers le haut. Cela manque de nuances.
1880 marque le début des relevés météo systématiques. Les valeurs moyennes comprises entre 1880 et les années 1950 sont obtenues à partir d’un maillage très large des relevés au sol. Dans la décennie 1950 les systèmes sont unifiés et le nombre de captages augmente. On commence à systématiser les relevés en mer grâce à des bateaux commerciaux qui emportent des instruments.
La fiabilité des instruments ne saurait être discutée. L’électronique est aujourd’hui un moyen efficace de faire des mesures, de les collecter et de les compiler. La répartition des unités de captage sur le sol est probablement satisfaisante et assez dense pour être fiable. Toutefois, sauf dans les plaines où la température est régulière, les zones de montagnes ou boisées modifient parfois de manière très locale des températures, ce qui au final peut faire une surface de terre importante. Le type de culture, absorbant plus ou moins la chaleur et pouvant ou non la restituer la nuit, fait également varier les mesures sur quelques kilomètres. Mais admettons une relative homogénéité des masses d’air en régime anticyclonique. Concernant les 7’000 bateaux environ qui captent les mesures et les transmettent aux agences météo, on ne sait s’ils parcourent la totalité des mers où s’ils suivent principalement les grandes routes commerciales maritimes, ce qui limiterait alors singulièrement les zones de référence. On voit sur l’image 1 le très faible maillage de l’hémisphère sud. L’image 2 représente les principales routes maritimes du Pacifique.
Douceur de 2014
Entre 1880 et 1950, puis 2014, le nombre de mesures a varié. La référence de la température mondiale d’avant les années 1950, ou même de la période 1950-1980, reste redevable de la qualité des mesures, de leur nombre, des extrapolations faites pour évaluer une température globale, avec un maillage de mesures qui a évolué dans la même période. Si l’instrument change et s’affine, peut-on comparer les mesures? La question est posée.
Le constat que l’on peut faire sur le réchauffement climatique a deux sources: les mesures mondiales mises en moyennes et pondérées (c’est-à-dire corrigées) puis comparées aux périodes précédentes, et l’observation humaine locale et régionale accumulée dans d’anciens registres. Au plan régional et selon l’observation humaine, les hivers se sont radoucis jusqu’à ces dernières années. La neige en plaine était devenue rare, signe d’une température hivernale moyenne en élévation.
Récemment la neige semble être revenue plus fréquemment en plaine, sauf en 2014 où nous européens avons connu un hiver exceptionnellement doux. Hiver et printemps très doux, automne (surtout septembre-octobre) exceptionnellement doux, et la moyenne annuelle est montée, malgré un été médiocre et relativement frais (ce n’est pas le cas du Canada-est, qui connaît un automne plutôt frais). Si l’on se rappelle de 2013, la météo est devenue agréable vers la mi juillet alors que l’hiver n’en finissait pas même à la mi-juin. Il est cependant trop tôt pour évaluer comment 2013 et 2014 influeront sur la courbe des températures mondiales qui est en plateau depuis 15 ans, je le rappelle, après le réchauffement des années 1985-2000.
La situation météorologique de 2014 est particulière en ceci: nous avons eu peu de régimes anticycloniques (des Açores ou de Russie). L’Europe fut en grande partie dominée par un flux de sud-sud-ouest à nord-ouest. Soit des régimes plutôt doux en hiver et doux à frais en été. Les épisodes pluvieux catastrophiques du sud de la France sont à mettre pour partie sur ce régime du sud, les nuages déversant leur humidité contre les Cévennes, et pour autre partie aux aménagements du territoire: mise à nu des sols qui n’absorbent plus l’eau, destruction des zones naturelles de rétention des inondations, construction en zones inondables.
Banquise : moins de fontes en 2014
Je remarque cependant trois points qui ne vont pas dans le sens de cette année supposée très chaude.
D’une part les glaces de la banquise arctique ont nettement moins fondu cet été que certaines années précédentes. L’image 3 montre les surfaces de fonte en septembre. Le trait noir correspond à l’année 2014 en cours. Il se rapproche nettement de la zone grise qui est la surface moyenne de référence de la fonte pendant l’été polaire. Alors que les fontes de la surface de glace avaient fait polémique en 2013, on n’en a pas entendu parlé cette année. La manière de diffuser l’information est donc sélective. Les agences spécialisées et les médias ne cessent de diffuser des records, des pires chiffres, mais s’abstiennent quand ces chiffres n’ont rien de spectaculaire. Ce qui laisse à penser que le réchauffement climatique est devenu un élément du spectacle du monde selon un metteur en scène catastrophiste.
Le deuxième point est l’absence d’ouragans majeurs dans l’Atlantique: 6 systèmes tropicaux dont seulement 4 ont atteint le stade d’ouragan, dont aucun majeur, alors que la moyenne annuelle est de 11 tempêtes et 6 ouragans. La température de l’Atlantique insuffisante, les vents et la poussière du Sahara n’ont pas permis la formation des ouragans. Il y en a eu un fort dans le Pacifique. Dans l’ensemble 2014 est une année assez moyenne. Pas d’épisode extrême. Actuellement il y a des signes avant-coureurs d’un épisode El Niño dans le Pacifique, ce qui, s’il se confirme, bousculera la météorologie mondiale en 2015.
Le troisième point est l’absence de grosse canicule. Point n’est besoin de canicule pour réchauffer l’atmosphère: un redoux hivernal y suffit. Pourtant le téléjournal de TF1 a présenté une météo fictive en 2050 (vidéo plus bas), jouant justement sur la canicule pour exposer le réchauffement. Ce n’est pas forcément juste. La dernière grande canicule est celle de 2003. En 12 ans, il n’y a eu que celle de Russie en 2010 qui soit comparable, du moins en Europe. Par ailleurs je rappelle que l’été 1947, millésime exceptionnel pour certains vins, a commencé en avril pour se terminer en septembre. Toute la France étouffait de chaleur comme rappelé ici. 1976 fut également une année exceptionnelle de chaleur et de sécheresse en Europe occidentale. Les épisodes extrêmes comme les variations ont toujours existé.
Alors, 2014 est-elle vraiment une année aussi chaude qu’annoncé? Peut-être. Elle n’atteint cependant pas les températures de l’optimum médiéval, ni celles d’il y a environ 3’000 ans. L’image 4 est une reconstitution des températures sur les quatre mille dernières années d’après des carottages de glaces au Groenland. Les variations sur 4’000 ans sont considérables. Celles, en bleu, du XXe siècle, sont sensiblement plus faibles.
Beaucoup de questions donc sur le réchauffement, sur la manière de diffuser les chiffres dans le public, sans parler des causes dudit réchauffement et de sa durée ou de ses conséquences. Pas assez de questions sur comment nous adapter à ce réchauffement, s'il dure, et en tirer le meilleur parti possible.
Météo fictive TF1 août 2050 (on dirait 2003):
Commentaires
Le GIEC ou affidés prétendent que le niveau des mers se serait élevé de 25 cm depuis une centaine d'années. Que peuvent-ils savoir du niveau des mers il y a 100 ans, époque où vous arriviez à un mètre de différence sur la Pierre-du-Niton à Genève en partant de Marseille , selon le chemin que vous suiviez avec votre théodolite ?
De même, certains parlent de 5mm d'augmentation ces dernières années. Si ce n'est pas du délire, comment cela s'appelle ? Ils ne sont même pas capables de prévoir El Niño une année à l'avance, et l'oscillation australe, son vrai nom, peut provoquer des dépressions de plusieurs dizaines de mètres sur le niveau des océans...
A corréler avec les marées luni-solaire, les cyclones et anti-cyclones, Coriolis, les différences gravimétriques, l'évaporation ou les pluies, la fonte ou le gel. Bonne chance à l'ordinateur capable de modéliser ça à un moment t commun à tous ces phénomènes...
5mm. Cela en dit long sur l'esprit critique des moutons scientifiques terrorisés par leurs mandarins suceurs de subventions...
Le Giec fait sans doute partie du nouvel Ordre Mondial et les gouvernements chevillés à ce temple de scientifiques sont obligés de faire ramer les citoyens afin de ne pas donner l'impression qu'eux-mêmes ont peur de ne pas oser afficher ouvertement leurs désaccords
c'est ce que j'ai retenu en lisant un article sur un site:sott.net
C'est faux!
(Finalement j'adore Zemmour!)
Mais pas comme lui je donne mes sources:
http://www.les-crises.fr/climat-8-analyse-rechauffement/#!prettyPhoto
Ce qui est pratique avec les chiffres c'est qu'on peut les manipuler à loisirs pour aller dans le sens de sa démonstration.
Quant à la banquise, ce qui est important c'est la tendance:
"November 2014 compared to previous years"
http://nsidc.org/arcticseaicenews/
Et je m'interroge: pourquoi ne donnez-vous pas les sources de vos informations comme je le fais ici pour l'arctique?
Johann@ Comme toujours, manque l'effet tampon des océans (70% de la surface terrestre...)
CO2 --> HCO3- --> CaCO3
Si les océans s'acidifient, cela prouve que le processus a commencé. A moins que vous ne pensiez qu'il manque du Ca2+ ?
@ Johann:
Oui, je peux les donner. J’ai laissé comme cela parce qu’il y a des pistes pour retrouver les sources: les sigles sur les images elles-mêmes. La quatrième est encore plus intéressante ici:
http://wattsupwiththat.com/2013/03/08/marcott-et-al-claim-of-unprecedented-warming-compared-to-gisp-ice-core-data/
Elle remonte à 10’000 ans avant notre ère, selon les carottages du Groenland (GISP)..
D’autres données brutes liées à l’image 4:
http://apdrc.soest.hawaii.edu/datadoc/msu_uah_anom.php
L’image 3 vient d’ici:
http://osisaf.met.no/p/ice_extent_graphs.php
J’aime parfois lire le blog «Les crises», mais voilà il donne un autre schéma. Le schéma classique du Giec. Mais les tableaux que je mentionne sont aussi fondés sur des études GISP2 (pas mal de pages internet), soit les carottages du Groenland.
En l’état des données, la montée des températures moyennes (avec les réserves écrites dans mon billet) peut être un phénomène naturel, ou seulement co-généré par les GES.
Pour la banquise, bien difficile de montrer une tendance avec les deux dernières années.
@ Géo, il semble que l'on n'avait pas tout envisagé à propos de l'acidification des océans:
http://www.notre-planete.info/actualites/4012-coraux-adaptation-rechauffement-eaux
Certaines populations de coraux survivent et même s'adaptent.
@Geo: en référence à http://www.les-crises.fr/climat-8-analyse-rechauffement/#!prettyPhoto, j'aimerais bien savoir
- les causes du "réchauffement climatique médiéval"
- comment on a mesuré les températures pendant le "réchauffement climatique médiéval"
Que des questions! J'aimerais aussi connaitre les causes de l'augmentation der la température entre 1905 et 1940. Je vous jure que mon grand-père n'avait pas de 4x4. Alors c'était qui?
Complément sur le niveau des mers : celui-ci est mesuré à partir de satellites, qui suivent des orbites précises.
1° Sa trajectoire peut-elle être considérée comme parfaite et si non, quelle est sa marge d'erreur sachant qu'il survole des zones de densité variant de 1 et des poussières (eau de mer) à 2.7 (croûte granitique).
2° Les satellites ne mesurent que sur une ligne. Avec tous les paramètres cités plus haut, comment intégrer ces mesures ?
On suppose que les gens du GIEC pensent à la quantité de glace fondue, mais le cycle de l'eau est beaucoup trop complexe pour simplement les ajouter à la surface des mers...
De plus, glace qui fond --> ralentissement voire fin du Gulf Stream --> refroidissement de l'Europe.
Encore une fois, le principe de le Chatelier...
Et à propos de Gulf stream, on a appris lors de la recherche de l'avion disparu vers la Malaisie et dont on aurait aperçu des restes au sud de l'Australie que les océanologues ne connaissent pas vraiment bien les courants qui circulent par là.
Et ça prétend faire de la prévision du climat...
"Pour la banquise, bien difficile de montrer une tendance avec les deux dernières années."
On ne calcule pas une tendance sur deux ans.
Non pas sur deux ans, mais les signaux sont encore bien instables. D'ailleurs en climatologie il faudrait de longues périodes pour poser des affirmations. 15 ans, 30 ans, cela peut n'être qu'un éternuement de l'atmosphère.
A propos de température, le Giec et james Hansen avaient proposé trois scénari de réchauffement: le doux, le moyen et le dur. Et bien il semble, je cherche encore d'autres vérifications, que la température moyelle réelle est encore en-dessous du scénario soft:
http://objectifterre.over-blog.org/article-climat-comparaison-entre-les-projections-du-giec-et-le-monde-reel-118252273.html
De quoi se poser des questions sur l'alarmisme du Giec. Il y a objectivement des raisons de ne pas croire aveuglément.
Bonjour hommelibre,
J'ajouterai une chose: il faut savoir qu'il existe 4 indices officiels de la température mondiale. 2 sont issus de mesure thermométriques, comme vous l'avez indiqué, principalement basés sur des mesures au sol. Ces deux indices sont respectivement tenus par James Hansen de l'institut Goddard d'études spatiales de la NASA, (indice GISTEMP) un des pères fondateurs de la théorie du réchauffement anthropique, l'autre est celui du CRU (climatic research unit) de l'université d'East Anglia en Angleterre, dirigé par Phil Jones, qui a été fortement éclaboussé par le scandale du Climategate il y a quelques années. Ces deux indices montrent en effet que l'année 2014 est très chaude:
http://www.woodfortrees.org/plot/hadcrut4gl/from:1997/offset:-0.26/plot/gistemp/from:1997/offset:-0.35
Les 2 autres indices sont basés sur des mesures satellitaires. Les mesures sont ainsi beaucoup mieux réparties sur la surface du globe. Et elles ne montrent pas du tout la même chose. En fait la stagnation semble continuer:
http://www.woodfortrees.org/plot/uah/from:1997/plot/rss/from:1997/offset:-0.10
Tirons-en les conclusions qui s'imposent. Les informations qui éludent une partie des mesures, à savoir les plus fiables, ne devraient-elles pas être qualifiées de propagande ?
Pascal Carlier
Merci pour ces liens Kad. Cette sélection des infos diffusées ne peut qu'alimenter les questions sur ce que l'on veut nous faire accepter sans filtre critique.
La météorologie est avant tout l'étude du temps qu'il a fait et pas de celui qu'il fera ! Sauf sur 2-3 jours , peut-être le double là où c'est plus facile (en raison de la configuration 'géologique' de la région), les prévisions sont simplement des paris. D'autre part le réchauffement global a commencé il y a plus de 10000 ans. Reste à poser la question qui tue : préfère-t-on un réchauffement ou un refroidissement de la planète ? C'est vrai que l'époque - finalement pas si lointaine en terme de temps géologique - où le Léman était un glacier de plus de 1000 m d'épaisseur ça fait envie.
"préfère-t-on un réchauffement ou un refroidissement de la planète ?"
Pas de problème, on aura les deux. Et on n'a pas le choix...